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Agence de santé publique du Canada

 

Le conflit entre le travail et la vie personnelle au Canada durant le nouveau millénaire : État de la question

Mme Linda Duxbury, Ph. D., professeur,
Sprott School of Business, Carleton University
M. Chris Higgins, Ph. D., professeur,
Richard Ivey School of Business, University of Western Ontario

Rapport final
octobre 2003


Le conflit entre le travail et la vie personnelle au Canada durant le nouveau millénaire : État de la question
Rapport final  - octobre 2003
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Résumé

En ce début de millénaire, les gouvernements, les employeurs, les travailleurs et les familles du Canada doivent relever le même défi - trouver la façon d'aider les Canadiens et les Canadiennes à concilier leurs responsabilités professionnelles et leur désir d'avoir une qualité de vie personnelle. L'initiative de recherche résumée dans ce rapport a été entreprise pour se pencher sur cette question. Le présent rapport conceptualise le conflit entre le travail4 et la vie personnelle de façon large afin d'inclure la surcharge de rôles, l'interférence du travail dans la famille, l'interférence de la famille dans le travail, l'empiétement du travail sur la famille et la pression sur le fournisseur de soins. On répond aux questions suivantes dans ce rapport :

  • Quelle est la prévalence des divers types de conflits entre le travail et la vie personnelle au Canada à ce moment-ci (année de référence 2001)? 
  • La prévalence des divers types de conflit entre le travail et la vie personnelle a-t-elle évolué au cours de la dernière décennie? 
  • Quelle est l'incidence des divers types de conflit entre le travail et la vie personnelle sur : 
    • les entreprises canadiennes? 
    • les familles canadiennes? 
    • les travailleurs canadiens? 
  • Comment le sexe, le type d'emploi, le secteur d'emploi et le statut de responsable de personne à charge influencent-ils ces questions? 

Profil démographique des répondants 

L'étude est fondée sur un échantillon de 31 571 employés canadiens qui travaillent dans des entreprises de taille moyenne (c.-à-d. entre 500 et 999 employés) et de grande taille (1 000 employés et plus) de trois secteurs économiques différents : le secteur public (gouvernements fédéral et provinciaux, administrations municipales), le secteur privé et le secteur sans but lucratif (SBL) (dans cette étude, cela comprend les secteurs de la santé et de l'éducation). Au total, 100 entreprises ont participé à l'étude : 40 du secteur privé, 22 du secteur public et 38 du secteur sans but lucratif. La répartition de l'échantillon s'est faite de la façon suivante :

  • Un peu moins de la moitié (46 %) des répondants travaillent dans le secteur public, 33 % travaillent dans le secteur SBL, et 20 % sont employés dans une entreprise privée; 
  • Un peu plus de la moitié des répondants sont des femmes (55 %); 
  • Un peu moins de la moitié (46 %) des répondants occupent des postes de gestion et professionnels tandis que 54 % occupent des postes « autres » (c.-à-d. travail de bureau ou administratif, vente au détail, production, technique); 
  • Tout juste un peu plus de la moitié des personnes composant l'échantillon (56 %) ont des responsabilités de garde de personnes à charge (c.-à-d. qu'elles consacrent une heure ou plus par semaine à prodiguer des soins aux enfants ou aux aînés). Le reste (44 %) n'a aucune responsabilité de ce genre. 

L'échantillon du sondage de 2001 est bien équilibré en ce qui a trait à l'âge, à la région, à la taille de la collectivité, au type d'emploi, à la scolarité et à la formation, au revenu personnel, au revenu du ménage et à la situation financière de la famille. À bien des égards, les caractéristiques démographiques de l'échantillon correspondent aux données nationales, suggérant ainsi que les résultats de ce sondage peuvent être généralisés au-delà de la recherche. On estime qu'environ la moitié des répondants au sondage peuvent être considérés comme des travailleurs du savoir masculins et féminins ayant fait des études avancées. La majorité des répondants composent des familles à double revenu et disent vivre « bien » (mais non dans l'opulence) grâce à deux revenus d'emploi permanents.

L'échantillon comporte un nombre important d'employés dont la vie professionnelle et la vie personnelle risquent d'entrer en conflit. L'âge moyen des répondants est de 42,8 ans. À cet âge, les travailleurs ont atteint la mi-carrière ou arrivent à un stade de leur cycle de vie professionnelle où l'avancement professionnel est rapide, où les enfants qui ont atteint l'âge adulte vivent encore sous leur toit (le « nid plein » du cycle de vie personnelle) et pendant lequel s'opère la transition de la quarantaine du développement adulte. À chacun de ces stades, les adultes subissent plus de stress et s'acquittent de responsabilités personnelles et professionnelles plus grandes. Trois quarts des répondants au sondage sont mariés ou vivent en couple, et 69 % composent une famille à double revenu. Chez les répondantes et répondants, 11 % élèvent seuls leurs enfants. Douze pour cent des sujets de l'échantillon habitent une région rurale, et une personne sur trois occupe un poste administratif ou de bureau, compte moins d'années de scolarité (c'est dire que sa mobilité d'emploi s'en trouve réduite), et son revenu et celui de son ménage sont moindres. Le quart des répondants disent que leur budget est serré; 29 % gagnent moins de 40 000 $ par an, et un peu plus du quart font partie d'une famille dont le revenu est inférieur à la moyenne canadienne. Parmi les répondantes et répondants, une personne sur trois est diplômée du secondaire ou n'a pas terminé un cours secondaire.

La majorité des répondants ont indiqué avoir des responsabilités autres que professionnelles. Environ 70 % sont des parents (moyenne de 2,1 enfants par parent); 60 % ont la responsabilité de soins aux aînés (moyenne de 2,3 personnes à charge); 13 % ont la responsabilité d'un parent handicapé; 13 % ont la double responsabilité de soins aux enfants et aux aînés (font partie de la génération tartine). Ces données sur les exigences non professionnelles correspondent étroitement aux données nationales fournies par Statistique Canada, et elles laissent supposer qu'il est possible de transposer les résultats de ce sondage à l'ensemble des Canadiennes et des Canadiens qui travaillent pour de grandes entreprises.

Que savons-nous au sujet de la prévalence de la surcharge de rôles à partir de cette étude? 

La surcharge de rôles, c'est avoir trop de choses à faire en une période donnée. Cette forme de conflit entre le travail et la vie personnelle survient quand les exigences totales en matière de temps et d'énergie associées aux activités à entreprendre sont trop importantes pour remplir ses obligations adéquatement ou sans inquiétude. Voici les principales observations qu'on peut tirer au sujet de la surcharge de rôles à partir des données examinées dans ce rapport :

Des niveaux élevés de surcharge de rôles sont devenus systémiques dans la population d'employés travaillant pour de grandes entreprises au Canada : La majorité des employés de notre échantillon (58 %) est aux prises avec des niveaux élevés de surcharge de rôles. Trente pour cent rapportent des niveaux modérés de surcharge de rôles. Seulement 12 % des répondants de cet échantillon mentionnent des niveaux faibles de surcharge de rôles.

Le pourcentage de l'effectif dont la surcharge de rôles est élevée a augmenté au cours de la dernière décennie : 58 % des répondants de l'étude de 2001 signalent des niveaux élevés de surcharge de rôles - une augmentation de 11 % par rapport à l'échantillon de 1991. L'augmentation de la surcharge de rôles correspond au fait que les employés de l'échantillon de 2001 consacrent plus de temps à leur travail et à leurs activités familiales par semaine que leurs homologues de l'échantillon de 1991. Les autres données de l'étude de 2001 semblent indiquer qu'une grande partie de l'augmentation de la surcharge de rôles peut être liée aux nouvelles technologies de l'information et des communications (p. ex., ordinateurs portatifs, courriel, téléphones cellulaires), aux normes organisationnelles qui valorisent encore les longues heures de travail au bureau plutôt que le rendement et à l'anorexie organisationnelle (la réduction des effectifs a pour conséquence qu'il y a trop peu d'employés pour effectuer le travail). Même si on aborde en long et en large les problèmes de la surcharge de rôles dans le premier rapport de cette série, il est intéressant de noter ce qui suit :

« Une comparaison des données compilées en 1991 et en 2001 tend à démontrer que les travailleurs consacrent plus de temps au travail depuis les 10 dernières années. En 1991, un répondant sur 10 travaillait plus de 50 heures par semaine, tandis qu'aujourd'hui, c'est un sur quatre. Au cours de la même période, le pourcentage des employés qui travaillaient entre 35 et 39 heures par semaine est passé de 48 % à 27 %. On a observé cet accroissement des heures de travail dans toutes les catégories et tous les secteurs d'emplois. »

Que savons-nous au sujet de la prévalence de l'interférence du travail dans la famille à partir de cette étude? 

L'interférence du travail dans la famille survient quand les exigences et responsabilités professionnelles rendent difficile l'exécution des responsabilités familiales. Les données examinées dans ce rapport appuient les conclusions suivantes relativement à l'interférence du travail dans la famille :

L'interférence du travail dans la famille est un problème réel pour un Canadien sur quatre qui travaille pour une grande entreprise : Un Canadien sur quatre indique que ses responsabilités professionnelles entravent sa capacité à remplir ses responsabilités familiales. Près de 40 % des Canadiens rapportent des niveaux modérés d'interférence. La proportion de l'effectif canadien qui est aux prises avec des niveaux élevés d'interférence du travail dans la famille n'a pas changé au cours de la dernière décennie.

Que savons-nous au sujet de la prévalence de l'interférence de la famille dans le travail à partir de cette étude? 

L'interférence de la famille dans le travail se produit quand les exigences et responsabilités familiales rendent difficile l'exécution des responsabilités professionnelles. On peut faire les observations suivantes au sujet de l'interférence de la famille dans le travail à partir des données examinées dans ce rapport :

L'interférence de la famille dans le travail n'est pas courante au Canada à cette époque-ci : Seulement 10 % des Canadiens de l'échantillon rapportent des niveaux élevés d'interférence de la famille dans le travail, tandis qu'un tiers signalent des niveaux modérés d'interférence de ce genre.

Très peu de Canadiens laissent leurs exigences familiales entraver l'exercice de leurs responsabilités professionnelles : La distribution de l'interférence de la famille dans le travail est très différente de celle observée dans la surcharge de rôles et l'interférence du travail dans la famille. Tandis que la surcharge de rôles est étalée vers la droite et que l'interférence du travail dans la famille a une distribution normale, l'interférence de la famille dans le travail est étalée vers la gauche. Trois fois plus de Canadiens accordent la priorité à leur travail aux dépens de leur famille plutôt que l'inverse (c.-à-d. donner la priorité à leur famille).

Le pourcentage de travailleurs canadiens qui donnent la priorité à leur famille plutôt qu'à leur travail a doublé ces 10 dernières années : Cette augmentation pourrait être attribuée en grande partie au fait que le pourcentage des employés qui ont la responsabilité des soins aux personnes âgées a augmenté au cours de la dernière décennie.

Que savons-nous de la prévalence de la pression sur le fournisseur de soins à partir de cette recherche? 

Pour les besoins de cette étude, le terme « fournisseur de soins » s'applique à toute personne qui apporte son aide à un handicapé ou à un aîné à charge. La pression sur le fournisseur de soins est un concept à plusieurs dimensions qui est défini du point de vue des « fardeaux » ou des changements à la vie quotidienne du fournisseur de soins qui peuvent être attribués à la nécessité de donner des soins à une personne à charge. On a défini quatre types de pression sur le fournisseur de soins découlant du stress : pression émotive (p. ex., dépression, anxiété, épuisement émotif), pression physique, pression financière et pression familiale. Les données examinées dans ce rapport au sujet de la pression sur le fournisseur de soins appuient l'affirmation suivante:

Environ un travailleur canadien sur quatre fait face à des niveaux élevés de pression sur le fournisseur de soins : Tandis que la majorité des répondants de cette étude (74 %) fait rarement face à des pressions de ce genre, 9 % trouvent que les soins aux aînés constituent une source de tension plusieurs fois par semaine ou tous les jours. Dix-sept pour cent ont cette impression environ une fois par semaine.

Que savons-nous de la prévalence sur l'empiétement du travail sur la famille à partir de cette étude? 

L'empiétement du travail sur la famille se produit quand le travail influence la capacité d'un employé à assumer ses rôles personnels. Les chercheurs ont souvent supposé que le travail avait une incidence négative sur la famille (c.-à-d. empiétement négatif d'un domaine à un autre). Le concept d'empiétement examiné dans la présente étude est plus complet, car on tient compte du fait que les conditions de travail pourraient avoir une incidence positive, négative ou aucune incidence sur la famille. Les observations suivantes découlent des données sur l'empiétement du travail sur la famille examinées dans cette étude :

Près de la moitié des Canadiens qui travaillent dans de grandes entreprises (44 % de l'échantillon) font face à un empiétement négatif du travail sur la famille : Très peu de Canadiens qui travaillent dans de grandes entreprises (seulement 9 % de l'échantillon) estiment que leur travail a une incidence positive sur leur vie familiale.

Près de la moitié des Canadiens qui travaillent pour de grandes entreprises (47 %) sont capables de séparer leur vie professionnelle de leur vie familiale et estiment que leur travail ne pèse pas sur leur vie familiale : Les employés qui doivent satisfaire à moins d'exigences au travail (ceux qui occupent des postes « autres ») ou à la maison (c.-à-d. ceux qui n'ont pas la garde de personnes à charge ou les hommes) sont plus susceptibles d'indiquer que le travail et la famille sont pour eux des domaines distincts.

Alors, que pouvons-nous conclure au sujet de la prévalence du conflit entre le travail et la vie personnelle au Canada à ce moment-ci? 

Les conclusions qu'on peut tirer au sujet de la prévalence du conflit entre le travail et la vie personnelle au Canada dépendent de la façon d'évaluer le conflit entre le travail et la vie personnelle et des caractéristiques du groupe étudié. Si nous examinons les données de façon optimiste (c.-à-d. prendre la prévalence de l'interférence du travail dans la famille et de la pression sur le fournisseur de soins comme mesure du conflit entre le travail et la vie personnelle), nous estimons qu'un Canadien sur quatre travaillant pour des entreprises de moyenne et de grande tailles fait face à des niveaux élevés de conflit entre le travail et la famille. Il s'agit de la meilleure hypothèse. La pire hypothèse (c.-à-d. des estimations calculées à l'aide des données sur la surcharge de rôles), c'est que près de 60 % des Canadiens travaillant à l'extérieur ne peuvent concilier leurs exigences professionnelles et familiales.

Qui a le plus de mal à concilier le travail et la vie personnelle? La preuve est évidente : les travailleurs canadiens qui ont la garde de personnes à charge. Les employés qui ont la garde d'enfants ou d'aînés signalent des niveaux plus élevés de conflit entre le travail et la vie personnelle que ceux qui n'en ont pas, quelle que soit la façon dont on évalue le conflit entre le travail et la vie personnelle (c.-à-d. qu'ils signalent des niveaux plus élevés de surcharge de rôles, d'interférence du travail dans la famille, d'interférence de la famille dans le travail et de pression sur le fournisseur de soins, et sont plus susceptibles de mentionner un empiétement négatif). Aucun des autres facteurs examinés dans cette étude n'est associé aux cinq mesures du conflit entre le travail et la vie personnelle. Les employés qui n'ont pas de responsabilités de garde de personnes à charge sont mieux en mesure d'établir une distinction entre le travail et la famille. Cette meilleure capacité à concilier travail et vie de famille peut être attribuée à deux facteurs : moins d'exigences à l'extérieur du travail et plus de latitude pour régler des problèmes liés au travail (c.-à-d. plus de contrôle sur leur temps).

Le type d'emploi est associé à toutes les mesures du conflit entre le travail et la vie personnelle, sauf une. Les employés qui font face à plus d'exigences au travail (c.-à-d. les gestionnaires et les professionnels) sont plus susceptibles que les employés qui occupent des postes « autres » de connaître des niveaux élevés de surcharge de rôles, d'interférence du travail dans la famille et d'empiétement négatif (les femmes gestionnaires plus particulièrement signalent des niveaux plus élevés d'empiétement négatif). Ceux qui occupent des postes « autres » sont toutefois plus susceptibles de mentionner des niveaux élevés de pression sur le fournisseur de soins en raison du stress financier associé aux soins aux aînés.

Le sexe est associé à deux des cinq mesures de conflit entre le travail et la vie personnelle. Les femmes sont plus susceptibles que les hommes de signaler des niveaux élevés de surcharge de rôles et de pression sur le fournisseur de soins. Comme nous l'avons mentionné dans le Rapport 1, les femmes consacrent plus d'heures par semaine que les hommes à des activités non liées au travail, comme les soins aux enfants et aux aînés, et sont plus susceptibles d'assumer des responsabilités principales concernant les tâches non liées au travail.

Il est intéressant de noter que, quand on tient compte du type d'emploi et qu'on décompose le conflit entre le travail et la vie personnelle en éléments, un grand nombre des différences attribuées aux hommes ou aux femmes relativement au conflit entre le travail et la vie personnelle mentionnées dans ce document disparaissent. Cela donne à penser que beaucoup de différences découlant du sexe et liées au conflit entre le travail et la vie personnelle pourraient être attribuées au fait que les femmes sont généralement cantonnées dans des types d'emploi différents de ceux des hommes.

Le secteur d'emploi est associé à trois des cinq mesures du conflit entre le travail et la vie personnelle. Les répondants travaillant dans le secteur SBL sont plus susceptibles que leurs homologues des secteurs public et privé à signaler une surcharge de rôles et une interférence élevées du travail dans la famille ainsi qu'un empiétement négatif. Les niveaux élevés de conflit entre le travail et la vie personnelle dans ce secteur peuvent être attribués à de fortes exigences professionnelles (c.-à-d. que les répondants de ce secteur consacrent plus d'heures par semaine à des activités professionnelles et sont plus susceptibles de devoir passer des soirées et des fins de semaine à l'extérieur de la maison en raison de déplacements liés au travail) et à la façon dont le travail est organisé (c.-à-d. travail par postes, horaire de travail strict). Il faut souligner que les femmes de l'échantillon du secteur SBL connaissent le plus de difficultés à concilier le travail et la vie personnelle. Les données indiquent que les femmes de ce secteur ont trois obstacles à surmonter : des exigences familiales et professionnelles plus considérables et des formules de travail qui leur donnent peu de latitude pour concilier leurs exigences professionnelles et non professionnelles.

Pourquoi les organisations devraient-elles se soucier du conflit entre le travail et la vie personnelle? 

Les employeurs les plus importants du Canada ne peuvent être considérés, pour la plupart, comme des employeurs aux pratiques exemplaires : Les données examinées dans ce rapport brossent un portrait peu flatteur des employeurs les plus importants du Canada. Seule la moitié des personnes ayant participé à cette étude sont très dévouées à leur employeur, satisfaites de leur emploi et perçoivent leur entreprise comme un « milieu de travail au-dessus de la moyenne ». Une personne sur trois mentionne des niveaux élevés de stress lié à l'emploi et une sur quatre pense à quitter son emploi actuel une fois par semaine ou plus fréquemment. L'absentéisme (plus particulièrement l'absentéisme en raison de problèmes de santé physique et mentale) semble également être un problème important pour les employeurs canadiens, la moitié des répondants signalant des niveaux élevés d'absentéisme (défini comme trois jours d'absence ou plus dans les six mois précédant la réalisation de la présente étude). Un répondant sur quatre s'absente trois jours ou plus pendant une période de six mois pour raison de santé, tandis qu'un répondant sur 10 mentionne un taux élevé d'absentéisme en raison de fatigue émotive, physique ou mentale.

Les conditions dans les entreprises canadiennes se sont détériorées avec le temps : Les niveaux élevés de stress lié à l'emploi et d'absentéisme pour raison de santé sont devenus plus problématiques ces 10 dernières années. Près de trois fois plus de répondants ont mentionné des niveaux élevés de stress lié à l'emploi en 2001 (35 %) qu'en 1991 (13 %). Plus de la moitié (56%) des répondants de l'échantillon de 1991 ne s'était absentée du travail pour raison de santé dans les six mois précédant la réalisation de la présente étude, tandis que seul un répondant sur quatre (24 %) a manqué trois jours de travail ou plus. En 2001, le nombre de répondants s'étant absenté trois jours ou plus pour raison de santé a augmenté de 28 %, tandis que la proportion de répondants ne mentionnant aucune absence pour raison de santé a chuté pour s'établir à 46 %.

Pendant la même période, la satisfaction liée à l'emploi et la participation au sein de l'organisation semblent également avoir diminué. Alors que près de deux tiers des employés en 1991 étaient très satisfaits de leur travail (62 %) et dévoués envers leur organisation (66 %), environ la moitié mentionne une grande satisfaction (46 %) ou une grande participation au sein de l'organisation (53 %) en 2001. Des résultats du genre ne sont pas surprenants compte tenu que les charges de travail (voir le Rapport 1) et le conflit entre le travail et la vie personnelle ont également augmenté au cours de la même période. Pris globalement, ces résultats laissent entendre qu'un grand nombre des méthodes de gestion instaurées par les grandes entreprises canadiennes au cours des 10 dernières années (c.-à-d. réduction de l'effectif, remaniement, accent sur les heures et non sur les résultats, gel des salaires, restructuration) ont eu une incidence négative sur la façon dont les travailleurs canadiens perçoivent leur emploi et leur employeur.

Ce qu'un employé pense de son organisation (c.-à-d. dévouement, classement de l'organisation comme milieu de travail, intention de roulement) et de son emploi (c.-à-d. satisfaction liée à l'emploi, stress lié à l'emploi) est davantage lié au type de travail effectué et au milieu de travail (c.-à-d. type d'emploi et secteur d'emploi) qu'aux exigences à l'extérieur du travail (c.-à-d. sexe, statut de responsable de personne à charge) : L'opinion qu'un employé a de son organisation et de son emploi ainsi que le niveau de stress lié à l'emploi qu'il subit et son intention de roulement peuvent être liés au type de travail effectué et au milieu de travail (c.-à-d. type d'emploi, secteur d'emploi) plutôt qu'au sexe ou au statut de responsable de personne à charge. Autrement dit, ce sont les tâches accomplies au travail et la façon dont on est traité au travail plutôt que les responsabilités à l'extérieur du travail ou le sexe qui influencent les résultats organisationnels principaux. Prises globalement, les données indiquent que les gestionnaires et les professionnels sont davantage dévoués à leur organisation et satisfaits de leur emploi que leurs homologues non professionnels, malgré le fait que leur emploi est associé à des niveaux de stress plus élevés. Les données indiquent aussi que les employés du secteur privé ont une meilleure impression de leur employeur et de leur emploi que leurs homologues des secteurs public et SBL.

L'absentéisme en raison de problèmes liés aux soins aux enfants et aux aînés est associé5 au sexe et au nombre d'exigences à l'extérieur du travail (c.-à-d. le statut de responsable de personne à charge) tandis que l'absentéisme en raison de problèmes de santé émotive, physique et mentale est associé au secteur d'emploi : Le lien entre l'absentéisme et les variables de contexte examinées dans cette étude (c.-à-d. le sexe, le type d'emploi, le secteur d'emploi, le statut de responsable de personne à charge) est plus complexe. L'absentéisme en raison des soins aux enfants et aux aînés (et l'absentéisme total étant donné qu'il est composé de ces deux types d'absentéisme) est fortement associé au sexe et aux exigences à l'extérieur du travail (c.-à-d. les femmes et les employés qui ont la garde de personnes à charge sont plus susceptibles de mentionner des niveaux élevés de ces types d'absentéisme et, comme nous le mentionnons dans le premier rapport, des exigences familiales considérables). L'absentéisme attribuable à une mauvaise santé émotive, physique et mentale est toutefois associé principalement au secteur d'emploi ( c.-à-d. au milieu de travail), les Canadiens du secteur public signalant les niveaux d'absentéisme les plus élevés et les employés du secteur privé, les niveaux les plus bas en raison de ces causes.

Un conflit important entre le travail et la vie personnelle est associé à un absentéisme accru et à un rendement de l'organisation inférieur aux normes : Les données examinées dans cette étude ne laissent guère de doute quant au fait que le conflit entre le travail et la vie personnelle est associé à un certain nombre d'indicateurs de rendement de l'organisation inférieur aux normes et à des coûts accrus liés à l'absentéisme. Autrement dit, un conflit important entre le travail et la vie personnelle a une incidence négative sur les résultats de l'organisation. Les données examinées dans ce rapport indiquent que les quatre éléments6 du conflit entre le travail et la vie personnelle examinés dans cette étape de l'étude ont des incidences différentes sur l'organisation. Ces différences sont dignes de mention, car elles fournissent des motivations différentes pour examiner ce problème ainsi que des exigences différentes relativement aux changements.

La surcharge de rôles est associée de façon positive aux problèmes de santé physique et mentale : Les employés qui ont une surcharge de rôles élevée sont moins dévoués envers leur entreprise, rapportent un plus grand stress lié à l'emploi, sont moins satisfaits de leur emploi (largement attribuable au mécontentement lié aux charges de travail, aux heures travaillées et aux horaires de travail), sont plus susceptibles de s'absenter du travail (en raison essentiellement de problèmes de santé physique et mentale), sont plus susceptibles de penser à quitter l'organisation (échapper à des milieux de travail frustrants et négatifs et avoir plus de temps pour soi et plus de reconnaissance) et ont une opinion moins favorable de leur employeur. Autrement dit, les organisations dont une grande proportion de leur effectif fait face à des niveaux élevés de cette forme de conflit entre le travail et la vie personnelle sont plus susceptibles d'éprouver des difficultés à recruter et à conserver des employés et à connaître des coûts accrus associés à une mauvaise santé physique et mentale (c.-à-d. absentéisme plus marqué, coûts plus importants liés aux ordonnances de médicaments, utilisation accrue des programmes d'aide aux employés). On peut évaluer les dimensions du problème en examinant les données suivantes. Comparativement à leurs homologues qui connaissent des niveaux faibles de surcharge de rôles, les employés qui font face à une surcharge de rôles élevée sont :

  • 5,6 fois plus susceptibles de signaler des niveaux élevés de stress lié à l'emploi; 
  • 3,5 fois plus susceptibles de connaître des niveaux élevés d'absentéisme en raison de fatigue émotive, physique ou mentale; 
  • 2,3 fois plus susceptibles de mentionner une intention de roulement élevée; 
  • 1,6 fois plus susceptibles de connaître des niveaux élevés d'absentéisme, tous facteurs pris en compte, et de s'absenter trois jours ou plus dans une période de six mois en raison de problèmes de santé; 
  • 2,8 fois plus susceptibles de s'absenter en raison de problèmes liés aux soins des enfants. 

Par ailleurs, les employés qui mentionnent des niveaux faibles de surcharge de rôles sont 1,3 fois plus susceptibles que ceux qui font face à une surcharge de rôles élevée d'être très dévoués à leur employeur, 1,7 fois plus susceptibles d'avoir une opinion favorable de leur employeur et 2,0 fois plus susceptibles de mentionner des niveaux élevés de satisfaction liée à l'emploi.

L'interférence du travail dans la famille est associée de façon négative au recrutement et à la rétention : L'incidence de l'interférence du travail dans la famille sur l'organisation est très similaire à celle observée dans la surcharge de rôles. Cela n'est pas surprenant compte tenu de la forte corrélation entre ces deux concepts. Il faudrait toutefois noter que les répondants qui font face à des niveaux élevés d'interférence du travail dans la famille rapportent les niveaux de dévouement les plus faibles (seulement 44 % sont très dévoués), les niveaux de satisfaction liée à l'emploi les plus faibles (seulement 24 % sont très satisfaits de leur emploi), les niveaux les plus élevés de stress lié à l'emploi (66 % mentionnent un stress élevé lié à l'emploi) et la plus grande intention de roulement (44 % pensent à quitter leur travail toutes les semaines ou plus souvent, 24 % y pensent plusieurs fois par semaine ou tous les jours!) que tous les répondants ayant participé à l'étude. L'engagement organisationnel, l'intention de roulement et le classement de l'employeur sont tous fortement associés aux problèmes de recrutement et de rétention.

Les données indiquent que l'interférence du travail dans la famille influence l'opinion qu'ont les employés de leur employeur. Pris globalement, ces résultats laissent entendre que les employés qui estiment qu'ils doivent faire passer leur travail avant leur famille (p. ex., qui estiment qu'ils doivent choisir entre leur avancement professionnel et leur famille ou entre la sécurité d'emploi et leur famille) ne sont pas aussi loyaux ni dévoués que ceux qui ne pensent pas que ce choix est nécessaire.

L'interférence de la famille dans le travail est associée de façon positive à l'absentéisme en raison de problèmes liés aux soins des enfants : Du point de vue de l'organisation, la principale conséquence de l'interférence de la famille dans le travail est un absentéisme plus élevé en raison de problèmes liés aux soins des enfants. Les répondants qui font face à des niveaux élevés d'interférence de la famille dans le travail sont sept fois plus susceptibles de s'absenter trois jours ou plus dans une période de six mois en raison de problèmes liés aux soins des enfants que ceux qui connaissent des niveaux faibles de cette forme de conflit entre le travail et la vie personnelle. Cela laisse entendre que les entreprises pourraient réduire cette forme d'absentéisme en permettant aux employés qui ont la garde de personnes à charge de varier leurs heures et lieux de travail.

La pression sur le fournisseur de soins est associée de façon positive à l'absentéisme en raison de problèmes liés aux soins des aînés et à la fatigue émotive, physique ou mentale : Les employés qui font face à une pression élevée sur le fournisseur de soins sont 13,0 fois plus susceptibles que ceux qui subissent peu de pressions à cet égard de s'absenter trois jours ou plus dans une période de six mois en raison de problèmes liés aux soins des aînés et 1,8 fois plus susceptibles de s'absenter en raison de fatigue émotive, physique ou mentale.

Les employeurs pourraient réduire sensiblement l'absentéisme dans leur organisation s'ils réduisaient le conflit entre le travail et la vie personnelle : Nos calculs indiquent que les employeurs pourraient réduire l'absentéisme dans leur organisation de :

  • 24,2 % s'ils éliminent les niveaux élevés de surcharge de rôles; 
  • 6,5 % s'ils éliminent les niveaux élevés d'interférence du travail dans la famille; 
  • 3,5 % s'ils éliminent les niveaux élevés d'interférence de la famille dans le travail; 
  • 8,6 % s'ils pouvaient éliminer les niveaux élevés de pression sur le fournisseur de soins. 

Les coûts directs de l'absentéisme en raison d'un conflit important entre le travail et la vie personnelle varient entre 3 et 5 milliards de dollars par année : Les données recueillies dans le cadre de cette étude nous permettent d'estimer ce que le conflit entre le travail et la vie personnelle peut coûter aux entreprises canadiennes. Nos estimations laissent entendre qu'en 2001, les coûts directs de l'absentéisme attribuable à un conflit entre le travail et la vie personnelle variaient entre 3 et 5 milliards de dollars. Quand on inclut les coûts directs et indirects dans les calculs, le conflit entre le travail et la vie personnelle coûte aux Canadiens environ 4,5 à 10 milliards de dollars par année. Plus précisément :

  • Les coûts directs de l'absentéisme attribuable à une surcharge de rôles élevée sont estimés à environ 3 milliards de dollars par année. Les coûts directs et indirects de l'absentéisme en raison de la surcharge de rôles varient entre 4,5 (chiffres prudents) et 6 milliards de dollars par année. 
  • Les coûts directs de l'absentéisme attribuable à des niveaux élevés d'interférence du travail dans la famille sont estimés à environ 1 milliard de dollars par année (les coûts atteignent de 1,5 à 2 milliards de dollars si on inclut les coûts indirects de l'absentéisme). 
  • Les coûts directs de l'absentéisme attribuable à des niveaux élevés d'interférence de la famille dans le travail sont estimés à quelque 500 millions de dollars par année (environ 1 milliard de dollars par année quand on inclut les coûts indirects). 
  • Les coûts directs de l'absentéisme attribuable à des niveaux élevés de pression sur le fournisseur de soins s'élèvent à un peu plus de 1 milliard de dollars par année (les coûts indirects varient entre 1 et 2 milliards de dollars). 

Pourquoi les familles devraient-elles se soucier du conflit entre le travail et la vie personnelle? 

Les données de ce rapport dressent un portrait mitigé de la « santé des familles » des travailleurs canadiens : Heureusement, la majorité des répondants sont satisfaits de leur vie familiale et de leur performance en tant que parent et adoptent des comportements associés à un comportement parental positif plusieurs fois par semaine ou plus souvent. Par contre, seulement 38 % des répondants sont complètement satisfaits du bien-être de leur famille et seul un répondant sur quatre participe à des activités qui sont liées à la stabilité de la famille.

Les femmes sont moins satisfaites que les hommes de leur performance en tant que parent : Les hommes sont plus susceptibles que les femmes d'indiquer qu'ils sont satisfaits de leurs capacités en tant que parent. La différence selon le sexe est particulièrement intéressante parce que les femmes consacrent plus de temps aux soins des enfants que les hommes. Ces conclusions indiquent que beaucoup de femmes jugent leur performance en tant que parent à l'aide de normes désuètes et peut-être irréalistes (p. ex., elles se comparent à leur mère).

Les résultats liés à la famille décroissent à mesure que les responsabilités familiales augmentent : Autrement dit, le bien-être et la stabilité familiales déclinent à mesure que les responsabilités familiales augmentent. Ni le type ni le secteur d'emploi n'est associé aux résultats familiaux examinés dans cette étude.

Un conflit important entre le travail et la vie personnelle est associé à une diminution des niveaux de satisfaction à l'égard de la vie familiale et des compétences parentales et à un fonctionnement entravé de la famille : Les données examinées dans cette étude laissent peu de doutes quant au fait qu'un conflit important entre le travail et la vie personnelle est associé à un certain nombre d'indicateurs de fonctionnement entravé de la famille (c.-à-d. des niveaux plus faibles de bien-être et de stabilité familiale, une performance moindre des rôles parentaux) et à une réduction de la satisfaction à l'égard de la vie familiale (niveaux plus faibles de satisfaction à l'égard de la vie familiale et des compétences parentales). Autrement dit, un conflit important entre le travail et la vie personnelle entrave les capacités d'un employé à profiter de sa vie familiale et à soutenir sa famille.

La surcharge de rôles et l'interférence du travail dans la famille ont le plus d'incidence négative sur la famille : Dans les deux formes de conflits entre le travail et la vie personnelle, les employés qui connaissent des niveaux élevés de conflit sont moins satisfaits de leur vie familiale et de leur capacité en tant que parent, moins susceptibles d'avoir l'impression que leur famille se porte bien (c.-à-d. mentionnent une moins grande adaptation de la famille) et moins susceptibles de croire que leur famille est stable et unie.

L'interférence de la famille dans le travail est associée de façon négative à la satisfaction à l'égard de la vie familiale, à la satisfaction à l'égard des compétences parentales et au bien-être familial : Étonnamment, les employés qui font passer leur famille avant leur travail sont également moins susceptibles que ceux qui connaissent des niveaux faibles d'interférence de la famille dans le travail d'être satisfaits de leur vie familiale et de leurs capacités parentales. Ils sont aussi moins susceptibles d'être satisfaits du bien-être de leur famille. En fait, ce groupe affiche les niveaux les plus faibles de satisfaction à l'égard de la vie familiale, de satisfaction à l'égard des compétences parentales et de bien-être familial de l'étude. Le fait que l'interférence de la famille dans le travail n'est pas associée à l'intégration de la famille indique que les personnes qui font passer leur famille avant leur travail agissent ainsi pour préserver l'unité familiale ou que la stratégie visant à donner la priorité à la famille assure son intégrité. Les effets de cette stratégie sont évidents, mais il reste que l'on dénote des niveaux plus faibles de satisfaction à l'égard de la vie familiale.

La pression sur le fournisseur de soins est associée de façon négative à des comportements parentaux positifs : Les employés qui font face à une pression élevée sur le fournisseur de soins sont moins susceptibles d'adopter des comportements parentaux positifs. Cette constatation autorise à penser que le temps et l'énergie consacrés aux soins des aînés empiètent sur le temps disponible pour les enfants.

Pourquoi les employés devraient-ils se soucier du conflit entre le travail et la vie personnelle? 

Beaucoup de Canadiens travaillant pour les entreprises les plus importantes du Canada sont en mauvaise santé mentale : Plus de la moitié des employés canadiens qui ont répondu à notre sondage rapportent des niveaux élevés de stress ressenti; un répondant sur trois mentionne des niveaux élevés d'épuisement et d'humeur dépressive. Seuls 41 % des répondants sont satisfaits de leur vie et un répondant sur cinq estime être en moyenne ou en mauvaise santé physique. Ces données sont inquiétantes, car elles sont considérées être le « meilleur scénario » et elles reflètent la santé mentale des employés canadiens, dont on peut dire d'un grand nombre (sinon tous) qu'ils possèdent un « bon emploi », dans un des pays du monde où il fait le mieux vivre! Cela soulève la question suivante : Si on peut considérer qu'un nombre important d'employés canadiens est en mauvaise santé mentale, quelle est la prévalence des problèmes de santé mentale dans les groupes jugés à risque en ce qui concerne le stress, la dépression et la mauvaise santé physique (p. ex., les travailleurs occasionnels, les chômeurs, les assistés sociaux)?

La santé physique et mentale des travailleurs canadiens s'est détériorée au fil du temps : De façon générale, les années 90 semblent avoir été une décennie difficile pour les Canadiens qui travaillent dans des entreprises de moyenne et de grande tailles. Si on compare les échantillons des années 1991 et 2001, on remarque que la prévalence des niveaux élevés de stress ressenti et de dépression chez l'effectif canadien a augmenté au cours de la dernière décennie. En 1991, 44 % des répondants avaient mentionné des niveaux élevés de stress ressenti; en 2001, ce chiffre est passé à 55 %. En 1991, 24 % des répondants avaient signalé des niveaux élevés d'humeur dépressive comparativement à 36 % en 2001. Ce déclin de la santé mentale au cours de la dernière décennie n'est pas surprenant compte tenu de l'augmentation des exigences professionnelles signalée dans le Rapport 1. Prises globalement, ces données semblent indiquer que l'augmentation des exigences professionnelles au cours des dix dernières années ainsi que l'aggravation du conflit entre le travail et la vie personnelle ont une incidence négative sur la santé mentale des employés.

Les femmes mentionnent des niveaux plus élevés de stress ressenti, d'épuisement et d'humeur dépressive que les hommes : Ces données sont sans équivoque - les femmes sont plus susceptibles que les hommes de signaler des niveaux élevés de stress ressenti, d'épuisement et d'humeur dépressive. Le fait que ces différences selon le sexe ont été observées quand le type d'emploi, le statut de responsable de personne à charge et le secteur d'emploi sont pris en compte autorise à penser qu'elles sont davantage liées aux différences selon le sexe dans la socialisation que dans les exigences professionnelles ou non professionnelles. Ces conclusions pourraient, par exemple, être attribuables au fait que les femmes sont plus susceptibles d'auto-examiner leurs sentiments et qu'elles savent reconnaître leurs problèmes de santé mentale. Elles pourraient aussi s'expliquer par le fait qu'elles sont moins capables de composer avec plusieurs agents de stress dans leur environnement. Enfin, elles pourraient être attribuables au fait que les femmes qui travaillent à l'extérieur de la maison ont ajouté des sources de stress liées à un emploi salarié à leur vie sans toutefois réduire les sources de stress associées à leurs rôles familiaux.

Les gestionnaires et les professionnels sont en meilleure santé mentale et physique que les employés de bureau, des services administratifs, de la production et les techniciens : On peut considérer les gestionnaires et les professionnels en meilleure santé mentale (c.-à-d. moins susceptibles d'être déprimés, plus susceptibles d'être satisfaits de leur vie) et physique (c.-à-d. plus susceptibles d'indiquer être en très bonne ou en excellente santé) que les cols bleus et roses (c.-à-d. les employés de bureau, des services administratifs, de la production). Ces résultats sont particulièrement surprenants compte tenu que les gestionnaires et les professionnels de nos échantillons sont plus susceptibles que les cols bleus et roses de travailler pendant de longues heures, d'apporter du travail à la maison et de mentionner une surcharge de rôles élevée, une grande interférence du travail dans la famille, un empiétement négatif du travail sur la famille et un stress important lié à l'emploi-des conditions qui sont généralement à l'origine d'une piètre santé mentale. Si on examine ces résultats conjointement, ils semblent indiquer que les employés de gestion et professionnels sont mieux en mesure que leurs homologues non professionnels de composer avec ces exigences. Ces résultats sont conformes aux documents présentés dans le Rapport 1 qui indiquent que les employés qui occupent des postes professionnels ont une meilleure perception de contrôle que les employés non professionnels et que ce sont ces niveaux élevés de contrôle qui les aident à faire face à des exigences professionnelles plus considérables. Malheureusement, nous ne savons toujours pas ce qui favorise ce sentiment de contrôle. De meilleures conditions de travail, un travail plus intéressant, des niveaux de flexibilité plus grands, une plus grande sécurité d'emploi, une mobilité professionnelle accrue (liée à des niveaux d'éducation supérieurs) et un meilleur statut socio-économique (c.-à-d. une éducation plus formelle, des revenus plus élevés) pourraient expliquer cette impression de contrôle. Ces données indiquent aussi que les problèmes de santé physique et mentale observés dans l'autre groupe pourraient être davantage attribuables au milieu de travail, aux types d'emploi occupé et aux conditions de travail qu'au temps consacré au travail en soi.

Les femmes qui occupent des postes de gestion et professionnels sont plus susceptibles que les femmes qui occupent des postes « autres » de signaler des niveaux élevés d'épuisement : Les données indiquent que les postes de gestion et professionnels et la maternité ne sont pas compatibles, car ils sont très exigeants. Les femmes qui occupent des postes de gestion et professionnels sont plus susceptibles de présenter des symptômes d'épuisement que les autres groupes d'employés. Ces niveaux plus élevés d'épuisement peuvent être attribués au fait que ce groupe de femmes semble se trouver dans une situation « non favorable  » en ce qui concerne le travail et la famille - elles ont des exigences professionnelles plus considérables que les autres femmes et des exigences familiales plus importantes que les hommes. Autrement dit, les femmes qui occupent des postes de gestion et professionnels sont plus susceptibles que les autres travailleurs et les autres groupes de « brûler la chandelle par les deux bouts » - c'est-à-dire remplir avec succès des exigences professionnelles considérables sans négliger leur famille. Une telle stratégie, à la longue, semble insoutenable.

Les employés qui n'ont aucune responsabilité de personne à charge sont en meilleure santé physique et mentale que ceux qui consacrent du temps à s'occuper d'un enfant ou d'un aîné toutes les semaines : Les données sont sans équivoque en ce qui concerne l'effet de la parentalité ou des soins aux aînés sur la santé physique et mentale des employés. Plus un employé mentionne de nombreuses exigences non liées au travail, plus il est probable qu'il indique être stressé, épuisé et en assez bonne ou pauvre santé. Autrement dit, le rôle de parent et de fournisseur de soins peut être considéré comme une tâche très exigeante et sur laquelle on a peu de contrôle - une tâche qui, nous le savons, met à l'épreuve la capacité d'une personne à faire face aux problèmes. Les personnes ou les couples sans enfant ou sans responsabilité à l'égard d'un aîné peuvent agir de façon relativement indépendante, car ils n'ont pas de contraintes. L'ajout du rôle de parent ou de fournisseur de soins complique la vie d'un employé, car il doit faire face à de plus grandes exigences et subir des contraintes. Les données indiquent que les efforts en vue de gérer de façon plus proactive un effectif plus diversifié et de mettre en œuvre des politiques et des programmes destinés à aider les mères et les pères au travail ainsi que les personnes aux prises avec des problèmes liés aux aînés n'ont pas eu d'effet appréciable sur ce groupe d'employés.

La maternité entraîne davantage de problèmes de santé mentale que la paternité : La parentalité semble avoir une incidence différente sur la satisfaction de vivre des mères que sur celle des pères. La paternité n'est pas associée à la satisfaction de vivre chez les hommes. Les mères sont moins satisfaites de leur vie que les femmes sans enfant. On a observé des résultats similaires en ce qui concerne l'humeur dépressive. Les mères sont plus susceptibles de mentionner une humeur dépressive grave que les femmes sans enfant ou sans responsabilité à l'égard d'un aîné. Assumer des responsabilités liées aux soins aux enfants ou aux aînés n'est toutefois pas associé à une humeur dépressive chez les hommes. Ces conclusions appuient les documents de recherche dans le domaine qui laissent entendre que le rôle de mère au travail est différent du point de vue qualitatif du rôle de père au travail et que la « qualité » de la maternité en tant que rôle n'est pas aussi élevée que celle de la paternité (c.-à-d. les pères s'occupent des tâches « agréables » tandis que les mères s'occupent des « choses difficiles »). D'autres recherches sont nécessaires pour savoir si ces différences sont attribuables à des facteurs sociaux, professionnels ou familiaux (ou à une combinaison de ceux-ci) pour élaborer des politiques ciblées et mettre en œuvre des moyens d'aide. Un partage plus équitable de l'éducation des enfants pourrait améliorer la santé mentale des mères au travail.

Les hommes qui travaillent dans le secteur public signalent une moins bonne santé mentale : Les hommes de l'échantillon du secteur public semblent exposés à une série de facteurs de stress relativement uniques. Ils sont plus susceptibles que tout autre groupe d'hommes de mentionner des niveaux élevés de stress ressenti et d'humeur dépressive et moins susceptibles de mentionner qu'ils sont satisfaits de leur vie. D'autres recherches sont nécessaires pour déterminer quelles conditions dans le milieu de travail du secteur public altèrent la santé mentale de ces hommes.

Un conflit important entre le travail et la vie personnelle est associé à un déclin de la santé physique et mentale des employés : Les données examinées dans cette étude ne laissent planer guère de doute sur le fait que le conflit entre le travail et la vie personnelle est associé à un certain nombre d'indicateurs de problèmes de santé physique et mentale chez l'employé. Les employés stressés, déprimés et épuisés ne sont pas aussi productifs que ceux qui jouissent d'une bonne santé mentale. Le stress ressenti, la dépression et l'épuisement sont également liés à un absentéisme accru, à une plus grande consommation de médicaments sur ordonnance, à une utilisation accrue des programmes d'aide aux employés, à des niveaux moindres de créativité, d'innovation et de prise de risque, qui, à leur tour, pourraient tous avoir une incidence négative sur les résultats de l'entreprise.

Les quatre éléments du conflit entre le travail et la vie personnelle ont des effets différents sur la santé physique et mentale des employés : Ces différences sont dignes de mention, car elles fournissent des motivations différentes pour examiner ce problème ainsi que des exigences différentes relativement aux changements.

  • Les employés dont la surcharge de rôles est faible sont en meilleure santé mentale : Les répondants qui ont une faible surcharge de rôles semblent en meilleure santé mentale et physique que les autres répondants. Seulement 20 % de ceux qui ont une faible surcharge de rôles mentionnent un stress important, seulement 4 % sont épuisés et seulement 14 % signalent des niveaux graves d'humeur dépressive. En outre, 60 % des répondants qui ont une faible surcharge de rôles indiquent qu'ils sont très satisfaits de leur vie. Ces données donnent à penser que la santé mentale des employés canadiens pourrait s'améliorer de façon significative si les entreprises veillaient à ce que les exigences professionnelles soient mieux gérables (c.-à-d. engager plus de personnel, réduire les exigences de déplacement, imposer des limites relativement à l'utilisation de la technologie pour soutenir le travail après les heures normales de travail). 
  • Les employés qui font face à des niveaux élevés de surcharge de rôles sont plus susceptibles de mentionner des niveaux élevés d'épuisement : La surcharge de rôles est associée de façon positive au stress ressenti, à l'épuisement et à l'humeur dépressive, et associée de façon négative à la satisfaction de vivre et à la santé physique perçue. L'examen des données indique que les employés qui font face à une surcharge de rôles élevée sont 12 fois plus susceptibles que ceux qui ont une faible surcharge de rôles de signaler des niveaux élevés d'épuisement. Ces conclusions indiquent que les longues heures de travail attendues des employés ne sont pas soutenables dans le temps. 
  • L'interférence du travail dans la famille est associée à des niveaux supérieurs de stress ressenti, d'humeur dépressive et d'épuisement : Les répondants qui subissent une grande interférence du travail dans la famille peuvent être considérés « à risque » en ce qui concerne l'épuisement et le stress ressenti (62 % des répondants qui subissent une grande interférence du travail dans la famille mentionnent des niveaux élevés d'épuisement et 77 % signalent des niveaux élevés de stress ressenti). Les employés dont l'interférence du travail dans la famille est élevée sont 5,6 fois plus susceptibles que ceux dont les niveaux d'interférence du travail dans la famille sont faibles de mentionner des niveaux élevés d'épuisement, 2,4 fois plus susceptibles de signaler des niveaux élevés d'humeur dépressive et 2,2 fois plus susceptibles de rapporter des niveaux élevés de stress ressenti. Ces conclusions semblent indiquer que la stratégie qui consiste à « tenter de tout faire et à satisfaire aux exigences professionnelles considérables au détriment de notre vie personnelle » compromet notre santé mentale. 
  • L'interférence de la famille dans le travail est moins problématique pour les employés que les autres formes de conflit entre le travail et la vie personnelle : L'autre stratégie - faire passer la famille avant le travail - ne semble pas aussi dommageable pour la santé mentale que le fait de faire passer le travail avant la famille. Mais elle cause quand même des ennuis. 
  • Les employés qui subissent une pression élevée sur le fournisseur de soins sont les plus susceptibles d'être déprimés : Les répondants qui font face à des niveaux élevés de pression sur le fournisseur de soins semblent présenter des risques accrus en ce qui concerne le stress ressenti (80 % de ceux qui subissent une pression élevée sur le fournisseur de soins mentionnent un niveau de stress élevé), l'humeur dépressive (60 % de ceux qui subissent une pression élevée sur le fournisseur de soins mentionnent une humeur dépressive grave) et une santé physique altérée (28 % de ceux qui subissent une pression élevée sur le fournisseur de soins indiquent être en moyenne ou en mauvaise santé). Ils sont aussi moins susceptibles d'être satisfaits de leur vie. 

Recommandations 

Il n'y a pas de solution « unique » au problème du conflit entre le travail et la vie personnelle. Les données de cette étude indiquent clairement que des politiques, des pratiques et des stratégies différentes seront nécessaires pour réduire l'effet des cinq éléments du conflit entre le travail et la vie personnelle : la surcharge de rôles, l'interférence du travail dans la famille, l'interférence de la famille dans le travail, la pression sur le fournisseur de soins et l'empiétement négatif du travail sur la famille. Cela dit, les données indiquent qu'il y a un certain nombre de stratégies et d'approches que les divers intervenants préoccupés par ce problème (c.-à-d. les employeurs, employés, familles, syndicats et gouvernements) peuvent adopter pour réduire le conflit entre le travail et la vie personnelle. Trente-neuf recommandations sont énumérées dans la section principale du rapport. Elles sont classées en deux grandes catégories : réduire les exigences (professionnelles ou familiales) ou accroître le contrôle des employés sur la conciliation travail-vie personnelle. L'une ou l'autre de ces stratégies devrait donner des résultats positifs. Voici un résumé des recommandations :

Que peuvent faire les employeurs? 

Les employeurs qui veulent se pencher sur la conciliation travail-vie personnelle doivent :

  1. Trouver des moyens de réduire la charge de travail des employés. Une attention particulière doit être prêtée à la réduction de la charge de travail chez les gestionnaires et les professionnels dans tous les secteurs.

  2. Reconnaître que des exigences professionnelles irréalistes ne sont pas viables dans le temps et qu'elles entraînent des coûts pour l'entreprise qui souvent ne sont pas évalués. En conséquence, nous recommandons que l'employeur commence à reconnaître les coûts liés au manque de personnel et à la surcharge de travail.

  3. Cerner des moyens de réduire les heures que consacrent les employés aux déplacements associés au travail.

  4. Embaucher plus de personnel dans les secteurs où l'entreprise dépend énormément des heures supplémentaires non payées.

  5. Recueillir des données qui sont représentatives des coûts totaux de la prestation de travail de grande qualité dans les délais impartis (c.-à-d. heures supplémentaires payées et non payées, roulement de personnel subséquent, utilisation des programmes d'aide aux employés, absentéisme).

  6. Changer leurs cadres de responsabilisation et les structures de leur système de rétribution.

  7. Récompenser et reconnaître de façon tangible les heures supplémentaires.

  8. Élaborer des règles entourant l'utilisation de la bureautique (p. ex., ordinateurs portatifs, courriel, téléphones cellulaires).

  9. Rendre plus largement accessibles d'autres formules de travail dans l'organisation.

  10. Réduire la dépendance aux heures supplémentaires rémunérées et non rémunérées.

  11. Donner aux employés la possibilité de refuser de faire des heures de travail supplémentaires. Un refus ne devrait pas limiter l'avancement professionnel.

  12. Accorder des journées de congé plutôt que de payer des heures supplémentaires.

  13. Donner un nombre limité de congés annuels payés pour les soins aux enfants et aux aînés ou des problèmes personnels.

  14. Assurer à leurs employés qui travaillent par postes le soutien approprié.

  15. Mesurer l'utilisation des différentes politiques de soutien et récompenser les sections de l'entreprise qui recourent à des pratiques exemplaires. Examiner les sections où l'utilisation des pratiques exemplaires est faible.

  16. Offrir chaque année des régimes d'avantages à la carte qui permettent aux employés de choisir les avantages les plus appropriés à leur situation personnelle.

  17. Offrir des services d'aiguillage pour les soins aux enfants et aux aînés.

Que peuvent faire les employés? 

Les employés devraient :

  1. Dire « non » aux heures de travail supplémentaires si les demandes sont irréalistes.

  2. Tenter de restreindre la quantité de travail qu'ils font à leur domicile le soir. S'ils décident de travailler à la maison, ils doivent être en mesure de séparer le temps consacré au travail et à la famille (c'est-à-dire exécuter le travail une fois les enfants couchés ou aménager un bureau à la maison).

  3. Essayer de diminuer le nombre d'heures consacrées aux déplacements associés au travail.

  4. Tirer avantage des formules de travail souples offertes par leur organisme.

Que peuvent faire les gouvernements? 

Pour réduire le conflit entre le travail et la vie personnelle dans leur milieu, les gouvernements (fédéral, provinciaux et municipaux) doivent :

  1. Appliquer des lois :

    • qui stipulent que les droits de la direction n'incluent pas le pouvoir implicite d'exiger d'un employé qu'il fasse des heures supplémentaires, sauf en cas d'urgence; 
    • qui donnent aux employés le droit d'avoir des congés au lieu de se faire payer les heures supplémentaires; 
    • qui autorisent les employés à avoir jusqu'à cinq congés annuels payés pour raisons personnelles; 
    • qui comprennent des dispositions concernant des congés à long terme non payés pour s'occuper d'un aîné à charge. 

  2. Ouvrir la voie au chapitre de la garde d'enfants. Plus particulièrement, ils doivent déterminer la meilleure façon d'aider les Canadiennes et les Canadiens qui travaillent à composer avec la garde d'enfants (c'est-à-dire, élaborer des politiques pertinentes à l'intention des parents et compte tenu d'enfants de divers groupes d'âge, déterminer les mécanismes de soutien et les mettre sur pied). 
  3. Ouvrir la voie au chapitre des soins prodigués aux aînés. Plus particulièrement, ils doivent déterminer la meilleure façon d'aider les Canadiennes et les Canadiens qui travaillent à composer avec le soin des aînés (c'est-à-dire, élaborer des politiques pertinentes, déterminer les mécanismes de soutien et les mettre sur pied). 
  4. « Prêcher par l'exemple » en ce qui a trait à la disponibilité et à l'accessibilité de formules de travail souples (c'est-à-dire, qu'il ne suffit pas de proposer une grande variété de formules de travail et de politiques de soutien). 
  5. Chercher des moyens de mieux sensibiliser la population canadienne à l'évolution des rôles sociaux et des responsabilités au cours des dernières décennies, les informer des changements qui s'imposent toujours, et des raisons pour lesquelles ces changements surviennent (c'est-à-dire, campagnes de marketing social, programmes d'éducation dans les écoles, publicité). 
  6. Déterminer la façon de réduire les « pénalités financières » auxquelles doivent faire face les parents (c'est-à-dire, préciser comment reconnaître concrètement les dépenses plus élevées que ces employés ont à assumer). 

Que peuvent faire les syndicats? 

Les syndicats doivent :

  1. Se faire les défenseurs de la conciliation travail-vie personnelle en entreprenant des campagnes publiques de sensibilisation aux problèmes entre le travail et la vie personnelle et proposer des façons d'améliorer la situation. Cette promotion devrait se faire en dehors du processus de négociation collective.

  2. Inclure des dispositions relativement au travail et à la vie personnelle (p. ex., formules de travail souples, avantages qui tiennent compte des besoins de la famille) dans les négociations pendant le processus de négociation collective afin d'ajouter de nouvelles dispositions aux conventions collectives.

  3. Mettre sur pied des campagnes de sensibilisation pour : 
    • accroître les connaissances des travailleurs concernant les problèmes entre le travail et la vie personnelle; 
    • donner aux employés les outils nécessaires pour composer efficacement avec les problèmes quand ils apparaissent. 


4 Dans le présent document, le terme « travail » désigne un emploi rémunéré.

5 Une association négative signifie qu'à mesure que les niveaux de conflit entre le travail et la vie personnelle augmentent, les niveaux de résultat baissent (c.-à-d. qu'à mesure que la surcharge augmente, le dévouement diminue). Une association positive signifie qu'à mesure que les niveaux de conflit entre le travail et la vie personnelle augmentent, les résultats organisationnels s'accroissent (c.-à-d. qu'à mesure que la surcharge augmente, le stress lié à l'emploi augmente aussi).

6 La mesure de l'empiétement n'est pas utilisée dans ce rapport pour calculer les coûts du déséquilibre. La façon dont on a quantifié cette variable (c.-à-d. empiétement négatif, aucun empiétement, empiétement positif) ne permet pas ces types d'analyse de données.


Le conflit entre le travail et la vie personnelle au Canada durant le nouveau millénaire : État de la question
Rapport final  - octobre 2003
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Mise à jour : 2004-11-08 haut de la page