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3. INIQUITÉ ET EXCLUSION SOCIOÉCONOMIQUE

Message clé : L’exclusion socioéconomique crée des iniquités dans la société.

3.1 DISCRIMINATION ET RACISME

La pauvreté et l’iniquité font partie intégrante d’un ensemble plus vaste de facteurs regroupés, notamment la discrimination et le racisme, qui tendent à exclure les groupes défavorisés de l’ensemble de la société. Le racisme et la discrimination demeurent une réalité sociale dans notre culture. On parle de discrimination lorsqu’un groupe dominant traite les autres groupes comme des subordonnés qui ne méritent pas de profiter des protections et des privilèges accordés à ses membres.

En citant le document The Colour of Democracy: Racisme in Canadian Society, la Fondation canadienne des relations raciales fait la distinction entre trois principales formes de racisme : le racisme individuel, le racisme systémique et le racisme culturel. Le racisme individuel, la forme la plus facile à reconnaître, se manifeste dans les attitudes et les comportements d’une personne. Le racisme systémique est souvent plus difficile à repérer puisqu’il est inhérent aux politiques d’une organisation. Ces politiques, qu’elles soient directes ou indirectes, maintiennent les avantages accordés aux « privilégiés ». Le racisme culturel est à la base des autres formes de racisme. Il privilégie un système de valeurs adopté par la société selon lequel il est acceptable que des actes discriminatoires soient basés sur les différences raciales et sur une hiérarchie culturelle soi-disant supérieure et inférieure.

Les formes apparentes de discrimination raciale ne sont pas acceptables pour la majorité des gens au Canada. La Fondation canadienne des relations raciales affirme que, même si l’on refuse de reconnaître que le racisme est un problème au Canada, le racisme continue à être une cause fondamentale des inégalités humaines. La reconnaissance de l’existence de la discrimination raciale et de ses effets est la première étape de l’élimination de ce problème. Des rapports, tels que Canada's Creeping Economic Apartheid, porte sur la « division raciale » ou la ségrégation économique et la marginalisation sociale des groupes raciaux. Dans l’ouvrage A Place Called Heaven: The Meaning of Being Black in Canada, Foster observe que même si le racisme au Canada n’est peut-être pas aussi apparent qu’aux États-Unis, il réussit tout de même à [traduction] « briser des rêves et à créer un sentiment de désespoir face à l’avenir ». Les Afro-Canadiens appellent le type de racisme dans lequel ils vivent le [traduction] « racisme avec le sourire ».

La Fondation canadienne des relations raciales signale qu’en plus d’être une attitude, le racisme est l’action qui résulte de cette attitude. Ces actions marginalisent et oppriment les gens. Elles se manifestent dans les structures de la société, telles que l’éducation, la justice, les médias, les services de police, l’immigration, l’emploi et les politiques gouvernementales. Par exemple, la discrimination systémique est observée lorsque les membres de minorités visibles se voient refuser des emplois, particulièrement les postes de niveau supérieur, ou un logement ou lorsqu’ils sont traités injustement. Le rendement scolaire ne permet pas d’expliquer certains cas signalés de discrimination en matière d’emploi. Dans la fonction publique canadienne, un employé sur 17 appartient à une minorité visible, mais seulement un sur 33 occupe un poste de direction.

Les participants à des groupes de discussion tenus dans le cadre d’une étude canadienne du racisme confirment que les hommes et les femmes appartenant à des minorités visibles sont encore de nos jours confrontés à un racisme « poli » au cours de leurs démarches de recherche d’emploi. Un participant à un groupe de discussion a fait part de l’expérience suivante : « J’ai appelé pour postuler pour des emplois et on m’a invité à venir passer des entrevues. Toutefois, lorsque je me présentais en personne, j’avais le sentiment que les gens étaient surpris de voir que je suis noir parce que je n’ai aucun accent au téléphone. Ils m’ont dit que le poste venait juste d’être comblé ou, durant l’entrevue, ils m’ont dit que j’étais surqualifié et m’ont demandé si j’étais certain de vouloir occuper ce type d’emploi. » Un autre membre du groupe de discussion tenu dans le cadre de l’étude a mentionné les difficultés d’avancement professionnel même après avoir été engagé. Un participant d’un groupe de discussion a fait le commentaire suivant : « J’avais postulé pour une promotion, mais je n’ai pas eu le poste. C’est plutôt un gars que j’avais formé (qui est blanc) a eu le poste. » Un autre a signalé que plus l’on regarde vers le haut de l’échelle d’une organisation, plus la couleur de la peau devient claire. « Je regarde autour de moi et je me rends compte que je n’ai aucune chance d’avancement. Parmi toutes les personnes qui occupent des postes supérieurs, aucune n’appartient à un groupe ethnique. »

En se fondant sur les données du recensement de 1996, les auteurs de l’ouvrage Données de base sur la pauvreté au Canada signalent que le taux de pauvreté dans les groupes raciaux au Canada (35,9 p. 100) est presque deux fois plus élevé que celui des autres groupes de pauvres (17,6 p. 100). Terre-Neuve-et-Labrador présente le plus faible taux de pauvreté dans les groupes raciaux comparativement à celui des autres groupes de pauvres (24,3 p. 100 comparativement à 21,3 p. 100). La Nouvelle-Écosse affiche le deuxième taux le plus élevé au Canada (37,9 p. 100 comparativement à 18,1 p. 100), alors que les taux enregistrés au Nouveau-Brunswick (34,2 p. 100 comparativement à 18,9 p. 100) se rapprochent de la moyenne nationale. À l’Île-du-Prince-Édouard, les taux (28 p. 100 comparativement à 15,1 p. 100) sont inférieurs à la moyenne nationale.

Les personnes atteintes de maladies mentales sont également victimes de stigmatisation et de discrimination. Dans un rapport de Santé Canada, intitulé Rapport sur les maladies mentales au Canada, on peut lire que la discrimination à l’égard des personnes atteintes de maladies mentales découle « de la superstition, du manque de connaissance et d’empathie, des anciens systèmes de croyances ainsi que d’une tendance à craindre et à exclure les personnes perçues différentes ». Les personnes atteintes de maladies mentales sont souvent craintives et gênées et, par conséquent, ne cherchent pas à obtenir l’aide de la famille, d’amis, de collègues, d’employeurs, de professionnels de la santé et d’autres personnes de la collectivité. Selon l’Alliance canadienne pour la maladie mentale et la santé mentale, la prévention de la stigmatisation des maladies mentales et de la discrimination à l’endroit des personnes atteintes de maladies mentales est une priorité en vue d’améliorer la santé mentale de la population canadienne. Comme première étape, elle recommande d’informer le public et les médias au sujet des maladies mentales. Elle recommande également d’élaborer et d’appliquer des politiques qui s’attaquent à la discrimination et aux violations des droits humains.

Les personnes qui ont besoin du soutien de l’aide sociale et de l’assurance-emploi font également face à un manque de compréhension générale et à la discrimination de la part de l’ensemble de la population. Par exemple, dans une note à l’intention du premier ministre publiée dans l’Edmonton Journal et intitulée « Cure for poverty is to end welfare: Back to the poorhouse: In today's society, poverty is usually a voluntary choice », McMahon fait l’affirmation suivante :

    [Traduction] Tous les obstacles que les gens devaient surmonter par le passé – des obstacles qui pouvaient condamner des personnes à vivre dans la pauvreté – ont disparu (...) En raison du filet de sécurité, les conséquences des mauvais choix paraissent plus tolérables. Les programmes de lutte contre la pauvreté rendent trop souvent la pauvreté plus acceptable et donc la perpétuent.

Les victimes de discrimination fondée sur la race, l’origine ethnique ou l’orientation sexuelle paient un prix élevé en matière de santé. Des résultats de recherche laissent entendre que les personnes victimes de discrimination sont plus susceptibles de souffrir de conséquences indésirables pour leur santé physique et mentale, particulièrement de maladies cardiovasculaires et d’hypertension. L’exposition répétée à la discrimination crée un stress constant, des sentiments de dépression, une perte d’estime de soi et de la colère. La discrimination contribue à la pauvreté, à l’insécurité économique, aux possibilités limitées de s’instruire et à l’absence d’autres ressources nécessaires au maintien d’une bonne santé.

La discrimination est également au cœur du risque de contracter des maladies chroniques transmissibles. Les problèmes liés au VIH ont des facteurs à la fois communs et différents en relation avec d’autres maladies chroniques. L’iniquité est une composante de base qui nuit à la prévention de l’infection au VIH et au traitement prolongé de la maladie. Selon Larry Baxter de la Nova Scotia’s Advisory Commission on AIDS, la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle pourrait bloquer la reconnaissance de l’homosexualité et ainsi créer des obstacles à la transmission du message de prévention de l’infection au VIH et à l’obtention par les personnes infectées de soins et de soutien. Les groupes de pairs, les familles, les écoles, les collectivités (particulièrement les petites villes ou les régions rurales), les milieux de travail et les églises peuvent tous créer des obstacles subtils de stigmatisation et de discrimination qui deviennent des « vérités » au fil du temps et renforcent les iniquités qui perpétuent le statu quo.

3.2 INCLUSION SOCIALE ET ÉCONOMIQUE

L’inclusion ou l’exclusion sociale et économique est devenue un concept important dans la documentation spécialisée, où il est associé aux causes fondamentales de la maladie, aux mécanismes de la maladie, aux états et aux comportements à risque et aux maladies chroniques. Les personnes exclues de la société sur les plans sociaux et économiques éprouvent une privation matérielle, notamment des obstacles à l’emploi et à l’instruction, ainsi que des stress psychologiques, notamment des obstacles à la participation à l’élaboration de politiques, et adoptent souvent des comportements malsains comme moyen de composer avec ces stress. L’absence d’un revenu adéquat, un faible rendement scolaire, l’accès difficile aux biens et aux services (y compris les soins de santé), le mauvais état des logements, le sous-emploi, l’accès limité au processus politique et les répercussions de la culture, du sexe et de l’orientation sexuelle peuvent contribuer à l’exclusion.

Selon le Centre d’excellence pour la santé des femmes – Maritimes, le concept d’exclusion sociale et économique permet d’aller au-delà des descriptions superficielles de la privation pour examiner certaines exclusions sous-jacentes qui empêchent certaines personnes d’avoir accès aux ressources sociales clés. Comme le fait remarquer Raphael, l’exclusion sociale [traduction] « décrit un processus global par lequel l’incidence du faible revenu – et les précurseurs connexes des maladies [chroniques] (...) chez les Canadiens est associée aux politiques sociales et économiques du gouvernement et à d’autres processus sociaux ». Comme un analyste l’a souligné, pour assurer l’inclusion de tous les citoyens, il faut non pas que les groupes marginalisés soient réintégrés dans l’ensemble de la société, mais plutôt que la société change.

L’exclusion sociale et économique n’est pas un choix individuel. Elle est au moins en partie le résultat de changements sociaux (par ex., chômage, monoparentalité, exode) et de politiques gouvernementales (par ex., compressions dans l’aide sociale, privatisation). Cette compréhension est très importante puisqu’elle indique que l’exclusion sociale et économique est un processus de risque modifiable et non pas un état permanent. Autrement dit, les politiques gouvernementales peuvent aggraver ou réduire l’exclusion sociale et économique dans la société, sans égard au statut inhérent ni à la naissance. Les collectivités et les sociétés peuvent s’organiser pour soutenir la santé ou pour y nuire. Une approche intégrée axée sur la santé de la population est fondée sur la reconnaissance que les stratégies efficaces de prévention des maladies doivent non seulement réduire l’exclusion sociale et économique mais également favoriser l’inclusion sociale et économique dans la population.

Selon Szereter et Woolcock, il existe trois principaux types d’inclusion sociale – établissement de relations, formation de ponts et création de liens – qu’ils appellent le « capital social ». La reconnaissance de ces différences est importante en vue de repérer les stratégies d’inclusion efficaces axées sur la santé de la population. Le premier type, l’établissement de relations, fait référence à des relations de confiance et de collaboration entre les membres d’un réseau social qui se considèrent semblables. Il peut s’agir de groupes familiaux, de groupes communautaires ou même de membres d’une bande de quartier. Le deuxième type, la formation de ponts, fait référence aux relations respectueuses entre les membres de groupes différents sur le plan sociodémographique, en raison de l’âge, de l’origine ethnique, de la classe, etc. Ces groupes sont plus ou moins égaux en terme de pouvoir et de statut, et la formation de ponts entre eux augmente la mutualité et réduit la discrimination. Le troisième type, la création de liens, met en relation des gens inégaux en terme de pouvoir. Par exemple, la création de liens entre des collectivités pauvres et des banquiers, des agents de la paix ou des travailleurs sociaux peut permettre aux gens défavorisés d’établir des liens avec des représentants d’institutions officielles qui ont des répercussions majeures sur leur bien-être.

L’inclusion et l’exclusion sociale et économique agissent indépendamment ou en association dans de nombreux domaines de privation. Le tableau 1 présente des exemples de ces dimensions qui comprennent les facteurs physiques, économiques et politiques ainsi que les ressources humaines et sociales. Il est adapté à partir d’une version du tableau préparée par Mitchell et Shillington, qui s’étaient eux-mêmes inspirés d’un cadre de travail établi par de Haan. Le cadre de travail comprend l’aspect de privation (par ex., revenu), les indicateurs (par ex., pauvreté chez les enfants et les familles) les institutions ou agents concernés (par ex., marché du travail, autorités gouvernementales) et les processus d’exclusion sociale (par ex., politique macroéconomique, politique de sécurité du revenu, politique de formation, etc.). Il fait ressortir les nombreuses dimensions de l’inclusion ou de l’exclusion sociale et économique, qui comprennent la santé, la discrimination, le logement et la participation à la vie politique.

Tableau 1. Les institutions et les processus d’exclusion

ASPECT INDICATEUR INSTITUTIONS/AGENTS PROCESSUS D’EXCLUSION
Physique :
Lieu
  • Isolement géographique

  • Accès aux parcs et aux endroits publics
  • Planificateurs des gouvernements locaux

  • Associations de quartier et de contribuables
  • Pratiques de zonage municipal et processus de planification

  • Syndrome « pas dans ma cour »
  • Infrastructure
  • Accès au transport en commun

  • Disponibilité d’une bibliothèque publique
  • Planificateurs des transports/ autorités gouvernementales
  • Processus budgétaires des gouvernements locaux et supérieurs
  • Logement
  • Besoin de logement de base

  • Personnes vivant dans des abris ou des logements temporaires

  • Statut d’occupation et coûts
  • Locateurs
  • Politiciens

  • Restrictions administratives, règlements, restrictions de location
  • Discrimination

  • Non-respect des lois applicables à la location

  • Processus d’établissement des priorités budgétaires
  • Économique:
    Revenu

  • Pauvreté chez les enfants et les familles

  • Durée de la pauvreté

  • Coefficient de GINI (inégalités de revenu)

  • Répartition intrafamiliale du revenu
  • Marché du travail

  • Autorités gouvernementales

  • Culture et habitudes
  • Politiques macroéconomiques

  • Politiques de sécurité du revenu

  • Politiques économiques locales (par ex., adéquation de l’offre et de la demande d’emploi, politiques de formation)

  • Discrimination fondée sur le sexe
  • Ressources
  • Richesse, accession à la propriété
  • Faible accès aux institutions financières
  • Protection contre les accidents financiers
  • Ressources humaines :
    Santé
  • Faible poids à la naissance

  • Mortalité prématurée

  • Maladies chroniques

  • Incapacité

  • Accès à une protection en matière de services de santé
  • Système de santé public

  • Assurance-santé privée ou publique

  • Politiques gouvernementales
  • Accès aux services de santé, aux dispositifs, aux médicaments nécessaires, etc.

  • Déterminants sociaux et économiques de la santé
  • Éducation
  • Rendement scolaire

  • Décrochage

  • Éducation permanente

  • Intégration des enfants à besoins spéciaux
  • Système d’éducation public
  • Frais de scolarité, frais imposés aux étudiants, accès aux prêts étudiants et à des services de garde
  • Ressources sociales :
    Contexte social
  • Sexe

  • Race

  • Soutiens sociaux
  • Sexisme et racisme systémiques
  • Sexisme et racisme
  • Engagement civique
  • Participation dans des groupes sportifs, des clubs et d’autres groupes organisés
  • Sports en milieux communautaires et scolaires, groupes de bénévoles et communautaires
  • Stress dû à un manque de temps, ressources financières insuffisantes
  • Psychologique
  • Estime de soi
  • Communauté
  • Exclusion et isolement
  • Organismes
  • Autonomie économique, civique et personnelle
  • Multitude d’institutions publiques et privées
  • Capacité (dont les protections juridiques, le droit de vote et l’autonomie économique et sociale)
  • Politique :
  • Pouvoir

  • Participation

  • Organismes

  • Citoyenneté
  • Droits juridiques officiels

  • Accès aux procédures

  • Consultation ou pouvoir

  • Participation politique

  • Immigrants, non-citoyens
  • Organismes gouvernementaux
  • Manque d’habilitation, de respect et d’appréciation
  • Source : Adapté de Mitchell et coll., Poverty, Inequality and Social Inclusion.

    Ces dimensions doivent être examinées dans l’optique de l’inclusion sociale et économique. Le Bureau régional de l’Atlantique de la Direction générale de la santé de la population et de la santé publique de Santé Canada a récemment produit un cahier d’exercices sur l’optique d’inclusion qui peut être utilisé dans une variété de contextes par tous les ordres de gouvernement, les organisations non gouvernementales et les groupes communautaires. Cet outil a été conçu pour analyser les lois, les politiques, les programmes et les pratiques en vue de connaître leurs effets sur l’inclusion sociale et économique. L’outil peut favoriser la transposition des concepts d’inclusion sociale et économique en de saines politiques publiques.

    Comme Mitchell le signale, les politiques qui visent uniquement à créer des emplois peuvent également favoriser l’exclusion si les emplois créés sont peu rémunérés, réduisent la capacité des gens à jouer leur rôle de parent, etc. De plus, les responsables de l’élaboration de ces politiques doivent examiner comment les multiples déterminants socioéconomiques de la santé peuvent influer sur le succès du programme. Par exemple, est-ce que la création d’emplois dépend également de l’offre de logements abordables, de services de garde, etc.? De plus, si les programmes qui soutiennent les groupes à faible revenu sont conçus et administrés par des personnes plus aisées, les groupes vulnérables n’ont pas de voix ni de pouvoir pour influer sur les questions importantes concernant leur bien-être.

    Mitchell fait également ressortir que les processus d’exclusion ou d’inclusion sont le reflet de différentes visions politiques qui sont le fondement de la compréhension du désavantage. Les personnes qui définissent la citoyenneté en se fondant sur les tâches et les obligations encourageront des stratégies différentes de celles qui sont soutenues par les personnes qui considèrent la citoyenneté comme un ensemble de droits politiques, civils et sociaux. Par exemple, les visions selon lesquelles le travail est une nécessité morale pour éviter la dépendance à l’égard du gouvernement sont souvent discriminatoires. Les stratégies fondées sur cette vision visent à réduire le nombre de personnes qui bénéficient de l’assurance-emploi et de l’aide sociale. Toutefois, ces stratégies font souvent abstraction de l’importance de la qualité du travail pour la santé et le bien-être. Elles ne tiennent pas compte du rôle, de la valeur et des répercussions du travail non rémunéré et des responsabilités à l’égard de la prestation de soins qui augmentent la charge de travail des femmes et font en sorte qu’elles ne passent pas assez de temps avec leurs enfants. Elles masquent également le racisme, la discrimination et d’autres iniquités du marché du travail. Selon ces visions, les membres de groupes vulnérables peuvent, par exemple, être contraints à occuper des emplois qui demandent de longues heures de travail et qui ne paient pas suffisamment pour les sortir de la pauvreté.

    L’intégration de l’inclusion sociale et économique dans le cadre de la santé de la population peut aider à aborder la complexité des mesures visant à associer l’équité et les changements sociaux aux résultats positifs en matière de santé de la population. Certains responsables de l’élaboration des politiques sont de plus en plus conscients de l’importance de s’assurer que les politiques ont une incidence sur l’inclusion sociale et économique. Les demandes de stratégies visant à réintégrer la promotion de la santé dans les programmes de santé de la population, à remettre la population au cœur des programmes de santé de la population, sont de plus en plus courantes. Cette approche insiste sur l’importance des connaissances de base et des preuves empiriques, ainsi que sur l’importance d’intégrer en amont des politiques misant sur la participation communautaire. Santé Canada, par exemple, agit en ce sens en soutenant l’action communautaire au moyen de programmes tels que le Fonds pour la santé de la population. Avec ce type de soutien gouvernemental, les collectivités peuvent aider à élaborer des stratégies précises à l’échelle locale fondées sur les besoins réels et précis de la région.

    Élaboré par Développement des ressources humaines Canada (DRHC) de concert avec Statistique Canada, l’indice de santé sociale est une tentative de mesurer des indicateurs regroupés du bien-être social, qui donne suite à certains égards aux questions soulevées dans la documentation spécialisée sur l’exclusion sociale et économique. Les 15 composantes de l’indice comprennent les tendances en matière de taux de pauvreté, de violence faite aux enfants, de mortalité infantile, de suicide chez les adolescents, de toxicomanie, de décrochage au secondaire, de criminalité, de décès attribuables à l’alcool, d’accès à un logement à prix abordable et d’autres facteurs. DRHC a observé un déclin des indicateurs de santé sociale dans toutes les provinces depuis le début des années 1980, Terre-Neuve-et-Labrador et le Nouveau-Brunswick enregistrant les baisses les plus modestes (5 p. 100) et l’Île-du-Prince-Édouard et la Nouvelle-Écosse, des baisses plus importantes (15 p. 100 et 21 p. 100, respectivement). En fait, la baisse enregistrée en Nouvelle-Écosse est la deuxième plus forte au pays.

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    Mise à jour : 2006-02-14

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