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![Agence de santé publique du Canada](/web/20061215065932im_/http://www.phac-aspc.gc.ca/gfx_common/dgspsp.gif)
[Division de
surveillance de la santé et de l'épidémiologie]
Rapport spécial sur la mortalité maternelle et la
morbidité maternelle
grave au Canada
Surveillance accrue : la voie de la prévention
Collaborateurs
Auteurs principaux
I.D. Rusen, MD, M Sc., FRCPC
Robert Liston, M.B., Ch.B., FRCSC, FRCOG
Auteurs collaborateurs
Shi Wu Wen, M.B., Ph.D.
Sharon Bartholomew, M.Sc.S.
Comité d'examen
Karen Acheson, M.D., CCD
Maureen Heaman, inf. aut., maîtrise en soins infirmiers, Ph.D.
Robert Liston
Dana Paquette, M.Sc.
I.D. Rusen
Reg Sauve, M.D., maîtrise en hygiène publique, FRCPC
Personnel de la Section de la santé maternelle et infantile
Sharon Bartholomew
Ernesto Delgado
Patric Fournier-Savard, M.S.S.
Ling Huang, M.D., M.Sc.
Adèle Lemay-Jones
Gina Marin
Catherine McCourt, M.D., M.G.S.S., FRCPC
Louie McLeod
Hajnal Molnar-Szakács, M.D., M.Sc.
Dana Paquette, M.Sc.
Jocelyn Rouleau
Groupe d’étude sur la santé maternelle,
Système canadien de surveillance
périnatale (membres externes)
Thomas F. Baskett, M.B., FRCS
Margaret Cyr Kinga David, M.Sc.S.
William Fraser, M.D., M.Sc., FRCSC
Maureen Heaman
K.S. Joseph, M.D., Ph.D. Robert Kinch, M.D.
Michael Kramer, M.D.
Robert Liston
Beverley O'Brien, R.M, D.N.Sc.
Karen Roberts
Reg Sauve
Susan Taylor-Clapp, inf. aut., M.Sc.
Remerciements
Le Système canadien de surveillance périnatale tient à reconnaître
la participation des Bureaux des coroners et médecins légistes
en chef provinciaux et territoriaux, de même que les quatre comités
provinciaux et territoriaux de surveillance de la mortalité maternelle.
Leur collaboration s'est avérée essentielle dans
le cadre de ce projet et a été grandement appréciée.
Nous tenons à remercier Alison Macarthur, Ph.D., professeure
agrégée, Département d'anesthésie
de l'Université de Toronto, pour ses commentaires constructifs
sur une ébauche antérieure de ce rapport.
Nous sommes également redevables aux docteurs William Fraser
et Alexandre Dumont, du Département d'obstétrique
et de gynécologie de l'Université de Montréal,
pour leur revue minutieuse de la version française du présent
document.
Introduction
L'Organisation mondaile de la Santé a utilisé la mortalité maternelle
en tant que mesure du statut des femmes, de leur accès aux soins
de santé et de la capacité du système de santé de
répondre à leurs besoins 1. Une
autre étude estime qu'il y a eu quelque 529 000 morts maternelles à l'échelle
mondiale en 2000. Les taux de mortalité maternelle varient grandement
d'un pays ou d'une région à l'autre, et
67 % des morts maternelles surviennent dans un total de 13 pays seulement.
En 2000, on estimait que les taux de mortalité maternelle (TMM)
les plus élevés au monde revenaient à l'Afghanistan
et au Sierra Leone, avec 1900 et 2000 morts maternelles pour 100 000
naissances vivantes, respectivement2.
En guise de réponse à cet écrasant fardeau de
morts maternelles, plusieurs projets, dont les Objectifs du développement
de l'ONU pour le Millénaire (ODM), ont fait de la réduction
de la mortalité maternelle un de leurs principaux objectifs.
Le but des ODM est de réduire la mortalité maternelle à l'échelle
mondiale de 75 % par rapport aux niveaux de 1990 (estimation mondiale
de 430 décès pour 100 000 naissances vivantes1)
d'ici 2015 3.
Dans nombre de pays industrialisés, dont le Canada, la mortalité
maternelle a déjà connu une baisse considérable
au cours du XXe siècle4,5.
La figure 1 présente les plus récentes estimations en
matière de TMM pour un groupe de pays particuliers dotés
de bons systèmes d'enregistrement des décès
et de détermination des causes. Il est évident que le
Canada jouit d'un des TMM (d'après les statistiques
nationales de l'état civil) les plus faibles au monde.
Néanmoins, nous ne pouvons nous permettre de relâcher
la vigilance en matière de mortalité maternelle. La surveillance
de la mortalité liée à la grossesse dans d'autres
pays a révélé des hausses de mortalité parmi
des groupes défavorisés au sein de la population5,6.
Les TMM pour l'ensemble de la population peuvent masquer des risques élevés
pour certains sous-groupes de la population canadienne. Malgré le
TMM relativement faible du Canada, nous devons explorer de nouvelles
façons de réduire encore davantage le nombre de femmes
qui meurent en raison de leur grossesse.
![figure 1](/web/20061215065932im_/http://www.phac-aspc.gc.ca/rhs-ssg/srmm-rsmm/gfx/fig1_f.png)
Les stratégies particulières visant à réduire
la mortalité maternelle dépendent du fardeau de base
de morts maternelles. Dans les régions les plus affligées
du monde, il y a un besoin de production urgent d'interventions
de base visant à favoriser la maternité sans
risques. De telles initiatives
auraient probablement un effet bénéfique
considérable sur le nombre de femmes qui meurent en raison
de leur grossesse. Il existe des descriptions détaillées
de ces interventions7. Dans
les pays développés, où les TMM sont considérablement
plus faibles, les efforts de surveillance accrue constituent un point
de départ essentiel pour mettre au point de nouvelles méthodes
préventives visant à réduire encore davantage
la mortalité.
[Les enquêtes de cas approfondies et les rapports qui s'ensuivent
peuvent sensibiliser les autorités à la survenance et
au caractère évitable de la mortalité maternelle
et mener à des recommandations d'actions précises
visant à améliorer la qualité des soins et à encourager
l'élaboration et la mise à niveau de systèmes
de production de rapports sur la mortalité maternelle.]
Plusieurs études2,4 ont
bien documenté les limites des systèmes d'enregistrement
de l'état civil en matière de suivi précis
des morts maternelles. Il arrive qu'une mort maternelle nous échappe
ou qu'on la classe dans la mauvaise catégorie, même
dans des pays dotés de systèmes complets d'enregistrement
de l'état civil et de certification médicale universelle
de décès. Les TMM officiels sont souvent rajustés à la
hausse avant leur publication afin de compenser pour le problème
de sous-déclaration2.
Toutefois, afin de mieux comprendre les causes persistantes
de la mortalité maternelle et d'établir de
nouvelles méthodes de prévention, plus de pays tentent
maintenant de complémenter leurs données statistiques
quantitatives en recueillant des renseignements qualitatifs approfondis2.
Les enquêtes de cas approfondies et les rapports qui s'ensuivent
peuvent sensibiliser les autorités à la survenance
et au caractère évitable de la mortalité maternelle
et mener à des recommandations d'actions précises
visant à améliorer la qualité dessoins et à encourager
l'élaboration et la mise à niveau
des systèmes de production de rapports sur la mortalité 2,6,8.
Divers pays offrent des modèles de surveillance accrue et d'enquête
de cas maternelle approfondie et de production de rapports :
- En Angleterre et au pays de Galles, on a mis sur pied la Confidential
Enquiry into Maternal Deaths in the United Kingdom en
1952. L'objectif de cette enquête, que l'on utilise maintenant à l'échelle
du Royaume-Uni (R.-U.) entier, est de « faire partie intégrante
du programme gouvernemental en matière de gouvernance clinique
afin d'assurer que toutes les femmes enceintes, de même
que celles qui viennent d'accoucher, aient accès aux
meilleurs soins possibles fournis dans des environnements appropriés,
et que ces soins soient axés sur leurs besoins individuels. » [trad.] 6. Les
rapports de l'enquête paraissent tous les trois ans
et fournissent des renseignements détaillés sur les
cas, de même que des recommandations clés basées
sur les résultats. Ce qui rend l'enquête particulièrement
valable est la double exigence gouvernementale suivante : que toutes
les morts maternelles fassent partie de cette enquête confidentielle
et que tous les professionnels de la santé fournissent les
renseignements requis6.
Le système d'enquête et de production de rapports
du R.-U. constitue la norme d'excellence en matière de
surveillance de a mortalité maternelle8.
- En Australie, depuis 1964, on publie tous les trois ans le Report
on Maternal Deaths Australia. Ces rapports visent à fournir
l'assurance de la qualité en matière de soins de
maternité au cours de la grossesse et après l'accouchement, à assurer
une surveillance de la mortalité maternelle et à préciser
des normes en matière de rapports sur la mortalité maternelle8. Les
rapports australiens contiennent également des détails
sur des cas individuels de même que des commentaires au
sujet de nouvelles méthodes de prévention. Contrairement
au système britannique de demande de renseignements, le
rapport australien est le produit de plusieurs systèmes
confidentiels de demande de renseignements sur les décès,
d'une base de données nationale sur la morbidité hospitalière
et d'une base de données nationale sur la mortalité8. Par
conséquent, les données incluses dans chaque rapport
varient à la fois dans le détail et dans la qualité8.
- Aux États-Unis, le Pregnancy Mortality Surveillance
System (PMSS) a été établi en 1987
afin d'assurer une surveillance continue de tous les décès
liés aux grossesses déclarés par les ministères
de la Santé des États, par les comités de
surveillance de la mortalité maternelle, par les médias
et par des fournisseurs de soins individuels9.
En plus d'examiner soigneusement les causes immédiates
et sous-jacentes de chaque décès, le PMSS obtient
des renseignements additionnels, principalement par le biais des
certificats de mort maternelle et des certificats de naissance
ou de mort ftale. Les rapports publiés font état
des facteurs socio-démographiques disponibles et de leurs
liens avec les risques de mort maternelle5.
Toutefois, contrairement aux rapports produits par le R.-U. et
l'Australie, le PMSS ne réalise pas d'examens
des circonstances médicales des décès individuels
et ne fournit pas de détails sur des cas individuels.
Au Canada, à l'échelon local, les décès
qui surviennent dans les hôpitaux font habituellement l'objet
d'une enquête rigoureuse de la part du comité d'examen
de l'hôpital 4. Toutefois,
l'ampleur et les résultats de ces examens internes ne sont
habituellement pas divulgués à l'extérieur
des établissements. Les méthodes d'enquête
sur les morts maternelles varient généralement d'une
province ou d'un territoire à l'autre. De plus, ces
pratiques provinciales et territoriales n'ont jamais été résumées.
Finalement, au niveau national, il n'existe pas présentement
de dispositif systématique de synthèse et de production
de rapports en matière de mortalité maternelle au Canada.
Une autre question liée de près aux enquêtes
et à la production de rapports sur la mortalité maternelle
est celle de la surveillance de la morbidité maternelle grave
ou des cas de « quasi-mortalité », c.-à-d.
les femmes qui étaient en grave danger de mort mais qui ont
survécu6. Du fait de la rareté croissante
de la mort maternelle dans les pays industrialisés, on a proposé la
surveillance de la morbidité maternelle grave en tant qu'outil
de contrôle additionnel en matière de qualité des
soins de maternité6,10-12.
La surveillance de la morbidité maternelle grave fournit un
plus grand nombre de cas à examiner, ce qui permet d'établir
une base à partir de laquelle formuler des recommandations et
tirer des conclusions6. Plusieurs
des comités de surveillance de la mortalité maternelle
qui existent présentement ont reconnu le besoin d'améliorer
les efforts de surveillance de la morbidité maternelle grave6,8.
Le plus récent Rapport sur la santé périnatale
au Canada a examiné les taux d'embolie amniotique
et d'hémorragie de la délivrance 13.
Toutefois, au Canada, il n'existe pas de rapports publiés
sur la survenance, à l'échelle nationale, de la
morbidité maternelle grave.
Le Système canadien de surveillance périnatale (SCSP)
a été mis au point par Santé Canada en 1995, avec
pour mandat de contribuer à l'amélioration des soins
aux femmes enceintes, aux mères et à leurs enfants par
le biais de la surveillance continue et de la production de rapports
sur les déterminants et les résultats de la santé périnatale
au Canada13. Un des trois groupes d'étude du
SCSP, le Groupe d'étude sur la santé maternelle
(GESM), se concentre sur les comportements, les services de santé et
les résultats clés en matière de santé maternelle.
Le GESM a déterminé que la surveillance accrue de la
mortalité maternelle et de la morbidité maternelle grave
constitue un secteur prioritaire en matière de surveillance
de la santé maternelle au Canada. À ce chapitre, le
GESM a entrepris des études sur la sous-déclaration de
la mortalité maternelle au Canada4, sur
la mortalité maternelle par causes précises pendant et
après la grossesse14, sur
la réadmission maternelle15 et
sur la comparaison de la mortalité et de la morbidité maternelles
entre les femmes qui ont traversé l'épreuve du travail
et celles qui ont choisi la césarienne (parmi les femmes qui
avaient déjà accouché par césarienne)16.
Avec l'appui de la Société des obstétriciens
et gynécologues du Canada (SOGC), le GESM a entrepris ce rapport
spécial sur la mortalité maternelle et la morbidité maternelle
grave au Canada avec les quatre objectifs principaux suivants :
- décrire les activités provinciales et territoriales
actuelles visant à examiner les cas de mort maternelle et à en
faire rapport;
- examiner et résumer les rapports de cas individuels de mort
maternelle survenus au Canada entre 1997 et 2000;
- décrire la survenance et les tendances de la morbidité maternelle
grave au Canada;
- formuler des recommandations visant à améliorer la
surveillance de la mortalité maternelle et de la morbidité maternelle
grave au Canada.
Méthodologie
Ce projet comporte cinq étapes distinctes
Détermination des activités de surveillance de la
mortalité maternelle aux niveaux provincial et territorial
Dans chaque province ou territoire, on a contacté le coroner
en chef ou le médecin légiste en chef, de même
que le collège de médecine ou le collège des médecins
et des chirurgiens, afin de leur demander s'il existait dans leur
province ou territoire un comité officiel de surveillance de
la mortalité maternelle. Dans les cas
où la réponse était affirmative, on a communiqué avec
les représentants de ces comités afin d'obtenir
des détails relatifs à leurs activités et de les
inviter à participer au projet. Dans les cas où il n'existait
pas de comité officiel de surveillance, on a exploré le
rôle des coroners ou médecins légistes provinciaux
ou territoriaux dans la surveillance de la mortalité maternelle,
de même que leur volonté de participer à ce projet.
Élaboration d'une liste de décès à partir
de bases de données nationales
La première étape du processus de compilation des rapports
de cas de mort maternelle a été d'élaborer, à partir
de trois bases de données administratives, une liste des décès
survenus entre 1997 et 2000.
La première de ces trois sources était le Système
canadien des statistiques de l'état civil de Statistique
Canada, qui contient des bases nationales de données non nominatives
sur les naissances vivantes, les mortinaissances et les
décès13.
Le processus de certification des décès liés à la
grossesse au Canada est décrit en détail ailleurs4.
Les morts maternelles sont celles auxquelles on a assigné un
code indiquant la cause du décès qui correspondait au
chapitre 11 (« Complications de la grossesse, de l'accouchement et
des suites de couches ») de la 9e révision
de la Classification internationale des maladies (CIM-9)17 ou
au chapitre XV (« Grossesse, accouchement et puerpéralité »)
de la 10e révision de la Classification internationale
des maladies (CIM-10)18. À partir
du Système
canadien des statistiques de l'état civil, on a créé une
liste préliminaire des décès contenant les variables
suivantes : province de résidence, âge, date de décès
et cause antécédente du décès.
La seconde des trois sources de données était la Base
de données sur les congés des patients (BDCP) de l'Institut
canadien d'information sur la santé (ICIS). La BDCP recueille
des données sur la sortie des hôpitaux - transferts,
congés ou décès - dans la plupart des hôpitaux
canadiens de soins de courte durée. Les données sur les
sorties des hôpitaux du Québec et du Manitoba correspondant à la
période d'étude sur la mortalité maternelle
n'ont pas été incluses dans la BDCP. La BDCP contient
des données non nominatives sur chaque hospitalisation, y compris
des renseignements démographiques et de l'information
sur la résidence du patient, la durée du séjour,
les diagnostics primaire et secondaire, le diagnostic de comorbidité et
les actes médicaux réalisés au cours du séjour13.
On a employé une combinaison de codes de diagnostics et d'actes
afin de recenser tous les accouchements, de même que les avortements
et les grossesses ectopiques. On a employé tout registre d'un
tel événement en conjonction avec un certificat de décès
pour saisir les données sur les décès survenus à l'hôpital.
Troisièmement, on a examiné les dossiers de sortie
d'hôpital du Québec au moyen du Système de
maintenance et d'exploitation des données pour l'étude
de la clientèle hospitalière (MED-ÉCHO).
Finalement, on a combiné les registres de décès
obtenus des deux bases de données sur l'hospitalisation
avec les données sur la mortalité du Système canadien
des statistiques de l'état civil afin d'obtenir la
liste des décès enregistrés dans les bases de
données entre 1997 et 2000.
Données sur des cas individuels obtenues des comités
de surveillance de la mortalité maternelle ou des coroners et
médecins légistes provinciaux et territoriaux
En utilisant la liste des décès compilée à partir
des recherches dans les bases de données, nous avons contacté les
provinces et territoires en vue d'obtenir de l'information
sur les cas survenus chez eux entre 1997 et 2000. Dans le cas des provinces
et territoires dotés de comités de surveillance de la
mortalité maternelle, nous avons joint ces groupes. Dans les
autres provinces et territoires, nous avons communiqué avec
le coroner ou le médecin légiste en chef. (Dans les Territoires
du Nord-Ouest, nous avons obtenu des renseignements sur la mortalité maternelle
du coroner en chef. Nous n'avons obtenu les détails relatifs
au comité de surveillance de la mortalité maternelle
qu'une fois l'examen du cas terminé.)
Nous avons demandé aux
personnes-ressources de confirmer des cas individuels et de fournir
de l'information sur ces cas. Nous avons également demandé aux
provinces et aux territoires de cerner et de fournir des renseignements
relatifs à la mortalité maternelle que nous n'avions
pu obtenir des bases de données. Nous avons également
contacté les provinces et territoires qui n'avaient pas
enregistré de morts maternelles dans les bases de données
pour la période de 1997 à 2000 afin de déterminer
si l'on n'aurait pas manqué de tels décès.
Nous avons demandé aux personnes-ressources des provinces et
territoires de fournir des rapports d'enquête sur les morts
maternelles ou de remplir un formulaire de collecte de données
(voir l'annexe A) créé pour recueillir des renseignements
clés sur les cas de décès. Nous n'avons demandé aucun
renseignement nominatif.
Examen et analyse spécialisés des cas de mort maternelle
Nous avons formé un comité d'examen regroupant
des experts en obstétrique et en soins infirmiers obstétriques,
de même que des représentants des bureaux du coroner ou
du médecin légiste, des comités provinciaux et
territoriaux de surveillance de la mortalité maternelle et du
système national de surveillance et d'épidémiologie.
N'ont été inclus dans le processus officiel d'examen
que les cas pour lesquels on avait rempli un formulaire de collecte
de données ou un rapport du coroner ou médecin légiste
ou du comité provincial ou territorial de surveillance de la
mortalité maternelle. Dans chaque cas, les renseignements ont
fait l'objet d'examens et de discussions détaillés,
et nous avons classifié chaque cas de mortalité maternelle
selon la cause principale du décès. Les définitions
employées pour inventorier les décès figurent
au tableau 1.
En plus de la nouvelle catégorie mort maternelle tardive,
il existe plusieurs différences entre la CIM-9 et la CIM-10
en matière de codification et classification des morts maternelles.
Ces différences sont précisées ailleurs4.
La période d'étude de ce rapport couvre des années
où étaient en vigueur les systèmes de la CIM-9
(1997-1999) et de la CIM-10 (2000) au Canada. Par conséquent,
c'est d'un commun accord que le comité d'examen
a établi la classification des décès aux fins
de ce rapport et non pas en fonction d'un système particulier
de classification des maladies. Par exemple, les décès
causés par un trouble cérébrovasculaire au cours
de la grossesse, ou les décès qui ont eu lieu dans les
42 jours suivant l'interruption de la grossesse, sont classés
dans les morts maternelles directes selon la CIM-9,
mais dans les morts maternelles indirectes selon la CIM-104. Aux fins
de ce rapport, le
comité d'examen a classifié les décès
causés par un trouble cérébrovasculaire d'après
les détails de chaque cas individuel et a habituellement classifié ces
décès dans la catégorie des morts maternelles
directes.
Tableau 1 Définitions des morts maternelles |
Mort maternellea : décès d'une femme survenu
au cours de la grossesse ou dans une période de 42 jours
après sa terminaison, quelle qu'en soit la durée
ou la localisation, pour une cause quelconque déterminée
ou aggravée par la grossesse ou les soins qu'elle a
requis, mais non pour une cause accidentelle ou fortuite.
- Décès par cause obstétricale
directea : décès
d'une femme qui résulte de
complications obstétricales (grossesse, travail et suites
de couches), d'interventions, d'omissions, de traitements
incorrects ou d'enchaînement d'événements
résultant de l'un des facteurs susmentionnés.
- Décès par cause obstétricale
indirectea : décès d'une femme qui résulte d'une
maladie préexistante ou d'une affection apparue
au cours de la grossesse sans qu'elle soit due à des
causes obstétricales directes mais qui a été aggravée
par les effets physiologiques de la grossesse
Mort maternelle fortuiteb : décès d'une femme dû à des événements
qui surviennent au cours de la grossesse, sans que la grossesse ne contribue
elle-même au décès de façon significative,
bien que l'on puisse postuler l'existence d'un lien indirect.
Mort maternelle tardivec : décès
d'une femme résultant
de causes obstétricales directes ou indirectes survenu plus de
42 jours, mais moins d'un an, après la terminaison de la grossesse. |
a Définitions utilisées à la fois dans la
CIM-9 et la CIM-10.
b Le Report on Maternal Deaths in Australia,
1994-968 utilise le terme anglais « incidental ».
c Nouvelle catégorie de la CIM-10. |
Les membres du comité se sont également entendus quant à la
cause principale de décès dans chaque cas. Par exemple,
les décès dus à une hémorragie intracrânienne
(HIC) survenus en conjonction avec un diagnostic de prééclampsie
ont été attribués à la prééclampsie,
tandis que les cas de HIC qui ne présentaient aucun signe de
prééclampsie ont été classés avec
les décès dus à une HIC. Dans les cas où on
ne pouvait établir la cause du décès à partir
des renseignements disponibles, on a consulté le bureau du coroner
ou du médecin légiste ou le comité provincial
ou territorial de surveillance de la mortalité maternelle approprié afin
d'obtenir des détails additionnels.
Suivant la classification et la désignation de la cause du
décès dans tous les cas examinés, on a entré les
données dans le système EpiData (version 3.0, EpiData
Association, Odense, Danemark, 2003) et on les a analysées au
moyen du programme Epi Info (version 6.04d, United States Centers for
Disease Control and Prevention et Organisation mondiale de la Santé,
2001). Conformément aux approches internationales, on a établi
le taux global de mortalité maternelle (TMM) en calculant le
nombre de morts maternelles directes et indirectes pour chaque 100
000 naissances vivantes17. On a également établi
les TMM directs et indirects, de même que les TMM par catégorie
d'âge et par catégorie de cause. On a obtenu du Système
canadien des statistiques de l'état civil (Statistique
Canada) le nombre de naissances vivantes, afin de l'utiliser dans
les calculs des TMM.
Survenance de la morbidité maternelle grave
On a tiré les données sur les admissions à l'hôpital
pour accouchement au cours des exercices 1991-1992 à 2000-2001
de la BDCP de l'ICIS au moyen d'une combinaison de codes,
tel que mentionné ci-dessus. Les données sur les sorties
des hôpitaux du Québec et d'une partie du Manitoba
et de la Nouvelle-Écosse n'ont pas été versées
dans la BDCP au cours des années correspondant à la période
sous étude. Par conséquent, on n'a pas inclus ces
provinces dans l'analyse de la morbidité maternelle grave.
Contrairement aux méthodes employées dans l'analyse
des décès, les méthodes d'analyse de la morbidité maternelle
grave ont exclu les incidents survenus en début de grossesse,
c.-à-d. les grossesses ectopiques et les avortements qui n'ont
mené ni à une naissance vivante ni à une mortinaissance.
Les affections et actes médicaux correspondant à la
morbidité maternelle grave ont été sélectionnés
par un comité d'experts (obstétrique, soins infirmiers
obstétriques, surveillance nationale et épidémiologie
périnatale) du Groupe d'étude sur la santé maternelle
(GESM) du SCSP. Ils comprenaient : l'embolie amniotique, l'embolie
pulmonaire obstétricale (autre que l'embolie amniotique),
l'éclampsie, le choc (obstétrical, septique ou autre),
les complications pulmonaires, cardiaques ou du système nerveux
central (SNC) liées à l'anesthésie, les troubles
cérébrovasculaires au cours des suites de couches (y
compris la thrombose intracrânienne du sinus de la dure-mère),
la rupture utérine, le syndrome de détresse respiratoire
aiguë de l'adulte, l'œdème pulmonaire, l'infarctus
du myocarde, l'insuffisance rénale aiguë par suite
du travail et de l'accouchement, l'arrêt ou l'insuffisance
cardiaque ou l'anoxie cérébrale par suite d'une
chirurgie obstétricale, l'hémorragie post-partum
aiguë exigeant une hystérectomie ou une transfusion et
finalement, la ventilation spontanée assistée.
Afin de mesurer l'ampleur générale de la morbidité maternelle
grave, on a calculé un taux pour chaque 1 000 accouchements,
le numérateur correspondant au nombre de patientes atteintes
d'une des affections ou ayant subi un des actes médicaux
susmentionnés. L'analyse préliminaire des données
a révélé une erreur de codification dans les cas
d'infarctus du myocarde dans les dossiers sur les sorties des
hôpitaux après l'accouchement en Saskatchewan. Par
conséquent, on a exclu les dossiers de cette province lors du
calcul des taux d'infarctus du myocarde. Pour le calcul des taux
globaux de morbidité maternelle grave, on a inclus les dossiers
de la Saskatchewan sur les accouchements, mais on a traité les
cas d'infarctus du myocarde de cette province comme des non-cas.
Afin de s'assurer que les cas d'hémorragie étaient
réellement des cas graves, on n'a compté que les
dossiers sur les cas d'hémorragie post-partum exigeant
une hystérectomie ou une transfusion. Les codes de la CIM-9
et de la Classification canadienne des actes diagnostiques, thérapeutiques
et chirurgicaux (CCP) correspondant aux affections et actes médicaux
figurent à l'annexe B.
On a calculé des taux globaux de morbidité maternelle
grave au Canada pour la décennie sous étude. On a également
comparé les taux de morbidité maternelle grave pour la
période 1991-1993 aux taux correspondant à la période
1998-2000. On a calculé les risques relatifs, de même
que des intervalles de confiance de 95 %, en tant que mesures des tendances
séculaires, en utilisant les données de 1991-1993 comme
références.
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de surveillance de la santé et de l'épidémiologie]
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