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Normes et pratiques journalistiques
Annexe A : 1. Sources d'information (guide d'utilisation)
2. Lignes directrices concernant les documentaires
2. LIGNES
DIRECTRICES CONCERNANT LES DOCUMENTAIRES
Le
documentaire est avant tout une œuvre liée au réel et ne relève donc pas de
la fiction. Il propose donc une façon de traiter la réalité, bien que l'on
reconnaisse que sa réalisation porte la marque et traduit la perspective de
son auteur. En qualité de radiodiffuseur public, Radio-Canada est tenue de
refléter la diversité des opinions qui anime les débats dans une société
démocratique, or les documentaires jouent un rôle important pour alimenter
ces débats. Ils doivent respecter les mêmes normes d'exactitude,
d'intégrité et d'équité que les autres genres journalistiques de
Radio-Canada. Il conviendra de ne ménager aucun effort pour remettre en
question ou éprouver un parti pris, ou du moins pour faire savoir qu'il peut
y avoir d'autres éclairages. Mais si cela n'est pas possible dans une
émission en particulier, l'obligation d'équité et d'équilibre doit se
refléter plus tard dans la série d'émissions en cause ou ailleurs dans la
grille de diffusion.
L'équité et l'équilibre, comme aussi tous les principes régissant les
méthodes d'enregistrement, le montage, les divers types de production et le
journalisme d'enquête, s'appliquent également aux documentaires.
2.1 DOCUMENTAIRES D'OPINION
Le terme « documentaire d'opinion » englobe actuellement des genres
très différents : les documentaires d'auteur, les émissions produites par
des spécialistes ainsi que les œuvres engagées, c'est-à-dire témoignant d'un
parti pris social ou politique. Des normes différentes s'appliquent à
chacun.
2.2 DOCUMENTAIRES D'OPINION AU SENS DE DOCUMENTAIRES D'AUTEUR
Un documentaire peut être une forme de récit journalistique dont l'auteur
est le personnage central. Le documentaire se présente alors comme le
journal de bord de l'auteur sur un sujet particulier, la narration se
déroulant à la première personne. Le terme général « documentaire
d'opinion » est parfois utilisé pour décrire ce genre, basé sur la
perspective du documentariste, qui peut ainsi livrer un éclairage nouveau.
Parfois, le fait que l'auteur révèle ses propres attitudes et préjugés
initiaux peut, en fait, mener à une forme particulièrement franche de
journalisme. C'est une forme acceptée de documentaire.
2.3 DOCUMENTAIRES D'OPINION AU SENS D'ÉMISSIONS PRODUITES PAR DES
SPÉCIALISTES
Parmi les documentaires les plus prestigieux, certains portent sur la pensée
ou l'expérience d'un seul auteur, artiste, historien ou scientifique, et
sont parfois présentés ou narrés par cette personne. On peut considérer ces
séries ou documents comme les équivalents audiovisuels de livres ou
d'essais. Ce sont des œuvres personnelles représentant la pensée, le fruit
des recherches ou l'expérience de l'auteur. Ces émissions devraient faire
appel à la participation d'experts reconnus dans leur domaine ou de
personnes dont l'expérience ou le bagage de connaissances justifie, de
l'avis du programmateur de Radio-Canada, qu'on accorde une telle place à
leur vision du monde.
La latitude dont jouit l'auteur pour développer une thèse ou communiquer un
point de vue personnel ne le dégage pas, non plus que Radio-Canada, de
l'obligation de présenter des faits exacts.
2.4 DOCUMENTAIRES D'OPINION AU SENS DE DOCUMENTAIRES ENGAGÉS
Le terme « documentaire d'opinion » sert aussi à décrire une œuvre
nettement engagée ou une thèse, un plaidoyer qui, s'appuyant sur des faits,
préconise une solution ou un point de vue particulier sur un sujet
controversé. Bien que l'œuvre soit basée sur des faits, elle ne décrit pas
de façon équitable la variété d'opinions qui peuvent exister sur le sujet ou
le dossier en question.
Le programmateur devra parfois décider s'il doit diffuser une production qui
transgresse de façon significative les normes journalistiques de
Radio-Canada parce que cette production prend ouvertement parti sur une
question controversée, au point d'exclure les autres faits pertinents et les
autres points de vue. Cette forme de documentaire est parfois considérée
comme l'équivalent audiovisuel d'un éditorial ou d'un article dans la page
de commentaires d'un journal, ou encore d'une prise de position dans un
débat. Même si elle est basée sur des faits, l'œuvre ne présente pas de
manière équitable toutes les facettes d'une question ainsi qu'on l'exige
dans les productions de la Radio-Canada. Elle va au-delà de la simple
perspective d'un auteur inhérente à toute œuvre : elle devient une thèse,
une prise de position, un point de vue dans une controverse. Ces œuvres
d'opinion font partie de la tradition journalistique canadienne et ont leur
place sur les ondes comme dans les imprimés. Toutefois, il faudra veiller
le plus possible à préserver l'intégrité et l'impartialité de Radio-Canada
dans sa programmation d'information, ainsi que son indépendance envers les
groupes d'intérêts en cause.
Avant d'envisager de diffuser des documentaires d'opinion, Radio-Canada doit
assurer l'équité et l'équilibre par d'autres moyens. Elle devrait aussi
veiller à ce que des groupes d'intérêt politiques ou économiques, ou encore
des groupes de pression, ne cherchent à faire valoir leurs opinions par le
biais de ce genre de production. Le programmateur devrait donc appliquer les
critères suivants avant d'accepter de diffuser une œuvre d'opinion :
- La production devrait être, de l'avis de Radio-Canada, d'une qualité
exceptionnelle et particulièrement pertinente. La présente politique
constitue une exception aux politiques d'information normales et il est
entendu que le documentaires d'opinion engagés ne doivent pas devenir un
élément régulier ou fréquent des émissions d'information. Il faut consulter
le chef de service pour toute décision à cet égard.
- La production devrait être clairement identifiée au début et à la fin
comme étant un documentaire d'auteur.
- Dans le cas des acquisitions ou des coproductions, Radio-Canada doit
s'assurer que l'œuvre est financée par une source indépendante de tout
groupe qui pourrait avoir un intérêt direct dans la question. En effet,
l'objectif de cette politique est de permettre à des voix indépendantes de
se faire entendre et non pas de donner à des groupes d'intérêt organisés, à
des gouvernements ou à des groupes de pression davantage accès aux ondes que
des groupes ou des personnes plus démunis. (Voir chapitre III, Principes,
section 6, Financement des émissions.)
- Les faits devraient être exacts même s'il s'agit d'une œuvre
d'opinion, et les arguments devrait être conformes aux faits. Radio-Canada
ne peut se dégager de sa responsabilité quant à l'exactitude des faits
présentés sur ses ondes et doit s'assurer que les arguments ne reposent pas
sur de fausses preuves.
- Dans la plupart des cas, la diffusion d'une production nettement
engagée oblige Radio-Canada à présenter d'une manière appropriée d'autres
points de vue pertinents, afin que l'auditoire puisse constater qu'on peut
tirer des conclusions différentes des mêmes faits. De plus, pour éviter
l'effet cumulatif de l'expression de partis pris ou de penchants,
Radio-Canada devrait veiller à ce qu'un point de vue ne soit pas constamment
proposé sous forme de documentaire de prestige.
2.5 PARTICIPATION DES JOURNALISTES DE RADIO-CANADA À DES DOCUMENTAIRES
D'OPINION
Il n'est pas approprié qu'un journalise, un animateur ou un présentateur de
Radio-Canada, ou toute personne normalement associée, aux yeux du public,
aux émissions d'information de Radio-Canada, participe à des émissions
affichant un parti pris ou des opinions personnelles. La crédibilité dépend
de qualités comme l'exactitude et l'impartialité du reportage et de la
présentation. Elle dépend également de l'abstention par l'entreprise et les
journalistes de tout contact ou association qui pourrait donner prise à des
soupçons de partialité. Il faut éviter toute situation qui pourrait jeter
un doute sur l'impartialité de l'entreprise ou du journaliste et sur leur
indépendance par rapport à des groupes de pression, soient-ils idéologiques,
politiques, économiques, sociaux ou culturels. (Voir
le chapitre III,
Principes, paragraphe 3, Crédibilité.)
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