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2001
Cellules souches : possibilités et défis
Préparé pour
Comité consultatif canadien de la biotechnologie Mémoire
consultatif
Le 15 janvier 2001
Table des matières
-
Information générale
-
Faits nouveaux en matière de politiques
-
Le CCCB et les cellules souches
-
Recommandations
-
Information générale
L'expression « cellules souches » désigne
les cellules présentes dans les tissus animaux et humains
qui sont non spécifiques ou non
différenciées, mais qui peuvent se transformer en
types de cellules « différenciées »
dotées de caractéristiques structurelles et
fonctionnelles particulières (p. ex., les cellules
osseuses, les cellules musculaires et les cellules nerveuses).
Les cellules non différenciées de l.embryon au
stade précoce sont les exemples les mieux connus de
cellules souches. Ces cellules existent également dans
les tissus adultes et on peut faire en sorte que certaines
cellules adultes différenciées se comportent comme
des cellules souches1.
Deux progrès récents dans la biologie des cellules
souches ont suscité à la fois de
l'enthousiasme et de l'inquiétude. Il s'agit,
d'une part, de la démonstration que les cellules
souches multipotentes peuvent être isolées et
cultivées à partir de tissus embryonnaires ou
fœtaux, et, d'autre part, des percées selon
lesquelles les cellules embryonnaires provenant de tissus
adultes peuvent se transformer en cellules possédant un
éventail de caractéristiques particulières
plus varié qu'on le croyait. Ces deux
découvertes pourraient bien donner lieu à diverses
applications cliniques, comme les thérapies de
remplacement de tissus, dans les domaines où elles
étaient inexistantes auparavant, et des approches plus
efficaces lorsque les méthodes en place sont
utilisées de façon restreinte en raison de
complications comme le rejet de tissus.
Les répercussions de ces progrès sur la politique
gouvernementale sont plus prononcées dans le cas des
cellules embryonnaires en raison de la provenance de ces
cellules et des interdictions implicites ou explicites de la
recherche faisant appel à des embryons humains et des
tissus fœtaux maintenant en place dans de nombreux pays.
Il faut donc se demander si ces progrès devraient donner
lieu à un réexamen des interdictions en place et,
en particulier, s'il faudrait se doter de nouvelles
politiques ou directives en ce qui concerne la recherche sur les
cellules embryonnaires2. La
réponse à cette question pourrait varier d'un
pays à l'autre selon les politiques et pratiques en
vigueur.
-
Faits nouveaux en matière de
politiques
À la lumière du grand potentiel de recherche sur
les cellules souches et de ses répercussions sur le plan
éthique, des groupes d'experts des États-Unis
et du Royaume-Uni ont examiné la question et produit des
rapports afin d'orienter l'élaboration de
politiques. Les deux groupes ont recommandé que la
recherche sur ces cellules ne soit pas interdite, sous
réserve de conditions qui reflètent les
différences dans les considérations sociales et
éthiques applicables aux divers modes de
dérivation des cellules souches. Cependant, par suite de
ces rapports, les deux pays ont mis en œuvre des
initiatives stratégiques particulières fort
différentes. Ces initiatives et celles menées dans
d.autres pays sont décrites dans un document
préparé pour le CCCB par Mme Lori
Knowles du Hastings Center (voir ci-joint3).
Au Canada, les recommandations sur les techniques de
reproduction assistée formulées dans le
Rapport de la Commission royale sur les nouvelles techniques
de reproduction (1993) peuvent être
interprétées comme se rapportant à la
recherche sur les cellules souches. Cependant, ni ces
recommandations ni le moratoire volontaire sur certaines
techniques de reproduction demandé par le ministre de la
Santé en 1995 n'ont force de loi. Le projet de loi
C-47 (Loi sur les techniques de reproduction humaine et de
manipulation génétique), qui est mort au
Feuilleton en avril 1997, renfermait des dispositions ayant
trait à la recherche sur les embryons. Cependant, ce
projet de loi précédait les découvertes
récentes ayant trait aux cellules souches, tout comme
l'Énoncé de politique des trois Conseils :
Éthique de la recherche avec des êtres humains
publié en 1998. On n'a donc pas encore
déterminé si les lignes directrices en vigueur au
Canada relativement à la recherche sur les embryons et
les fœtus devraient être révisées ou
étoffées à la lumière des
récents progrès scientifiques.
-
Le CCCB et les cellules souches
Le programme prévu du CCCB comprend un projet
spécial sur le recours aux applications nouvelles
basées sur la génétique. Ce projet
porte sur des sujets comme le clonage humain, les cellules
souches, la xénotransplantation et la thérapie
génique. Étant donné la rapidité des
nouveaux progrès, les éventuels bienfaits
thérapeutiques qui peuvent en découler et les
problèmes éthiques profonds que soulèvent
certaines applications de la recherche sur les cellules souches,
le CCCB est en voie de faire avancer une partie du travail
prévu dans cet important domaine. Ceci pourrait inclure
des études sur les aspects éthiques, juridiques et
développementaux de la recherche sur les cellules souches
en tenant compte de la situation d.autres pays, l'accent
étant toutefois mis tout spécialement sur le
contexte juridique, réglementaire et politique du Canada.
Le CCCB compte des membres qui s'intéressent de
près à certains aspects importants de la recherche
sur les cellules souches et à ses applications
éventuelles et qui sont spécialisés dans
ces domaines. Ces membres entretiennent des liens avec
d'autres groupes qui entreprennent ou envisagent des travaux
dans ce domaine, ce qui accroît les possibilités de
collaboration productive. Par ailleurs, le CCCB fera appel
à d'autres experts soit pour entreprendre des
études spécialisées ou pour les faire
siéger au Comité directeur de projet du CCCB. Dans
un premier temps, le CCCB a demandé à
Mme Lori P. Knowles, directrice de la recherche et de
la vulgarisation au Hastings Center, de préparer une
analyse des politiques en évolution, dans divers pays,
sur la dérivation et l'utilisation de cellules
souches4.
L'un des rôles les plus importants du CCCB - et un
volet clé de son mandat - consiste à servir de
tribune pour informer les Canadiens sur les importants
progrès de la biotechnologie - comme ceux ayant trait aux
cellules souches - et à les inciter à prendre part
aux discussions à ce sujet. Pour assumer ce rôle,
le CCCB résumera les résultats de ses propres
études et discussions avec ceux d'autres groupes afin
de brosser aux Canadiens un tableau détaillé du
contexte de l'élaboration de la politique
gouvernementale.
L'organisme Instituts de recherche en santé du Canada
a établi un groupe de travail sur la recherche sur les
cellules souches et il se peut que d'autres groupes se
penchent également sur la question. C'est pourquoi il
est souhaitable que les parties intéressées soient
informées du travail prévu par le CCCB dans ce
domaine et que des mécanismes de liaison et
d'échange d'information adéquats soient
élaborés afin d'éviter un chevauchement
des tâches et de promouvoir une utilisation efficace de
ressources limitées - dont un bassin relativement petit
de spécialistes canadiens.
-
Recommandations
À la lumière de ce qui précède, le
CCCB recommande ce qui suit :
-
Que le Comité de coordination ministérielle
de la biotechnologie se renseigne sur les récentes
découvertes ayant trait aux cellules souches et les
tendances internationales dans l'élaboration de
politiques qui en découlent.
-
Que le Canada établisse un vaste cadre de
réglementation des techniques de reproduction
assistée, dont la recherche sur les embryons, qui
aborde les questions scientifiques, éthiques et
sociales soulevées par la recherche sur les
cellules embryonnaires et qui puisse s'adapter
facilement aux nouvelles découvertes et à
l'expérience découlant de
l'application des nouvelles technologies.
-
En tant que mesure provisoire, que les lignes directrices
en vigueur ayant trait à la recherche sur les
embryons et les fœtus soient
réexaminées et révisées au
besoin afin de tenir compte des progrès
scientifiques et technologiques récents ou
prévus ayant trait aux cellules embryonnaires.
Le CCCB se réjouit de participer aux processus
inhérents à la mise en œuvre de
l'une ou des deux dernières recommandations.
-
1 Sources de cellules souches
: embryons au stade précoce créés par
fécondation in vitro; embryons au stade
précoce créés par remplacement du noyau
cellulaire (insertion du noyau d'une cellule adulte dans un
œuf dont le noyau a été enlevé);
cellules germinales ou organes d'un fœtus
avorté; sang du cordon ombilical; certains tissus adultes
comme la moelle épinière ou la peau; cellules
adultes matures qui ont été programmées
pour se comporter comme des cellules souches.
Adapté du rapport du médecin-chef, Royaume-Uni :
Stem Cell Research: Medical Progress with
Responsibility. June 2000.
-
2 L'expression « cellule embryonnaire »
désigne les cellules souches présentes dans les
embryons humains (ES) et les cellules germinales présentes
dans le fœtus (EG).
-
3 L.P. Knowles, Comparative
Primordial Stem Cell Regulation: Canadian Policy
Options. Comité consultatif canadien de la
biotechnologie, décembre 2000.
-
4 ibid
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