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2000
Répondre aux besoins d'information du public en matière de biotechnologie
Préparé pour
Le Comité de direction du projet sur la réglementation
des aliments génétiquement modifiés du
Comité consultatif canadien de la biotechnologie
par
Edna Einsiedel, Karen Finlay et Jennifer Arko
Octobre 2000
Table des matières
Résumé
-
Introduction
-
Objectifs de l'étude
-
-
Le contexte social actuel
-
Les perceptions du public canadien
-
L'influence des médias
-
-
Les consommateurs et l'information :
constatations tirées de la recherche
-
Que savons-nous des consommateurs, des
sources d'information et des tendances en
matière de quête d'information sur les
produits alimentaires?
-
Attirer l'attention sur le message
-
Motiver le traitement du message dans la
mémoire à court terme
-
Faciliter l'extraction du message
stocké dans la mémoire à long terme
-
Formation des attitudes et processus
décisionnel
-
Crédibilité des sources
d'information
-
Résumé -
L'information et son utilisation par les
consommateurs
-
-
L'étiquetage comme stratégie
d'information
-
Les étiquettes de produits
alimentaires
-
L'utilité des étiquettes
pour le consommateur
-
Le coût de l'étiquetage
-
Le contexte des programmes
d'étiquetage
-
-
Les autres moyens de diffusion de l'information
: le paysage actuel de l'information
-
Gouvernements
-
Fédéral
-
Provinciaux
-
Industrie
-
Conseil de l'information en
biotechnologie
-
Alliances industrielles provinciales
-
Centre d'information sur la
biotechnologie alimentaire
-
Détaillants en alimentation
-
Organismes non gouvernementaux
-
Greenpeace
-
Les Ami(e)s de la Terre
-
Conseil des Canadiens
-
David Suzuki Foundation
-
Institut canadien du droit et de la
politique de l'environnement
-
Rural Advancement Foundation
International
-
Évaluation des programmes actuels
-
Autres initiatives internationales
-
Biotechnology Information Initiative (US
Department of Agriculture)
-
Biotechnology Australia
-
CropGen (Royaume-Uni)
-
Commission européenne : Informer
le public européen au sujet de la biotechnologie
(programme EBE)
-
Consumentenbond (Pays-Bas)
-
Cadre d'éthique servant de
base au débat public (Danemark)
-
Pratiques exemplaires
-
-
Conclusions et recommandations
-
Modèle de stratégie
-
Références
Tableaux, figures et annexes
-
Figure 1 - Couverture médiatique,
exposition et sensibilisation du public en matière de
biotechnologie au Canada
-
Figure 2 - Un cadre décisionnel en
biotechnologie
-
-
Tableau 1 - Perceptions des aliments et des
cultures GM, 1997 et 2000
-
Tableau 2 - Aperçu des sources et
canaux d'information et évaluation des contenus
-
Tableau 3 - Exemples de coûts
-
Tableau 4 - Campagne de communication
- Publics cibles et points à considérer
-
Tableau 5 - Aperçu des
éléments d'une démarche possible
d'information
-
-
Annexe 1 - Modèle de traitement de
l'information
-
Annexe 2 - Réseau associatif
hypothétique de renseignements stockés au sujet des
« tomates »
-
Annexe 3 - Message publicitaire du Conseil de
l'information en biotechnologie (Canada)
Résumé
Lorsqu'une technologie a des effets profonds sur notre
santé, notre alimentation, la production de nos aliments, la
pérennité de notre environnement et notre conception de
la nature, de l'identité, de la propriété
et du contrôle de la vie, toute information à son sujet
prend une importance sociale et politique énorme. Par ailleurs,
cette base d'information, sa constitution, son mode de
diffusion, son accessibilité et son équité ont
aussi des incidences sur la capacité des citoyens à
participer pleinement aux processus décisionnels dans les
arènes politiques et économiques. Le présent
rapport jette un coup d'œil sur le cadre entourant
l'information et les activités de communication au sujet
des aliments génétiquement modifiés (GM), en
concentrant son propos sur cinq questions essentielles,
c'est-à-dire :
-
Dans quel contexte faut-il inscrire les besoins actuels
d'information des citoyens en matière de
biotechnologie?
-
Que savons-nous des moyens utilisés par les consommateurs
pour chercher et exploiter l'information? À quels
genres de stratégies les consommateurs ont-ils recours?
Quels résultats chacune de ces stratégies a-t-elle
donnés jusqu'ici?
-
Concernant la question particulière de
l'étiquetage, que savons-nous au sujet de
l'utilisation d'étiquettes et de
l'efficacité de cette démarche
stratégique pour les aliments GM?
-
Quelles autres démarches sont actuellement utilisées
pour répondre aux préoccupations des consommateurs
canadiens à l'endroit de la biotechnologie? Avons-nous
pu cerner des pratiques exemplaires bien définies? Quels
sont les coûts à envisager et les défis
à relever?
-
De quelle manière pouvons-nous évaluer le cadre
actuel de l'information et quels moyens pouvons-nous
recommander pour répondre aux besoins d'information de
la population canadienne?
En examinant la nature de la sensibilisation du public à la
question des aliments GM, il se révèle clairement que
l'appui mitigé de la population canadienne à ce
genre d'aliments diminue depuis trois ans et se transforme en
une incertitude grandissante. De nombreux organismes non
gouvernementaux (ONG) ont exprimé des craintes quant à
la salubrité des aliments GM et à leurs dangers
possibles pour l'environnement, les médias font de plus
en plus cas de ces inquiétudes et, partant, le public est
maintenant mieux informé et l'incertitude commence
à se répandre.
Dans ce contexte, de quelle façon les besoins
d'information de la population canadienne sont-ils
comblés? Nous avons dégagé les grandes lignes des
résultats des études sur la recherche et le traitement
de l'information en question, dans l'espoir qu'elles
aideraient à élaborer des méthodes bien
adaptées de communication avec le public. Nous avons ensuite
étudié les activités de communication mises en
œuvre par l'administration fédérale et les
provinces, l'industrie et les ONG, et aussi certaines
activités de communication à l'échelle
internationale. Notre examen a révélé qu'il
reste plusieurs défis à relever avant de pouvoir offrir
à la population canadienne des renseignements répondant
à leurs besoins et à leurs intérêts. Au
niveau fédéral, il n'existe aucun centre
permettant l'accès à des renseignements sur la
biotechnologie qui soient destinés spécialement aux
consommateurs. Quant aux provinces, sauf la Saskatchewan, seules
quelquesunes commencent, et à peine, à informer les
citoyens. Le Réseau de communications sur la biotechnologie
alimentaire, un organisme soutenu par le gouvernement,
l'industrie, les secteurs de la production et de la distribution
alimentaires et l'Association des consommateurs du Canada (ACC),
est devenu l'une des sources principales de renseignements en
agissant comme lieu de référence pour le secteur de la
vente au détail de produits d'alimentation. La diffusion
de l'information s'y fait au moyen d'une ligne
téléphonique sans frais, d'un site Web, de
brochures et de dépliants envoyés par la poste et
d'encarts dans les magazines féminins nationaux. En
outre, les grandes multinationales de la biotechnologie ont
lancé une vaste campagne publicitaire à
l'intention des consommateurs nord-américains. Les ONG,
de leur côté, sont devenus experts dans l'art de
transmettre leurs messages au public concernant les risques
d'incidences environnementales néfastes et les questions
relatives au contrôle de la biotechnologie. Leurs messages
passent principalement par les médias de masse.
Selon les constatations permises par notre étude des diverses
démarches d'information axées sur la population
canadienne, une bonne part de l'information transmise porte
principalement sur la salubrité des aliments, elle tend le plus
souvent à souligner uniquement les dangers ou uniquement les
avantages, elle est difficilement accessible aux personnes qui
n'ont pas les compétences ou les moyens
nécessaires pour recourir à la technologie et elle est
dispersée dans une foule d'endroits différents.
Jusqu'ici, il ne s'est élaboré aucune
méthode propre à aider les Canadiennes et les Canadiens
à comprendre la biotechnologie dans son cadre
général, c'est-àdire : comment elle se
développe, quels en sont les enjeux sur le plan de
l'éthique, la façon dont elle est
gérée en vue de réduire les risques au minimum et
d'assurer une répartition équitable des avantages
et la question de savoir si les bienfaits de la biotechnologie
résistent à la comparaison avec le souci d'un
développement durable et les autres préoccupations
d'ordre éthique.
À l'échelle internationale, nous avons
relevé un certain nombre d'initiatives présentant
des caractéristiques originales. Aux États-Unis, par
exemple, le Department of Agriculture a mis sur pied un centre de
ressources en information sur la biotechnologie, accessible par le Web
et présentant des données exhaustives et constamment
mises à jour. En Australie, l'autorité
gouvernementale en matière de biotechnologie intègre et
coordonne tous les programmes fédéraux de communication
avec le public. Ce regroupement est utile puisque huit organismes et
institutions du gouvernement participent à la
réglementation de la biotechnologie. L'initiative
australienne est un bon exemple de concertation pour communiquer avec
la population au moyen d'un organe national; il s'agit du
Gene Technology Information Service - un service
d'information sur la technologie génétique qui
comprend une ligne téléphonique sans frais, des sites
Web et une série de brochures et de dépliants
distribués dans les supermarchés - auquel viennent
s'ajouter en complément des forums grand public de
discussion sur la biotechnologie.
La Commission européenne vient de lancer un « programme
d'initiation du public européen à la
biotechnologie ». Il s'agit tout d'abord d'une
enquête sur les cadres de réalisation de diverses
initiatives d'information du public. Au Royaume-Uni, le
programme CropGen, mis en œuvre par l'industrie, a pour
but de réagir aux communiqués émanant des ONG et
des médias, communiqués perçus par les
industriels comme ne présentant que les côtés
négatifs de la biotechnologie. Le programme a consisté
à créer une commission de scientifiques provenant de
divers domaines d'application de la biotechnologie et à
donner au public accès à ce groupe de
spécialistes soit par téléphone, par courriel ou
en participant à une discussion sur le site Web de CropGen. Aux
Pays-Bas, le gouvernement a appuyé une démarche de
sensibilisation du public par le biais de l'association
hollandaise des consommateurs. Le Danemark s'est doté
d'un « cadre d'éthique servant de base
à un débat public sur la biotechnologie ».
À noter que ce pays est probablement le seul à mettre en
place un cadre de ce genre. Le Danemark et les Pays-Bas sont
également les pays qui ont le plus largement recours aux
groupes de citoyens ou conférences publiques au moment de
prendre les décisions touchant les questions de technologie.
Nous nous sommes penchées sur l'étiquetage des
aliments GM puisqu'il s'agit là d'un point de
discorde, que l'étiquetage est réclamé par
les consommateurs et qu'il est un moyen important de veiller
à ce que soit respecté le droit du consommateur à
être informé. Malgré les défis posés
par l'étiquetage des aliments GM, notre rapport analyse
quelques-uns des arguments à l'appui d'une telle
mesure. En premier lieu, le besoin de renforcer la confiance des
consommateurs est d'une importance primordiale, surtout dans le
climat d'incertitude croissante qui règne en ce moment.
De plus, il y a eu un précédent créé en
cette matière lors de l'étiquetage des produits
alimentaires irradiés, une mesure qui visait déjà
à calmer les inquiétudes des consommateurs. Toutefois,
des activités d'information telles que
l'étiquetage n'ont de véritable
signification que si elles s'accompagnent d'un vaste
programme d'information sur la nature, les modes
d'application et les avantages et risques possibles de la
modification génétique des aliments.
Nous en sommes venues à la conclusion qu'en
matière de biotechnologie tout plan de communication axé
sur la population canadienne devrait se fonder sur un cadre
d'éthique pour le développement et
l'exploitation de la biotechnologie. En partant d'une
telle base, les méthodes de communication choisies devraient
pouvoir se déployer sur deux fronts, le premier visant à
sensibiliser et instruire le public au sujet de la biotechnologie
prise au sens large (dont il a été question plus haut)
et le second visant la participation du public et son engagement par
rapport à la biotechnologie. Ce deuxième front
dépasse l'objet de notre rapport, mais il est important
d'en tenir compte à titre d'élément
d'une campagne globale de communication.
Enfin, voici les caractéristiques d'une démarche
idéale de communication avec le public (premier front) : 1) la
diversité des canaux d'information; 2) une base
d'information exhaustive; 3)
l'instantanéité; 4) un contenu
équilibré; 5) la transparence; 6)
l'accessibilité; 7) l'attrait, afin de se
mériter l'attention et l'intérêt du
public et d'être utile; et 8) un contenu qui englobe toute
une gamme de questions et ne se limite pas seulement à celle de
la sécurité.
-
Introduction - Objectifs de
l'étude
En raison de l'importance grandissante de la
biotechnologie dans notre société et de
l'arrivée sur le marché d'un nombre
croissant de ses applications, la perception du public à
l'endroit de cette technologie et les conditions propices
à son acceptation ou à son rejet par la population
sont aujourd'hui l'un des principaux centres
d'intérêt de la politique gouvernementale. En
Europe, plus que nulle part ailleurs, la perception du public a
pris des dimensions spectaculaires, les consommateurs refusant
tout net de toucher aux aliments GM. En Amérique du Nord,
où le débat sur les aliments GM est resté
relativement modéré, les chercheurs qui font le
suivi de l'opinion publique remarquent un accroissement de
l'incertitude populaire au sujet des questions entourant
les aliments GM.
Au coeur même de la relation du public avec la technologie
se trouve la base d'information sur laquelle
s'appuie cette relation. Du point de vue de la politique
officielle, le contexte de l'information a des incidences
: sur la façon de gérer la technologie pour en
optimaliser les avantages tout en en réduisant au minimum
les risques; sur la légitimité des
décisions prises à son sujet; sur le succès
d'une application technologique innovatrice sur le
marché; et sur l'assurance ressentie par les
consommateurs au moment d'acheter, d'utiliser ou
même de refuser telle ou telle application. Ce contexte de
l'information constitue l'objet du présent
rapport.
L'étude a cherché à
répondre aux cinq questions de base suivantes :
-
Dans quel contexte faut-il inscrire les besoins actuels
d'information des citoyens en matière de
biotechnologie?
-
Que savons-nous des moyens utilisés par les
consommateurs pour chercher et exploiter l'information?
À quels genres de stratégies les consommateurs
ont-ils recours? Quels résultats chacune de ces
stratégies a-t-elle donnés jusqu'ici?
-
Concernant la question particulière de
l'étiquetage, que savons-nous au sujet de
l'utilisation d'étiquettes et de
l'efficacité de cette démarche
stratégique pour les aliments GM?
-
Quelles autres démarches sont actuellement
utilisées pour répondre aux
préoccupations des consommateurs canadiens à
l'endroit de la biotechnologie? Avons-nous pu cerner
des pratiques exemplaires bien définies? Quels sont
les coûts à envisager et les défis
à relever?
-
De quelle manière pouvons-nous évaluer le cadre
actuel de l'information et quels moyens pouvons-nous
recommander pour répondre aux besoins
d'information de la population canadienne?
Le présent rapport part du principe selon lequel les
consommateurs ont le droit fondamental d'être
informés au sujet des avantages et des doutes concernant
les produits qu'euxmêmes et leurs familles
consomment. De plus, c'est à l'État
qu'il revient d'offrir à la population des
renseignements équilibrés propres à faire
comprendre les avantages et les risques reliés aux
nouvelles technologies alimentaires dont la vente est
autorisée dans ce pays. L'ACC a
résumé les droits des consommateurs en ce qui a
trait à la biotechnologie. Selon l'ACC, ceux-ci
comprennent notamment le droit à l'information, le
droit à des aliments sains et de bonne qualité, le
droit de choisir, le droit de faire connaître ses opinions
et le droit de participer au processus décisionnel au
sujet des applications de la biotechnologie dans le domaine des
soins de santé et de la production alimentaire
(Agriculture et Agroalimentaire Canada, 1993).
Les faits survenus au Royaume-Uni renforcent le besoin
d'une transparence totale et l'obligation
d'informer le public. Lorsque s'est
déclarée la catastrophe alimentaire qui a
frappé la Grande-Bretagne, le public, jusque-là
tenu dans l'ignorance, a finalement exigé
d'avoir droit au chapitre. À l'heure
actuelle, aucune des trois principales chaînes de
supermarchés du Royaume- Uni ne vend d'aliments
produits à l'aide de la biotechnologie.
Même si les consommateurs ne manifestent pas tous au
même degré le désir d'être
informé, il reste de la responsabilité de
l'État de s'assurer que les renseignements
sont disponibles et d'en faciliter l'accès et
l'utilisation. Il s'agit d'un devoir
gouvernemental permanent et reconnu qui prend une importance
toute spéciale dans la situation actuelle où
divers groupes lancent des messages partisans en faveur ou
contre les aliments GM.
-
Le contexte social actuel
La recherche de moyens pour remplir les besoins
d'information ne s'effectue pas et ne doit pas
s'effectuer en vase clos. Pour trouver des solutions, il
est important de comprendre le contexte canadien actuel. En
effet, ce qui donne de bons résultats dans une
région pourra se révéler impossible
à exploiter dans une autre, et ce qui fonctionne bien
à une époque peut être mal choisi à
un autre moment. L'étude du contexte social permet
d'inscrire la question de l'information dans le
cadre qui convient.
Les perceptions du public canadien. Au cours de
la dernière décennie, il s'est
effectué un certain nombre d'études et
d'enquêtes sur les perceptions et les comportements
des Canadiens à l'égard de la biotechnologie
(Decima, 1993; Optima Consultants, 1994; Environics, 1998;
Einsiedel, 2000a; Earnscliffe Research, 2000). Après
avoir jeté un coup d'oeil sur les résultats
de ces travaux, nous décrirons notre étude la plus
récente, qui consistait à comparer les perceptions
et comportements des consommateurs en 1997 et en 2000, et nous
aborderons certains points de vue actuels.
De façon générale, dans les premiers
sondages, la plupart des Canadiens admettent en connaître
très peu ou pas du tout sur la biotechnologie (Decima,
1993), tout en manifestant cependant un degré
supérieur de sensibilisation à certaines
applications de la biotechnologie. En 1994, par exemple, sept
sur dix des personnes interrogées disent avoir entendu
parler des tomates transgéniques et de leur durée
de conservation prolongée ou de leur meilleur goût,
et plus de huit sur dix sont au courant des suppléments
hormonaux donnés aux vaches afin d'accroître
la production de lait (Optima Consultants, 1994). Une analyse
plus fouillée de ces résultats montre que plus de
quatre sur dix de ces répondants (44 p. 100) peuvent
être considérés comme des partisans de la
biotechnologie, qu'un tiers sont indécis, que
près d'un cinquième sont des opposants et
que les autres (6 p. 100) ne s'intéressent pas
à la question. Parmi les partisans, à peu
près la moitié pourraient se décrire comme
optimistes et l'autre moitié, comme des
défenseurs prudents. En 1998, les niveaux de connaissance
en matière de biotechnologie déclarés par
les répondants eux-mêmes sont encore faibles : la
majorité (55 p. 100) déclare n'être
pas très au courant (33 p. 100) ou pas du tout au courant
(22 p. 100) (Environics, 1998). Bref, il y a trois ans,
les Canadiens semblaient approuver avec circonspection une
technologie dont ils étaient fort peu au courant et dont
ils ne savaient pas grand chose ou rien du tout.
En 1997, l'année-repère initiale de notre
étude des tendances, les Canadiens pouvaient encore
être décrits comme manifestant un optimisme et un
appui prudents à l'endroit de la biotechnologie. Ce
niveau d'appui et d'optimisme était fort
semblable à celui des personnes interrogées aux
États- Unis, mais il détonnait radicalement de
celui exprimé par les Européens, qui traversaient
alors une période de débats publics violents sur
la biotechnologie et tout spécialement sur les aliments
GM (Biotechnology and the European Public Concerted Action
Group, 1997; Hoban, 1997).
Le débat semble avoir traversé l'Atlantique
en 1999. Des reportages sur la question ont commencé
à paraître dans les médias canadiens et
divers ONG ont amorcé une campagne de mobilisation au
sujet des aliments GM. Voici certains des indicateurs
clés du changement des perceptions du public :
-
En 1997, 72 p. 100 des répondants s'attendaient
à ce que la biotechnologie « améliore
notre mode de vie au cours des 20 prochaines années
»; en 2000, 63 p. 100 étaient de cet avis.
-
En 1997, sept répondants sur dix approuvaient au moins
quatre applications sur six de la biotechnologie; en 2000,
ils étaient un peu plus de la moitié (56 p.
100).
-
La popularité des applications de la biotechnologie
aux aliments et aux cultures a beaucoup baissé en
trois ans; en 1997, 49 p. 100 des répondants
approuvaient entièrement « l'insertion de
gènes d'une espèce végétale
dans une plante cultivée pour la rendre plus
résistante aux parasites »; or en 2000, ils
n'étaient plus que 30 p. 100.
Dans l'ensemble, donc, les niveaux d'appui à
la biotechnologie ont baissé et la sensibilisation
générale du public s'est nettement accrue,
du moins en prenant 1997 comme année-repère.
-
Invités à dire ce qui leur vient à
l'esprit en pensant à la biotechnologie, plus
des trois quarts des répondants de 2000 sont capables
d'exprimer une réponse ou un concept lié
à la question; en 1997, seulement le tiers des
répondants le pouvaient.
-
En 2000, les deux tiers des répondants pouvaient se
rappeler avoir vu ou lu quelque chose au sujet de la
biotechnologie au cours des trois derniers mois; en 1997, ils
étaient 54 p. 100. Par ailleurs, ce progrès ne
s'est pas traduit par une amplification du débat
sur la question, ce qui permet de croire que la
biotechnologie, bien que prenant plus de place dans la vie
quotidienne, reste d'une importance relativement
faible, du moins d'après les discussions
qu'elle provoque1.
La figure 1 montre les tendances dégagées
concernant la couverture médiatique, l'exposition
à cette couverture médiatique, telle que
signalée par les répondants, et les
déclarations spontanées des répondants au
sujet de leur sensibilisation à la « biotechnologie
». En plus d'un accroissement de la couverture
médiatique, nous avons constaté que le ton des
articles et des reportages sur la biotechnologie avait
passé du très positif au relativement
négatif, entre le milieu de la décennie 1990 et
l'an 2000 (Einsiedel et Medlock, 2000).
Figure 1 : Couverture médiatique, exposition et
sensibilisation en matière de biotechnologie
Nota : Nous avons trouvé le nombre d'articles parus
dans le Globe and Mail sur la question en effectuant une
recherche au moyen de mots clés tels que «
biotechnology », « genetic modification »,
« cloning », « genetic testing »,
« human genome » et d'un certain nombre
d'autres termes pertinents. L'échantillon
ainsi obtenu a fait l'objet d'un tri afin d'en
retirer les références non pertinentes
(c'est-àdire, celles qui étaient sans
rapport avec la biotechnologie, par exemple, clone
d'ordinateur, clone de REER, etc.), ce qui nous a
donné un nombre total d'articles par an. En ce qui
a trait à l'exposition à la couverture
médiatique, nous nous sommes basées sur les
résultats d'un sondage de 2000 dans lequel on
posait la question suivante aux Canadiens : « Avez-vous vu
ou lu quoi que ce soit sur la biotechnologie dans les journaux,
à la radio ou à la télévision au
cours des trois derniers mois? ». Quant aux données
sur la sensibilisation à la biotechnologie, elles sont
tirées du même sondage, qui contenait une question
ouverte : « Que vous vient-il immédiatement
à l'esprit en pensant à la biotechnologie
moderne en général, y compris la manipulation
génétique? ». Les chiffres du tableau
correspondent aux personnes interrogées qui ont
donné une réponse ayant rapport à la
biotechnologie. Moins de 1 p. 100 des réponses
n'avaient aucun rapport et elles ont donc
été exclues (Einsiedel, 2000).
Afin de comprendre de quelle façon les consommateurs
arrivent à juger si telle ou telle application de la
biotechnologie devrait être encouragée, nous avons
comparé leurs jugements en fonction de certaines
qualités, par exemple, « utilité »,
« risque » et « acceptabilité morale
», lorsque rattachées aux aliments et aux plantes
cultivées. Entre 1997 et 2000, comme on le voit dans le
tableau 1, il s'est produit un glissement dans
l'importance relative accordée à chacune de
ces qualités, et une diminution marquée du lien
entre les qualités d'« utilité »
et d'« acceptabilité morale » pour les
deux applications en question. Selon une analyse plus
approfondie, si l'utilité est la meilleure variable
explicative de la disposition à encourager une
application en 1997, il semble que l'acceptabilité
morale ait maintenant plus de poids pour les deux applications.
Tableau 1 - Perceptions des aliments et des cultures
GM, 1997 et 20002
Applications % de
répondants qui sont d'accord ou
entièrement d'accord
|
Utilité
|
Risque
|
Acceptabilité morale
|
Prêts à
encourager
|
|
1997
|
2000
|
1997
|
2000
|
1997
|
2000
|
1997
|
2000
|
Utiliser la biotechnologie dans
production d'aliments et de
boissons
Entendus: 74 p. 100
|
Entièrement d'accord
|
2938
|
2235
|
2134
|
2434
|
2941
|
1837
|
2733
|
1732
|
D'accord
|
67
|
57
|
55
|
58
|
70
|
55
|
60
|
49
|
Insérer des gènes d'un
végétal
dans une plante cultivée afin de
la rendre plus résistante aux parasites
Entendus: 66 p. 100
|
Entièrement d'accord
|
4933
|
3042
|
1127
|
1831
|
3940
|
2431
|
4136
|
2437
|
D'accord
|
82
|
72
|
38
|
49
|
79
|
55
|
77
|
61
|
Les résultats de notre premier sondage auprès de
groupes-cibles semblent indiquer que l'«
acceptabilité morale » englobe toute une gamme de
préoccupations, notamment la pérennité de
l'environnement, la façon dont les animaux sont
utilisés pour la recherche, l'éthique des
pratiques de recherche et le partage équitable des
dangers et des avantages (Einsiedel, 2000b).
La constatation suivante peut, dans une certaine mesure,
replacer en contexte ces résultats concernant les
préoccupations soulevées par les aliments GM : les
craintes au sujet de la manipulation génétique
demeurent relativement faibles en comparaison de celles ayant
trait aux pesticides chimiques et à la contamination
bactérienne. Cela étant dit, on pourrait avancer
que la préoccupation générale concernant la
salubrité des aliments peut facilement se
transférer aux aliments GM. C'est le sujet des
questions le plus souvent posées par les personnes qui
appellent les lignes directes de renseignements (voir la section
V) et le thème le plus souvent mis de l'avant par
les opposants aux aliments GM (voir aussi Earnscliffe, 2000).
Sur quelles dimensions sous-jacentes les craintes des
consommateurs reposent-elles? En examinant
l'éventail des facteurs susceptibles
d'expliquer les attitudes à l'endroit des
aliments GM, nous avons cerné trois catégories de
préoccupations : celles qui concernent la nature, celles
qui ont trait à l'environnement et les
préoccupations de type utilitaire (Einsiedel, 2000a). Les
inquiétudes relatives à la « nature »
se caractérisent habituellement par des
préférences à l'égard de
méthodes de culture plutôt traditionnelles et par
la conviction que la manipulation génétique est
« fondamentalement contre nature ». Les
réactions spontanées au mot biotechnologie
prennent très souvent la forme
d'énoncés comme « se substituer
à Dieu » ou « trafiquer la nature ».
Les craintes visant l'environnement sont principalement
liées aux applications biotechnologiques destinées
à rendre les plantes cultivées plus
résistantes aux parasites. Ces inquiétudes
trouvent peut-être leur origine dans les reportages des
médias sur les craintes exprimées par les groupes
environnementaux et aussi dans les controverses très
médiatisées au sujet, par exemple, des effets du
pollen de maïs GM sur le papillon monarque. Les
préoccupations les plus étendues sont celles sur
le caractère utilitaire. Elles ont trait à la
pertinence et à l'efficacité du
système de réglementation et à la question
des risques et des avantages.
D'après les résultats des divers sondages
effectués (Decima, 1993; Optima Consultants, 1994;
Einsiedel, 2000a), la mesure des risques et des avantages ne
serait pas le seul critère utilisé par les
consommateurs pour évaluer les aliments GM. Les jugements
se baseraient aussi sur des dimensions d'ordre
éthique et social. Il pourra s'agir de la
salubrité des aliments, mais peut-être
également d'autres valeurs sociales. À titre
d'exemple, les étiquettes de « thon sans
danger pour les dauphins », les autres
éco-étiquettes et celles indiquant que le produit
est fabriqué « sans exploitation du travail des
enfants » ou « sans tests sur des animaux »
répondent à des préoccupations sociales
plus générales chez le consommateur. Une autre
façon d'exprimer ce genre de préoccupations
est d'investir dans des « fonds respectueux de
l'éthique ». Après avoir mené
enquête, en 1998, les journalistes de
l'émission Market Place (CBC) ont
signalé l'existence de plus de 40 de ces fonds, qui
représentent quelque 625 milliards de dollars de
placements. L'émission a aussi mentionné le
magazine Business Ethics, qui fait le suivi des 20
principaux fonds respectueux de l'éthique aux
États-Unis. À l'automne de 1996, le magazine
attribuait à ces fonds un taux de rendement
d'environ 27 p. 100.
Ces craintes des consommateurs s'accompagnent d'un
besoin accru d'information et, selon les sondages, les
Canadiens croient que le gouvernement devrait être la
source première de renseignements objectifs (Earnscliffe
Communications, 2000); ce qu'ils voudraient par-dessus
tout, c'est que l'État offre « un
dépôt central et coordonné où peuvent
s'adresser les chercheurs d'information » et
où l'on trouve des renseignements neutres et
équilibrés (Earnscliffe Communications 2000). Les
intéressés nourrissent également
l'espoir profond que le gouvernement mettra en oeuvre un
plan solide de gestion des risques et des avantages de la
technologie. Finalement, même si un bon nombre de
Canadiens ne prévoient pas s'engager dans des
activités publiques, les consultations populaires
reçoivent un appui important parce qu'elles «
symbolisent la transparence et l'ouverture à tous
» (Earnscliffe Communications, 2000; Einsiedel, 2000).
En somme, il s'est produit des changements au niveau de la
sensibilisation des consommateurs aux aliments GM et de leurs
préoccupations. La sensibilisation est plus forte en
raison de plusieurs facteurs dont l'un est probablement
l'accroissement de la couverture médiatique. Les
craintes ont aussi augmenté, mais elles restent de niveau
faible à modéré. Il est clair
également que les opinions sur la biotechnologie ne sont
pas seulement le fruit de projections relatives aux risques et
aux avantages, mais qu'elles se fondent sur un vaste
éventail de facteurs.
L'influence des médias. Les
médias de masse jouent un rôle de première
importance pour ce qui est de cerner les enjeux et d'en
déterminer l'importance relative (McCombs et Shaw,
1972; McCombs, Einsiedel et Weaver, 1991). Comme le laissaient
entendre les documents d'élaboration des programmes
d'action, les médias ont aussi une forte influence
en ce qu'ils nous disent sur quoi réfléchir
ou ce qu'il convient de considérer comme des
problèmes d'envergure publique. Un autre de leurs
rôles importants est de véhiculer une part des
données sur lesquelles se fondent les opinions au sujet
des enjeux. Le poids de cet apport d'information est
étayé par des recherches et des écrits dans
des domaines tels que la salubrité des aliments (McIntosh
et al., 1994), le sida (Miller et Williams, 1998;
Kitzinger, 1998) et la nutrition (Chew, Palmer et Kim, 1995;
Payson, 1994). Payson (1994), par exemple, a
évalué les effets de la couverture
médiatique des questions de salubrité alimentaire
de valeur nutritive de la viande aux États-Unis de 1937
à 1991; son étude a révélé
que l'information sur les risques a eu des effets
négatifs nets.
Les médias exercent également leur influence en
« cultivant » l'opinion publique. La
couverture médiatique persistante et prolongée
d'une question peut mener le public à
soupçonner la présence d'un problème
méritant préoccupation; favoriser
l'épanouissement d'un sentiment de confiance
si une situation est constamment présentée sous un
jour optimiste; ou encore, magnifier une image de danger. Des
études montrent qu'à long terme, la
couverture médiatique peut aider à «
cultiver » des attentes diverses dans la
société. Le fait a pu se constater à propos
de thèmes touchant l'économie (Pruitt et
Hoffer, 1989), la violence et la criminalité (Signorelli,
1990) et l'environnement (Hansen, 1991). Dans tous les cas
étudiés, la couverture médiatique
était de longue durée et se concentrait sur des
domaines qui intéressent directement le public; ces deux
facteurs ont probablement contribué, avec d'autres,
à l'obtention de tels résultats. Cela
étant dit, les chercheurs ont constaté aussi
l'influence des médias sur les opinions concernant
des questions de technologie caractérisées par
l'incertitude scientifique, le manque de faits probants
perçus directement et personnellement et l'absence
de tout lien émotif.
Enfin, certaines preuves appuient la possibilité que ce
genre de couverture médiatique incessante contribue
à des modifications de comportement. Le fait se constate
indubitablement dans les domaines de la santé et de la
nutrition. Ainsi, il est démontré que la
sensibilisation accrue des consommateurs aux dangers du
cholestérol pour la santé, une sensibilisation
basée principalement sur les articles de la presse
écrite, a contribué à la diminution la plus
remarquable du siècle en matière de consommation
de beurre au Canada, entre 1966 et 1987 (Chang et Kinnucan,
1991). Une autre étude réalisée aux
États-Unis a découvert que l'information
concernant les risques liés aux corps gras et au
cholestérol était un déterminant
statistiquement significatif de la consommation de viande (Capps
et Schmitz, 1991; Ippolito et Mathios, 1996).
Les ONG ont fait preuve d'une efficacité
remarquable dans la transmission et la promotion de leurs
messages dans les médias. Bien que ne disposant pas des
ressources pour produire le matériel promotionnel
attirant et luxueux qui est le propre de l'industrie, les
ONG se sont montrées d'une habileté
supérieure pour ce qui est d'exploiter les
nouvelles d'actualité recherchées par les
médias. Ainsi, on a vu augmenter la couverture
médiatique de la biotechnologie, et aussi celle des ONG
dans le cadre des enjeux de la biotechnologie (Einsiedel et
Medlock, 2000). Dans cette optique, les médias peuvent
offrir un moyen de combler les écarts de ressources entre
les petits groupes d'intérêts et les
géants du secteur privé.
En général, il faut se rappeler que ces
affirmations concernant l'influence des médias ne
partent pas de l'hypothèse simpliste d'une
action du genre pointer-tirer-frapper la cible. Les
médias et leurs publics présentent un ensemble
d'interactions beaucoup plus complexe dont les nuances
dépassent l'objet du présent rapport. Les
publics réagissent aux médias d'après
leurs propres ensembles d'expériences, de
convictions et de valeurs et se livrent à des
interprétations qui remanient les messages et en
modifient l'intention originale; les médias, de
leur côté, choisissent avec soin les
présentations les plus susceptibles de soulever leurs
auditoires. Quoi qu'il en soit, lorsque les gens
visés connaissent peu ou pas du tout une question ou un
produit donné, ils vont puiser aux sources qui leur sont
accessibles, que ce soit à l'intérieur
d'eux-mêmes (les schémas mentaux
stockés dans la mémoire) ou ailleurs, par exemple
dans les médias de masse; c'est ce à quoi se
réfèrent Kahneman et Tversky (1982) en parlant de
« disponibilité heuristique ».
Ce rapide coup d'oeil sur les médias soulève
des incidences importantes pour l'information sur la
biotechnologie. Les discussions et les débats publics au
sujet de la biotechnologie, qui se confinaient auparavant en
très grande partie à l'Europe,
s'étendent maintenant à notre
côté de l'Atlantique. Les médias
canadiens ont contribué à mettre en
évidence certains des enjeux et les ONG, en exploitant
les médias comme plate-forme de communication, ont accru
la demande d'attention relative à ces enjeux. En
outre, la biotechnologie est devenue une question nationale
importante lorsque les agriculteurs canadiens ont vu le tumulte
s'emparer de leurs marchés d'exportation et
les acheteurs étrangers refuser tout net de toucher aux
produits agricoles canadiens (MacLeans, 1999).
-
Les consommateurs et l'information
: Constatations tirées de la recherche
-
Que savons-nous des
consommateurs, des sources d'information et des
tendances en matière de quête
d'information sur les produits alimentaires?
La présente section aborde les besoins
d'information et les préférences des
consommateurs désireux de se renseigner sur le
choix de produits, et les moyens qui pourraient servir
à satisfaire ces besoins d'information,
surtout en ce qui touche les aliments GM. Pour être
en mesure de comprendre le comportement des consommateurs
devant les produits qui leur sont offerts, il faut
d'abord reconnaître et comprendre les
opinions, les perceptions et les préoccupations de
ces consommateurs. Sinon, il sera impossible de
dégager et de mettre en oeuvre une stratégie
efficace et intégrée d'information au
sujet des risques (Frewer, 1999; Mertz, Slovic et
Purchase, 1998).
L'analyse qui suit est basée sur un
modèle de traitement de l'information,
c'est-à-dire, une représentation de la
façon dont l'individu traite les
renseignements qu'il reçoit et les stocke en
vue de s'en servir plus tard pour prendre des
décisions, par exemple, pour choisir quels aliments
acheter. Plus particulièrement, le modèle
décrit comment le récepteur d'un
message aborde l'information perçue et ce qui
arrive à cette information alors qu'elle
codée, transformée, associée à
d'autres renseignements, stockée,
répétée, rappelée et
éventuellement, oubliée (voir l'annexe
1).
À tout moment de sa journée et de sa vie,
l'individu est presque certainement exposé
à l'arrivée de stimulus sensoriels
multiples de nature auditive, visuelle ou autre. De tous
ces stimulus, seul un petit nombre parviendra
effectivement à passer le seuil du registre
sensoriel du récepteur, à être
traité et à se transformer en pensée
active dans la mémoire à court terme. La
mémoire à court terme, c'est le
contenu de notre conscience en éveil,
c'est-à-dire, ce à quoi nous sommes
réellement conscients de penser à tel ou tel
moment. C'est là que se produit le traitement
de l'information. De façon
générale, en tout temps, une personne est
capable de penser à seulement sept unités
d'information à la fois (Miller, 1956).
L'unité d'information peut être
une idée, un nombre, une image visuelle ou un son.
En outre, la mémoire à court terme a une
durée d'environ 20 secondes. Si
l'individu ne réfléchit pas assez
longtemps à la nouvelle information reçue,
cette information se perdra et ne passera jamais dans la
mémoire à long terme, là où
nous stockons l'information retenue (Solso, 1998).
La norme habituelle de sept unités
d'information peut parfois être
dépassée, mais seulement si
l'information est présentée
d'une manière qui en facilite la
mémorisation par blocs de signification
sémantique, ou si quelque autre forme
d'élaboration est déclenchée
par l'interlocuteur au moment de la réception
de l'information. Plus le mode de
présentation de l'information en facilite le
traitement, plus grand sera le nombre
d'unités d'information que le
récepteur pourra traiter à quelque moment
que ce soit. Par conséquent, les messages transmis
au sujet de la biotechnologie devraient organiser
l'information en fonction de la signification
sémantique et de la similitude des concepts, afin
que les consommateurs puissent traiter le plus facilement
et le plus rapidement la plus grande quantité
possible d'information concernant les avantages et
les risques de la biotechnologie.
La mémoire à long terme, contrairement
à la mémoire à court terme, peut
contenir une quantité infinie d'information.
Pour nous rappeler un renseignement reçu, nous
devons le ramener dans la mémoire à court
terme afin d'en redevenir concrètement
conscients. Les données
récupérées dans la mémoire
à long terme peuvent servir à toutes sortes
de fins, par exemple, aider à prendre une
décision d'achat. Il nous arrive aussi de
récupérer des renseignements stockés
dans la mémoire à long terme en vue de les
utiliser dans la mémoire de travail pour
comprendre, interpréter ou comparer de nouvelles
unités d'information que nous sommes en train
de recevoir. L'information stockée dans la
mémoire à long terme est toujours
disponible, mais il se peut qu'elle soit
inaccessible, c'est-à-dire, que nous ayons de
la difficulté à nous la rappeler.
Il est généralement admis que
l'information est stockée dans la
mémoire à long terme selon un réseau
d'associations (Anderson et Bower, 1973) dans ce que
l'on appelle des « noeuds » de
mémoire, qui contiennent les concepts ou les
idées accumulées. Des liens entre les divers
noeuds marquent les rapports entre les concepts.
L'annexe 2 présente la description
d'une structure hypothétique de la
mémoire d'un individu au sujet des tomates.
Le concept de « fruit » se trouvera dans le
noeud surordonné. Il est relié à
« tomate », une sous-catégorie
indiquant que « la tomate est un fruit ». Les
différents types de tomate sont reliés au
noeud de catégorie « tomate », à
savoir, dans le cas qui nous occupe « OGM
»/« goût et saveur » et «
non-OGM ». Les genres de tomate constituent ensuite
un autre degré de catégorisation, par
exemple, sous le noeud « non-OGM », on
trouvera « tomate de serre » et « tomate
cultivée en pleine terre ». Le chemin
associatif vers la « tomate cultivée en
pleine terre » est le plus fort. Par
conséquent, de façon habituelle, la notion
de « tomate cultivée en pleine terre »
vient plus facilement à l'esprit que celle de
tout autre type de tomate. S'il en est ainsi,
c'est que l'individu en question utilise de
préférence les tomates cultivées en
pleine terre. Les opinions négatives au sujet des
tomates GM ont des liens puissants dans la mémoire.
Ce sont des idées auxquelles l'individu a
réfléchi et qu'il a comparées
entre elles au moment de l'arrivée de
l'information, peut-être parce que les
renseignements négatifs concernant les OGM lui
semblent d'une valeur informative précieuse
au moment de choisir le genre de tomates à acheter.
Les renseignements positifs sur les tomates GM, par
contre, ne sont pas traités de façon aussi
complexe par la mémoire de notre consommateur, et
il y aura donc moins de liens dans sa mémoire entre
les éléments positifs qui y sont
stockés. Il s'ensuit que, pour cette
personne, les opinions négatives au sujet des
tomates GM lui viendront à l'esprit en plus
grand nombre, plus facilement et plus rapidement que les
opinions positives. Au moment de la
récupération de renseignements dans la
mémoire, l'activation des opinions
négatives peut se transmettre directement
d'une notion à une autre parce que les
opinions négatives sont reliées entre elles
alors que les opinions positives ne le sont pas.
Compte tenu de ce modèle général de
traitement et de stockage de l'information,
plusieurs défis importants attendent les
communicateurs souhaitant que les consommateurs soient
bien informés des aspects positifs tout autant que
des aspects négatifs des tomates GM. Voici
quelquesuns de ces défis :
-
S'assurer que les messages au sujet des
aliments GM sont bien reçus et traités
malgré la masse désordonnée des
renseignements qui assaillent les consommateurs
à chaque instant de la vie; si le message ne
reçoit pas l'attention voulue, les
consommateurs n'acquerront pas un corpus
d'information neutre concernant les aliments
GM.
-
Trouver les moyens de motiver le traitement des
opinions positives aussi bien que des opinions
négatives dans la mémoire à
court terme pendant un laps de temps assez long
(c'est-à-dire, les moyens
d'arriver à ce que le récepteur
pense au message assez longtemps) pour que les
unités d'information soient retenues ou
transférées à la mémoire
à long terme et y soient stockées.
-
Aider le récepteur à
récupérer, au moment où il en a
besoin, les renseignements qu'il lui faut tant
sur les avantages que sur les risques des aliments
GM.
Les paragraphes qui suivent aborderont chacun de ces
défis, qui se rapportent tous à la question
de savoir comment il est possible, en dernière
analyse, de rehausser la rétention de
l'information sur les aliments GM de façon
à ce que les consommateurs soient bien
informés des avantages et des risques. Nous
passerons ensuite à la manière dont
l'information est utilisée pour juger et
évaluer les aliments GM et choisir de les acheter
ou non. Viendra finalement un résumé des
constatations et considérations principales ayant
trait à combler les besoins d'information des
consommateurs au sujet des aliments GM.
-
Attirer l'attention sur le
message
Le premier défi à relever est celui de
concevoir des stimulus de communication de nature telle
que les messages émis soient traités par
leur auditoire-cible. Cette tâche est rendue de plus
en plus difficile en raison de la foule
désordonnée des messages transmis par les
médias. Les consommateurs peuvent recourir à
bien des moyens pour éviter les messages
télévisés (p. ex., en quittant la
pièce, en passant à une autre chaîne
ou en sautant les annonces sur une bande vidéo),
les articles de la presse écrite (en ne
s'arrêtant pas aux annonces des journaux et
des magazines, en jetant les articles de publipostage au
panier sans les lire, en posant sur leur porte une affiche
« pas de dépliants publicitaires, S.V.P.
» ou en ne lisant pas les circulaires qui se
glissent quand même dans leur boîte aux
lettres) et les annonces affichées sur Internet (en
les effaçant ou en ne les ouvrant pas).
Le meilleur moyen d'accroître
l'attention accordée à un message est
de lui donner une pertinence personnelle pour les
individus du groupe visé. Il y a plusieurs
manières d'y parvenir. D'abord et avant
tout, pour attirer l'attention des consommateurs, le
message communiqué devrait s'accorder
à leurs besoins, leurs aspirations et leurs
valeurs, et les flatter. S'il en est ainsi, les
destinataires ressentiront une affinité avec le
message, une connaissance intuitive du contenu, et ils
seront disposés à prendre le temps voulu
pour en étudier les divers aspects. Le message
pourrait décrire des personnes (les sources
d'information) présentant une apparence et-ou
une attitude initiale semblable à celle du
destinataire visé. La présentation pourrait
recourir à un jeu dramatique ou à des
questions de pure forme pour accrocher le regard et amener
ainsi le récepteur à
s'intéresser au message. Il est bon aussi de
faire appel à des stimulus agréables,
étonnants, inattendus, frappants, concrets ou
simples, qui aident à renforcer l'attention
(Burnkrant et Howard, 1984; Burnkrant et Unnava, 1995;
Debevec et Romeo, 1992). Le secteur de la
publicité, par tradition, utilise des images
visuelles d'enfants, d'animaux et de paysages
plaisants pour rehausser l'ambiance
suggérée par les annonces et accroître
ainsi le niveau d'attention. La musique est un autre
élément fort usité pour intensifier
la sensation visuelle agréable produite par un
message. Si certains de ces accessoires étaient
utilisés dans un message au sujet des aliments GM,
il est probable qu'ils rehausseront le niveau
d'attention et le traitement de l'information
véhiculée concernant les avantages et les
risques.
L'une des plus importantes difficultés
auxquelles se heurtent les spécialistes du
marketing, depuis une dizaine d'années, est
la prolifération des supports publicitaires qui se
font mutuellement concurrence pour retenir
l'attention du consommateur. Prenons seulement la
télévision. Il y a 15 ans à peine, un
publicitaire pouvait lancer une campagne
télévisée nationale en
s'adressant à l'un ou l'autre ou
à la totalité des quelques réseaux
canadiens en existence à l'époque.
Aujourd'hui, avec la fragmentation de la
télévision, un ménage aura
accès à 60, voire même à 100
chaînes ou plus selon le service de diffusion par
câble ou par satellite auquel il est abonné.
Pour arriver, dans tout ce désordre, à
mettre en évidence ses oeufs de Pâques
à la crème, la compagnie Cadbury a retenu
les services d'un auteur de livres pour enfants et
l'a chargé d'écrire «
The Tale of the Great Bunny », un conte de
fées pascal sur un grand lapin (Mills, 1997).
Accompagné d'illustrations, le conte est
diffusé dans des magazines sous forme de
supplément, au moyen d'une campagne de
publipostage et aussi dans les écoles sous forme
d'un cahier d'activités
distribué par la « patrouille du grand lapin
». Le dossier thématique comprend des travaux
manuels, des jeux, des casse-tête et des recettes
que les enseignants peuvent faire avec leurs
élèves. On y trouve aussi des renseignements
sur un site Web à visiter ainsi que l'annonce
d'un programme de rédaction de lettres pour
amener les petits à écrire au Grand Lapin
dans le pays de Cadbury. Jusque-là, pour la
publicité de ses oeufs de Pâques, Cadbury
avait recours depuis de longues années aux
mêmes annonces publicitaires
télévisées mettant en vedette un
petit lapin gloussant de joie. La nouvelle campagne
publicitaire, de qualité bien supérieure,
démontre l'importance d'une
démarche dynamique et bien ciblée. Les
annonceurs sont partis d'un message polyvalent et
intégré, déjà bien
travaillé, et lui ont ajouté la
qualité d'interactivité afin
d'intensifier l'attrait et l'attention
provoqués. Voilà quel devrait être
l'objectif de tout programme conçu en vue
d'informer les consommateurs sur les aliments GM
dans le contexte actuel de la communication. Il faut
souligner cependant, comme le signale clairement Mills,
que les exemples de campagnes du calibre de celle de
Cadbury sont très rares.
-
Motiver le traitement du message
dans la mémoire à court terme
Le traitement de l'information dans la
mémoire à court terme peut faire intervenir
la compréhension, la répétition,
l'élaboration des unités sous diverses
formes, ou l'abstraction à partir du message
pour en tirer un concept sommaire
d'évaluation (p. ex., « meilleur
goût » dans le cas des tomates cultivée
en pleine terre, et « danger pour la santé
» dans celui des tomates GM). Tous ces
mécanismes de traitement peuvent accroître la
durée de présence de l'information
dans la mémoire à court terme et, par
là, augmenter les chances que cette information
soit transmise dans la mémoire à long terme
pour que le récepteur puisse se la rappeler plus
tard.
La compréhension d'un message fait appel
à l'interprétation ou à la
saisie de l'information présentée.
Souvent, l'information déjà
traitée et stockée dans la mémoire
à long terme peut être ramenée dans la
mémoire à court terme afin d'aider le
récepteur à interpréter les nouvelles
données. Dans ce cas, le traitement pourra inclure
une comparaison entre les renseignements anciens et
nouveaux afin de vérifier la cohérence du
message reçu avec les messages déjà
stockés ou d'en vérifier
l'interprétation au moyen
d'hypothèses. La compréhension pourra
comporter aussi d'autres comparaisons visant
à trouver la place où il convient de stocker
la nouvelle information dans la mémoire à
long terme.
La répétition des unités
d'information peut s'effectuer à un
niveau personnel et volontaire, comme lorsque nous
répétons plusieurs fois un numéro de
téléphone afin de ne pas l'oublier.
Elle peut aussi prendre un caractère moins
volontaire, par exemple, si nous entendons un message,
disons une publicité à la radio, un grand
nombre de fois. Les deux formes de
répétition accroissent la durée du
séjour de l'information dans la
mémoire à court terme, que ce soit à
chaque occurrence du message ou sous l'influence de
la familiarité grandissante du message et, par
conséquent, elles renforcent également la
motivation à chaque exposition subséquente.
Lorsque certains éléments
d'information font collectivement l'objet
d'une élaboration ou d'une
réflexion dans la mémoire à court
terme, ils se retrouvent habituellement reliés les
uns aux autres au moment du stockage dans la
mémoire à long terme, ce qui augmente la
facilité avec laquelle le récepteur peut se
les rappeler plus tard (Solso, 1998). En prenant
l'exemple de l'annexe 2, il est
évidemment facile au consommateur de conclure, par
inférence et évaluation, que les tomates GM
« ne sont pas ce que je veux pour ma famille
». La notion de « recherches limitées
», et donc insuffisante pour protéger la
santé, est assez convaincante pour que le
consommateur y repense et extrapole à son sujet au
moment de l'évaluation, et crée ainsi
un réseau de renseignements solidement
reliés, stockés et faciles à remettre
en esprit (Petty, Ostrom et Brock, 1981).
Une stratégie particulière de
présentation de l'information s'est
avérée propre à renforcer les liens
qui se forment entre les éléments
d'information dans la mémoire et, par
là, à faciliter le rappel futur de cette
information (MacLeod, Finlay, Kanetkar et Marmurek, 1998).
Cette stratégie consiste à donner aux
récepteurs, avant la transmission du message, un
outil qui les aidera à organiser des données
complexes dans leur mémoire. L'étude
d'Einsiedel (2000) montre qu'un bon nombre de
consommateurs ressentent trois genres de craintes au sujet
des aliments GM. Ils en craignent les effets sur la nature
et sur l'environnement, et ils doutent que les
aliments GM soient suffisamment et efficacement
réglementés. Il serait possible de mettre
des catégories générales
d'information à la disposition des
consommateurs, et surtout de ceux qui sont peu au fait de
la biotechnologie (Finlay, Morris, Londerville et Watts,
1999), avant de leur présenter tout message
détaillé concernant les avantages et les
risques des aliments GM. Ces catégories offrent au
récepteur un moyen d'interpréter et
d'organiser des données complexes. Une fois
les catégories bien assimilées, les
unités d'information présentées
sont habituellement mieux reliées entre elles dans
la mémoire et stockées en blocs par
catégorie d'information similaire. Plus tard,
le récepteur se rappellera de plus grandes
quantités de renseignements, positifs et
négatifs, puisque l'activation
s'effectue directement et en continu parmi les
éléments d'information, et le rappel
d'un renseignement d'une catégorie
déclenche celui d'autres unités
semblables de la même catégorie (Chung et
Finlay, 1998).
Il se peut que les consommateurs aient une
préférence et une disposition
inhérentes à l'égard de
communications simples, mais la biotechnologie, elle,
n'est pas simple. Certains consommateurs ne seront
peut-être pas portés à traiter les
renseignements relatifs aux risques de la biotechnologie.
L'objectif d'optimaliser
l'efficacité du message au sujet des aliments
GM ne veut pas dire qu'il faut convaincre les
consommateurs d'acheter ou de rejeter les aliments
GM. Il s'agit plutôt, dans d'accomplir
un mandat visant à divulger toute
l'information, de trouver des stratégies
propres à amener les consommateurs à
réfléchir, à comprendre et finalement
à se rappeler des renseignements
équilibrés exposant les risques et les
avantages des aliments GM.
-
Faciliter la
récupération d'un message stocké
dans la mémoire à long terme
L'information stockée dans la mémoire
à long terme n'est pas toujours accessible si
les chemins qui y mènent étaient
relativement faibles au départ et se
détériorent encore plus par la suite. Des
recherches ont démontré, toutefois, que le
recours à des indices de récupération
placés sur le lieu de vente pouvait
améliorer la récupération de
renseignements déjà traités et
stockés (Keller, 1987). L'indice de
récupération se base sur un
élément d'information
présenté antérieurement dans le cadre
d'une activité de communication. En supposant
que cet élément ait fait suffisamment
l'objet d'une attention et d'un
traitement de la part du récepteur et qu'il a
ensuite été stocké dans la
mémoire à long terme, son activation sera
immédiate en présence d'un indice de
récupération. Et si
l'élément en question est devenu
lié à d'autres pendant
l'encodage, l'activation devrait se poursuivre
et s'étendre à tous ces autres
éléments dans la mémoire. Ainsi, le
rappel du message original est plus complet que sans le
recours à l'indice de
récupération.
Reportons-nous à l'annexe 2. Dans le cas
d'un supermarché, une stratégie qui
semble logique serait d'afficher une pancarte disant
« mûries au soleil » au-dessus
d'un étalage de tomates cultivées en
pleine terre. Le texte de l'affiche amènerait
l'acheteur à se rappeler d'autres
notions qu'il a en mémoire au sujet de ce
genre de tomates : « mûries au soleil »
remet en esprit des notions telles que « goût
naturel », « saveur incomparable » et
aussi « danger possible pour la santé
». La décision du consommateur
d'acheter des tomates GM serait alors plus
éclairée que sans la présence de
l'indice de récupération «
mûries au soleil ». Dans la même veine,
le supermarché pourrait recourir à
l'affichage judicieux d'images ou de lignes de
texte tirées de messages de communication sur les
aliments GM, à l'intérieur du magasin,
pour déclencher le rappel de renseignements
détaillés, déjà
communiqués, concernant les risques et les
avantages de ces aliments.
-
Formation des attitudes et
processus décisionnel
Les sections précédentes portaient sur les
moyens à prendre pour améliorer la
rétention de l'information. La question
à poser maintenant est la suivante : comment les
consommateurs utilisentils cette information pour prendre
des décisions? Fondent-ils leurs décisions
sur certaines prédispositions
générales à tel ou tel comportement?
Comment ces comportements se forgent-ils? Ou encore, les
consommateurs fondent-ils leurs décisions sur
l'analyse de renseignements ou de faits
précis qu'ils récupèrent dans
leur propre mémoire ou qu'ils puisent
à d'autres sources?
Selon les études sur la question, les attitudes
à l'égard d'un objet seraient
formées à partir des opinions de la personne
sur cet objet et de son évaluation de ces opinions
(Ajzen et Fishbein, 1980). Une opinion pourrait
correspondre à un fait concernant les avantages des
aliments GM, par exemple, « Les produits
alimentaires provenant des graines de semence GM
permettent aux agriculteurs d'obtenir un meilleur
rendement de leurs terres ».
L'évaluation de cette opinion consiste
à juger jusqu'à quel point il est bon
ou mauvais que les agriculteurs puissent accroître
le rendement de leurs terres.
Au moment d'évaluer un objet comme les
aliments GM en général ou, plus
précisément, les tomates GM, les
consommateurs tiendraient compte de toutes les notions qui
leur viennent à l'esprit ou qui ont de
l'importance au sujet de ces produits. Dans le cas
des aliments GM, une opinion pourrait évidemment
être un renseignement indiquant un avantage ou un
danger. Les opinions et les évaluations des
opinions importantes sont ensuite multipliées les
unes aux autres et on calcule une note pour toutes les
opinions importantes. Étant donné que le
modèle d'analyse est élaboré
statistiquement par régression, les chercheurs
peuvent alors déterminer quelles opinions sont
utilisées pour former les attitudes et lesquelles
ont une influence plus ou moins forte et plus ou moins
faible sur les attitudes d'un groupe donné.
![Modèle](/web/20071116041936im_/http://cbac-cccb.ca/epic/site/cbac-cccb.nsf/vwimages/PublicNeedInfo_formula_f.jpg/$FILE/PublicNeedInfo_formula_f.jpg)
Il est présumé qu'une attitude, une
fois calculée selon le modèle, est
stockée dans la mémoire à long terme
à titre de concept d'évaluation. En
conséquence, si les consommateurs ont une attitude
de valence 3 (sur une échelle de 1 à 9)
à l'égard des tomates GM, il seront
moins enclins à choisir la tomate GM et opteront
plutôt pour la tomate non GM. Si leur attitude est
de valence 8, l'inverse devrait se produire. On
constate habituellement une corrélation entre les
attitudes envers un objet et le comportement par rapport
à cet objet.
Ainsi, pour un groupe-cible donné, ce modèle
pourrait servir à déterminer et à
mettre en ordre d'importance toutes les opinions des
membres du groupe au sujet des aliments GM. Quelles
opinions sont statistiquement fiables pour prédire
les attitudes à l'égard d'une
technologie? Les attitudes à l'égard
d'une technologie se fondent-elles à la fois
sur les opinions associées à des avantages
et sur celles associées à des risques
(c'est-à-dire, l'information
reçue est-elle équilibrée)? Ou
uniquement sur les risques ou les avantages (information
non équilibrée)? Quelles opinions
particulières (quels avantages ou quels risques)
ont de l'importance? (Slovic, Lichtenstein et
Fischoff, 1984).
Selon les travaux de Finlay, Morris, Londerville et Watts
(1999), le fait que les attitudes générales
se créent à partir d'une information
équilibrée (couvrant les avantages et les
risques) ou à partir d'une information non
équilibrée (avantages seuls) est fonction du
degré de connaissances scientifiques du
consommateur interrogé. Les personnes ayant de
bonnes connaissances scientifiques manifestent une
intention plus forte d'acheter telle ou telle
application alimentaire de la biotechnologie si les
risques aussi bien que les avantages en sont
présentés de façon crédible.
En revanche, les personnes ayant peu de connaissances
scientifiques ont plus tendance à se baser sur des
renseignements généraux axés sur les
avantages pour former leur propre opinion sur des aliments
produits à l'aide de la biotechnologie. Il
semble donc, dans le cas des personnes ayant peu de
connaissances scientifiques, qu'il faudra
d'abord s'efforcer de créer chez elles
une prédisposition générale à
rechercher des renseignements sur les aliments GM si
l'on veut arriver un jour à les amener
à s'informer plus à fond des risques
et des avantages d'applications particulières
de la biotechnologie. Quant aux consommateurs plus au fait
en matière scientifique, il faudra leur fournir des
renseignements plus détaillés sur les
risques et les avantages de tel ou tel aliment GM avant
qu'ils en viennent à se sentir suffisamment
informés pour pouvoir choisir. Peu importe la
stratégie de communication adoptée au sujet
des aliments GM, il faudra travailler fort pour amener les
consommateurs peu instruits à traiter des
données détaillées
jusqu'à ce qu'ils deviennent
convenablement informés.
Dans certaines situations, les décisions visant un
produit ne sont pas fondées sur l'attitude
générale ou sur l'analyse de
renseignements détaillés sur le produit en
question. Les consommateurs prennent plutôt leurs
décisions à l'aide de principes
heuristiques ou de procédés empiriques
simplificateurs. Sandman, Miller, Johnson et Weinstein
(1993) résument un certain nombre de
procédés qui sous-tendent les jugements et
les décisions des individus au sujet des risques.
Les noninitiés ont tendance à simplifier des
quantités énormes de données en les
transposant en des rapports dichotomiques (acheter/ne pas
acheter). En outre, dans certaines circonstances, plus
techniques (et non pas plus nombreuses) sont les
données concernant une controverse sur les risques,
plus elles créeront des préoccupations
extrêmes chez les gens.
La règle empirique traditionnellement
utilisée par les consommateurs au moment de
décider d'acheter ou non un produit
alimentaire est la suivante : le produit est en vente,
donc il doit être salubre (Hadfield et Thomson,
1998). Cette règle est tout particulièrement
commode pour ce qui est des produits alimentaires,
puisqu'une visite de 20 minutes à
l'épicerie donne lieu, en moyenne, à
l'achat de 56 articles (Nedungadi, 1990).
L'ambiance de l'épicerie typique est
encombrée et mouvementée, et il se fait donc
très peu de recherche et d'utilisation de
renseignements dans le magasin même. Il n'en
reste pas moins que les décisions des consommateurs
sont plus susceptibles de se baser sur des
délibérations lorsqu'il s'agit
de produits perçus comme présentant des
risques. Vu la couverture médiatique croissante des
aliments GM, il est impossible de supposer que fonctionne
toujours le vieux principe heuristique selon lequel
« le produit est en vente, donc il doit être
salubre ». Étant donné le niveau
actuel de couverture médiatique de la
biotechnologie et l'impression
véhiculée selon laquelle la science aurait
trompé le public, il faut douter de la
durabilité de la règle heuristique en cette
matière. L'étiquetage obligatoire des
aliments GM ferait probablement naître une nouvelle
variété de décisions heuristiques. Si
un produit est étiqueté GM et qu'il y
a des solutions de rechange, les consommateurs choisiront
probablement un produit non GM. Et de fait, une
étude réalisée par Hadfield et
Thomson montre que l'étiquette
déclenche une autre recherche d'information.
Il serait donc possible de créer la nouvelle
règle heuristique suivante :
l'étiquette GM soulève un assez grand
nombre de questions pour que les consommateurs veulent se
renseigner au sujet des risques et des avantages. Ce
phénomène se produira dans la mesure
où les renseignements cherchés sont
accessibles sans trop de difficulté. Voilà
qui imposera une pression extrême sur les autres
formes de communication afin de mettre à la
disposition du public des messages détaillés
et équilibrés présentés sous
une forme attrayante et facile à assimiler.
Flynn, Slovic et Mertz (1994) concluent que la perception
de risques pour les facteurs environnementaux (p. ex., les
drogues illicites ou les déchets nucléaires)
est sensiblement plus faible chez les hommes blancs que
chez les femmes en général et les hommes de
couleur. Ayant écarté la possibilité
d'une explication biologique, les chercheurs ont
posé en hypothèse une explication
sociopolitique fondée sur les facteurs de pouvoir,
de statut, d'aliénation et de confiance qui
déterminent la perception des risques. Il se peut
que les hommes blancs perçoivent moins de risques
environnementaux parce que ce sont eux-mêmes qui
créent ces risques, les gèrent, les
contrôlent et en profitent directement le plus. Il
se peut aussi que les hommes de couleur et les femmes
perçoivent le monde environnant comme étant
plus dangereux parce qu'ils sont plus
vulnérables, ont moins de pouvoir et de
contrôle et profitent généralement
moins des technologies nouvelles. La perception des
risques est peut-être directement influencée
par la vision personnelle du monde ou l'attitude
générale par rapport au monde et à
son organisation sociale. Comme nous savons
déjà que la vision du monde agit tel un
mécanisme d'orientation et aide les individus
à naviguer dans un univers complexe et
potentiellement dangereux, il pourrait être
difficile de surmonter les effets de cette vision sur la
perception des technologies nouvelles qui sont
déjà marquées du stigmate du danger.
-
Crédibilité des
sources d'information
Un des facteurs étudiés à la fois par
les spécialistes de la perception du risque et par
ceux du comportement du consommateur, dans leurs travaux
sur l'efficacité des messages, est celui de
la crédibilité attribuée au
communicateur du message. La confiance à
l'égard des sources d'information
concernant les technologies, la santé et
d'autres thèmes est partie intégrante
de la crédibilité du message lui-même.
Autour des réalisations scientifiques du secteur de
la biotechnologie, qui font de plus en plus la manchette,
apparaissent des signes grandissants d'un manque de
confiance à l'endroit de ce secteur et des
organismes gouvernementaux chargés de le
réglementer. Après avoir mis à
l'épreuve un certain nombre de sources de
diffusion de renseignements sur la biotechnologie, Finlay,
Morris, Londerville et Watts (1999) ont signalé que
la source la plus fiable était une unité de
recherche dans une université canadienne
respectée, et la moins fiable, une association de
producteurs en biotechnologie. Ces constatations
coïncident avec celles d'Einsiedel (2000),
selon lesquelles des personnes interrogées lors
d'un sondage accordent la plus haute cote de respect
aux agriculteurs (72 p. 100) et aux scientifiques (70 p.
100), en déclarant que ces deux sources
d'information « font du bon travail pour la
société ». À l'inverse,
50 p. 100 des personnes interrogées
déclarent que les entrepreneurs concevant de
nouveaux produits à l'aide de la
biotechnologie « ne font pas du bon travail pour la
société », et 32 p. 100 d'entre
elles en disent autant des fonctionnaires chargés
de réglementer la biotechnologie. Ces exemples
permettent de penser que les jugements concernant la
crédibilité d'une source
d'information sont liés aux
intérêts (ou conflits
d'intérêts) attribués à
cette source. La confiance diminue rapidement si la source
en question est perçue comme ayant directement
intérêt à voir se produire tel ou tel
résultat. La confiance est également
reliée à l'expérience
antérieure en rapport avec une source
d'information et à la compétence
perçue de la source.
Les conséquences du facteur
crédibilité sur les communications relatives
aux aliments GM ont trait à la sélection
d'un avaliseur capable d'amener le
récepteur à traiter et à accepter
l'information au sujet des risques et aussi des
avantages. Selon Finlay et al., la confiance est
importante, peu importe le niveau de connaissances du
récepteur à propos des aliments GM ou des
sciences en général. Slovic (1993) fait
remarquer que dans l'industrie nucléaire, si
le degré de confiance est faible, aucune forme de
communication n'est efficace. Tout cela annonce un
défi de taille à relever par les
gouvernements désireux d'élaborer des
messages crédibles au sujet des aliments GM.
-
Résumé -
L'information nécessaire et son utilisation par
les consommateurs
Une prédisposition générale favorable
aux aliments GM, voilà l'état cognitif
qu'il faut viser à créer chez les
consommateurs. Il ne s'agit pas de les convaincre
d'utiliser des aliments GM, mais plutôt de
leur inculquer une prédisposition à chercher
et à traiter des renseignements bien précis
concernant ces aliments afin d'en mieux
connaître les avantages et les risques. Cette
démarche est tout particulièrement
importante dans le cas du segment de la population qui est
peu informé en matière scientifique.
Les consommateurs ont besoin d'information sur les
aliments GM. C'est à partir de cette
information (composée d'opinions sur les
avantages et les risques) que se formeront les attitudes
à l'égard de l'achat
d'aliments GM. Il est démontré que les
attitudes influencent le comportement du consommateur,
surtout si elles sont très facilement accessibles
dans la mémoire.
Partant du propos de la présente section, il
conviendrait de tenir compte d'un certain nombre de
facteurs en préparant des programmes de
communication au sujet des aliments GM, notamment :
-
Pour obtenir le maximum de réussite et
d'efficience, les produits d'information
devraient être élaborés en
pensant toujours aux besoins et aux valeurs des
consommateurs. L'information que les
consommateurs ont besoin d'évaluer doit
être transmise de façon crédible
et efficace.
-
Il faut présenter aux consommateurs des
messages francs et clairs, remplis
d'information qu'ils auront le
désir de traiter, au sujet des avantages, des
risques et des incertitudes propres aux aliments GM.
-
Les campagnes d'information visant les
consommateurs devraient être dynamiques et
originales. Elles devraient apporter les
renseignements directement aux consommateurs et non
pas compter passivement sur les supports
publicitaires traditionnels. Les messages de tous
les médias doivent être
intégrés et aussi interactifs que
possible afin d'accroître le niveau de
participation, d'intérêt et de
synergie. Ils doivent aussi être faciles
d'accès. C'est seulement dans ces
conditions l'on arrivera à motiver les
consommateurs à se renseigner sur les
avantages et les risques des aliments GM.
-
Il est possible de rehausser le degré
d'attention en veillant à ce que le
message ressorte clairement dans
l'encombrement médiatique et motive
ainsi le traitement complet de l'information
présentée. Plusieurs techniques
peuvent aider à atteindre ces objectifs, par
exemple, le recours à des stimulus
agréables, étonnants, inattendus,
frappants, concrets ou simples.
-
Un des objectifs clés de la communication
doit être de motiver
l'élaboration de l'information
dans la mémoire à court terme afin
qu'elle passe ensuite dans la mémoire
à long terme pour y être
stockée. Voici certaines stratégies
à cette fin : la répétition du
message pour le rendre de plus en plus familier et
pour que le récepteur le répète
aussi; l'utilisation de messages persuasifs
sur le plan de la qualité afin
d'accroître l'élaboration
de l'information par le récepteur; et
l'établissement de liens entre les
éléments des messages portant sur les
avantages et ceux portant sur les risques, lorsque
l'information est stockée.
-
Il faudrait essayer d'améliorer la
qualité du stockage de l'information
dans la mémoire à long terme, par
exemple, en aidant le récepteur à
regrouper les unités d'information en
blocs de catégorie, surtout dans le cas des
consommateurs peu sensibilisés à la
biotechnologie.
-
Il faudrait envisager de recourir à des
indices de récupération dans des
situations d'achat, afin d'aider les
consommateurs à retrouver en mémoire
les renseignements qu'ils ont
déjà accumulés au sujet des
avantages et des risques des aliments GM.
-
L'étiquetage des aliments GM est un
moyen respectueux de l'éthique pour
informer les consommateurs sur les produits
qu'ils achètent; en outre,
l'étiquette pourra motiver encore plus
les consommateurs à chercher de
l'information sur les aliments GM.
-
Les aspects techniques de l'information
doivent être présentés aussi
simplement que possible.
-
L'étiquetage comme
stratégie d'information
L'information est l'une des bases sur lesquelles
s'appuie la capacité du consommateur à
prendre des décisions éclairées. Elle est
aussi le fondement essentiel du mandat de protection des
consommateurs du régime de réglementation.
Pour quiconque est à la recherche d'information, la
clé réside dans la disponibilité des
données. Toutefois, en ce qui concerne un bon nombre de
produits offerts sur le marché, il est bien possible que
le consommateur n'ait ni le temps ni l'envie de
partir en quête de renseignements. Cela n'est pas
nécessairement un obstacle à la consommation,
puisque l'acheteur pourra alors s'appuyer sur sa
confiance à l'endroit des institutions. Le fait
qu'un produit est en vente peut susciter une
hypothèse opérationnelle voulant que ce produit
soit sûr. Par ailleurs, d'autres
intérêts du consommateur ou certaines politiques
stratégiques ont amené de nouvelles pratiques de
diffusion de l'information, par exemple, les
étiquettes de mise en garde (contre la cigarette),
l'ajout de renseignements relatifs à la
santé et à la nutrition ou d'autres
considérations de nature environnementale ou sociale.
L'étiquetage est l'un des mécanismes
utilisés pour promouvoir des objectifs
stratégiques etou répondre à des
préoccupations ou à des intérêts
particuliers du consommateur. La présente section,
examine la nature des étiquettes et le système de
réglementation qui en régit l'usage;
l'utilisation des étiquettes par les consommateurs;
et certaines dimensions de politique générale au
sujet de l'étiquetage (ou du non-étiquetage)
des aliments GM. Il ne s'agit pas d'essayer de
couvrir tous les enjeux de l'étiquetage, puisque
d'autres rapports de recherche ont déjà fait
le tour de la question (voir, p. ex., Phillips et Foster, 2000).
-
Les étiquettes de produits
alimentaires
Le Codex Alimentarius, le code alimentaire établi
sous la direction de l'Organisation des Nations
Unies pour l'alimentation et l'agriculture et
de l'Organisation mondiale de la santé, donne
les définitions suivantes
d'étiquette et
d'étiquetage (traduction libre) :
Étiquette : les insignes,
les marques de commerce, les identificateurs, les images
ou tout autre descriptif inscrit, imprimé,
marqué au pochoir, estampé ou gravé
sur un contenant de produit alimentaire ou attaché
à tel contenant.
Étiquetage : tout
écrit, imprimé ou graphique qui se trouve
sur l'étiquette, accompagne le produit
alimentaire ou est affiché près du produit
alimentaire y compris pour en promouvoir la vente ou
expliquer comment en disposer.
Selon le Codex, donc, il est clair que l'appellation
d'étiquette peut désigner quelque
chose d'aussi simple qu'un symbole ou un
sceau, et d'aussi complexe qu'une série
d'ingrédients (accompagnée de
données chimiques) et de renseignements sur la
valeur nutritive du produit. Les renseignements peuvent
comporter des allusions à la santé
(étiquette positive) ou des mises en garde
(étiquettes négatives).
Le Codex Alimentarius et les pays qui y adhèrent
ont convenu que les données ci-après
devraient obligatoirement figurer sur les
étiquettes des produits alimentaires
préemballés (Normes
générales d'étiquetage des
aliments préemballés) :
-
le nom du produit alimentaire
-
la liste des ingrédients
-
le contenu et le poids égoutté
-
le nom et l'adresse du producteur
-
le pays d'origine
-
l'indicatif d'identification du lot
-
la date et les directives d'entreposage
-
les directives d'utilisation.
En plus de ces renseignements, les adhérents au
Codex ont convenu que deux autres éléments
d'information devraient être obligatoires,
soit :
-
la déclaration des ingrédients, selon le
poids proportionnel, lorsque l'étiquette
accorde une importance particulière à la
présence d'un ou plusieurs composants de
valeur spéciale;
-
le fait qu'un aliment a subi un traitement aux
rayons ionisants ou à l'énergie
ionisante, l'occurrence de ce traitement devant
être indiquée tout près du nom
usuel du produit alimentaire.
La Commission du Codex Alimentarius (dont le Canada
préside le comité sur la nutrition)
n'est pas encore arrivée à
s'entendre sur l'étiquetage des
aliments GM, ce qui montre à quel point cette
question est source de controverse.
Au Canada, les étiquettes des produits alimentaires
ont trois fonctions principales :
-
donner des renseignements suffisants et exacts en
matière de santé, de salubrité et
d'économie et aider les consommateurs
à faire leur choix;
-
protéger les consommateurs et l'industrie
contre les pratiques frauduleuses et trompeuses
d'étiquetage, d'emballage et de
publicité;
-
favoriser une concurrence loyale et la facilité
d'écoulement des produits.
La responsabilité d'instaurer une politique
d'étiquetage des aliments (pour des questions
autres que la salubrité) incombe à
l'Agence canadienne d'inspection des aliments.
Le ministère de la Santé est
l'autorité en ce qui concerne les exigences
particulières d'étiquetage pour des
motifs de santé ou de salubrité. Au Canada,
l'étiquetage des produits alimentaires est
réglementé sous le régime de la
Loi sur les aliments et drogues. Aux termes de
cette loi, les étiquettes doivent obligatoirement
contenir, entre autres, les renseignements de base
suivants :
-
le nom usuel du produit alimentaire
-
la liste des ingrédients
-
le nom et l'adresse du fabricant ou de toute
autre partie responsable
-
la date limite d'utilisation pour les produits
dont la durée de conservation à
l'étalage est de 90 jours ou moins
-
d'autres données particulières au
produit (p. ex., le pourcentage de matières
grasses dans certains produits laitiers)
-
des renseignements précis à l'appui
des allusions relatives à la valeur nutritive du
produit.
Le Canada dispose aussi de directives globales pour la
réglementation des allégations touchant la
valeur nutritive et la facilité
d'écoulement des produits alimentaires.
On trouve d'autres règlements sur
l'étiquetage dans la Loi sur
l'emballage et l'étiquetage des
produits de consommation, qui exige une indication
des quantités nettes, et aussi des
règlements spécialisés dans la
Loi sur les produits agricoles au Canada, la
Loi sur l'inspection des viandes et la
Loi sur l'inspection du poisson. Dans ces
trois dernières, il est question de
l'indication de la catégorie, du pays
d'origine et d'autres données
particulières concernant la marchandise.
En général, la loi exige aussi que le
contenu des étiquettes soit véridique, sans
information trompeuse, et que les renseignements
obligatoires :
-
soient faciles à lire et bien mis en
évidence (en caractères d'une
hauteur minimum de 1,6 mm);
-
figurent sur n'importe laquelle des faces de
l'emballage sauf la face inférieure,
à l'exception des renseignements qui
doivent apparaître dans l'aire
principale d'affichage (Guide
d'étiquetage et de publicité sur
les aliments, articles 2.1 à 2.15).
Le régime actuel d'étiquetage
volontaire des aliments GM découle sans aucun doute
de la philosophie générale selon laquelle la
surveillance réglementaire devrait s'attacher
aux caractéristiques et aux risques du produit
biotechnologique et non pas aux procédés qui
ont mené à sa création. Cette
démarche à base scientifique pour
l'évaluation des risques est traduite sous
forme opérationnelle dans le Cadre de
réglementation de la biotechnologie annoncé
en 1993, qui intégrait le besoin de promouvoir un
climat favorable à l'innovation et au
développement en biotechnologie et le besoin
d'instaurer des directives visant une
évaluation des risques fondée sur des bases
scientifiques. Il jetait également des bases en vue
de « prendre appui sur les lois et les institutions
actuelles, clarifier les responsabilités des divers
secteurs de compétence et éviter le double
emploi » 3.
Tous ces éléments - une
réglementation fondée sur
l'évaluation du produit et non des
procédés; une réglementation
mise en oeuvre dans le cadre des lois existantes et de
façon ponctuelle; et l'inutilité de
créer de nouvelles institutions pour traiter les
OGM - forment les bases de la position actuelle sur
l'étiquetage. Essentiellement,
l'étiquetage obligatoire serait
déclenché seulement si un produit GM
diffère en substance de son homologue traditionnel
ou si un produit GM suscite des craintes liées
à des possibilités
d'insalubrité ou d'allergies.
Il y a évidemment une exception à cette
démarche basée sur le produit. Elle a trait
à l'irradiation des aliments, un
procédé de technologie alimentaire. En cette
matière, les règlements du Canada touchant
les aliments et drogues exigent l'étiquetage
accompagné de la mention écrite «
traité par radiation » ainsi que d'un
symbole international4.
Lors des essais de vente effectués aux
États-Unis, les aliments traités par
radiation se sont bien vendus dans tout le pays et, dans
certains cas, mieux que leurs homologues non
irradiés (Wood et Bruhn, 2000). Dans
l'État de Géorgie, on a
organisé une simulation au cours de laquelle un
groupe de consommateurs a reçu, avant
l'achat, de l'information au sujet des
produits traités par radiation. De ce groupe, 71 p.
100 ont acheté du boeuf irradié, dont 62 p.
100 avaient déclaré auparavant leur refus
d'acheter tout aliment irradié (Wood et
Bruhn, 2000).
-
L'utilité des
étiquettes pour le consommateur
Que savons-nous de l'utilité des
étiquettes pour les consommateurs? Lors d'une
enquête de l'Institut national de la nutrition
(INN, 1999) au sujet de l'étiquetage
nutritionnel, 70 p. 100 de l'échantillon
d'adultes canadiens a affirmé consulter au
moins quelquefois les données nutritionnelles de
l'étiquette. Toujours selon l'INN
(1998), le pourcentage de Canadiens qui lisent les
étiquettes est passé de 61 p. 100 en 1989
à 71 p. 100 en 1997. La principale raison
invoquée par les consommateurs, et surtout par ceux
qui se préoccupent de leur régime
alimentaire, est le désir de savoir ce qu'ils
mangent. Les personnes qui ne consultent pas les
données nutritionnelles agissent ainsi parce
qu'elles connaissent déjà la valeur
nutritive du produit, qu'elles ne s'y
intéressent pas ou qu'elles n'ont pas
le temps de lire les étiquettes.
De façon générale, les Canadiens
jugent pertinente l'information contenue sur les
étiquettes de produits alimentaires. La
majorité d'entre eux croit que ces
renseignements sont suffisants en quantité
(Environics, 1998). Quant à ceux qui ne sont pas
entièrement satisfaits du contenu des
étiquettes, leurs plaintes ont trait à la
complexité de l'information, à son
insuffisance ou à la perception de renseignements
trompeurs (INN, 1999).
Parmi les autres facteurs qui influent l'utilisation
des étiquettes, il faut mentionner le rôle
que joue la personne interrogée dans la
planification et la préparation des repas;
l'importance accordée à la nutrition;
le niveau de scolarité; la situation
socio-économique; et divers autres facteurs
démographiques (Nayga, 1996; Mueller, 1991). Au
Canada, selon le sondage de 1998 de l'INN, les
étiquettes sont plus souvent consultées par
les femmes que par les hommes; par les personnes de moins
de 55 ans; par les gens à scolarité et
à revenu relativement plus élevés; et
par les Canadiens qui se perçoivent comme mieux
informés en matière de nutrition.
La lecture des étiquettes est également
motivée par un intérêt à
comparer les produits, par le souci de vérifier la
date limite de consommation et aussi par l'ignorance
au sujet d'un produit acheté pour la
première fois (INN, 1998; Mueller, 1991). Sur le
plan de la nutrition, la teneur en gras est l'un des
principaux facteurs poussant à la lecture de
l'étiquette (Mueller, 1991; Neuhouser,
Kristal et Patterson, 1999), car les consommateurs sont
préoccupés par les liens possibles entre le
régime alimentaire et le cancer.
Si la plupart des consommateurs possèdent une
certaine connaissance fonctionnelle de mots comme
cholestérol, calcium, sodium et agent de
conservation, ils sont beaucoup moins nombreux à
comprendre des termes comme hydrogénation ou corps
gras poly-insaturés (Mueller, 1991). Des rapports
récents signalent une tendance
générale à
l'interprétation erronée de certains
renseignements inclus sur les étiquettes, par
exemple, l'apport quotidien en pourcentage (Levy,
Patterson, Kristal and et Li, 2000). Parmi les Canadiens
interrogés, 23 p. 100 font état de leur
« difficulté à comprendre
l'information nutritive sur les étiquettes
» (INN, 1998).
En outre, les données non nutritionnelles figurant
sur les étiquettes ont toujours eu une
utilité pour les consommateurs. Ces renseignements
peuvent aider les consommateurs à acheter des
produits conformes à certaines valeurs sociales
comme la protection des animaux (p. ex.,
l'étiquette « contre les tests sur les
animaux » de la chaîne Body Shop); les
pratiques équitables d'emploi (p. ex., la
mention « commerce loyal » sur certains
emballages de café ou « fabriqué sans
exploiter le travail des enfants » sur des tapis) ou
la bonne intendance de l'environnement (Gesser,
1998).
Il ne fait aucun doute que les étiquettes sont
effectivement un outil important d'information des
consommateurs. Même un simple symbole sur une
étiquette pourra servir à attirer
l'attention du consommateur sur une
caractéristique particulière du produit. Il
est évident qu'un symbole peut transmettre un
message positif ou, au contraire, une mise en garde. Les
étiquettes peuvent aussi donner des renseignements
complémentaires. Dans le cas de la première
pâte de tomate GM mise en vente au Royaume-Uni, on
utilisait jusqu'à récemment la mention
Made with genetically modified tomatoes
(fabriqué à partir de tomates GM), mais un
encadré sur l'étiquette de la
boîte de conserve indiquait que l'utilisation
de tomates GM offre l'avantage de réduire la
quantité de déchets produits et la
quantité d'énergie nécessaire
à la transformation.
Dans certaines circonstances, le contenu de
l'étiquette peut avoir un effet marqué
sur la décision d'acheter ou non un produit.
Aux États-Unis, par exemple, lorsque la Food and
Drug Administration a modifié sa
réglementation afin de permettre aux producteurs de
faire allusion à des bienfaits pour la santé
sur leurs étiquettes d'aliments tels que les
céréales, des études
effectuées par la suite ont montré des
preuves empiriques que les nouvelles étiquettes
avaient amené des changements tant chez les
producteurs que chez les consommateurs. On a
remarqué que les producteurs fabriquaient moins
d'aliments à haute teneur en gras et en
cholestérol, et que les consommateurs achetaient de
préférence des aliments à faible
teneur en gras et en cholestérol (Mathios, 1998).
Il convient de souligner, cependant, que pendant la
même période, les médias de masse
diffusaient aussi des renseignements sur
l'alimentation saine.
Il arrive aussi que les étiquettes aident à
atteindre des objectifs environnementaux. En Allemagne,
des appareils de chauffage au mazout et au gaz portent
maintenant une étiquette mentionnant leur faible
taux d'émissions; cette mesure a fait baisser
de 30 p. 100 les émissions de dioxyde de soufre, de
monoxyde de carbone et d'oxyde d'azote
(Dawkins, 1996). Par contre, certains producteurs se
rebiffent lorsque les exigences sont trop strictes
concernant les normes d'étiquetage. Quand le
gouvernement des Pays-Bas a interdit toute utilisation
d'hydrofluorocarbone et
d'hydrochlorofluorocarbone, les fabricants de
réfrigérateurs ont choisi de s'aligner
sur les directives d'étiquetage beaucoup
moins restrictives de la Communauté
européenne (Dawkins, 1996).
-
Le coût de
l'étiquetage
Les autorités alimentaires de l'Australie et
de la Nouvelle-Zélande se sont penchées sur
la question de l'étiquetage obligatoire en
1999 et elles ont retenu les services d'un
expert-conseil indépendant en vue
d'évaluer ce que coûteraient
l'observation et l'application d'un
régime d'étiquetage obligatoire. Les
exigences proposées comprenaient l'imposition
aux fabricants de prendre toutes les mesures raisonnables,
au moyen de vérifications et-ou d'essais,
pour déterminer si les ingrédients de leurs
produits alimentaires sur le marché étaient
tirés de denrées GM approuvées.
L'étude se fondait sur une hypothèse
importante selon laquelle, pour se conformer à la
norme, les fabricants commenceraient par évaluer
tous les ingrédients (y compris les
ingrédients composés, les agents
technologiques, les additifs alimentaires et les
aromatisants) pour en vérifier l'état
en matière de modification génétique.
L'hypothèse de départ s'est
révélée l'option la plus
coûteuse pour l'industrie en calculant les
frais d'après l'estimation des
processus et des dépenses nécessaires pour
prouver les avancés négatifs exprimés
volontairement par les fabricants.
Le rapport de KPMG (1999) prévoyait qu'il en
coûterait à l'industrie environ 3 000
M$A (à peu près 2 580 M$CAN) pour se
conformer à la norme pendant la première
année d'exploitation. Cette somme
équivalait à quelque 6 p. 100 du chiffre
d'affaires et on s'attendait à ce
qu'elle baisse aux alentours de 3 p. 100 du chiffre
d'affaires aux cours des années suivantes.
L'étude a conclu à
l'improbabilité que l'industrie puisse
absorber une telle augmentation de coûts. Il en
découlerait donc des hausses très
importantes du prix de certaines enzymes et une hausse
d'environ 10 à 15 p. 100 du coût des
ingrédients principaux, le tout pouvant
éventuellement faire monter de 0,5 à 15 p.
100 le prix des produits alimentaires transformés.
Le rapport de l'étude estimait aussi que les
coûts de l'observation du régime dans
les deux pays pourraient atteindre 150 M$A par an (environ
129 M$CAN) en incluant une vérification
complète de tous les fabricants de produits
alimentaires et de tous les détaillants en
alimentation. Si les autorités se limitaient
à vérifier certains fabricants et
importateurs et à enquêter au sujet des
plaintes, les coûts annuels pourraient baisser
à environ 14 M$A (12 M$CAN). Il serait possible de
réduire encore les coûts de moitié en
se contentant d'enquêter au sujet des plaintes
et des cas de non-conformité signalés.
Enfin, le rapport analysait des solutions de rechange
à un régime d'étiquetage
obligatoire complet, notamment : ne pas exiger la mention,
sur l'étiquette, des ingrédients
raffinés, des ingrédients mineurs, des
additifs alimentaires, des agents techniques et des
aromatisants. Selon les auteurs du rapport,
l'adoption de solutions de ce genre permettrait une
réduction possible de 80 p. 100 du coût
d'observation pour l'industrie et pour les
organes de réglementation.
Il convient de faire remarquer que les ministres de la
Santé de l'Australie et de la Nouvelle-
Zélande n'ont pas accepté
l'analyse de coûts effectuée par KPMG
parce que, entre autres omissions, elle semblait ne pas
tenir compte de la diligence de l'industrie pour se
conformer au nouveau régime.
-
Le contexte des programmes
d'étiquetage
Le contexte de l'étiquetage est un point sur
lequel on ne sait pas grand chose. Bien sûr,
l'efficacité de l'étiquetage est
renforcée par divers facteurs, dont la mise en
oeuvre de codes de pratique qui aident à influencer
le comportement du marché ou à en
définir les repères. Il peut s'agir de
mesures imposées par législation (p. ex.,
les exigences réglementaires concernant les
produits du tabac et les boissons alcoolisées) ou
adoptées volontairement. En cette matière,
un examen des codes de conduite volontaires,
effectué en 1998 par le Bureau de la consommation,
a permis de dégager des constatations fort utiles.
Nous en résumons les éléments
principaux dans la présente section.
L'adoption volontaire de codes de conduite peut se
produire dans des conditions diverses, mais elle advient
généralement en réaction à
l'imminence d'une réglementation
gouvernementale, aux pressions de la concurrence ou
à la demande des consommateurs (accompagnée,
parfois, de menaces de boycott). Voici quelques exemples
des effets de ces pressions :
-
Les pressions des consommateurs ont forcé
certaines entreprises, dont Nike et The Gap,
à tenir compte plus attentivement des
conditions de travail dans leurs usines
situées dans des pays en
développement. Ces entreprises se sont
donné des codes qui régissent
maintenant les conditions de travail (Bureau de la
consommation, 1998).
-
L'industrie forestière canadienne,
devant la possibilité d'un boycott des
produits canadiens du bois par les consommateurs
européens à cause de ses
méthodes d'exploitation, jugées
destructrices, a adopté un système de
certification en gestion forestière durable
(Bureau de la consommation, 1998).
-
Le Programme de gestion responsable, mis en oeuvre
par l'Association canadienne des fabricants de
produits chimiques, est un système de
pratiques écologiquement viables qui englobe
tout le cycle de vie des produits depuis la
production jusqu'à
l'élimination. La création du
Programme a fait suite à une série de
catastrophes écologiques qui risquaient de
mériter à l'industrie
l'imposition d'une réglementation
gouvernementale (Einsiedel, 1998).
Le résumé de l'étude du Bureau
donne à penser que les codes réussissent
généralement le mieux dans les conditions
suivantes :
-
l'industrie en cause a atteint la maturité
et la stabilité;
-
les participants sont relativement peu nombreux et sont
égaux en part de marché et en pouvoir;
-
l'action est lancée et soutenue par les
principaux dirigeants de l'industrie et par une
association industrielle solide;
-
le programme s'accompagne de mesures
d'encouragement à participer et de
sanctions en cas de non-conformité;
-
il y a une menace crédible d'intervention
gouvernementale ou de poursuites judiciaires;
-
la pression du public est forte.
Pour le moment, l'industrie de la biotechnologie
réunit très peu de ces conditions optimales.
C'est une industrie relativement jeune,
composée d'un petit nombre de géants
et d'une foule de très petites entreprises
(BioteCanada, 1999), et l'association industrielle
qui la représente manifeste cette diversité
dans ses effectifs. À l'heure qu'il
est, il semble y avoir peu d'intérêt
à participer à un programme
d'étiquetage, étant donné que
les consommateurs voient l'étiquette GM comme
une menace; l'incitation à
l'étiquetage vient principalement des
entreprises désireuses de marquer leurs produits de
l'étiquette « sans modification
génétique ». Dans la situation
actuelle, un code volontaire aurait comme effet premier de
pousser à la vérification de ces
allégations afin de s'assurer qu'elles
sont véridiques et non trompeuses.
L'élaboration de normes, par contre, pourrait
constituer une démarche différente en vue de
garantir la véracité et
l'honnêteté des étiquettes.
Lorsque de telles normes sont élaborées de
concert avec tous les intéressés et sous
l'orientation des organes de normalisation, la mise
en application d'un système
d'étiquetage peut prendre un sens vraiment
effectif. Le système adopté peut avoir
valeur de réglementation (accompagnée
d'un certain pouvoir de contrainte) si les normes
sont étayées par un organisme dirigeant. Si
la Commission du Codex Alimentarius, par exemple, en vient
à s'entendre sur des normes
d'étiquetage pour les aliments GM, il est
probable que l'Organisation mondiale du commerce
utilisera ces normes au moment voulu.
Même si l'intérêt à
l'endroit de l'étiquetage est
élevé, comme le montrent divers sondages5,
(voir aussi Environics, 1999), les consommateurs canadiens
exercent moins de pression que les Européens
à cet égard (Earnscliffe, 2000). Les
personnes favorisant l'étiquetage expliquent
leur intérêt par un désir de
liberté de choix. Hadfield et Thomson (1998)
avancent qu'une étiquette pourrait
déclencher une recherche d'information de la
part de certains consommateurs. De plus, à leur
avis, « si les producteurs se retrouvent devant la
perspective de voir les consommateurs rejeter, par manque
d'information, les produits biotechnologiques, ils
seront prêts à consacrer des ressources
à la prestation de cette information »
(Hadfield et Thomson, 1998, p. 572). Les producteurs ont
donc une incitation à fournir des renseignements
clairs afin de corriger ce qu'ils pourraient
percevoir comme une information déformée.
Enfin, « l'étiquetage permettrait de
s'assurer que les décisions d'achat
sont fondées sur un consentement
éclairé » (Legault et al.,
1998, p. 484; Hadfield et Thomson, 1998).
En 1999 s'est formé un comité de
l'étiquetage volontaire des aliments GM et
non GM. Ce comité devait joindre ses efforts
à ceux de l'Office des normes
générales du Canada et du Conseil canadien
de la distribution alimentaire (CCDA) en vue
d'élaborer des normes
d'étiquetage volontaire. Le rapport de ce
comité était attendu au début de
l'an 2000, mais des difficultés à en
arriver à consensus ont retardé
l'aboutissement des travaux.
La décision de créer des normes devant
servir de base à l'étiquetage
s'appuie sur un principe qui demeure important. Non
seulement les normes permettent l'uniformité
d'interprétation, mais elles sont des mesures
de « valeur » au sens économique aussi
bien que culturel (Busch et Tanaka, 1996). Lorsqu'un
producteur accepte une étiquette fondée sur
un ensemble particulier de normes, il encourage la
transparence et affirme sa confiance à
l'endroit du produit étiqueté. Cette
affirmation, qui rassure le consommateur, est tout
spécialement utile dans le cas des aliments GM. Une
enquêteconsommateurs au sujet des communications
publiques et des aliments non traditionnels,
parrainée par les Fabricants de produits
alimentaires et de consommation du Canada,
révèle que les consommateurs veulent
être rassurés non seulement à propos
de la salubrité des produits, mais aussi à
propos des entreprises avec lesquelles ils font affaires.
Quand il s'agit d'acheter des aliments GM, les
consommateurs voudraient poser aux commerçants des
questions comme « Êtes-vous une personne
respectueuse de l'éthique? », «
Croyez-vous vraiment en ces produits? », «
Êtes-vous honnête? », « Puis-je me
fier à vous? » (Curry, 1997).
Dans l'état actuel de l'opinion
publique, il y a peut-être des incitations à
l'étiquetage pour les fabricants
d'aliments non GM, mais elles sont rares ou
inexistantes pour les fabricants d'aliments GM. Par
ailleurs, après un examen des divers régimes
d'étiquetage des aliments GM dans le monde,
Phillips et Foster (2000) en viennent à la
conclusion que les différences énormes entre
les moyens adoptés, conjuguées à des
systèmes de surveillance inefficaces et
onéreux, créent des pressions en faveur
d'une démarche autre et plus cohérente
en vue de répondre aux besoins d'information
des consommateurs. Les organismes internationaux
pourraient aider à mettre sur pied une telle
démarche et à atteindre un certain
consensus, mais le processus serait ralenti à
l'extrême par les désaccords entre les
pays participants au sujet des aliments GM.
Présentement, le contexte d'utilisation des
aliments GM encourage le recours à
l'étiquetage, à tout le moins pour
indiquer les procédés de fabrication. Les
consommateurs expriment une préférence en
faveur de l'étiquetage, comme c'est le
cas pour les aliments irradiés, et il y a vraiment
un besoin impératif de renforcer la confiance du
public à l'endroit des aliments GM. Compte
tenu de la résistance des producteurs à
l'étiquetage, il importe que tout effort en
ce sens s'accompagne d'une grande campagne
publique de sensibilisation afin d'amener les
consommateurs à mieux comprendre en quoi consiste
la modification génétique.
-
Les autres moyens de diffusion de
l'information : le paysage actuel de
l'information
Dans la présente section, nous essaierons de
répondre aux questions suivantes : « À
quelles sources les consommateurs canadiens peuvent-ils
s'informer aujourd'hui au sujet de la biotechnologie
et quelle est la nature des renseignements offerts? ».
-
Gouvernements
-
Gouvernement
fédéral.
La réglementation de la biotechnologie
relève de sept ministères. Tous ces
ministères essaient, dans une mesure plus ou
moins grande, d'informer la population en
matière de biotechnologie, quoique la
responsabilité première concernant les
aliments GM soit du ressort de l'Agence
canadienne d'inspection des aliments (ACIA) et
de Santé Canada. Ces organismes font appel
à tout un éventail d'outils
d'information, tels que sites Web,
dépliants et brochures, pour répondre
aux questions des consommateurs.
Une des principales initiatives prises en ce sens a
eu lieu au début de l'an 2000 dans le
but de rassurer les Canadiens sur la
salubrité de leurs circuits alimentaires.
Chaque ménage du pays a alors reçu une
publication intitulée Des
aliments sains ... chez vous, laquelle
contient six questions : 1) Pourquoi
l'approvisionnement alimentaire du Canada
est-il l'un des plus sains au monde?; 2) Quel
est le rôle du gouvernement du Canada en
matière de salubrité alimentaire?; 3)
Pourquoi un étiquetage exact est-il important
pour la salubrité alimentaire?; 4) Quel est
le processus d'approbation gouvernementale des
produits alimentaires nouveaux?; 5) Que pouvez-vous
faire à titre de consommateur?; et 6) En quoi
l'engagement du gouvernement consiste-t-il? La
dernière section de la publication fournit le
numéro d'une ligne
téléphonique sans frais, une adresse
générale de site Web et les adresses
Web de l'ACIA, de Santé Canada et
d'Agriculture et Agroalimentaire Canada.
Le contenu de cette publication se concentre sur
l'enjeu global de la salubrité des
aliments et intègre aussi des renseignements
sur les problèmes entourant les produits
alimentaires non traditionnels. Des encadrés
latéraux présentent des conseils
pratiques sur la préparation des aliments et
leur salubrité. La section sur le processus
d'approbation gouvernementale des produits
alimentaires nouveaux comprend un encadré
répondant à la question « Quels
sont les aliments produits à l'aide de
la biotechnologie? ». Cette activité
d'information (production d'une brochure
de sept pages en quatre couleurs, et distribution
à 12 millions de ménages partout au
pays) a coûté au total 2,76 M$6. Elle visait clairement
à répondre à certaines
interrogations générales sur la
salubrité des aliments et aux questions des
consommateurs s'intéressant aux
aliments GM, et aussi à rassurer les
consommateurs au sujet du système de
réglementation.
Le site Web du gouvernement du Canada, < www.canada.gc.ca >,
est l'un des outils au moyen desquels le
gouvernement fédéral veut arriver
à offrir un guichet central unique
d'information concernant le Canada. Comme il
faut s'y attendre, ce site couvre une manne de
sujets allant des affaires, de l'industrie et
du commerce jusqu'à l'emploi, la
fiscalité et les questions de consommation.
Quiconque utilise le site pour trouver des
données sur la biotechnologie doit suivre le
cheminement suivant : entrer par « Programmes
et services »; aller au Centre
d'information (« sujet »); choisir
« Santé, médecine et sciences
» dans le menu déroulant; passer
à « Nutrition », puis à
« Alimentation et nutrition » et
là, enfin, trouver des renseignements sur les
produits alimentaires non traditionnels.
Si un consommateur désire trouver une liste
d'aliments GM approuvés, il lui faudra
une bonne dose d'habileté sur Internet
pour dénicher cette information.
Récemment, le gouvernement
fédéral a lancé un site Web
appelé BRAVO < www.bravo.ic.gc.ca
>, le site du Bureau virtuel de la
réglementation de la
biotechnologie. Il est conçu
dans le but de servir de carte routière de la
réglementation et présente diverses
règles et directives afin «
d'améliorer le processus de gestion de
l'information au sein de la
réglementation de la biotechnologie et de
fournir une fenêtre virtuelle unique sur
Internet à valeur ajoutée pour
accéder à toutes les informations sur
la réglementation des produits de la
biotechnologie et les attributions connexes ».
Le site a pour fonction première de venir en
aide aux opérations industrielles et ne VISE
PAS le consommateur comme utilisateur principal.
L'ACC soulignait, il y a peu, les
difficultés auxquelles se heurtent les
consommateurs à la recherche de
renseignements sur la répartition des
responsabilités en matière de
réglementation. Elle préconise «
une approche à guichet unique en ce qui
touche la dimension réglementaire de la
biotechnologie, autrement dit, un seul point de
contact annoncé partout et destiné aux
consommateurs cherchant des renseignements sur la
réglementation; à ce guichet unique,
ils trouveront immédiatement les
données voulues ou seront aiguillés
vers un expert en la matière qui sera capable
de les renseigner » (ACC, 1999)
-
Gouvernements
provinciaux.
Une bonne part des initiatives provinciales viennent
tout juste d'être lancées. Une
exception toutefois, en Saskatchewan, où la
province finance un ONG appelé
Ag-West Biotech. Cet
organisme a comme objectif principal de faciliter et
de promouvoir le développement de la
biotechnologie en apportant de l'appui
à l'expansion des entreprises.
Parallèlement, Ag-West Biotech se donne pour
tâche de rehausser la connaissance et la
compréhension du rôle de la
biotechnologie. Le soutien financier de
l'organisme provient de l'Entente
Canada-Saskatchewan sur l'adaptation du
secteur agroalimentaire7.
Ag-West Biotech possède
l'expérience la plus étendue qui
soit en diffusion de l'information au niveau
provincial. L'organisme dirige un centre
d'information en biotechnologie agricole de la
Saskatchewan, le Saskatchewan Agricultural
Biotechnology Information Centre (SABIC), dont la
mission est de « faire connaître aux
gens les avantages de la biotechnologie,
débattre les questions
d'actualité et démythifier la
terminologie et les concepts de la biotechnologie
». Le SABIC présente des
démonstrations en laboratoire et Ag-West
Biotech diffuse de l'information dans ses
publications dont Food Biotechnology Resource
News, la Library Series, les
Biotechnology Fact Sheets et une brochure
destinée aux producteurs, ainsi que sur son
site Web, < www.agwest.sk.ca >.
Lors des démonstrations en laboratoire, les
visiteurs peuvent participer à des
expériences pratiques et simples, par
exemple, la séparation et la visualisation de
l'ADN, qui leur permettent de s'initier
aux gènes et aux rudiments du génie
génétique. Depuis l'ouverture du
SABIC, en octobre 1997, plus de 5 000 personnes sont
venues au laboratoire de démonstration. Les
réactions des visiteurs sont très
positives et suscitent des commentaires exprimant
leur plaisir de manipuler euxmêmes des
instruments et de prendre part à des
discussions ouvertes. Le SABIC atteint
également un public plus vaste en tenant des
stands d'information lors de foires agricoles,
de festivals scientifiques et d'autres
manifestations de ce genre.
Le budget du SABIC, y compris les publications, est
de 145 000 $ par an. Les autres frais, notamment la
location de locaux de laboratoire et les frais de
bureau, sont subventionnés par Ag- West
Biotech.
-
Industrie
-
Conseil de
l'information en biotechnologie8
Mandat et description
Le Conseil de l'information en biotechnologie
(CIB) est un organe fondé par sept
multinationales de la biotechnologie et des sciences
de la vie : Aventis CropScience, BASF, Dow Chemical,
DuPont, Monsanto, Novartis et Zeneca Ag Products,
Inc., dans le but d'offrir aux consommateurs
nord-américains une perspective plus positive
sur les possibilités de la biotechnologie;
ces entreprises voulaient ainsi à
réagir à l'attention et au
sensationnalisme perçu dans les médias
à l'égard de la biotechnologie,
surtout en Europe. En outre, après certaines
études sur les consommateurs,
l'industrie a constaté que ces derniers
étaient mis au courant presque uniquement des
facteurs de risque liés à la
biotechnologie. Le CIB est entré en
activité le 3 avril aux États-Unis et
le 3 mai au Canada, et a fait paraître des
annonces dans la presse écrite dès le
1er juin. La campagne en cours durera au
moins trois ans et pourrait s'étendre
à cinq ans, au besoin.
L'information diffusée par le CIB
complète celle offerte par les autres sources
de renseignements (p. ex., le Centre
d'information sur la biotechnologie
alimentaire) et aussi présente un point de
vue plus positif concernant les applications de la
biotechnologie alimentaire.
L'information du CIB est axée
entièrement sur les consommateurs. Des
recherches ont permis de déterminer ce que
les consommateurs veulent entendre et lire au sujet
des applications de la biotechnologie, et
c'est ce genre de renseignements que
véhicule le programme d'information du
CIB. La promotion de la biotechnologie se concentre
sur trois domaines : la teneur nutritive
améliorée des aliments GM, la
protection accrue de l'environnement et la
capacité de la biotechnologie à
régler certains problèmes mondiaux,
notamment celui de la faim.
Sources d'information
Le programme du CIB se compose d'annonces
à la télévision et dans la
presse écrite, d'une ligne
téléphonique sans frais, d'un
site Web et d'un dossier de documents
écrits intitulé Les bonnes
idées, ça porte fruit. Toutes les
sources peuvent être consultées en
anglais et en français; les documents
diffusés au Canada sont cependant un peu
différents de ceux destinés aux
États-Unis.
Groupes démographiques
cibles
Le programme nord-américain du CIB vise avant
tout deux groupes démographiques : 1) le
membre du ménage qui est le principal
acheteur d'aliments,
c'est-à-dire, les femmes de 18 à
50 ans, et 2) les leaders d'opinion,
c'est-à-dire, des personnes dont le
niveau de scolarité est relativement
élevé et qui ont peut-être
déjà reçu de
l'information sur la biotechnologie (p. ex.,
les personnes liées à
l'administration gouvernementale, aux
médias ou au monde de
l'éducation). Au Canada, l'accent
est mis sur le premier de ces deux groupes
démographiques, que l'on cherche
à atteindre au moyen d'annonces
publicitaires ciblées.
Publicité - Presse
écrite et médias visuels
Le CIB, se basant sur les résultats de ses
recherches sur les groupes démographiques,
fait paraître des annonces dans de nombreux
journaux et magazines dont le National
Post, le Globe and Mail, Canadian
Living, le TV Guide,
Sélections du Reader's Digest
et MacLean's. Les annonces sont
polychromes et montrent une personne qui a
tiré des bienfaits de la biotechnologie (de
ses applications en médecine ou en
agriculture), ainsi qu'un court
témoignage, quelques mots sur la
biotechnologie, le numéro de la ligne
téléphonique sans frais et
l'adresse Web du CIB.
Les messages télévisés du CIB
sont diffusés par les réseaux
canadiens depuis le 3 mai 2000 en anglais et depuis
le 10 mai en français (voir l'annexe
3). Il y a deux annonces, l'une de 30 secondes
et l'autre de 60 secondes, tant pour le Canada
que pour les États-Unis. Selon un
communiqué paru dans la presse, « les
messages mettent en scène des gens ordinaires
qui ont bénéficié de la
biotechnologie dans ses applications
médicales et agricoles ». Cela dit, il
y a quand même quelques petites
différences entre les annonces
présentées au Canada et celles des
États-Unis. Les cultures mentionnées
dans les messages américains sont le soja et
le coton alors qu'au Canada, il s'agit
du maïs. Toutefois, la part visuelle des
messages est essentiellement la même pour les
deux pays.
Les messages télévisés
présentent le CIB et tiennent des propos
superficiels sur les bienfaits de la biotechnologie.
Leur but est triple, c'est-à-dire,
d'abord, attirer l'attention du
téléspectateur sur les applications de
la biotechnologie en se concentrant moitié
sur l'agriculture et moitié sur la
médecine. Des annonces dont on prépare
la production et la diffusion souligneront des
applications particulières, notamment dans le
domaine des progrès médicaux, et
comprendront des témoignages de gens qui ont
tiré avantage de la biotechnologie. Le
deuxième but visé est le même
que celui des campagnes de lancement de produits,
celui de donner de la notoriété
à la marque du produit. Le CIB veut
créer pour la biotechnologie une «
marque de commerce » avec laquelle les
consommateurs se familiariseront graduellement. Le
dernier but visé est de promouvoir les autres
sources d'information du CIB, le site Web et
la ligne téléphonique sans frais, et
les coordonnées de ces services figurent
à la fin de chaque annonce.
Ligne téléphonique sans
frais
Au Canada, la ligne téléphonique sans
frais (1 800 980-8660) est automatisée,
c'est-à-dire que l'auteur de
l'appel laisse son nom et son adresse en vue
de recevoir un dossier d'information. Si le
CIB a adopté cette démarche
exclusivement automatisée pour le Canada,
c'est pour ne pas faire double emploi avec le
Centre d'information sur la biotechnologie
alimentaire (CIBA). Les personnes qui appellent
entendent un message leur disant que le dossier
d'information contient les coordonnées
nécessaires pour entrer en rapport avec
d'autres sources. Pendant ses deux
premières semaines de fonctionnement, la
ligne téléphonique sans frais a
reçu 81 appels en anglais et 15 en
français.
Dossier d'information - Les
bonnes idées, ça porte fruit
Le dossier d'information intitulé
Les bonnes idées, ça porte
fruit se compose d'éléments
variés dont une brochure de 14 pages portant
sur les trois buts visés par le CIB et les
avantages de la biotechnologie agricole et de sa
salubrité, au sujet de laquelle le texte
tient des propos rassurants. La dernière page
de la brochure présente une liste «
d'autres groupes, de scientifiques et
d'organismes gouvernementaux » que
l'on peut joindre par Internet pour obtenir
des données de plus sur la biotechnologie.
Parmi les sources mentionnées, il y a le
CIBA, l'ACC et l'INN. La brochure
s'accompagne de six feuillets
d'information, d'une longueur variant de
2 à 4 pages, sur les trois grands objectifs
du CIB en biotechnologie; d'une lettre de
questions et réponses (au sujet du CIB et de
la biotechnologie en général);
d'un aperçu du régime de
réglementation canadien; et du
scénariomaquette du message de 60 secondes
diffusé au Canada. Les
intéressés peuvent
télécharger le dossier
d'information dans son entier à partir
du site Web du CIB.
Site Web
L'adresse du site Web est indiquée dans
les messages télévisés et elle
le sera aussi dans les documents écrits. Elle
est annoncée comme étant < www.whybiotech.com
>, mais le site est également accessible
à < www.whybiotech.org
>. Le site est présenté en anglais
et en français, mais le site de langue
française est encore en préparation et
contient relativement peu d'information. Il
sera éventuellement le miroir du site de
langue anglaise. Le site est administré
à partir des États-Unis et mis
à jour trois fois par semaine. C'est
là l'une des raisons pour lesquelles il
est difficile de mettre à jour le site de
langue française, une autre de ces raisons
étant une croyance selon laquelle il y aurait
moins de renseignements en français
qu'en anglais au sujet de la biotechnologie
(p. ex., dans la presse).
L'information affichée au site Web du
CIB est d'un niveau qui la rend accessible
à la plupart des consommateurs; elle
s'étend très peu sur
l'aspect scientifique. Le contenu met en
évidence les aspects positifs de la
biotechnologie et donne des citations de «
tiers spécialistes » qui parlent tous
en bien de la biotechnologie. La plupart des
renseignements concordent avec les trois grands
objectifs de promotion visés par le CIB. Nul
ne s'étonnera donc que les liens
auxquels le site donne accès
véhiculent aussi une image positive de la
biotechnologie.
Les seules statistiques dont nous disposons sont
celles du site Web américain pour le mois
d'avril. Pendant ce mois, le site a
reçu 4 500 visiteurs exclusifs par semaine.
Financement
Le CIB est financé par les multinationales
qui l'ont fondé. Les coûts de la
première année (y compris ceux de
démarrage) s'élèvent
à 50 M$US, dont 7 M$US sont consacrés
aux activités du CIB au Canada. Ce dernier
chiffre ne comprend pas les coûts de
conception, qui sont couverts par la partie
américaine du budget.
-
Alliances industrielles
provinciales
Il existe des alliances industrielles provinciales
dans presque toutes les régions du pays.
Mentionnons la BC Biotechnology Alliance (en
Colombie-Britannique), BioAlberta,
l'Initiative torontoise de biotechnologie,
l'Ottawa Life Sciences Council,
l'Association de biotechnologie du
Québec, BioNova (en Nouvelle-Écosse)
et BioAtlantech. Il s'agit
d'associations industrielles provinciales
ayant en commun l'objectif de promouvoir le
développement et les intérêts
des entreprises de biotechnologie installées
dans leur région.
Mandat
Les alliances industrielles en biotechnologie au
Canada ont pour but de faire progresser le secteur
dans la province en mettant en contact les personnes
oeuvrant en biotechnologie dans l'industrie,
dans les établissements publics de recherche
et dans les administrations fédérale
et provinciale. L'information offerte par ces
alliances fait valoir les avantages de la
biotechnologie et ne vise pas nécessairement
le consommateur moyen, mais plutôt les leaders
d'opinion, les journalistes, les enseignants
et les élèves du secondaire qui se
spécialisent en sciences.
Activités
d'information
Pour l'heure, aucune des grandes alliances
industrielles du pays n'a encore mis sur pied
de programme en vue de diffuser des renseignements
destinés spécialement aux
consommateurs ou au grand public. La cible
principale de leurs activités
d'information, mis à part leurs
membres, sont les étudiants et les
professeurs du niveau postsecondaire. Le but est de
promouvoir la biotechnologie au sein du
système scolaire et d'encourager les
étudiants à choisir une
carrière reliée à la
biotechnologie. Les efforts consentis à cette
fin comprennent par exemple, le Défi Biotech
Aventis (Connaught), qui permet à des
étudiants de participer à un concours
scientifique en biotechnologie parrainé par
le gouvernement et l'industrie. D'autres
ressources didactiques, par exemple, des manuels,
sont mis à la disposition des enseignants.
La plupart des alliances ont leurs propres site Web,
où l'on trouve des renseignements sur
la biotechnologie, mais l'information porte
surtout sur les alliances elles-mêmes.
-
Centre d'information sur la
biotechnologie alimentaire9
Le CIBA a été créé dans le but
de servir de source d'information et de service
d'aiguillage pour les personnes et groupes
désireux de se renseigner plus à fond sur
les enjeux de la biotechnologie. En plus de ses propres
activités de diffusion, le CIBA est devenu un
carrefour d'information pour un certain nombre de
détaillants en alimentation au Canada. Pour faire
comprendre plus clairement son rôle, la
présente section s'attardera à sa
structure et à ses activités.
Le CIBA s'est constitué en organisme sans but
lucratif en 1995 dans la foulée d'un projet
pilote qui durait depuis trois ans avec l'appui
financier de l'Institut canadien de la
biotechnologie (maintenant intégré à
BIOTECanada, l'alliance industrielle nationale). Le
Centre est dirigé par un conseil
d'administration de neuf membres choisis dans les
milieux des secteurs public, privé et non
gouvernemental (trois membres provenant de chaque
secteur). En plus de son conseil d'administration,
le CIBA peut compter sur les avis d'un comité
consultatif de 15 membres nommés par le conseil
d'administration et chargés de contribuer
à l'élaboration des politiques et des
initiatives de l'organisme.
Activités de diffusion de
l'information
Le CIBA diffuse des renseignements par trois moyens : une
ligne téléphonique sans frais (1 877
366-3246), un site Web < www.foodbiotech.org >
et une brochure intitulée Un appétit
croissant pour l'information. À part la
brochure (qui oriente les lecteurs vers le site Web et la
ligne téléphonique sans frais),
l'information du CIBA est presque entièrement
diffusée par communiqué et par
référence.
Brochure - Un appétit croissant pour
l'information
Produite conjointement par le CIBA et l'ACC, la
brochure Un appétit croissant pour
l'information présente des
renseignements de base sur les applications de la
biotechnologie, sa réglementation et
l'étiquetage, un bref aperçu
scientifique de la question et une liste de
personnesressources aptes à offrir plus
d'information. Dans le cadre d'une initiative
du CIBA en novembre 1999, 700 000 exemplaires de la
brochure ont été distribués dans
Canadian Living, un magazine féminin
distribué partout au Canada. Cette activité
a coûté environ 100 000 $CAN. En 2000, un
exemplaire de la brochure était
inséré dans le numéro de juillet de
Coup de pouce, un magazine féminin
francophone de grande distribution. Jusqu'ici, le
CIBA a fait imprimer 1,25 million d'exemplaires
d'Un appétit croissant pour
l'information (en anglais et en
français). Le coût initial de la brochure
s'est élevé à 20 000 $CAN pour
la rédaction, la conception et la production, et le
Conseil a consacré 200 000 $CAN à
l'impression. Sauf dans le cas de commandes en
grandes quantités, la brochure est gratuite.
Centre d'appels
Le centre d'appels, accessible en passant par une
ligne téléphonique sans frais, est en
opération depuis mai 1999. Au départ, les
appels étaient reçus et traités par
une seule personne, une préposée à
temps partiel qui était également
diététicienne et nutritionniste. Le centre
d'appels a pris de l'expansion en novembre
1999 et dispose maintenant d'un effectif de trois
préposés permanents et de quatre à
temps partiel, qui reçoivent des appels de tout le
pays. Le personnel répond aux appels de 10 h
à 17 h, heure normale de l'est, du lundi au
vendredi. Le centre est situé à Guelph
(Ontario); l'un des préposés se trouve
à Medicine Hat (Alberta), mais les heures
d'ouverture y sont les mêmes que celles du
bureau de Guelph.
Le CIBA exige que les employés de son centre
d'appels détiennent un baccalauréat en
sciences avec spécialisation en agriculture, en
nutrition ou en biologie, ainsi qu'une certaine
expérience du service à la clientèle.
Des réunions hebdomadaires ont lieu à
l'intention du personnel, qui a l'occasion
d'y entendre des conférenciers invités
spécialisés en biotechnologie. Pour le
moment, on n'exige pas le bilinguisme de la part des
préposés, puisque moins de 10 p. 100 des
appels sont de francophones.
Voici quelques statistiques sur les habitudes
d'utilisation du centre d'appels (CIBA, 2000)
:
-
1 437 reçus depuis novembre 1999
jusqu'à la fin de mai 2000;
-
69 p. 100 des interlocuteurs sont des femmes qui
s'identifient comme consommatrices;
-
De février à la fin de mai 2000, 58 p.
100 des appels proviennent de l'Ontario et du
Québec, 21 p. 100 des Prairies, 7 p. 100 de la
Colombie-Britannique et 7 p. 100 de la région de
l'Atlantique.
Voici les cinq questions les plus souvent posées au
mois de mars. Elles sont regroupées par
catégorie. Le nombre d'appels est
indiqué entre parenthèses. Viennent ensuite
des exemples des genres de questions posées :
-
Demandes de renseignements généraux sur
la biotechnologie alimentaire (30).
-
Quelle information avez-vous au sujet de la
biotechnologie?
-
Qu'est-ce que nous avons, au Canada,
comme aliments GM?
-
Questions concernant des aliments en particulier (29).
-
Y a-t-il une pisciculture où
l'on trouve du saumon
génétiquement modifié?
-
Quelles céréales Quaker
contiennent du maïs GM?
-
Quelle est la position de Loblaw au sujet des
aliments GM?
-
Questions concernant l'étiquetage (14).
-
Pourquoi est-ce que ça prend tant de
temps pour arriver à faire
étiqueter les aliments GM au Canada?
-
Pourquoi est-ce qu'un fabricant
d'aliments GM étiquetterait
volontairement ses produits?
-
Questions et commentaires de personnes opposées
aux aliments GM (5).
-
Selon moi, il faudrait un moratoire complet
sur les aliments GM, comme en Europe.
-
Questions sur la réglementation et le rôle
du gouvernement (5).
-
Où pourrais-je trouver le texte des
mesures législatives canadiennes
concernant la biotechnologie alimentaire?
En 1999-2000, le centre d'appels a
coûté 300 000 $CAN. Entre 60 et 70 p. 100 de
ce budget sont allés aux coûts de dotation
(dont la rémunération d'un
gestionnaire de projet embauché à titre
contractuel et des préposés à temps
plein et à temps partiel); le reste a servi
à payer les appels interurbains et les frais
généraux.
Site Web
Le site Web du CIBA complète les autres sources
d'information du Centre; il affiche des
données par catégorie sur les produits
alimentaires approuvés et enregistrés par
Santé Canada et l'Agence canadienne
d'inspection des aliments.
Le site offre en ligne une FAQ composée de
questions fréquemment posées. Certaines ont
trait à la biotechnologie alimentaire en
général (p. ex. , Pourquoi le
gouvernement ne nous a-t-il jamais parlé de
modification génétique?10), alors que d'autres
portent sur des points particuliers (p. ex., Le
L-tryptophane est-il à la source de la
flambée d'EMS?). Cette FAQ figure au
site Web afin de donner réponse aux questions les
plus souvent posées au téléphone sur
la ligne sans frais et à celles soulevées
parmi le public par les reportages des médias.
Un lien « actualités médias »
relie l'utilisateur au service de presse
d'AgNet, à l'université de
Guelph, qui présente un recueil quotidien
d'articles de presse, des résumés de
rapports scientifiques et des annonces portant sur la
biotechnologie. Un autre lien, appelé What the
heck is Biotech? (« Mais qu'est-ce que
c'est donc que la biotechnologie? »), permet
d'accéder à des renseignements sur la
biotechnologie en général qui sont presque
identiques au contenu de la brochure. Le site Web comporte
également un questionnaire interactif auquel les
utilisateurs peuvent répondre pour ensuite recevoir
une « note » en ligne sur la justesse de leurs
réponses.
Le site Web est mis à jour quotidiennement par les
préposés du centre d'appels.
Jusqu'ici, le nombre moyen de visiteurs au
site est de 20 000 par mois; un meilleur
système de suivi des visites doit être
installé lorsque le site sera mis à jour. Il
est possible d'envoyer des demandes de
renseignements par courriel, mais le nombre de ces
demandes reste faible (cinq par jour) et la plupart
d'entre elles portent sur le CIBA lui-même.
Financement
Selon ses propres déclarations, le CIBA « est
un organisme sans but lucratif qui est financé par
ses membres et au moyen de subventions et des recettes
produites par des programmes éducatifs et lors de
manifestations spéciales ». Le budget total
de 1999-2000 s'élève à 500 000
$ CAN, ce qui inclut les coûts de démarrage
du centre d'appels. Le financement du CIBA provient
de trois sources principales : les contributions des
membres; les projets mis en oeuvre conjointement avec des
fabricants et des distributeurs de produits alimentaires;
et les subventions gouvernementales11.
-
Détaillants en
alimentation12
Les détaillants en alimentation, par exemple, les
supermarchés, sont en première ligne des
contacts avec les consommateurs. Nous avons
téléphoné aux préposés
aux relations publiques de deux des plus grandes
entreprises de ce secteur, Safeway et Loblaw, afin de les
interroger au sujet de l'information sur les
aliments GM. Dans les deux cas, ils nous ont
aiguillées vers le CIBA sans ajouter aucun autre
renseignement. Le CCDA, un organisme sans but lucratif de
l'industrie de l'épicerie (de gros et
de détail) met à la disposition de ses
membres qui en font la demande les documents
d'information produits par le CIBA. Pour être
plus précis, disons que les membres du CCDA peuvent
commander les publications du CIBA sur la nature de la
biotechnologie (What the heck is biotech), sur
ses applications (Un appétit croissant pour
l'information) et sur les produits alimentaires
GM dans les épiceries (What's in
Store). Officiellement, le CCDA fait valoir trois
points au sujet des aliments GM : 1) les aliments GM
devraient répondre aux mêmes exigences de
salubrité que tout autre produit alimentaire; 2) le
CCDA préconise des directives
d'étiquetage volontaire (et participe
activement à leur élaboration); et 3) il
croit que les aliments GM peuvent offrir certains
avantages.
-
Organismes non gouvernementaux13
-
Greenpeace
Greenpeace est radicalement opposé à
la biotechnologie et au génie
génétique, qui font actuellement
l'objet d'une de ses plus vastes
campagnes. Son objectif est d'empêcher
ou de faire interdire l'utilisation et
l'émission de tout OGM. La campagne de
Greenpeace vise le grand public et consiste à
diffuser de l'information sur les causes
qu'elle défend, par des
communiqués et des opérations
médiatiques. Des dépliants sur la
biotechnologie sont offerts dans les bureaux de
Greenpeace, affichés à son site Web,
< www.greenpeacecanada.org
>, et distribués lors de manifestation
publiques. Parmi ces documents, mentionnons
Genetically Engineered Foods: an eXperiment with
nature (les aliments GM : une expérience
menée sur la nature), Harvesting
Destruction (récolter la destruction) et
The True Cost of Food (le coût
véritable des aliments). Greenpeace distribue
aussi les publications d'organismes qui ne lui
sont pas affiliées mais qui couvrent tout
l'éventail de l'opposition
scientifique à la biotechnologie.
Greenpeace publie également un bulletin
d'information à l'intention de
ses membres et du grand public. À
l'heure actuelle, son site Web a pour objet
principal le génie génétique,
et on y trouve des rubriques telles que «
l'ingrédient secret », «
l'environnement », « la
santé humaine », « les mythes et
la réalité » et « actions
et manifestations ». Les
intéressés peuvent adhérer
à son réseau en ligne de «
cyberactivistes ». L'information
présentée consiste en mises à
jour sur les activités de Greenpeace et en
renseignements dénonçant la
biotechnologie. Le site Web n'offre aucun lien
avec d'autres sources d'information mais
on y trouve des liens avec d'autres ONG. En ce
qui concerne les questions de biotechnologie,
Greenpeace travaille aussi en collaboration avec le
Conseil des Canadiens.
-
Les Ami(e)s de la
Terre
Le mandat des Ami(e)s de la Terre en matière
de biotechnologie, un thème inscrit dans sa
campagne permanente en faveur des « aliments
vrais », couvre des domaines tels que la
santé humaine et les questions
d'éthique entourant la cartographie
génomique, mais son objet premier est le
droit des consommateurs-citoyens à savoir de
quoi se composent leurs aliments. Les Ami(e)s de la
Terre exigent aussi que les agriculteurs biologiques
reçoivent un financement gouvernemental
égal à celui versé à
l'industrie de la biotechnologie.
L'organisation était
représentée et a participé aux
débats lors de la conférence du
Protocole sur la biosécurité, en
janvier 2000.
L'ONG diffuse l'information
destinée au grand public principalement sur
son site Web, < www.foecanada.org
> . Le site est relié à
d'autres, mais il n'en fait pas la
promotion active. Les demandes de renseignements
reçoivent une réponse si elles
arrivent par courriel. L'information des
Ami(e)s de la Terre peut aussi être
véhiculée par la poste ou par
téléphone, mais le moyen
privilégié reste Internet (pour
réduire les coûts). Par la poste,
l'organisation offre uniquement sa brochure,
dont le contenu se limite à un bref
aperçu de l'ONG elle-même. Quoi
qu'il en soit, il y a très peu de
documents écrits, sauf deux bulletins :
Link, le bulletin de l'organisation
internationale des Ami(e)s de la Terre, paraît
tous les deux mois et est offert par abonnement;
Earth Words, le bulletin de
l'organisation canadienne, paraît de
façon intermittente et est envoyé aux
donateurs. Il est possible d'obtenir
réponse à des questions en
téléphonant à l'ONG, mais
la personne préposée aux appels est un
employé contractuel et n'est pas
toujours disponible. La démarche
adoptée par Les Ami(e)s de la Terre consiste
avant tout à expliquer la biotechnologie en
termes scientifiques mais généralement
simples et à promouvoir ses propres positions
sur la question.
-
Conseil des
Canadiens
Le Conseil des Canadiens se décrit comme
« un groupe d'intérêts
indépendant formé de citoyens et
voué à faire entendre des opinions
critiques et progressistes sur les grandes questions
nationales ». Une de ses campagnes en cours,
destinée au grand public, vise les aliments
GM. La position prise par le Conseil des Canadiens
au sujet de la biotechnologie peut se décrire
sous la forme des demandes suivantes : un moratoire
sur tous les aliments GM jusqu'à ce
qu'il se soit effectué des essais
à long terme sur leur salubrité pour
les humains et pour l'environnement;
l'étiquetage obligatoire de tous les
produits GM; et l'élimination de
l'influence de la grande entreprise sur le
processus d'approbation des produits GM. Le
site Web du Conseil des Canadiens, < www.canadians.org
>, offre des liens avec d'autres organismes
activistes partageant les mêmes opinions (p.
ex., Greenpeace, Sierra Club et Les Ami(e)s de la
Terre, liens qui sont réciproques) ainsi
qu'avec des groupes de scientifiques qui
restent sceptiques quant à la
salubrité des aliments GM. Les renseignements
présentés sur le site Web, dans les
documents et les fiches d'information du
Conseil, de même que dans son
périodique « Canadian
Perspectives » (un magazine trimestriel
également affiché sur le site Web et
offert aussi par les autres sources indiquées
ci-après), font valoir ses opinions sur la
question.
On peut se procurer des renseignements du Conseil
des Canadiens à s'adressant aux groupes
et sections locales, aux partenaires de la
coalition, lors de ses activités publiques et
de ses réunions locales, ou en
s'adressant directement au Conseil (accessible
de tous les coins du pays grâce à une
ligne téléphonique sans frais, au 1
800 387-7177). Le Conseil diffuse de
l'information sur son site Web, par
communiqués, publipostages et mises à
jour par courriel.
-
David Suzuki
Foundation
La David Suzuki Foundation s'annonce
elle-même comme « un organisme de
bienfaisance, immatriculé au
fédéral, qui se consacre à
étudier les effets de l'activité
humaine sur l'environnement en cherchant avant
tout à trouver des solutions ». La
Fondation remplit sa mission par des programmes
d'information et de sensibilisation sur les
enjeux pertinents et par sa participation à
des projets aux objectifs apparentés.
Présentement, la biotechnologie et les
aliments GM ne sont pas un des objets principaux de
la Fondation. Elle offre tout de même des
renseignements sur ces sujets. David Suzuki (dont la
Fondation porte le nom, et qui participe à sa
gestion) tient une chronique hebdomadaire,
intitulée Science Matters, dans de
nombreux journaux canadiens. Le site Web, < www.davidsuzuki.org
>, affiche actuellement quatre de ces chroniques
portant sur les aliments GM. Le ton utilisé
dans ces articles montre que la Fondation est
intéressée, et n'est aucunement
méprisante, à l'endroit de la
biotechnologie alimentaire, mais qu'elle a des
critiques quant aux pratiques actuelles de mise
à l'essai de ces aliments. David Suzuki
jouit d'une réputation et d'une
crédibilité immenses auprès du
public.
-
Institut canadien du droit
et de la politique de l'environnement
L'Institut canadien du droit et de la
politique de l'environnement (ICDPE), dont les
bureaux sont à Toronto, axe
généralement son action sur les
questions environnementales, mais il a aussi produit
des exposés de position au sujet de la
biotechnologie. En 1995, l'ICDPE a fait
paraître un guide du citoyen sur la
biotechnologie intitulé
Citizen's Guide to
Biotechnology. Cet ouvrage facile
à lire donne un aperçu de la
biotechnologie et offre une analyse relativement
équilibrée des questions de risque. Il
a cependant besoin d'une mise à jour.
Le site Web de l'ICDPE est au < www.cielap.org >.
-
Rural Advancement Foundation
International
La Rural Advancement Foundation International (RAFI)
est un ONG international dont le siège social
est à Winnipeg. Son objectif premier est de
promouvoir la conservation et
l'amélioration durable de la
biodiversité agricole. RAFI veut mobiliser
l'opinion en faveur du soutien de la
biodiversité génétique, surtout
dans le contexte de l'agriculture. Elle
étudie aussi les effets des questions de
propriété intellectuelle sur
l'agriculture et la salubrité des
aliments. Son site Web est au < www.rafi.org >.
Son public cible se compose principalement de
journalistes et de leaders d'opinion.
L'action de RAFI s'est
révélée efficace pour ce qui
est de favoriser des débats concernant les
« technologies terminales »
(terminator technologies) et le brevetage.
-
Évaluation des programmes
actuels
Les programmes que nous venons de décrire et qui
sont destinés aux Canadiens font appel à
toute une gamme de canaux d'information et de styles
de communication. Le tableau 2 en présente un
résumé. Après un examen des
différents programmes d'information et des
méthodes utilisées, nous résumons
brièvement ce que nous considérons comme les
points forts et les points faibles de chacun en ce qui a
trait à la sensibilisation des citoyens et au
traitement de l'information. Les critères
utilisés pour évaluer les programmes
figurent à la section III G, plus haut.
Points forts des programmes actuels
-
Plusieurs programmes poussent à trouver plus
d'information de plus au sujet des aliments GM et
encouragent à chercher plus de détails,
par exemple, en consultant des sites Web ou des lignes
téléphoniques sans frais.
-
Certains programmes offrent des renseignements
provenant de sources sûres (p. ex., des
scientifiques) et moins sûres (p. ex., le
gouvernement).
-
Certains programmes donnent des conseils pratiques en
matière de salubrité alimentaire, aidant
ainsi à répondre aux besoins des
consommateurs.
-
Certains programmes abordent la question de la
réglementation des aliments, une des
préoccupations premières des
consommateurs.
-
De nombreux programmes recourent à des aides
visuelles ou des illustrations qui sont originales et
attrayantes et qui font naître un sentiment de
familiarité propre à retenir
l'attention.
-
Certains programmes font appel à un
mélange de moyens hautement interactifs et
favorables à la participation (p. ex., des
jeux-questionnaires sur les sites Web, des dossiers
d'information, des pages de site Web
destinées aux enfants).
-
Certains programmes sont livrés aux
consommateurs à la maison, donnant ainsi
accès sans effort à l'information.
-
Certains programmes utilisent des illustrations qui
pourraient éventuellement servir d'indices
de récupération en mémoire, si ces
programmes étaient enrichis.
-
Il est facile au public cible de s'identifier aux
personnes qui figurent dans les messages
télévisés.
-
Dans les messages télévisés, les
prises de vue sont en gros plan et favorisent ainsi une
sorte d'intimité qui invite
l'attention.
-
Souvent, des illustrations attrayantes servent à
attirer l'attention (p. ex., un père et
son fils contemplant un champ de verdure et une
girouette; un agriculteur en veste de cuir devant une
clôture traditionnelle et une prairie verdoyante;
un petit garçon avec un chien).
-
La musique accompagnant les messages
télévisés est agréable.
-
Les documents composant les dossiers
d'information, et le matériel qu'ils
contiennent, sont habituellement bien agencés
afin d'aider au traitement de l'information
(p. ex., les avantages des aliments GM sont
regroupés par genre, ce qui accroît la
probabilité que ces renseignements seront
traités et stockés en grappe dans la
mémoire; ainsi, il devrait être facile au
lecteur de s'en souvenir).
Points faibles des programmes actuels
-
Certains programmes ne transmettent aucune information
sur la production des aliments GM; certains ne font
aucun cas des risques.
-
Les programmes ne font pas tous appel à
l'interactivité lorsque le média
utilisé le permet.
-
Les programmes ne sont pas tous conçus de
façon à susciter la réflexion et
à motiver l'élaboration.
-
Sur les sites Web, les renseignements concernant les
aliments et la nutrition ne sont pas toujours faciles
à trouver ou sont parfois inaccessibles; le
consommateur abandonnerait probablement la partie avant
de trouver ce qu'il cherche.
-
L'information présentée sur les
sites Web est souvent très favorable ou
très opposée aux aliments GM; il est rare
de trouver des renseignements neutres.
-
Souvent, les graphiques des sites Web manquent
d'attrait; ils n'attirent pas
l'attention et ne donnent pas envie de traiter
l'information.
-
Les sites Web sont difficilement accessibles aux
personnes à revenu et à scolarité
faibles.
-
Certaines brochures ont recours à des techniques
alarmistes ou presque traumatiques pour attirer
l'attention du lecteur; il se peut que ces
méthodes découragent le lecteur de
poursuivre le traitement de l'information,
puisque les consommateurs sont souvent rebutés
par ce genre d'information et s'en
détournent complètement.
-
Certains programmes sont d'une envergure
limitée.
Tableau 2 - Aperçu des sources et canaux
d'information et évaluation des
contenus
Source
|
Public cible
|
Canaux
|
Contenu
|
Governement
- provincial
|
études secondaires
|
ressources didactiques (vidéos, documents
imprimés), programmes d'enseignement
accompagnés de démonstrations de
travail en laboratoire, sites Web, publications
|
porte habituellement sur les avantages
|
- fédéral
|
grand public
|
brochure, site Web
|
aborde la question générale de la
salubrité des aliments;
l'information sur la réglementation
est difficile d'accès
|
Industrie
- CIB
|
grand public (consommateurs), leaders
d'opinion
|
annonces télévisées, site
Web, dossier d'information (annonces dans
la presse écrite)
|
conçu comme une campagne de «
lancement de produit », afin de faire
connaître le CIB aux consommateurs et de
les sensibiliser aux applications de la
biotechnologie; fait la promotion de la
biotechnologie
|
- Alliances industrielles
provinciales
|
membres, établissements
d'études secondaires
|
sites Web, dossiers d'information,
conférences et exposés oraux
|
axé sur les réseaux industriels;
information scientifique destinée aux
élèves et aux enseignants du
secondaire dont le niveau de compréhension
technique est assez élevé
|
Centre d'information sur la biotechnologie
alimentaire
|
grand public
|
ligne téléphonique sans frais, site
Web, brochure (distribuée sous forme
d'insertion dans des magazines
féminins)
|
information sur la biotechnologie, ses
applications, sa réglementation; accent
mis sur les avantages
|
Détaillants en alimentation
|
grand public (consommateurs)
|
aiguille les demandes de renseignements vers le
CIBA
|
utilise les renseignements du CIBA
|
ONG - ACC
|
grand public (consommateurs)
|
agit en coopération avec le CIBA
|
voir CIBA
|
ONG - RAFI
|
leaders d'opinion internationaux, autres
ONG
|
site Web, communiqués, publications,
couverture médiatique
|
information basée sur le mandat de
conservation et d'amélioration
durable de la biodiversité agricole;
s'attache surtout aux droits de
propriété intellectuelle
|
ONG - Greenpeace, Les Ami(e)s de la Terre,
Conseil des Canadiens, David Suzuki Foundation
|
grand public
|
site Web, dépliants, couverture
médiatique
|
accent mis sur les risques de la biotechnologie,
promotion de l'étiquetage
obligatoire
|
Médias
|
grand public
|
documents imprimés, radio et
télédiffusion, sites Web
|
met en évidence les conflits entourant la
biotechnologie; ton généralement
sensationaliste; appui à la biotechnologie
dans les éditoriaux et la section des
affaires, mais couverture de plus en plus
négative dans les articles et reportages
|
Tableau 3 - Exemples de coûts
Méthode de diffusion de
l'information
|
Coût ($CAN)
|
1. Annonce télévisée
|
45 000 $
|
2. Annonce dans les magazines
|
- langue anglaise
|
33 000 $
|
- langue française
|
11 000 $
|
3. Démonstration en laboratoire
|
145 000 $
|
4. Ligne téléphonique sans frais
|
300 000 $
|
5. Site Web
|
- conception
|
10 000 $
|
- hébergement (par an)
|
1 200 $
|
- maintenance (par an)
|
1 200 $
|
6. Brochure (polychrome - rédaction,
conception et coûts de production initiale
de 7 500 exemplaires)
|
20 000 $
|
Nota :
-
Réseau CTV - annonce de 30 secondes aux
heures de grande écoute.
-
Châtelaine, un seul passage (dans un
numéro).
-
Démonstration offerte par le SABIC
d'Ag-West Biotech
-
Ligne sans frais du CIBA.
-
Coûts de conception et d'hébergement
basés sur ceux du CIBA; les sommes sont
évidemment variables, et le coût de la
conception d'un site par une entreprise
commerciale peut aller jusqu'à 50 000 $ ou
même 100 000 $, selon les caractéristiques
demandées. Le chiffre indiqué pour la
maintenance est un minimum; le coût variera selon
la fréquence et le genre des mises à
jour.
-
D'après la brochure polychrome du CIBA
intitulée Un appétit croissant pour
l'information - rédaction,
conception et production initiale de 7 500 exemplaires.
-
Autres initiatives
internationales
La question des aliments GM pose des enjeux que doit
affronter l'ensemble de la collectivité
mondiale. Les délais à respecter ne nous ont
pas permis de passer en revue toutes les pratiques
conçues dans le but de répondre aux divers
besoins du public en matière d'information,
mais nous avons quand même effectué une
étude limitée sur ce que font les autres
pays et les autres institutions. Voici donc un court
résumé des pratiques innovatrices en usage.
-
Biotechnology Information
Initiative (US Department of Agriculture)
Ce programme offre un certain nombre de sites Web
sur les questions de biotechnologie. L'un des
plus utiles est celui de Biotechnology
Information Resource, tenu par la
National Agricultural Library du Department of
Agriculture des États-Unis. Ce site donne
accès à plusieurs sources, services et
publications couvrant de nombreux aspects de la
biotechnologie agricole.
Lors de notre toute dernière visite au site,
nous y avons trouvé de nouvelles
entrées, dont les rapports les plus
récents provenant de sources diverses, y
compris la Fondation Rockefeller; le rapport
d'un comité du Congrès sur la
biotechnologie végétale; des
exposés de principe provenant d'ONG; et
un sommaire des liens avec la presse. Le site donne
aussi accès à des liens vers
d'autres sites Web de biotechnologie agricole;
à un lien en « RealAudio » avec
des sources diverses telles qu'une radio
publique nationale (qui diffusait alors une
série sur les aliments GM); à des
bibliographies; à des ressources didactiques;
à des renseignements sur l'emploi;
à des données sur les brevets; et
à d'autres documents
fédéraux sur la biotechnologie.
Ce site, le site Web central d'information sur
la biotechnologie agricole, a de nombreux points
forts, notamment :
-
La diversité de ses sources - On
y trouve des catégories assez
variées de sources, y compris le
gouvernement, l'industrie, le secteur
sans but lucratif, les ONG et les
universités. Le site présente
des documents de groupes aux opinions
divergentes, p. ex., l'Union of
Concerned Scientists et RAFI.
-
L'actualité de
l'information - Certaines sections
du site sont mises à jour presque
quotidiennement, et les autres,
fréquemment.
-
Son utilité pour un large
éventail d'utilisateurs -
Le contenu du site peut rendre service aux
collectivités
d'intéressés, aux
enseignants, aux élèves, aux
chercheurs et au grand public.
Un site connexe d'information, celui de
l'Agricultural Network Information Centre
(AgNIC), < www.agnic.org >, offre
un modèle de diffusion qu'il vaudrait
la peine d'examiner de plus près.
Même si le site d'AgNIC se consacre aux
questions d'agriculture en
général, et non pas surtout à
celles de biotechnologie agricole, son mode de
fonctionnement est fort original. L'AgNIC est
le fruit d'une alliance entre des
bibliothèques d'universités
américaines du réseau
land-grants (des universités
fondées lors de la colonisation de
l'Ouest américain et auxquelles le
gouvernement avait alors concédé des
terrains à la condition qu'elles se
consacrent premièrement aux études en
agriculture), d'autres bibliothèques
spécialisées en agriculture, des
services de vulgarisation et d'autres
organismes semblables. L'AgNIC axe ses
activités sur la diffusion
d'information agricole de qualité par
voie électronique sur le Web. Chacun des
organismes participants assume la
responsabilité de segments particuliers de
l'information agricole et se charge de la
conception et de la mise en fonctionnement de pages
Web dans son domaine de responsabilité.
Il s'agit d'un modèle par
répartition de traitement qui offre à
ses membres de nombreux avantages qu'ils ne
pourraient pas se procurer individuellement.
L'alliance, qui prend ses décisions par
consensus dans tout la mesure du possible, est
fondée sur la coopération et la
collaboration, une structure opérationnelle
dynamique et la volonté de maintenir au plus
bas niveau possible les frais généraux
et la direction bureaucratique centrale. Chaque
université participante a un membre
siégeant au conseil de rédaction de
l'AgNIC. Chaque membre responsable d'un
domaine de spécialisation
désigné coordonne la surveillance de
l'information sur Internet et dans
d'autres sources afin de repérer les
systèmes d'information qui pourraient
servir au Centre, et repère et propose des
bases de données permettant le suivi de
sujets particuliers.
Il serait peut-être possible, au Canada,
d'élaborer un modèle semblable
de diffusion de l'information, basé sur
une alliance entre universités au sujet de la
biotechnologie et sur une collaboration
étroite avec Santé Canada,
l'Agence canadienne d'inspection des
aliments et Agriculture et Agroalimentaire Canada.
On trouve au Royaume-Uni un autre site très
utile, celui du National Centre for Biotechnology
Education . Le site, exploité par
l'université de Reading, est ouvert
depuis 1985 et il n'est financé ni par
l'État ni par l'industrie, mais
à l'aide des droits d'inscription
au cours. Son objectif premier est de «
promouvoir l'enseignement de la
biotechnologie, et non pas la biotechnologie en soi
», une distinction importante qui se manifeste
dans le contenu du site. Tel qu'indiqué
dans l'énoncé de mission du site
: « Il est essentiel de comprendre la
biotechnologie et les façons dont elle est
mise en application et réglementée et
de tenir un débat éclairé au
sujet des enjeux qu'elle crée, si nous
voulons que la société dans sa
totalité tire avantage des bienfaits de la
technologie, tout en réduisant au minimum les
conséquences néfastes
appréhendées par bien des gens
». Le site présente des documents
d'actualité, des bulletins
parlementaires, des rapports et des
évaluations d'essais sur le terrain et
des renseignements concernant la
réglementation.
-
Biotechnology
Australia
Tout comme le système canadien, le
système australien de réglementation
de la biotechnologie engage la participation de
plusieurs ministères et organismes (huit dans
le cas de l'Australie). C'est seulement
l'an dernier qu'ils ont tous
été intégrés sous
l'appellation commune de Biotechnology
Australia, afin de rendre le système
aisément reconnaissable par les consommateurs
et de faciliter l'accès au
système d'information sur la
réglementation.
Biotechnology Australia, < www.isr.gov.au >, a
maintenant élaboré un certain nombre
d'initiatives en vue de répondre aux
besoins d'information des consommateurs
australiens. L'organisme a produit un
dépliant présentant une série
de sept questions et réponses. Les questions
sont les suivantes : 1) Qu'est-ce que la
modification génétique? 2) Pourquoi se
servir de la modification génétique?
3) Comment les consommateurs peuvent-ils
déterminer qu'un produit alimentaire
est génétiquement modifié? 4)
Quels aliments sont génétiquement
modifiés? 5) Qui est chargé de
réglementer la technologie
génétique et la sécurité
de cette technologie? 6) Qui est chargé de
garantir la salubrité de nos aliments, y
compris les aliments GM? 7) Où puis-je
trouver d'autres renseignements à ce
sujet? Ces dépliants faciles à lire
font l'objet d'une vaste distribution
dans les supermarchés et les autres points de
vente au détail d'aliments.
Biotechnology Australia a également mis sur
pied un service d'information sur la
technologie génétique, le Gene
Technology Information Service, qui consiste en une
ligne téléphonique sans frais.
L'organisme annonce également trois
adresses de site Web (celles de
l'Australia-New Zealand Food Authority, de la
Commonwealth Science and Industry Research
Organization et de Biotechnology Australia),
où trouver aussi de l'information sur
la technologie génétique. La
Commonwealth Scientific and Industrial Research
Organization (CSIRO) d'Australie a mis
à jour, dans son site, les sections «
conviviales » de technologie
génétique, c'est-à-dire
celles dont l'information est facile à
trouver et présentée sous une forme
facile à comprendre et qui répondent
à la plupart des questions susceptibles de
venir à l'esprit du consommateur
ordinaire. Fait intéressant, le site offre
des renseignements aussi bien sur les risques que
sur les avantages de la technologie
génétique et signale les domaines
où l'incertitude persiste.
Enfin, Biotechnology Australia entame une
série de forums grand public sur la
technologie génétique. La tenue de ces
forums a pour but d'atteindre les
collectivités rurales. Des
conférenciers invités
s'exprimeront sur des thèmes tels que
les points de vue des scientifiques, des industriels
et des cultivateurs, les avantages et les risques de
la technologie, et le système de
réglementation. Selon le communiqué
annonçant leur lancement, « les forums
grand public n'ont pas pour but de promouvoir
la biotechnologie ou quelque produit que ce soit,
mais plutôt de donner des renseignements
factuels sur les arguments pour et contre la
technologie et d'expliquer toutes les
incidences de la biotechnologie sur
l'agriculture, la santé et
l'environnement » (communiqué,
< www.isr.gov.au >, 19
avril 2000).
-
CropGen
(Royaume-Uni)14
Parmi les initiatives lancées par
l'industrie européenne de la
biotechnologie, il faut mentionner CropGen, un
programme d'information à
l'intention des consommateurs et des
médias qui a pour but déclaré
de « justifier les aliments GM en apportant
une certaine mesure de réalisme et
d'équilibre au débat public sur
la biotechnologie agricole au Royaume-Uni ».
L'originalité de la démarche
tient au fait qu'une partie du projet comprend
une commission formée de huit scientifiques
renommés venus de disciplines telles que les
sciences végétales, la microbiologie
alimentaire et la consommation, cette commission
étant chargée de répondre aux
questions du public et des médias. Les
questions sont acheminées à la
commission par courriel, au site < www.cropgen.org >,
ou par téléphone au tarif local, et
chacune reçoit sa réponse propre; le
site Web affiche aussi une FAQ en ligne. Ce recours
à une commission de scientifiques ne se voit
encore nulle part ailleurs. La commission offre un
moyen immédiat de réagir aux enjeux
dès qu'ils se pointent, grâce
à ses membres qui peuvent se prêter
alors à des débats publics ou à
des entretiens avec les médias. Les membres
de la commission répondent également
à des questions posées en ligne.
Lorsque des problèmes nouveaux se font jour
dans le domaine de la biotechnologie, que le
gouvernement prend des mesures ou que des groupes
opposés à la modification
génétique font ou disent quelque chose
de pertinent, la commission est invitée
à réagir. Elle s'efforce
actuellement de prendre les devants plutôt que
d'offrir des réactions.
Le programme est financé par
l'industrie de la biotechnologie agricole et
il vient de retenir les services d'une agence
de communication qui se chargera des travaux
administratifs de routine. Les membres de la
commission ne sont pas
rémunérés par l'industrie
pour leur participation et ne sont pas sont plus
à l'emploi, à quelque titre que
ce soit, de l'une ou l'autre des
entreprises commanditaires. Ces entreprises et les
membres de la commission tiennent leurs
réunions séparément et ne sont
jamais en contact sauf par l'entremise de
l'agence de communication. Ce mode de
fonctionnement permet à la commission de
conserver une entière autonomie
d'action (Moses, 2000). Le budget total de ce
projet d'une année
s'élève à près de
500 000 £ (1,125 M$CAN).
Il n'en reste pas moins que CropGen a
l'inconvénient d'être
financé par l'industrie de la
biotechnologie et qu'il est clairement le
résultat du soulèvement violent de
l'opinion publique contre les aliments GM au
Royaume-Uni, ainsi que des succès
remportés auprès des médias par
des groupes comme Greenpeace et Les Ami(e)s de la
Terre.
-
Commission européenne
: Informer le public européen au sujet de la
biotechnologie (programme EBE)
Ce programme est destiné à inventorier
les renseignements déjà en circulation
sur la biotechnologie et à proposer les
pratiques exemplaires à utiliser pour initier
et sensibiliser la population à cette forme
de technologie. Il s'agit
d'évaluer les initiatives
d'information du public mises en oeuvre dans
les pays membres et de voir si les perceptions et
les attitudes du public pourraient être
liées à l'information
disponible, à son accessibilité et aux
pratiques nationales. L'initiative engage la
participation de 12 des 15 pays membres de
l'Union européenne ainsi que celle de
la Suisse et des États-Unis (surtout la
Californie, qui sert de base de comparaison avec les
États- Unis). Le programme examinera les
sources d'information dans les médias
et sur Internet, les documents et les
méthodes utilisées ainsi que le
matériel d'information produit par
d'autres intervenants tels que les industriels
et les groupes de défense du bien public. On
espère que les États membres de
l'UE apprendront les uns des autres. Le
programme comprendra un sondage, à
miparcours, en vue dégager des points de
corrélation entre les perceptions du public
et les ressources d'information qui sont
à sa disposition. Le site Web du Programme
est au < www.boku.ac.at/iam/ebe/
>.
Le projet est financé par la Commission
européenne de l'UE dans le cadre de
deux programmes : le réseau de formation des
chercheurs et le programme de sensibilisation du
public. Il a démarré en février
2000 et devrait s'étendre sur deux ans.
Son budget est de 268 000 euros (377 880 $CAN)15.
-
Consumentenbond
(Pays-Bas)
Au Pays-Bas, le gouvernement accorde des fonds
à l'association nationale des
consommateurs, appelée
Consumentenbond, pour faire fonctionner un
service téléphonique direct et sans
frais où les intéressés peuvent
adresser leurs questions sur la biotechnologie. En
outre, il se tient des discussions publiques et des
conférences consensuelles afin
d'attirer l'attention des médias
et d'élargir la portée des
initiatives de participation du public.
-
Cadre d'éthique
servant de base au débat public
(Danemark)
Le Danemark reconnaît depuis longtemps que le
recours à la biotechnologie et au
génie génétique est une
question très politique. Partant de
là, le gouvernement danois a adopté,
en ce qui concerne la réglementation de la
biotechnologie, une démarche faisant
intervenir un échantillon vaste et
représentatif de la population dans le
processus décisionnel. À titre
d'exemple, le Danemark a été
l'un des premiers États à
recourir aux conférences de citoyens pour
faire participer les gens ordinaires au débat
sur les questions de technologie (Einsiedel, 1998 et
2000a). Il y a peu, devant l'intensification
des débats publics sur les produits de la
biotechnologie, le gouvernement danois a fait
préparer et paraître un document public
de travail présentant un cadre
d'éthique dans lequel inscrire le
développement, la gestion, l'analyse et
l'utilisation de la biotechnologie.
Élaboré par un groupe d'experts
en sciences naturelles, en sciences de la
santé, en sciences sociales et en
philosophie, le document sur des bases
d'éthique pour les décisions
à prendre en matière de génie
génétique intitulé « An
Ethical Foundation for Genetic Engineering Choices
», fait valoir l'idée
d'encadrer le débat public et les
décisions publiques dans un contexte
d'éthique.
Ce cadre d'éthique décrit les
principes en fonction desquels devraient
procéder le développement et
l'utilisation de la biotechnologie et, tout
spécialement, l'exercice du
génie génétique. Entre autres
éléments, le document explique
certains objectifs sociaux clés tels que la
promotion de la qualité de la vie, le respect
de l'autonomie et de la dignité
humaines et le souci de
l'intégrité et de la
vulnérabilité de la vie. On y indique
aussi certaines des conditions seuils de la pratique
du génie génétique, en
rejetant, par exemple, la recherche sur les cellules
souches et en précisant les conditions dans
lesquelles seraient permises les manipulations
génétiques portant sur des animaux. Le
document de travail met aussi l'accent sur la
préservation de la pérennité de
l'environnement et il énonce les
principes du débat et de la prise de
décision démocratiques
(ministère de l'Industrie et du
Commerce du Danemark, 2000).
Ce genre d'initiative axée sur
l'éthique ne se pratique qu'au
Danemark.
-
Pratiques
exemplaires
À ce point de notre propos, nous pouvons
énoncer les traits caractéristiques
d'une programmation idéale
d'activités d'information propres
à répondre aux besoins des
consommateurs. La détermination de ces
attributs se base en partie sur notre examen du
contexte général qui entoure
actuellement les différents publics canadiens
ainsi que leurs attitudes et leurs aspirations en ce
qui concerne la biotechnologie et les modèles
et contenus d'information qu'ils
jugeraient les plus utiles. Elle se base aussi sur
notre étude des divers programmes existants
de diffusion de l'information.
Voici donc les caractéristiques des
démarches d'information à
privilégier :
-
Des canaux variés. Les
consommateurs n'ont pas tous les
mêmes compétences, les
mêmes antécédents ni les
mêmes intérêts. Aucun mode
particulier de diffusion de
l'information (magazines, campagne
télévisée, etc.) ne
pourra donc répondre aux besoins de
tous. Par conséquent, il conviendrait
de recourir à la gamme la plus
variée possible de moyens, compte tenu
des ressources disponibles.
-
Un système d'information
complet. Bien qu'il soit
possible de définir des ensembles de
questions ou d'enjeux fréquemment
soulevés par les consommateurs, il
faudrait aussi voir à combler les
besoins d'information particuliers de
tous les groupes. Les consommateurs
relativement plus éclairés
rechercheront peut-être une information
approfondie dans tel ou tel domaine de la
biotechnologie. Ce que nous appelons le grand
public englobe des groupes d'une grande
diversité allant de ceux qui ne savent
rien de la biotechnologie à ceux, par
exemple, les agriculteurs, qui
possèdent déjà des
connaissances spécialisées sur
un éventail particulier de questions en
cette matière. Et entre les deux se
retrouvent des gens qui représentent
toute la gamme possible des
intérêts, des priorités et
des valeurs ayant trait à la
biotechnologie.
-
Des réponses
immédiates. Un des avantages
de l'information en direct (par
téléphone ou par courriel) est
le fait de pouvoir entrer immédiatement
en rapport avec des sources de réponses
aux questions que l'on se pose. Ce peut
être également un avantage des
sites Web.
-
Une prise en compte de toutes les
questions pertinentes en plus de la
sécurité. Selon les
constatations des différentes
recherches sur les perceptions du public,
même si l'aspect
sécurité de la biotechnologie
reste l'une des préoccupations
premières de diverses catégories
de citoyens, la population s'interroge
sur plusieurs autres dimensions de la
technologie. Mentionnons à titre
d'exemple : Quelles sont les incidences
possibles de telle ou telle application sur
l'environnement? Comment pouvons-nous
garantir que les questions touchant la
protection des animaux recevront toute la
considération voulue? Les avantages et
les risques sont-ils répartis
équitablement ou y a-t-il des groupes
qui seront la cible d'une part
disproportionnée des bienfaits ou des
dangers?
-
L'objectivité.
Il faut bien l'admettre, aucune
technologie ne promet que des avantages et une
absence totale de risque, et à peu
près aucune ne peut se réclamer
d'une base de connaissances
complète et définitive.
L'objectivité exige la prise en
compte des avantages et des risques ainsi que
des éléments inconnus aussi bien
que des incertitudes. La plupart des
programmes d'information actuels
pèchent par manque
d'objectivité.
-
La transparence. Faut-il
être en possession de toute
l'information pour pouvoir poser un
jugement relativement à un message, une
décision, un procédé,
etc. compte tenu de certaines contraintes
telles que celles dictées par le
principe de la protection des renseignements
personnels?
-
L'accessibilité.
Y a-t-il eu des recherches afin de recenser
les compétences des consommateurs et
leurs possibilités d'accès
à la technologie? Les programmes
d'information disposent-ils de personnes
sur place pour recevoir les demandes de
renseignements du public? Et dans
l'affirmative, ces personnes ont-elles
les moyens voulus pour répondre aux
demandes?
Ces attributs ont trait au processus qui permettra
d'amener les consommateurs à prendre
conscience de la biotechnologie et à mieux en
comprendre les dimensions et les enjeux. Il ne
s'agit de reprendre l'éducation
des consommateurs dans le but de leur faire accepter
la biotechnologie, mais plutôt de respecter le
droit des consommateurs à être mieux
informés au sujet d'une technologie et
de ses applications qui influent sur tous les
aspects de leur vie.
Dans leur évaluation des besoins de
régie associés à deux
technologies stratégiques, soit
l'informatique et la biotechnologie, Fukuyama
et Wagner (2000) soutiennent que les méthodes
d'information publique ne peuvent plus rester
unilatérales. Selon eux, il faut adopter des
modèles décisionnels à
participation plus vaste, par exemple, les conseils
de citoyens, et faire appel plus largement aux ONG.
Notre expérience des conseils de citoyens
nous convainc de nous ranger à l'avis
de ces auteurs (Einsiedel et Eastlick, 2000; Sclove,
1998).
-
Conclusions et recommandations
L'examen du contexte de l'information publique au
Canada nous permet de dégager un certain nombre de
constatations générales :
-
Même si la question des aliments GM fait encore
relativement peu de bruit au Canada, elle est
néanmoins très présente dans
l'actualité en raison d'une couverture
médiatique de plus en plus importante, de
l'intensification de l'action des ONG pour
souligner les risques éventuels, des
réactions des partisans de la biotechnologie
désireux de contrer les messages alarmants et du
débat qui continue de faire rage en Europe au sujet
des aliments GM. Il semble également que les
Canadiens soient de plus en plus sensibilisés aux
enjeux et que cette prise de conscience suscite chez eux
des préoccupations et des doutes.
-
En examinant ce que nous savons déjà au
sujet des processus décisionnels et des
méthodes de traitement de l'information mis
en oeuvre par les consommateurs, il est clair
qu'entrent en jeu certains facteurs tels que la
perception du risque, l'accessibilité de
l'information, le coût de la recherche de
renseignements et la confiance envers les institutions. La
prise en compte de toutes ces dimensions peut contribuer
beaucoup à l'élaboration d'un
programme efficace et efficient de communication.
-
Il circule actuellement de grandes quantités
d'information qui font valoir uniquement les risques
ou uniquement les avantages des aliments GM, mais
très peu de renseignements neutres qui soient
propres à encourager les consommateurs à
juger d'eux-mêmes le pour et le contre. Le
Canada n'a pas non plus de source centrale
d'information à laquelle le consommateur
pourrait s'adresser pour se renseigner;
l'information est diffusée
pêle-mêle par des sources diverses. Souvent,
la recherche de renseignements exige une certaine
connaissance du sujet et les données offertes
s'adressent à des gens qui sont
déjà relativement bien informés de la
question.
-
Notre examen de la question de l'étiquetage
donne à penser qu'un cadre
d'étiquetage volontaire se heurterait
à bien des obstacles. Les conditions gagnantes ne
sont pas en place pour l'adoption et la mise en
oeuvre d'un système de ce genre par les
producteurs. Néanmoins, afin de répondre aux
demandes des consommateurs désireux d'en
savoir davantage, et de renforcer la confiance des
consommateurs à l'endroit des aliments GM, il
y a lieu d'envisager sérieusement
l'étiquetage de ces aliments.
L'étiquetage devrait cependant
s'accompagner de programmes d'information et
de sensibilisation pour amener le public à
comprendre en quoi consistent vraiment les processus de
modification génétique.
-
Nous n'avons pu cerner qu'un petit nombre de
« pratiques exemplaires » déjà
appliquées à des programmes
intégrés de communication avec le public.
L'Australie est le pays qui se rapproche le plus de
l'idéal recherché en cette
matière. Les autres programmes locaux et
internationaux décrits dans le présent
rapport offrent des qualités bien précises
dans certains domaines mais souffrent de défauts
sous d'autres aspects.
Devant ces conclusions, que pouvons-nous recommander comme
moyens de relever le défi de l'information du
public?
Nous recommandons que toute activité de
communication se fonde avant tout sur un cadre
d'éthique au sein duquel envisager la
biotechnologie. Cette recommandation emprunte à
l'initiative danoise d'énoncer les principes
fondamentaux qui orientent l'expansion et
l'utilisation nationales de la biotechnologie. Comme le
faisait remarquer un rapport de l'ancien comité
consultatif national du Canada en matière de
biotechnologie, « Il sera essentiel, étant
donné les objectifs de ce dialogue,
d'élaborer, aux fins de la prise de
décisions de politique gouvernementale, un cadre
socioéthique destiné à clarifier les
valeurs et à aider les décideurs à faire
face aux différentes questions qui se poseront »
(CCNB, 1998).
Les activités de communication pourront ensuite
procéder en s'appuyant sur deux bases dont la
première est une démarche de communication propre
à renforcer la sensibilisation et la compréhension
du public à l'endroit de la biotechnologie. Nous
esquissons certains des éléments d'une telle
démarche dans le tableau 4 ci-après. Nous voulons
également insister sur le fait que nous ne proposons pas
de convaincre le public d'embrasser la biotechnologie.
Comme le fait remarquer le Nuffield Council on Bioethics
(traduction libre; passage souligné par les auteures du
présent rapport) :
Il s'impose de pousser beaucoup plus loin les efforts
visant à faire connaître et comprendre les
procédés de la modification
génétique, ce qu'ils permettent et ce
qu'ils ne permettent pas. les risques qu'ils
comportent et les moyens de protection utilisés contre
ces dangers possibles. Pour en arriver à une exploitation
sans danger de la modification génétique, il est
important que le public soit entièrement informé
des réalisations qui se produisent dans ce domaine
(Nuffield Council, 2000).
Voilà qui met en évidence la
nécessité de présenter au public, en signe
de respect à son égard, une image plus
réaliste de la biotechnologie. C'est seulement au
prix de ce respect et de ce réalisme que la
biotechnologie se méritera la confiance du public. Comme
le soulignait un aperçu antérieur de la situation
concernant les consommateurs canadiens et la biotechnologie
(traduction libre) : « Les Canadiens ont changé,
tant comme citoyens que comme consommateurs. Nous sommes devenus
plus difficiles à gagner à un produit ou à
une cause et il faut maintenant mériter notre confiance,
et non plus la tenir pour acquise » (Legault et
al., 1998, p. 493).
La deuxième base d'appui des activités de
communication est le besoin d'offrir au public des
possibilités plus fréquentes de participation. Il
s'agit de reconnaître les Canadiens comme des
participants de plein droit à la prise des
décisions concernant une technologie dont les risques et
les avantages toucheront leur vie, qu'ils le veuillent ou
non, et dont les orientations sont déterminées de
façon à correspondre aux grandes valeurs et aux
objectifs de notre société (ces
éléments font l'objet de la figure 2). Ce
genre de démarche visant à faire participer la
population du pays tout entier est maintenant en voie de mise en
application.
Figure 2 - Un cadre décisionnel en
biotechnologie
![Figure 2 - Un cadre décisionnel en biotechnologie](/web/20071116041936im_/http://cbac-cccb.ca/epic/site/cbac-cccb.nsf/vwimages/PublicNeedInfo_figure2_f.jpg/$FILE/PublicNeedInfo_figure2_f.jpg)
Le gouvernement fédéral a un rôle primordial
à jouer pour ce qui est d'informer les Canadiens
sur les modes de réglementation de la biotechnologie,
afin de donner réponse aux questions concernant la
sécurité et la gestion du risque. Les initiatives
gouvernementales de diffusion d'information sur la
salubrité des aliments GM représentent un premier
pas important dans le traitement des questions de
réglementation. L'État fait cependant face
à un défi, celui de la perception d'un
conflit d'intérêts, en raison de son
intervention dans la promotion de la biotechnologie. Le
gouvernement du Canada ne s'est pas expliqué assez
clairement sur le rôle de cette technologie dans
l'économie nationale et sur les mesures prises pas
l'État pour maintenir un équilibre entre ses
deux champs d'intérêts, soit
l'information du public et la promotion de la
biotechnologie. Nous recommandons que le gouvernement
présente aux Canadiens une image complète des
initiatives de recherche mises en oeuvre par l'État
et financées par les deniers publics; des mesures prises
concernant les objectifs de pérennité de
l'environnement, et de leur poids en comparaison de celui
des objectifs économiques; et des processus de
réglementation mis en place pour garantir la
sécurité et gérer le risque.
Il est essentiel aussi de renforcer les modes d'action
conjointe avec les autres ordres de gouvernement. Les
gouvernements provinciaux sont en train d'élaborer
leurs propres programmes et, autant que possible, il
faudrait coordonner plus efficacement les initiatives
fédéralesprovinciales afin d'éviter
les redondances, d'exploiter plus judicieusement les
ressources, qui sont restreintes, et de trouver des moyens de
délimiter le contexte de l'information sur la
biotechnologie.
Nous recommandons également la formation de
partenariats avec d'autres intervenants en vue
d'élaborer des démarches plus efficaces de
diffusion de l'information. Le modèle de
réseau de distribution adopté aux
États-Unis par l'Agricultural Information Network
mérite peut-être un examen. Un programme de ce type
pourrait faire appel à diverses universités
canadiennes regroupant différents ensembles de
compétences spécialisées. Ce concept
d'une « bibliothèque nationale de
renseignements » sur la biotechnologie a
déjà été évoqué et
devrait être réétudié (Purchase,
1998).
À l'instar de l'Association des consommateurs
du Canada, nous recommandons que les consommateurs aient
accès à un guichet unique d'information sur
la biotechnologie. Le site BRAVO mis sur pied à
l'intention des industries ne sera pas aussi utile aux
consommateurs que ne le serait un site Web conçu
spécialement pour eux, qui pourrait être
créé et administré conjointement par
Santé Canada et le Bureau de la consommation.
En concordance avec la position d'éthique
adoptée en matière de diffusion de
l'information, il convient d'instituer
l'étiquetage des produits. Retarder le
processus ne fait qu'accroître la peur et la
méfiance à l'endroit des aliments GM.
En ce qui concerne les autres intervenants (l'industrie,
les ONG), leur rôle est mieux défini et peut donc
se jouer selon les intérêts particuliers de chacun.
Tel qu'escompté, l'industrie fera valoir les
avantages de la technologie et certaines ONG mettront de
l'avant surtout les risques et les incertitudes. Les deux
points de vue devront être intégrés au
mélange de messages qui composeront le discours public.
Nous sommes d'avis que les difficultés de
régie concernant la biotechnologie sont telles que
l'information doit être considérée
comme un droit du public, une ressource nécessaire
à la prise de décision et un moyen de faire
participer plus activement la population au règlement des
enjeux, ce qui, en retour, rendra plus efficace et plus
démocratique la régie de la biotechnologie.
-
Modèle de
stratégie
Certaines exigences à respecter au moment
d'élaborer un programme d'information du
public sur les aliments GM
-
Il faut déterminer des segments de la population
consommatrice qui se caractérisent par des
préoccupations, des valeurs et des besoins
d'information différents concernant les
aliments GM et dont les besoins, préoccupations et
valeurs sont susceptibles d'influencer les
décisions des ménages en matière
d'achat de produits alimentaires; la
détermination de ces segments pourrait se faire
selon des facteurs démographiques (revenu,
scolarité, région, profession, taille de la
ville ou de la collectivité, âge, nombre
d'enfants) et sur des facteurs de
personnalité et de mode de vie (importance
accordée à la santé et à la
nutrition, degré de préoccupation pour le
genre humain dans son ensemble, intérêts
politiques, génération de consommateurs, par
exemple, les enfants du baby boom).
-
Il faut tenir compte du sexe dans les groupes cibles; les
femmes sont plus portées que les hommes à se
méfier de la biotechnologie et à accorder
une importance supérieure aux risques
éventuels des aliments GM.
-
Il faut tenir compte des différences
régionales qui se traduisent par des
prédispositions différentes par rapport aux
aliments GM, par des valeurs différentes et par des
méthodes différentes de recherche
d'information. À titre d'exemple, les
consommateurs québécois accordent une
importance relativement plus grande à la
santé et à l'alimentation, et ce par
tradition (p. ex., préservation des recettes
d'antan); dans le sud de l'Ontario, les
consommateurs s'intéressent relativement plus
à l'agriculture.
-
Il faut tenir compte de l'âge des
consommateurs visés; habituellement, les personnes
âgées et les jeunes adultes (la
génération moi-je, les 18 à 25 ans)
sont ceux qui manifestent le plus de scepticisme et
d'esprit critique à l'endroit des
pratiques de l'État et de celles des
entreprises en général. Il faut
s'attendre à ce que ces groupes
d'âge soient les plus méfiants au sujet
des aliments GM.
-
Il faut tenir compte de la présence ou de
l'absence d'enfants dans les ménages
des groupes cibles; tout laisse prévoir que les
consommateurs ayant des enfants vivant auprès
d'eux (et donc susceptibles de subir les effets
néfastes possibles de la biotechnologie) seront
plus intéressés à se renseigner sur
les aliments GM.
-
Il faut tenir compte du degré de connaissances des
personnes des groupes cibles. Les consommateurs
relativement peu informés seront moins
disposés à lire ou écouter des
renseignements sur les risques et les avantages des
aliments GM et à traiter cette information pour la
stocker en mémoire; il sera donc important, afin de
les aider à surmonter ce qui peut être une
apathie naturelle, de les préparer d'abord en
leur faisant comprendre la nécessité de
chercher des renseignements objectifs sur le sujet. En
comparaison, les consommateurs relativement bien
informés devraient s'avérer des gens
à scolarité plus élevée,
à revenu supérieur et pourraient
correspondre aussi à une population rurale. Il est
possible que ces gens bien informés soient
animés d'un intérêt
supérieur envers l'information sur les
aliments GM et possèdent une capacité
supérieure de compréhension des
renseignements sur les risques et les avantages
associés à ces aliments.
-
Il faut tenir compte de la crédibilité de la
source d'information que l'on se propose
d'utiliser pour transmettre un message au sujet des
risques et des avantages des aliments GM; il est clair que
les sources gouvernementales ne jouissent pas d'une
grande crédibilité. Dans le cadre
d'une campagne d'information, il pourrait
s'imposer d'abord de démontrer que les
renseignements proviennent d'une source
respectée, par exemple, un groupe de scientifiques
universitaires ou d'exploitants agricoles.
-
Il faut prévoir des intermédiaires
crédibles (enseignants, infirmières,
médecins, chefs religieux, pharmaciens) et
définir le rôle que ces personnes peuvent
jouer pour transmettre des renseignements objectifs au
grand public.
-
Il faut tenir compte de prédispositions possibles,
à l'égard des aliments GM, qui
pourraient se révéler difficiles à
modifier. Dans le cas de gens ayant une
prédisposition extrêmement négative,
il faudra d'abord chercher les moyens de leur ouvrir
l'esprit afin qu'ils acceptent des
renseignements objectifs.
-
Il faut veiller à rendre facile l'exposition
et l'accès à l'information,
surtout dans le cas des consommateurs qui n'ont pas
un intérêt naturel à se renseigner sur
les aliments GM; cela veut dire recourir à des
systèmes originaux, créateurs et interactifs
de diffusion de l'information.
-
Il faut rechercher des moyens et des méthodes
rentables pour atteindre tel ou tel segment cible de la
population. Moins la segmentation s'effectue en
fonction de contraintes démographiques et-ou
psychographiques et plus le segment défini
représentera la masse et plus grande sera
l'efficience avec laquelle ses composants pourront
être touchés. Par contre, plus un message est
orienté sur une cible étroite correspondant
à des éléments bien précis des
besoins d'information et des valeurs des
destinataires, et si le message est présenté
dans un lieu où les membres du segment visé
passent une partie de leur temps, plus efficace sera le
message pour ce qui est d'informer le segment en
question au sujet des risques et des avantages des
aliments GM. Ce genre de stratégie pourrait
facilement faire l'objet d'essaispilotes sur
un ou plusieurs segments délimités, et
être ensuite évalué au moyen
d'un suivi visant à en déterminer le
degré d'efficacité.
Le tableau 4 montre les groupes cibles possibles d'une
campagne d'information visant à transmettre des
renseignements complets au sujet des aliments GM. Pour chaque
segment, le tableau présente des données de base;
les objectifs de la campagne d'information; les outils
originaux qui pourraient être utilisés; les
médias qui pourraient être utilisés; une
évaluation de la rentabilité de
l'activité pour ce qui est de toucher chacun des
groupes cibles; et les questions ou interrogations auxquelles il
faudra d'abord trouver réponse au sujet de chaque
groupe cible.
Le tableau 5 montre les médias qui pourraient servir
à remplir les besoins d'information du public dans
le cadre d'une campagne de sensibilisation de ce genre.
Tableau 4 : Campagne de communication - Publics
cibles et points à considérer
Segments cibles possibles*
|
Données de base
|
Objectifs de communication
|
Outils originaux
|
Médias utilisés
|
Niveau de rentabilité à escompter
|
Questions de recherche
|
Consommateurs relativement peu informés sur la
biotechnologie
|
- faible capacité de traitement de
l'information en raison d'un manque de
connaissances de base
- peu intéressés et peu attirés
par des messages nouveaux
|
- leur inculquer une disposition positive à
recevoir et à chercher de l'information
sur les aliments GM
- les motiver à retenir des renseignements
objectifs sur les aliments GM
|
- peut-être des aides visuelles attrayantes pour
attirer l'attention et stimuler le traitement de
l'information
- messages de nature peu technique
- outils créateurs et interactifs pour
rehausser la participation et
l'intérêt
|
- médias variés afin de maximiser les
possibilités d'exposition à
l'information
|
- de faible à modéré puisque
l'attention ne sera pas optimale et qu'il
faudra recourir à de nombreux médias
|
- corrélation précise entre les traits
démographiqu es et le faible niveau de
connaissances?
|
Consommateurs relativement bien informés sur la
biotechnologie
|
- devraient être intéressés et
aptes à intégrer facilement les
données nouvelles aux données
déjà stockées en mémoire,
et devenir ainsi informés de façon
objective
- probabilité de scolarité et de revenu
relativement élevés, et d'une
population rurale
|
- en faire des consommateurs informés des
risques et des avantages des aliments GM
|
- renseignements détaillés
|
- médias choisis pour transmettre de
l'information détaillée dans la
mesure où le permet le groupe (journaux,
dépliants, magazines, etc.)
|
- de faible à modéré en raison de
la difficulté d'atteindre efficacement le
groupe choisi selon le critère d'un niveau
de connaissances élevé
|
- corrélation précise entre les traits
démographiques et le haut niveau de
connaissances?
|
Femmes
|
- plus rebutées par le risque que les hommes
- il est probable qu'elle prennent ou
influencent les décisions d'achat, surtout
s'il y a des enfants dans le ménage
|
- leur inculquer une disposition positive à
retenir des renseignements objectifs sur les aliments
GM
|
- outils choisis en fonction du niveau actuel des
connaissances
- démarche très pertinente en fonction
des craintes de risque, surtout pour les enfants
|
- magazines ou journaux féminins
- forums de consommateurs
|
- relativement rentable si l'on peut utiliser les
journaux et magazines féminins de masse
|
- niveau de connaissances et prédispositions
actuels
|
Hommes
|
- moins rebutés par le risque et plus
disposés que les femmes à accepter les
progrès technologiques
|
- informer les consommateurs de sexe masculin au sujet
des risques et des avantages des aliments GM
|
- messages fondés sur des faits
|
- magazines ou journaux masculins
|
- relativement rentable
|
- prédisposition actuelle
|
Consommateurs du Québec
|
- accordent traditionnellement plus d'importance
à la santé
- accordent de l'importance aux plats et
recettes traditionnels
- réagissent positivement aux porte-parole qui
sont des personnalités du cru
|
- amener les consommateurs à s'informer
des risques et des avantages des aliments GM
|
- porte-parole et sources bien connus du public afin de
maximiser la crédibilité et
l'attention
- choisir la démarche en fonction des valeurs
culturelles
|
- journaux, magazines, télévision (ce
groupe regarde beaucoup la télévision)
|
- relativement rentable si le seul critère est
la région
|
- attitudes, valeurs, connaissances et influences
culturelles précises actuelles
|
Autres segments régionaux?
|
|
|
|
|
|
- base de segmentation : culture? valeurs? attitudes?
|
Groupe cible d'adultes et-ou de personnes
âgées
|
- habituellement sceptiques à l'endroit du
gouvernement
|
- les motiver à chercher et à retenir des
renseignements sur les risques et les avantages des
aliments GM
|
- messages simples et clairs
- démarche choisie en fonction des besoins des
personnes âgées
- porte-parole choisis parmi les personnes d'un
certain âge
|
- magazines destinés aux retraités,
dépliants à distribuer dans les
établissements de soins et les maisons de
retraite
|
- peu rentable car l'attention sera
peut-être faible et le groupe peut se
révéler coûteux à atteindre
|
- connaissances et prédispositions actuelles
|
Groupe cible de la génération moi-je
|
- groupe ayant beaucoup d'influence dans la
société
- groupe qui sera éventuellement dominant
- habituellement sceptique à l'endroit
des entreprises, de l'industrie, du gouvernement
(de toute figure d'autorité)
|
- les motiver à chercher des renseignements sur
les risques et les avantages des aliments GM afin de
pouvoir prendre leurs propres décisions
éclairées à ce sujet
|
- difficulté possible de trouver une source
crédible pour ce groupe (un « pair
»), mais la crédibilité est
essentielle à une communication efficace
- choisir la démarche en fonction des valeurs
du groupe
|
- messages axés sur ce groupe dans les
magazines, à la radio et à la
télévision
- occasions de participer à des discussions (p.
ex., forums de consommateurs)
|
- peu rentable, groupe difficile à atteindre
|
- prédispositions
- trouver la méthode et la source les plus
efficaces et les plus originales (essais
nécessaires)
|
Groupe cibles de la génération de
l'aprèsguerre
|
- segment aux intérêts relativement
homogènes (souci de la qualité, attrait
des images des années 1960 et 1970,
scolarité relativement élevée) et
pouvoir d'achat relativement fort
|
- les motiver à retenir des renseignements
objectifs au sujet des aliments GM
|
- recours à des phrases et des images
pertinentes pour retenir l'attention
|
- magazines haut-degamme, journaux et magazines
à textes de fond
|
- relativement rentable étant donné le
vaste éventail de médias possibles
|
- attitudes du moment?
|
Groupes de défense des consommateurs
|
- très sceptiques envers l'industrie de la
biotechnologie et le gouvernement
- très sceptiques au sujet des renseignements
contraires à leurs opinions
|
- les motiver à accepter d'être
informés des avantages aussi bien que des
risques des aliments GM
|
- importance de la crédibilité de la
source d'information
|
- exposés présentés par des
personnes crédibles lors de rencontres de ces
groupes
- véhicules de communication permettant la
participation (p. ex., forums de consommateurs)
|
- activité coûteuse à
réaliser et donc peu rentable
|
- possibilité d'ouverture à des
renseignements objectifs?
- perceptions relatives à la
crédibilité des diverses sources?
|
Intermédiaires appartenant au système de
santé (médecins, infirmières,
nutritionnistes, pharmaciens)
|
- se fient peutêtre au système actuel
d'approbation des aliments GM, mais ont des
questions à poser
- un groupe auquel le public devrait faire confiance
|
- les amener à donner, de façon
objective, des renseignements complets sur les risques
et les avantages des aliments GM
- les motiver à retransmettre des
renseignements exacts au grand public
|
- possibilité de donner plus de renseignements
techniques pour que ce groupe ait le sentiment de
comprendre les enjeux
- importance de la nature des messages et de la
crédibilité de la source
|
- dépliants à contenu
détaillé distribués dans les
hôpitaux, les services de santé, les
bureaux de médecins et les pharmacies
|
- activités modérément rentable
pour ce qui est d'atteindre le groupe, mais
coûteuse sur le plan de la distribution
|
génération née de
l'explosion démographique de
l'aprèsguerre
|
Intermédiaires appartenant au système
d'éducation (enseignants, chefs religieux)
|
- il est possible que le public leur fasse confiance
|
- les amener à donner, de façon
objective, des renseignements complets sur les risques
et les avantages des aliments GM
- les motiver à retransmettre des
renseignements exacts au grand public
|
- besoin possible de les motiver à
s'informer
|
- dépliants distribués par
l'intermédiaire des écoles, des
groupes religieux, etc.
|
- activité modérément rentable
pour ce qui est d'atteindre le groupe, mais
coûteuse sur le plan de la distribution
|
- connaissances et prédispositions actuelles
|
Médias
|
- groupe manifestant un mélange de
préjugés
|
- les motiver à transmettre des renseignements
objectifs au public afin de faire connaître toute
la vérité au sujet des aliments GM
|
- contenu direct et honnête
- source d'une grande crédibilité
afin de vaincre le scepticisme des médias
|
- forums médias, communiqués,
conférences de presse
|
- relativement rentable
|
- préjugés précis à
aborder?
- sources perçues comme crédibles?
|
* Nota : Il y a des chevauchements entre les segments.
Tableau 5 - Aperçu des
éléments d'une démarche possible
d'information
Public visé
|
Médias
|
Objectif
|
Raisons de l'efficacité
|
Grand public
|
Messages télévisés
|
Sensibiliser aux avantages et aux risques des aliments
GM
Motiver les gens à chercher plus de
renseignements
|
-
permet de toucher une part importante de la
plupart des segments de population
-
conçue de façon stratégique,
la campagne peut attirer beaucoup
d'attention et stimuler le traitement de
grandes quantités d'information
-
moyen puissant pour motiver la recherche
ultérieure de renseignements
|
(grand public ou auditoire particulier, selon les
médias imprimés choisis)
|
Annonces dans la presse (magazines ou journaux)
|
Sensibiliser aux avantages et aux risques des aliments
GM
|
-
moyen de toucher le public cible en choisissant
bien les médias (femmes au travail et
ménagères, gens d'affaires,
adolescents, personnes allergiques, etc.)
-
rejoint généralement mieux les gens
à scolarité relativement
élevée
-
possibilité de diffuser de grandes
quantités d'information
-
excellentes possibilités d'attirer
l'attention, de motiver le traitement et la
rétention des messages, s'ils sont
de conception originale
|
|
Ligne téléphonique sans frais
|
Sensibiliser aux avantages et aux risques des aliments
GM
Amener les gens à poser des questions
|
-
permet de toucher une bonne part des personnes
intéressées,
préoccupées ou ayant des questions
à poser
-
démarche interactive, souple et dynamique;
permet d'adapter le contenu aux besoins
particuliers d'information
-
possibilités élevées
d'attirer l'attention et de motiver
le traitement de l'information, puisque la
personne qui appelle est déjà
intéressée
|
|
Site Web
|
Sensibiliser aux avantages et aux risques des aliments
GM
|
-
permet de toucher une bonne part des personnes
intéressées
-
permet de toucher une bonne part des personnes
à scolarité élevée
-
démarche interactive et propice à
la participation, et donc propre à
stimuler l'attention et la rétention
-
bien conçue, la démarche est souple
et dynamique puisque chacun peut naviguer
à son gré sur le site pour trouver
l'information recherchée
-
possibilité de renforcer la participation
au moyen de questionnaires, de jeux
-
peut être conçu pour atteindre
divers groupes d'âge aux besoins
d'information différents
|
(contenu pouvant viser les adolescents, les jeunes
enfants, les personnes âgées, les gens
très scolarisés, les gens peu
scolarisés, les groupes ethniques, etc.)
(distribution possible à des groupes
particuliers)
|
Dossiers d'information
|
Sensibiliser aux avantages et aux risques des aliments
GM
Intéresser les gens aux aliments GM
|
-
peut être axé sur des groupes
démographiques particuliers
-
conçue de façon originale, la
démarche peut être interactive et
retenir l'attention
-
possibilité de susciter un niveau
élevé de sensibilisation aux
aliments GM et de transmettre de grandes
quantités d'information
-
rejoint le groupe cible d'une
manière proactive (dans un contexte qui
leur est familier) et active (par la
participation)
-
possibilité de distribution
d'indices de récupération des
données transmises (aimants pour frigo,
calepins de liste d'épicerie,
affiches, etc.)
|
|
Forums d'information, discussions publiques,
tables rondes
|
Sensibiliser aux avantages et aux risques des aliments
GM
Intéresser les gens aux aliments GM
Permettre au public d'exercer son droit à
se faire entendre
|
-
démarche interactive, porteuse de pouvoir
-
moyens proactifs pour toucher le groupe cible
-
degré élevé de
rétention de l'information
|
|
Étiquettes des produits
|
Faire comprendre le mode de fabrication des
produits
Amener les gens à chercher eux-mêmes plus
de renseignements
|
-
aide à prendre des décisions
éclairées au sujet des produits en
vente
-
indique aux gens qu'il serait
peut-être bon de poursuivre leur recherche
d'information
|
Enseignants et élèves
|
Dossiers d'information, autres documents
didactiques
|
Amener une sensibilisation aux risques et aux avantages
des aliments GM par une source fiable et susciter
l'intérêt
|
-
aide à faire connaître les aliments
GM
-
possibilité de participation interactive
des élèves
-
rejoint le public cible là où il
« passe déjà du temps »
|
(également grand public)
|
Exposition itinérante s'arrêtant
près des écoles, des musées, des
cliniques médicales, des hôpitaux, des
services de santé publique, des services de
nutrition, des YMCA/YWCA, des églises, des
centres communautaires et des maisons de retraite dans
les collectivités du pays (un peu comme la
campagne de nutrition menée au Québec
dans les années 1980)
|
Amener une sensibilisation aux risques et aux avantages
des aliments GM par une source fiable et susciter
l'intérêt
|
-
sensibilisation des consommateurs de tous les
âges au moyen de la participation
-
possibilité d'attirer une forte
attention sur le message et de produire un
degré élevé de traitement de
l'information
-
transmission proactive de l'information
(à des consommateurs de tous âges)
-
pourrait comprendre une démonstration en
laboratoire afin de rehausser encore plus la
participation
|
Médias, presse
|
Dossiers de presse, documents de base, matériel
prêt à imprimer ou à
radio/télédiffuser
|
Amener une sensibilisation aux risques et aux avantages
des aliments GM et susciter
l'intérêt
|
-
forte possibilité d'attirer
l'attention sur le message et de produire
le traitement d'un contenu de fond
probablement perçu comme d'origine
objective
-
présente un attrait puissant pour les
intéressés parmi le grand public
|
Détaillants, distributeurs au
détail
|
Campagne de promotion des ventes
|
Amener une sensibilisation et susciter
l'intérêt aux risques et aux
avantages des aliments GM
|
-
permet de sensibiliser les consommateurs, sur le
lieu de vente, aux risques et aux avantages des
aliments GM
|
-
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Annexe 1 - Modèle de traitement de l'information*
![Annexe 1 - Modèle de traitement de l'information](/web/20071116041936im_/http://cbac-cccb.ca/epic/site/cbac-cccb.nsf/vwimages/PublicNeedInfo_appendix1_sm_f.jpg/$FILE/PublicNeedInfo_appendix1_sm_f.jpg)
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Annexe 2 - Réseau sémantique hypothétique
d'information stockée au sujet des « tomates
»
![Annexe 2 - Réseau sémantique hypothétique d'information stockée au sujet des « tomates »](/web/20071116041936im_/http://cbac-cccb.ca/epic/site/cbac-cccb.nsf/vwimages/PublicNeedInfo_appendix2_sm_f.jpg/$FILE/PublicNeedInfo_appendix2_sm_f.jpg)
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Annexe 3 - Conseil d'information sur la biotechnologie
![Annexe 3 - Conseil d'information sur la biotechnologie](/web/20071116041936im_/http://cbac-cccb.ca/epic/site/cbac-cccb.nsf/vwimages/PublicNeedInfo_appendix3_sm_f.jpg/$FILE/PublicNeedInfo_appendix3_sm_f.jpg)
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1 On demandait aux répondants : « Avez-vous vu
ou lu quoi que ce soit sur la biotechnologie dans les journaux,
à la radio ou à la télévision au cours des
trois derniers mois? ». En ce qui touche les discussions, on
leur demandait « Avant aujourd'hui, vous est-il
arrivé de discuter de la biotechnologie moderne avec
quelqu'un? Et dans l'affirmative, en avez-vous
parlé souvent, à l'occasion ou seulement une ou
deux fois? » (Einsiedel, 2000a).
2 Il s'agissait de répondre à ce qui
suit : « Maintenant, j'aimerais vous poser quelques
questions sur diverses applications de la biotechnologie moderne. Pour
chacune, veuillez me dire d'abord si vous avez entendu parler de
l'application et ensuite, si vous êtes entièrement
d'accord, plutôt d'accord, plutôt en
désaccord ou entièrement en désaccord avec a)
Utiliser la biotechnologie moderne pour produire des aliments, par
exemple, pour en augmenter la teneur en protéines et la
durée de conservation, et en améliorer le goût, et
b) Prendre des gènes d'une espèce
végétale et les transférer à des plantes
cultivées afin qu'elles soient plus résistantes
aux insectes parasites. »
3 Document d'information de base du gouvernement du
Canada, Cadre fédéral de réglementation de la
biotechnologie, 11 janvier 1993.
4 Les ingrédients importants qui sont
irradiés et constituent plus de 10 p. 100 du produit
alimentaire final doivent être indiqués comme tels.
L'indication de traitement par radiation doit aussi figurer sur
les affiches placées près des étalages de
produits ainsi traités, tout comme sur les étiquettes.
De même, les annonces publicitaires d'aliments
traités par radiation doivent indiquer clairement le recours
à ce genre de traitement.
5 Phillips et Foster (2000) résument un sondage
conjoint Angus Reid-The Economist mené en 1999 sur les
attitudes des consommateurs envers les aliments GM. Dans ce sondage,
entre 57 p. 100 (aux États-Unis) et 82 p. 100 (en Allemagne)
des personnes interrogées ont déclaré «
qu'elles seraient moins portées à acheter des
produits GM s'ils étaient étiquetés comme
tels ». Au Canada, la part était de 68 p. 100.
6 Les renseignements concernant cette campagne
d'information proviennent de la brochure elle-même et de
l'ACIA.
7 Les renseignements au sujet d'Ag-West Biotech et de
ses activités d'information et de sensibilisation
proviennent du site Web de l'organisme et de K. Broten,
coordonnateur du SABIC.
8 L'information relative au CIB proviennent du site
Web du CIB, de son dossier de presse et d'entretiens avec Art
Stirling, de Pioneer Hi-Bred Canada, la personne-ressource
désignée pour la campagne du CIB au Canada.
9 Les renseignements concernant le CIBA proviennent du site
Web du Centre, de ces documents d'information écrits et
d'entretiens avec Diane Wetherall, directrice administrative du
CIBA.
10 La réponse à cette question est
habituellement que « le débat se poursuit depuis 1988 et
que des consultations multilatérales se tiennent depuis 1993,
mais on y fait rarement allusion publiquement ». Par ailleurs,
les préposés expliquent à leurs interlocuteurs
que toute autre préoccupation est accueillie volontiers par les
ministères fédéraux.
11 Le CIBA compte environ 100 membres (le nombre fluctue en
raison des renouvellements annuels) qui ne versent pas tous les
mêmes droits d'adhésion. Les particuliers, qui
constituent entre 60 et 70 p. 100 de l'effectif, paient 40 $
(tous les frais sont annuels et en dollars canadiens). Dans le cas des
organismes, les frais d'adhésion vont de 500 à 1
000 $ selon la taille de l'organisme. Les sociétés
paient 2 500 $; une société qui verse 5 000 $ devient
membre fondateur. Il faut souligner cependant que les cotisations des
membres ne représentent que 15 p. 100 des recettes totales du
CIBA. Les projets lancés avec les Fabricants de produits
alimentaires et de consommation du Canada et le CCDA lui rapportent 35
p. 100 de ses recettes. Le reste, 50 p. 100, consiste en une
subvention versée par le gouvernement de l'Ontario dans
le cadre de sa Stratégie d'emploi en milieu rural.
12 Les renseignements présentés ici
proviennent des sites Web des détaillants ou d'entretiens
téléphoniques avec des préposés. Dans le
cas du CCDA, la plus grande partie des données est venue de
Brian Weston, de la région ouest du CCDA.
13 Les renseignements contenus dans la section E sont
tirés des sites Web des ONG et d'entretiens
téléphoniques avec les porte-parole des ONG.
14 Les renseignements concernant CropGen proviennent de son
site Web et d'entretiens personnels avec la directrice du
programme, Vivian Moses, professeure à King's College,
Londres.
15 Les renseignements concernant ce programme proviennent
de son site Web et aussi de la professeure Vivian Moses, de
King's College (Londres), qui en assure la coordination.
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