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2003
Les biobanques au Canada : Questions éthiques, juridiques et sociales
Auteur : Lorraine Sheremeta
Table des matières
-
Contexte
-
Définition de
« biobanque »
-
Aperçu des rapports commandes
antérieurement
-
Approches nationales en matière de
création de banques de données
génétiques sur la population, par Mylène
Deschênes et Geneviève Cardinal
-
Vers un régime intégré de
protection des données personnelles servant à
la recherche et stockées dans les biobanques, par
Michael Yeo
-
À qui sont ces gènes?
Sont-ils protégés? Bien
protégés? L'opinion du public et de
spécialistes concernant les biobanques, par Edna F.
Einsiedel
-
Progrès récents
-
Rapport du Comité des sciences et de la
technologie de la Chambre des communes du Royaume-Uni
-
Vente de Gene Trust à la Genaissance
Pharmaceuticals par la société DNA Sciences
Inc.
-
Sondage d'opinion publique sur les
questions de biotechnologie — Huitième vague
-
Sondages sur les questions de protection
des renseignements génétiques
-
Analyse des grands enjeux à prendre en
compte par le canada au moment de formuler une politique relative
aux biobanques
-
Consultation, information et rôle des
médias
Résumé du thème
Consultation, information et rôle des
médias
-
Recrutement
Résumé du thème
Recrutement
-
Vie privée et
confidentialité
Protection de la vie
privée
Confidentialité
Exceptions au devoir de
confidentialité du médecin
Législation relative à la
protection de la vie privée au Canada
Loi sur la protection des renseignements
personnels et les documents électroniques du
gouvernement fédéral
Législation provinciale de
protection des renseignements personnels dans le secteur
privé
Lois provinciales sur la protection de
la vie privée qui visent les renseignements sur la
santé
Résumé du thème Vie
privée et confidentialité
-
Consentement éclairé et
communication des résultats de la recherche
Consentement individuel dans le cadre de
la recherche
Recherche rétrospective sur des
données et prélèvements
déjà stockés
Recherche prospective
Recherche sur des sujets
enfants
Consentement de la
population
Données d'opinion
publique
Résumé du thème
Consentement éclairé et communication des
résultats de la recherche
-
Commercialisation
Résumé du thème
Commercialisation
-
Régie
-
Résumé des grands enjeux
Information et consultation du
public
Vie privée et de la
confidentialité
Consentement
éclairé
Commercialisation
Régie
Stratégies de
recrutement
-
Aperçu des grandes initiatives de
recherche en génétique
démographique
-
Extraits de la reaction du gouvernement de
Londres, par le biais de la commission d'enquête
scientifique et technologique de la Chambre des communes, au
rapport du Medical Research Council
-
Sommaire de la législation
canadienne relative à la protection de la vie
privée
-
Consentement éclaire :
renseignements pertinents pour les participants à des
recherches en génétique
démographique
Article 2.4
Article 10.2
-
Déclarations internationales au
sujet de la protection de la vie privée et des
renseignements génétiques
-
Contexte
En 2002, le Comité consultatif canadien de la
biotechnologie (CCCB) a commandé la préparation
d'une série de rapports sur les questions propres
aux biobanques de données génétiques
démographiques. Il en est ressorti notamment les trois
documents suivants :
-
Approches nationales en matière de
création de banques de données
génétiques sur la population, par
Mylène Deschênes et Geneviève Cardinal
-
Vers un régime intégré de
protection des données personnelles
destinées à la recherche et stockées
dans les biobanques, par Michael Yeo
-
À qui sont ces gènes? Sont-ils
protégés? Bien protégés?
L'opinion du public et de spécialistes
concernant les biobanques, par Edna F. Einseidel
Ces rapports, ainsi qu'un exposé intitulé
« Biobanques, recherche et protection de la vie
privée : Aperçu de la législation
canadienne » et présenté par Patricia
Kosseim lors du Symposium d'hiver GELS de Génome
Canada, tenu à Montréal (Québec) en
février 2003, forment la base du présent
document de synthèse, lequel a pour but de résumer
les enjeux éthiques, juridiques et sociaux les plus
marquants liés aux biobanques au Canada. J'ai
étayé ces textes de base, au besoin, par
d'autres articles et ouvrages afin d'élargir
le propos et de faire valoir certains arguments.
En plus des trois rapports susmentionnés, au moins quatre
autres textes ou événements récents
méritent commentaire et sont inclus aux
présentes :
-
Le Comité des sciences et de la technologie de la
Chambre des communes du Royaume-Uni a émis un
rapport sur les travaux du Medical Research Council1 (MRC), dans lequel il
adresse des critiques virulentes à l'endroit
de UK Biobank. En juin 2003, le gouvernement du
Royaume-Uni diffusait publiquement sa réaction au
rapport du Comité. L'annexe
B résume les recommandations du comité
au sujet de UK Biobank ainsi que de la réponse2 du gouvernement à
chacune de ces recommandations.
-
En mai 2003, se trouvant au bord de la faillite, la
société DNA Sciences Inc. a vendu presque
tous ses actifs, y compris la biobanque Gene
Trust, à la société Genaissance
Pharmaceuticals3. Cette
opération a soulevé des problèmes
importants mettant en évidence le besoin que les
entreprises usent de stratégies légales
défensives pour empêcher que des biobanques
ne soient vendues à titre d'actifs à
cause de difficultés financières ou lors
d'une faillite. Le cas de la biobanque Gene
Trust crée une inquiétude
générale quant à la vente ou à
toute autre forme d'aliénation d'une
biobanque et des données qui s'y trouvent.
-
En mars 2003, le Secrétariat canadien de la
biotechnologie a lancé une nouvelle
« vague » de sondages sur les
questions de biotechnologie4. Une part des questions
portait directement sur la cartographie et le brevetage de
l'ADN, et les données qui en sont ressorties
sont mentionnées dans les sections pertinentes du
présent rapport.
-
En août 2003, le Secrétariat canadien de
la biotechnologie a fait paraître un rapport
intitulé « Recherche sur l'opinion
publique concernant les renseignements
génétiques et leur protection5 ». Cette
étude est importante parce qu'elle porte sur
la confidentialité des données
génétiques stockées dans les
biobanques et qu'elle met en contexte et
réaffirme la teneur des conclusions de la
professeure Einseidel au sujet des opinions de la
population et des professionnels concernent les
biobanques.
Depuis quelques années, le stockage et
l'utilisation éventuelle de matières
vivantes humaines sont un enjeu de bio-éthique qui fait
l'objet d'un débat houleux. Maintes
organisations professionnelles ont émis des
déclarations touchant directement ou indirectement la
question6. Au moins trois
réalisations importantes ayant trait à
l'utilisation de tissus humains à des fins de
diagnostic et de recherche clinique ont attiré
l'attention sur ces enjeux. D'abord, on a
cerné de tout nouveaux modes d'utilisation des
échantillons de tissus prélevés et
stockés, et les chercheurs sont de plus en plus en mesure
de tirer des renseignements génétiques
précieux des prélèvements biologiques. En
deuxième lieu, le paradigme de la recherche en
génétique s'est déplacé,
passant de l'analyse de liaison de nombres relativement
petits de prélèvements génétiques
à d'immenses projets de génétique
démographique qui, souvent, font intervenir la collecte,
le stockage et l'analyse de centaines de milliers
d'échantillons. Troisièmement,
l'avènement de techniques nouvelles, à
grande capacité, de séquençage de
l'ADN est source de craintes grandissantes que les
données génétiques et autres renseignements
médicaux tirés de ces matières puissent
être mis à des utilisations qui enfreignent les
droits de quiconque à la vie privée et
entraînent ainsi une discrimination inique à
l'endroit de certaines personnes et de certains groupes.
L'optimisme est assez général quant aux
énormes bienfaits que la société trouvera
aux innovations découlant du projet du génome
humain. Tous espèrent que l'analyse des
données d'études de génétique
démographique de grande envergure permettront aux
chercheurs de mieux comprendre les interactions
gènes-milieu qui entrent en jeu dans des maladies
complexes comme la cardiopathie, le diabète, la maladie
d'Alzheimer, la sclérose en plaques et
d'autres troubles qui affligent trop communément
l'être humain. Un grand nombre d'études
génétiques démographiques à grande
échelle sont entamées et de nombreuses autres en
sont à divers stades de la planification (voir le tableau 1).
Comme tous les autres progrès technologiques, ceux de la
génétique démographique
s'accompagnent à la fois de risques et de
bienfaits. Malgré l'optimisme voulant que la
recherche en génétique démographique
mène en fin de compte à
l'amélioration de la santé et du
bien-être des humains, il n'en reste pas moins que
ces activités donnent lieu à une foule de
préoccupations de nature éthique, juridique et
sociale en ce qui concerne, par exemple, le consentement
individuel et collectif7, la
propriété des matières vivantes humaines8, la vie privée et la
confidentialité9, la
discrimination et la stigmatisation sociale10 et l'eugénisme11, qui reviennent sans cesse
sur le tapis. Les chercheurs universitaires qui se penchent
assidûment sur les dimensions déontologiques,
juridiques et sociales du projet du génome humain
poursuivent un immense débat sur ces questions.
Tableau 1 –
Exemples actuels et proposés de biobanques et de
bases de données génétiques
démographiques
Propositions de bases de données
génétiques démographiques
|
Projet
|
Entreprise
|
Nombre d'échantillons d'ADN
|
Budget (en dollars)
|
État et déroulement du projet
|
Base de données sur le secteur de la
santé, Islande
|
deCODE Genetics
|
280 000
|
212 millions
|
Base de données établie en 2003;
génotypage de
80 000 prélèvements
|
Projet du génome, Estonie
|
EGeen International
|
1 million
|
150 millions
|
Projet pilote de 3 ans et 2,5 millions de
dollars (10 000 donneurs) lancé
à l'automne 2002
|
UK Biobank
|
Inconnue
|
500 000
|
66 millions
|
Recrutement complet en 2004
|
Marshfield – Médecine personnalisée
|
|
40 000
|
3.8 millions
|
Recrutement à l'automne 2003
|
Étude nationale sur les enfants,
États-Unis
|
|
100 000
|
inconnu
|
Début de l'étude complète en
2004
|
Base de données sur le génome, Lettonie
|
Inconnue
|
60 000
|
1.7 millions
|
Loi édictée en juin; en quête de
fonds
|
CARTaGÈNE, Québec
|
Inconnue
|
50 000+
|
19 millions
|
En quête de fonds
|
Biobanques et archives médicales existantes
|
Västerbotten, Suède
|
UmanGenomics
|
80 000
|
|
Utilisation des données en vertu d'un
accord conclu en 2002
|
Clinique Mayo, Etats- Unis
|
Inconnue
|
100 000
|
|
Prototype de base de données sur la santé
achevé en juillet
|
Étude européenne prospective du cancer et
de la nutrition (EPIC), Europe
|
|
350 000
|
|
Regroupement des données tirées des
études sur le cancer, par l'entremise
d'un consortium
|
Étude sur la santé des infirmières
et des infirmiers, États-Unis
|
|
63 000
|
|
|
Étude sur la prévention du cancer,
American Cancer Society (CPSII), Etats-Unis
|
|
110 000
|
|
|
Étude nationale sur la santé et la
nutrition, Centers for Disease Control
(NHANES III), Etats-Unis
|
|
7 300
|
|
Demande de propositions d'utilisation des
données personnelles, automne 2002
|
Présentement, le Canada envisage de lancer sa propre
recherche de grande envergure en génétique
démographique12.
L'Initiative sur la santé des Canadiens à tous
les stades de la vie en est encore à l'étape
de la planification, bien qu'elle doive commencer
dès 2005. Elle consisterait à suivre la
santé de 30 000 bébés de partout
au Canada pendant une période déterminée ou
pendant toute la vie du sujet. Les intéressés sont
fort conscients du fait que le Canada, à l'instar
du Royaume-Uni, de l'Estonie et de l'Islande, est un
lieu idéal pour ce genre de recherches en raison de son
système national de soins de santé.
L'étude proposée comporte
l'administration précoce de tests
psychométriques visant à évaluer le
développement intellectuel, affectif et social ainsi que
le recours à des mesures détaillées du
milieu. Elle est d'une envergure beaucoup moindre que
plusieurs autres initiatives du genre, par exemple, celle de la
UK Biobank, qui prévoit rassembler des données sur
500 000 personnes, et le projet du génome en
Estonie, dont les exécutants espèrent rassembler
des données sur environ un million de personnes, soit les
trois quarts des 1,4 million d'habitants du pays.
Les planificateurs de l'Initiative sur la santé des
Canadiens à tous les stades de la vie se heurtent
à de nombreuses difficultés juridiques et
déontologiques à cause de la nature de la cohorte
à étudier. Le fait que les sujets de la recherche
soient mineurs et, par conséquent, incapables de donner
leur consentement avant plusieurs années, fait
problème et il faudra prendre des précautions
supplémentaires pour leur assurer une protection
rigoureuse. Les planificateurs conviennent
généralement de la nécessité de
consulter sérieusement les populations canadiennes au
sujet de l'Initiative et d'être
réceptifs aux inquiétudes exprimées lors de
ces consultations ou autrement. Il reste à
déterminer la forme que devraient prendre ces
consultations, mais la première question qu'il
faudra y aborder est celle de savoir s'il est
justifié que Canadiens favorisent la recherche
génétique démographique en
général et, en particulier, cette grande
initiative sur la santé. Les planificateurs estiment que
le projet mérite d'être
réalisé, mais cela ne signifie pas
nécessairement que toute la population sera du même
avis.
Sans l'application rigoureuse des normes scientifiques,
juridiques et éthiques les plus élevées,
l'Initiative canadienne et tous les autres programmes
semblables mèneront inévitablement à la
dégradation de la confiance du public à
l'endroit des progrès scientifiques et des produits
de la recherche en génétique13. Il est essentiel qu'une
intégrité absolue préside à
l'élaboration du projet et au déroulement
même de la recherche. Voici ce que dit pertinemment
Wolfgang Edelstein au sujet des erreurs auxquelles a
donné lieu la mise sur pied de la base de données
sur le secteur de la santé en Islande :
La précipitation procédurière; le refus
d'inviter les opinions d'experts de
l'étranger (qui ont beaucoup plus
l'expérience des conflits entre l'industrie,
la science et l'éthique); le rejet des critiques
intérieures; la politicaillerie et la partisanerie qui
entachent tous les débats sur des cas particuliers; les
simplifications grossières qui rabaissent la discussion;
les controverses au sujet des voies biologiques de base par
lesquels se transmettent les maladies
héréditaires; la puissance des
intérêts privés; les modes
pseudodémocratiques de légitimation dans les cas
sujets à des controverses éthiques, sociales et
scientifiques le moindrement subtiles, voilà autant de
facteurs propres à faire naître une foule de
doutes, c'est le moins que l'on puisse dire, et qui
sont de mauvais augure pour la recherche de solutions
consensuelles à des conflits d'éthique qui
adviennent dans des domaines sociaux fragiles14 (traduction).
Ces problèmes s'appliquent aussi à
d'autres projets bien établis. Au Royaume-Uni, par
exemple, le Comité des sciences et de la technologie de
la Chambre des communes a récemment blâmé le
MRC du Royaume-Uni pour avoir affecté
prématurément des fonds à la UK Biobank
avant que n'aient été réglées
les questions soulevées quant à la valeur et
à la méthode du projet15. En outre, le Comité
affirme que les justifications scientifiques de la UK Biobank
ont été fabriquées de toutes pièces
par ses bailleurs de fonds pour soutenir un projet à
motivation purement politique16. Le véritable débat
sur cette biobanque semble tout juste commencer au Royaume-Uni.
Le Canada, s'il veut se lancer à son tour dans de
grands projets de recherche en génétique
démographique, doit tenir compte de ces mises en
garde.
Définition de
« biobanque »
Dans les travaux commandés auparavant et dans le
présent rapport, une biobanque se définit comme
une collection regroupant à la fois des
échantillons physiques dont il est possible de tirer de
l'ADN et des données tirées des
prélèvements d'ADN.
Les biobanques de données génétiques
démographiques peuvent être
catégorisées selon :
-
les fins auxquelles elles sont destinées,
c'est-à-dire, la recherche scientifique
traductionnelle et fondamentale, la recherche clinique ou
la médecine clinique;
-
le fait qu'elles soient en fonctionnement ou au
stade de la planification;
-
le fait que leur collection soit temporaire ou permanente.
En général, la recherche en
génétique démographique doit se baser sur
un prélèvement biologique, souvent un
échantillon de sang ou un frottis buccal, dont le
chercheur tire des données sur le génotype du
sujet. Une fois obtenues, les données sont
stockées dans une base de données à titre
de « données de séquence »
et il arrive aussi qu'elles soient reliées à
des renseignements connexes sur la santé. Au Canada,
comme au Royaume-Uni, en Islande et en Estonie, la liaison des
données génétiques aux renseignements sur
la santé s'établit nécessairement
grâce au concours et à l'aide
financière du système national de soins de
santé à financement public.
Les questions d'éthique entourant la collecte et le
stockage de données et de tissus dans des
« biobanques » font souvent l'objet
de discussions dans le contexte de la recherche en
génétique démographique. Il faut
reconnaître, cependant, que la pratique clinique de
routine fait souvent appel à la création et
à la tenue de collections permanentes ou temporaires de
tissus humains. À titre d'exemple, des
matières vivantes humaines, tissus ou autres, sont
souvent prélevées à l'occasion
d'interventions diagnostiques ou chirurgicales afin de
permettre de déterminer la nature et
l'étendue de la maladie. Lorsque des tissus malades
sont prélevés après
l'achèvement du diagnostic ou du traitement, il
n'est pas rare qu'une partie du spécimen soit
conservée pour servir à des fins de nature
clinique, expérimentale ou juridique17. En outre, il arrive que des gens
donnent volontairement leur corps, leurs organes, leur sang ou
d'autres matières vivantes afin qu'ils
servent à l'enseignement, à des greffes ou
à la recherche.
Les prélèvements, les cultures cellulaires et
l'ADN obtenus peuvent être conservés de
diverses manières et sur des supports divers, par
exemple, sur des microplaquettes ou des blocs de paraffine ou
dans de la formaline. Ils sont stockés dans des
laboratoires cliniques ou de recherche ou encore dans des
banques spéciales de tissus ou d'ADN, lesquelles
ont pour fonction de fournir des échantillons aux
laboratoires publics et privés qui s'en serviront
à des fins cliniques ou de recherche. Il est important,
pour les besoins des soins cliniques de routine, que les
médecins aient accès à ces
prélèvements stockés, mais lorsqu'il
est question de recherche, bien des gens se demandent s'il
est justifié, et dans quels cas, de recourir à ces
prélèvements. Cette préoccupation
découle de la possibilité que le consentement
obtenu au moment du prélèvement initial ne
mentionne pas spécifiquement des recherches futures. Les
enjeux propres à la collecte, au stockage et à
l'exploitation des matières vivantes humaines
prélevées par les chercheurs et les cliniciens
sont souvent traités comme des entités
discrètes et séparées malgré les
chevauchements inévitables entre les utilisations
réservées à la pratique clinique et celles
destinées à la recherche.
Il est important de faire remarquer que les biobanques encore au
stade de la planification, comme celle envisagée
présentement par le Canada, créeront moins de
problèmes que celles déjà en exploitation
parce que les participants peuvent être convenablement
informés des utilisations possibles de leurs
prélèvements biologiques et accepter ou refuser
telle ou telle utilisation. Cela dit, il n'en demeure pas
moins une incertitude appréciable quant à savoir
si, et jusqu'à quel point, la loi et
l'éthique peuvent habiliter des patients à
consentir à des utilisations futures, aujourd'hui
inconnues, de leurs matières vivantes et des
données connexes18.
L'incertitude règne aussi quant à la
légalité du consentement parental dans le domaine
de la recherche. Le présent rapport porte avant tout sur
les questions relatives aux biobanques envisagées de
collections permanentes, du moins on le suppose, de
données génétiques démographiques
qui seront éventuellement recueillies et serviront
à la recherche scientifique traductionnelle et
fondamentale ainsi qu'à la recherche clinique.
-
Aperçu des rapports commandes
antérieurement
-
Approches nationales en matière de
création de banques de données
génétiques sur la population, par
Mylène Deschênes et Geneviève
Cardinal
La recherche de Mylène Deschênes et
Geneviève Cardinal porte sur diverses biobanques de
données génétiques
démographiques établies dans le monde, dont
CARTaGÈNE, au Québec, la banque
génétique d'Estonie, la base de
données sur le secteur de la santé en
Islande (société deCode Genetics), la
biobanque de Tonga (société Autogen Ltd.),
la UK Biobank et le projet HapMap de cartographie des
variations génétiques réalisé
par un consortium international19. Ces projets incarnent une
gamme de modèles que le Canada peut envisager pour
ses recherches en génétique
démographique. Le présent rapport se
concentre sur un sous-groupe de trois initiatives de
génétique démographique comprises
dans celles décrites par Mylène
Deschênes et Geneviève Cardinal : la
base de données sur le secteur de la santé
en Islande, le projet du génome en Estonie et la UK
Biobank.
Ces trois initiatives sont importantes en raison de la
nature des études effectuées; des grandes
quantités de renseignements qui existent à
leur sujet; et de ce qu'elles révèlent
sur les enjeux précis à traiter par les
décisionnaires canadiens. Dans leur analyse,
Mylène Deschênes et Geneviève Cardinal
cernent neuf grands thèmes reliés aux
biobanques. Les conclusions principales relatives à
chacun de ces thèmes sont résumées
dans le tableau 2 ci-dessous :
Tableau 2 –
Neuf grands thèmes à prendre en compte
par le Canada au moment d'élaborer une
politique en matière de biobanques
Thème
|
Points clés
|
Consultation
(p. 8–10)
|
-
Des consultations publiques équitables
et effectives doivent se tenir avant
l'amorce de toute recherche en
génétique démographique.
|
Recrutement
(p. 10–12)
|
-
Les stratégies de recrutement sont
importantes et doivent tenir compte de
l'obligation de :
-
Préserver l'autonomie
personnelle et la vie privée des
sujets ainsi que la
confidentialité du processus de
recrutement
-
Veiller à une juste
répartition des risques et des
avantages parmi les membres de la
population visée
-
Voir à ce que les sujets
recrutés soient
représentatifs de
l'ensemble de la population.
-
Les stratégies de recrutement doivent
être adaptées aux variantes
culturelles et les renseignements remis aux
candidats doivent être faciles à
comprendre. Il faudra donc prévoir de
nombreuses traductions, le cas
échéant.
-
Au Canada, l'accès
légitime à l'information
détenue par un organisme privé
ou public peut s'obtenir au moyen de
mécanismes prévus dans la
législation relative à la
protection de la vie privée; il faudra
examiner minutieusement les exigences
juridictionnelles à cause des
variations présentes dans les lois
provinciales.
|
Consentement
(p. 12–17)
|
-
Il faut absolument obtenir de chacun des
sujets un consentement personnel
éclairé à la collecte, au
stockage et à l'exploitation des
échantillons d'ADN et des
données personnelles destinées
à une biobanque démographique.
-
Les formules de consentement doivent
être rédigées de
manière à expliquer les
avantages et les risques pour la population
entière et pour le sujet en particulier
et elles devraient aborder la question de la
répartition des avantages.
-
Le « consentement
collectif » n'est ni pratique
ni souhaitable dans le contexte de la
recherche en génétique
démographique.
-
Si le Canada a l'intention de se lancer
dans un grand projet de
génétique démographique,
il lui faut d'abord tenir des
consultations publiques et ensuite tenir
compte de l'opinion des citoyens.
|
Régie
(p. 17–22)
|
-
Pour l'heure, il n'existe aucun
cadre juridique et déontologique
cohérent qui répond aux besoins
des biobanques.
-
Les biobanques, bien que traditionnellement
destinées purement à la
recherche et donc comme relevant du secteur
public, se lient de plus en plus avec le
secteur privé.
-
La dimension commerciale des biobanques doit
faire l'objet d'une gestion
soigneuse afin d'éviter que ne se
dégrade la confiance du public à
leur égard.
-
Tout plan de régie doit être
transparent, comporter une obligation de
rendre compte et inspirer la confiance de tous
les intéressés.
-
Il faut créer une entité
indépendante qui serait chargée
de superviser le projet dans son ensemble et
d'en surveiller les activités. La
surveillance devra s'appliquer à
la fois à la gestion et à
l'exploitation du projet et de la
biobanque.
-
Il faut exiger une approbation et une
surveillance fondées sur
l'éthique pour tout ce qui a
trait à la recherche en
génétique démographique,
peu importe qui effectue la recherche et
où elle est exécutée.
-
Les principes contenus dans
l'Énoncé de politique des
trois conseils20 doivent
s'appliquer aux organismes publics et
aux organismes privés.
-
Cet énoncé donne lieu toutefois
aux préoccupations suivantes :
-
il ne s'applique pas aux
recherches à financement
privé;
-
il n'indique pas clairement le
moment où un comité
d'éthique de la recherche
serait consulté, ni la
composition convenable de ce
comité;
-
en raison de leur nature longitudinale,
les projets de recherche en
génétique
démographique exigent la
création et la mise en
œuvre de mécanismes de
surveillance et de supervision de longue
durée, et
l'Énoncé ne se
prononce pas clairement à ce
sujet;
-
il faudra aussi tenir compte des
difficultés qui s'ajoutent
en matière d'approbation et
de supervision déontologiques,
à cause de la multiplicité
des centres d'essais.
|
Commercialisation
(p. 23–26)
|
-
Application commerciale
éventuelle : les populations et
les individus sujets de la recherche doivent
être informés, au moment du
consentement éclairé, que les
travaux en question peuvent mener à la
fabrication de produits commerciaux, à
des demandes de brevet et à la
production de revenus.
-
Partage des bienfaits : Ce concept
découle de la notion voulant que le
génome humain soit d'un
intérêt collectif et vital pour
l'humanité tout entière et
que les avantages et les charges liés
à l'exploitation et au soutien de
cette ressource doivent être
répartis universellement. Le
comité d'éthique du projet
HUGO, dans sa déclaration sur le
partage des avantages, dit que la conduite
à tenir peut inclure des accords
à passer avec des personnes, familles,
groupes, collectivités ou populations,
dans lesquels seront prévus les
transferts de technologie, les programmes
locaux de formation, des coentreprises, la
mise en place d'infrastructures de soins
et d'information en matière de
santé, le remboursement des coûts
et l'affectation d'une part des
dividendes à des objectifs
humanitaires21.
-
Liberté d'accès :
L'accès généreux,
quoique strictement contrôlé, des
chercheurs aux données
génétiques démographiques
est dans le meilleur intérêt des
populations visées et conforme aux
normes traditionnelles de la science.
L'octroi de licences exclusives
d'utilisation des biobanques à
une ou des entités commerciales fait
problème sur les plans de
l'éthique et du droit.
-
Conflit d'intérêts :
Les intérêts des populations en
cause doivent être convenablement
représentés lors de toute
opération commerciale découlant
des données tirées de la
recherche en génétique
démographique.
|
Vie privée
(p. 27–30)
|
-
Vu la nature très personnelle et
délicate des données
stockées dans les biobanques et les
bases de données connexes, et les
quantités énormes de
données qui seront accumulées,
il faut prévoir des sauvegardes
matérielles, procédurales et
électroniques rigoureuses pour
protéger les renseignements que les
sujets confient aux chercheurs.
-
Les biobanques doivent jouir d'une
protection matérielle; le
protocole de recherche doit
décrire exactement les conditions
de stockage, y compris les mesures de
sécurité et les
règles d'accès.
-
L'accès aux biobanques
à des fins autres que la
recherche médicale, par exemple,
par les autorités de police,
devrait être interdit et,
s'il faut le permettre, les
participants devront être
informés de ces cas ainsi que des
données qui pourront être
divulguées à des tiers.
-
L'accès aux données
des biobanques à des fins de
recherche doit être
contrôlé par un gardien ou
conservateur, une personne qui ne fait
pas elle-même de la recherche et
qui veillera à ce que toute
divulgation de données se
décide et s'effectue dans
le respect des règles de
confidentialité qui conviennent.
-
Il faut élaborer des mesures de
précaution régissant le
traitement des données et la
liaison entre les bases de
données.
-
Le personnel des biobanques doit
comprendre et assumer son
devoir de
protéger le caractère
personnel et confidentiel des
données dont il a la garde et
savoir que tout manquement sera
sanctionné par des mesures
disciplinaires.
-
Une autorité indépendante, par
exemple, le Commissaire à la protection
de la vie privée ou toute autre
autorité mandatée à cette
fin, doit prendre part à la supervision
de la protection des données et
à la mise en application de la
conformité aux lois et règles
sur la protection des renseignements
personnels.
-
Il faut peut-être instaurer des
sanctions pénales ou autres pour les
cas de divulgation illicite ou
préjudiciable de données
confidentielles. L'Estonie et
l'Islande prévoient de dures
sanctions sous forme d'amendes et-ou de
peines d'emprisonnement dans de tels
cas. En Estonie, les sujets dont les
données ont été
divulguées illégalement ont le
droit d'exiger la destruction
complète de leurs
prélèvements biologiques et des
renseignements connexes.
|
Divulgation des résultats de la recherche
(p. 31–34)
|
-
Les populations qui participent à un
grand projet de recherche en
génétique doivent être
informées périodiquement des
résultats des travaux. En restant en
contact fréquent avec les sujets de
l'étude, les chercheurs leur
manifestent un respect et une
appréciation bien
mérités, et un tel comportement
favorise la confiance mutuelle entre les
artisans de la recherche et les participants.
-
Les résultats de toute recherche en
génétique démographique
doivent être communiqués
d'une manière qui en facilite la
compréhension; les chercheurs doivent
éviter les effets négatifs
d'une annonce publique des
résultats qui ne serait pas
accompagnée d'explications
complètes.
-
Le milieu scientifique est tenu de prendre
part à un dialogue sur les
résultats de la recherche, afin de voir
à ce que les faits rapportés
soient scientifiquement exacts et bien compris
par les populations, les familles et les
individus qui ont participé aux travaux
et en subissent les effets.
|
Mieux-être de la population
(p. 34–37)
|
-
Tout projet doit être
précédé d'une
réflexion globale et profonde sur les
risques et les avantages relatifs de la
recherche en génétique
démographique.
-
Puisque la recherche en
génétique démographique
comporte des risques pour la population
entière, il faut que les avantages
dépassent les risques pour la
société dans son ensemble :
-
Parmi les avantages éventuels, on
retrouve des bienfaits pour la
santé,
l'amélioration des
stratégies de soins de
santé de la population, la
création d'un
dépôt de données et
de prélèvements
biologiques qui pourront être
utiles à la recherche future,
à l'économie et
à des études en
collaboration.
-
Les risques éventuels comprennent
des effets économiques, la
discrimination par les employeurs et les
assureurs, la divulgation ou
l'utilisation fautive de
données personnelles
délicates et la
possibilité que des
matières vivantes humaines
servent au clonage de reproduction ou au
bioterrorisme.
|
Mieux-être de l'humanité
(p. 37–38)
|
-
Le caractère universel du génome
humain et les principes bioéthiques de
bienfaisance et de justice exigent
obligatoirement la mise en commun des
connaissances au sujet du génome.
-
Les découvertes scientifiques qui sont
basées sur le génome humain
doivent être destinées à
améliorer la santé des
populations du monde entier, et non pas rester
l'apanage des pays
industrialisés, au détriment des
pays en développement.
-
Des mécanismes de partage des
bienfaits, la concession aux chercheurs
d'un accès sans restriction aux
données sur la séquence
génétique, et des mesures
propres à limiter les effets
négatifs des conflits
d'intérêt aideront à
faire en sorte que les avantages
découlant de la recherche en
génétique démographique
aillent équitablement aux populations
participantes et à la
collectivité mondiale.
|
-
Vers un régime intégré de
protection des données personnelles servant
à la recherche et stockées dans les
biobanques, par Michael Yeo
Le professeur Michael Yeo compose l'image
d'une société, dans laquelle la vie
privée subit de plus en plus les assauts
d'intérêts divers, nobles et
bénins ou non à un degré plus ou
moins faible ou plus ou moins élevé (p. 5).
La constitution et l'exploitation d'une
biobanque ne sont que l'une des façons dont
les renseignements personnels sont recueillis,
stockés et utilisés, convenablement ou non.
Le fait que des données génétiques
démographiques puissent être tout bonnement
stockées dans des archives permanentes consultables
signale la présence d'un risque plus ou moins
grave que les renseignements contenus dans les biobanques
soient utilisés à des fins contraires aux
intérêts des personnes dont proviennent ces
renseignements ou des groupes auxquels elles
appartiennent.
Étant donné que les questions liées
à la recherche en génétique
démographique et aux biobanques sont de nature
sociétale, elles nécessitent un débat
vaste faisant intervenir la collectivité
entière afin que les intéressés
puissent s'assurer que les avantages promis à
la société dépassent en force les
risques appréhendés. Ce débat doit
avoir lieu et se conclure avant le démarrage de
tout projet de biobanque de données
démographiques et il doit servir à garantir
un équilibre mesurable et porteur de transparence
et d'imputabilité (p. 3). Bien qu'un
bon nombre des risques appréhendés à
propos des biobanques soient indirects et
hypothétiques, ils n'en sont pas moins
probablement réels et à prendre au
sérieux. Il faut que soient prises en compte les
craintes les plus répandues dans la population en
cause. Cela dit, le corpus toujours croissant de mesures
législatives provinciales de protection de la vie
privée qui visent tout spécialement les
renseignements sur la santé témoigne de
l'importance de ces enjeux pour la
société canadienne. Le système doit
aussi composer avec les effets de la réduction du
financement des soins de santé par
l'État et avec une demande grandissante
d'accès aux données. Rien de tout cela
ne doit mener à une sous-estimation de la
nécessité de liens très
perfectionnés et ultraprotégés entre
les biobanques et les renseignements médicaux
provenant de collectes publiques.
Le professeur Yeo inscrit les professionnels de la
santé et les chercheurs médicaux dans la
catégorie générale des nombreuses
personnes demandant accès à ces
renseignements. Il fait remarquer que ces intervenants,
tout en valorisant la protection de la
confidentialité des données personnelles sur
la santé, prétendent que
l'exploitation particulière
qu'eux-mêmes se proposent de faire de ces
données protégées mérite un
traitement d'exception à la règle
générale. Ces intervenants reconnaissent le
caractère précieux de la vie privée,
mais justifient les utilisations qu'ils proposent en
les qualifiant de « très
importantes » et clairement « dans
l'intérêt supérieur de la
collectivité » (p. 5, citation de
Freeman et Robbins). Certains d'entre eux
s'attendent à ce que leurs utilisations des
données confidentielles soient exemptées du
consentement obligatoire, et la plupart croient que toute
exigence qui leur serait imposée, quelle
qu'elle soit, ne devrait pas leur fermer
indûment l'accès aux renseignements
dont ils ont besoin. Il y a peu de chances que les
chercheurs médicaux acceptent de se percevoir
euxmêmes comme faisant partie de l'immense
groupe des autres personnes faisant valoir des arguments
concurrents (et pratiquement identiques) pour obtenir
l'accès aux données.
En ce qui a trait aux diverses interprétations de
ce qu'est la vie privé, le professeur Yeo
fait remarquer qu'aucune définition
n'arrive à elle seule à saisir dans sa
totalité le concept de vie privée et ce
qu'il englobe. Lui-même décrit la vie
privée comme « un concept
essentiellement contesté » et donne un
certain nombre d'exemples à l'appui (p.
21). Voici certains de ces exemples de définition
de la vie privée (tous les exemples sont traduits
de l'anglais) :
-
« Le droit d'agir à sa
guise. » (Warren et Brandeis, 1890)
-
« Le droit revendiqué
d'individus, de groupes ou d'organismes
à décider d'eux-mêmes
quand, comment et jusqu'à quel point
des renseignements les concernant pourront
être communiqués à
d'autres. » (Alan Westin, 1984)
-
« La mesure dans laquelle nous sommes
connus des autres, la mesure dans laquelle les
autres ont accès physiquement à nous
et la mesure dans laquelle nous sommes l'objet
de l'attention des autres. »
(Gavison, 1984)
-
« Le contrôle que nous
détenons sur l'information nous
concernant. » (Fried, 1984).
Le professeur Yeo rappelle l'existence de nombreux
concepts qui sont associés à celui de vie
privée et même qui la recouvrent, notamment
ceux de propriété, d'autonomie, de
dignité, de violation, d'intrusion,
d'intimité, d'anonymat, de
confidentialité, de sécurité, de
solitude et de personnalité intangible (p. 21). Il
serait permis d'avancer que les renseignements
génétiques incarnent plusieurs de ces
concepts et aussi que, par contre, les données
génétiques transcendent ces mêmes
concepts parce qu'elles se rapportent non seulement
à l'individu dont elles proviennent mais
aussi à sa famille et à sa
collectivité unique ou plurielle
d'appartenance. Le professeur Yeo souligne
pertinemment que :
Le concept de vie privée, du fait qu'il
est si riche, évocateur et amorphe, agit comme une
sorte d'aimant et attire toutes les angoisses et les
craintes qui découlent de changements sociaux et
technologiques rapides et qui sont confuses et difficiles
à exprimer. Ce caractère évocateur et
amorphe, sans doute un désavantage à
certains égards, peut aussi être perçu
comme une qualité positive dans la mesure où
il permet d'extérioriser des
préoccupations qui resteraient peut-être
autrement sans nom et sans voix. (p. 23, traduction)
Étant donné que le sens de soi varie
considérablement d'une culture à une
autre, il faut aussi tenir compte des différences
entre groupes en étudiant les incidences de la
recherche en génétique démographique.
Le Dr Frank Dukepoo, un
généticien autochtone, déclare, par
exemple :
Pour nous, toute les parties de l'individu sont
sacrées. Les scientifiques disent
« c'est seulement de
l'ADN ». Pour un Amérindien, ce
n'est pas seulement de l'ADN, c'est une
partie d'une personne, c'est sacré et
empreint d'une signification religieuse profonde.
C'est une part de l'essence d'une
personne. (Yeo, p. 10, traduction)
Reconnaissant la tension fondamentale qui existe entre la
vie privée et la recherche, le professeur Yeo
aborde certaines réalisations nouvelles en
recherche et dans le domaine des biobanques, mais il le
fait dans l'optique de la protection de la vie
privée. Il essaie d'édifier un cadre
au sein duquel il soit possible « de cerner,
d'analyser et de débattre les questions et
les préoccupations relatives à la vie
privée ». Ce qui ressort de ce travail,
c'est l'admission du fait que la notion de vie
privée a plusieurs sens différents et
englobe différents ensembles de valeurs. Pour cette
raison, les gens ont des visions diverses de ce que serait
un équilibre convenable entre le respect rigoureux
et total de la vie privée et le libre partage des
données génétiques et des
renseignements médicaux pour faciliter la recherche
médicale. Le professeur Yeo élabore à
partir de deux grandes façons de voir la vie
privée, à savoir
l'autodétermination et une intendance
bénigne, et laisse entendre qu'il faut tenir
compte des deux au moment de mettre sur pied un cadre de
réglementation responsable qui puisse
protéger la vie privée. Le tableau 3
résume ces deux points de vue.
Tableau 3 –
Sommaire des principes et des idées à
prendre en compte par le Canada en édifiant un
cadre de réglementation intégrée
des biobanques
Principes équitables en matière
d'information
|
Imputabilité
Définition claire des objectifs
Consentement
Collecte restreinte
Utilisation, divulgation et rétention
limitées
|
Exactitude
Sauvegarde
Ouverture
Accès individuel
Défi à la conformité
|
Auto-détermination
Liberalisme
Déontologie
Autonomie
Droits
Consentement essentiel
Obligation de rendre compte
|
Intendance bénigne
Communautarisme
Utilitarisme
Bienfaisance
Non-malfaisance
Utilité
Sauvegardes
|
Cadre
d'autodétermination
-
L'individu a le droit de contrôler
la collecte, l'utilisation et
l'accès des renseignements
personnels le concernant.
-
L'individu a aussi le droit de
savoir :
-
qui d'autre pourra accéder
à ces données
-
les cas dans lesquels la collecte,
l'utilisation,
l'accès et la divulgation
des données pourront advenir sans
son autorisation personnelle
-
les dommages qu'il pourra subir si
les données sont
divulguées
-
les pratiques et politiques
d'intendance des données
-
les sauvegardes en place pour parer aux
risques
-
L'individu a le droit de participer
à la recherche à titre de
citoyen d'une société
libre et démocratique et non pas
simplement à titre de
« sujet de
données ».
-
Obligation de rendre compte
|
Cadre de sauvegarde
-
Protocoles en vigueur pour autoriser
l'utilisation des données et
mécanismes veillant à la
circulation de l'information dans les
limites autorisées
-
Accords, serments et promesses de
confidentialité obtenus de quiconque a
accès aux données; sanctions
à l'encontre de quiconque
s'en arroge l'accès ou
l'utilisation sans autorisation
-
Formation des utilisateurs des données,
et des autres personnes participant au
régime, en ce qui a trait aux
protocoles, attributions et
responsabilités
-
Mesures de sécurité, y compris
verrous, mots de passe, codage et coupe-feu,
pour bloquer l'accès des
données à quiconque n'y
est pas autorisé
-
Intégration de technologies
renforçant la sécurité,
par exemple, les pistes de vérification
-
Procédures en place pour rendre les
données anonymes, les coder ou leur
enlever toute identité
-
Normes de politique internes annoncées
et expliquées convenablement
-
Normes de réglementation externes
(droit, politique, codes de
déontologie) que le responsable de
l'intendance est tenu de respecter
-
Agents ou comités institutionnels
à la protection de la vie
privée, qui surveillent la
conformité à la politique de
l'organisme et aux normes de
réglementation externes
-
Entités de supervision autonomes et de
l'extérieur, p. ex. commissaire
à la protection de la vie privée
-
Entités mandataires, p. ex.,
comités d'éthique ou
conseils communautaires pour
représenter l'individu ou la
collectivité dont les renseignements
sont détenus en fiducie
-
Études des incidences sur la vie
privée, pour cartographier le flux des
données et évaluer les
sauvegardes et les politiques afin que
l'intendance puisse perfectionner le
régime d'information et renforcer
la transparence
-
Obligation de rendre compte
|
Cadre intégré de réglementation
|
Un cadre intégré de réglementation de
la protection de le vie privée devra
obligatoirement comporter des dispositions visant deux
grands types d'enjeux. À titre
d'exemple, si un participant volontaire à une
biobanque a le droit de se retirer du projet et de
demander que ses prélèvements biologiques et
ses données soient détruits, il faudra que
le cadre de réglementation contiennent les
dispositions pour le permettre. Le professeur Yeo avance
un argument probant selon lequel tout régime de
protection de la vie privée qui s'essaie
à définir les droits et
responsabilités liés aux renseignements
génétiques et aux biobanques doit
intégrer les principes propres aux droits aussi
bien que ceux propres aux responsabilités.
Les risques liés à la recherche en
génétique et aux biobanques et les
responsabilités des chercheurs sont définis
dans le rapport du professeur Yeo et résumés
dans le tableau ci-dessous.
Tableau 4 –
Risques et responsabilités propres à la
recherche en génétique
démographique
Risques
|
Responsabilités
|
-
Effets néfastes sur la
société en général
-
Perte de la vie privée
-
Portée éventuelle des questions
des chercheurs
-
Envergure du projet
|
-
Consultations publiques
-
Transparence, imputabilité et
réévaluation du cadre de
régie actuel
-
Prise en compte des incidences sur les normes
de consentement éclairé
-
Étude et élaboration de
stratégies de financement public et
d'innovation
|
Voici, en bref, les conclusions auxquelles en vient le
professeur Yeo :
-
Les biobanques de grande envergure se rapprochent
plus de la grande entreprise que de
l'organisme de recherche tel qu'on le
conçoit traditionnellement, et les cadres
juridique et déontologique qui
régissent actuellement la recherche ne leur
conviennent pas.
-
Les biobanques et la recherche en
génétique appliquée sont
très différentes des autres
initiatives de recherche faisant intervenir des
sujets humains et, de ce fait, nécessitent,
soit l'apport de modifications aux
régimes juridique et déontologique
actuels, soit l'élaboration d'un
régime de réglementation nouveau et
distinct. Au Canada en particulier, pour donner un
exemple, le présent cadre de
réglementation ne traite pas convenablement
les questions de consentement.
-
L'exploitation des biobanques exige la mise
sur pied d'un cadre de réglementation
imputable qui intègre aussi bien les normes
de droit et d'éthique régissant
la recherche sur des sujets humains que les normes
déontologiques de la régie des
entreprises.
-
À qui sont ces gènes? Sont-ils
protégés? Bien protégés?
L'opinion du public et de spécialistes
concernant les biobanques, par Edna F. Einseidel
Dans son rapport, la professeure Edna Einseidel cherche
à cerner les opinions des citoyens et des
professionnels concernant les technologies
génétiques en particulier et les biobanques
en général. Les données qu'elle
présente sont tirées en très grande
partie d'articles approuvés par des pairs et
parus dans des périodiques
spécialisés, surtout Science et
Nature, ou de rapports publiés dans la
foulée de l'établissement de la base
de données sur le secteur de la santé en
Islande et de la UK Biobank. Le document de la professeure
Einseidel se compose de deux sections distinctes. La
première porte sur les opinions de gens ordinaires
et d'organismes de défense des droits du
public, deux groupes qui forment ce que celle-ci appelle
le « public non organisé ».
La deuxième partie porte sur les points de vue de
professionnels, c'est-à-dire, des
généticiens, des chercheurs en
génétique, des conseillers en
génétique, des coordonnateurs de recherche,
des membres de comités d'éthique de la
recherche ou de comités d'examen
d'établissements de recherche, des
médecins, des éthiciens, des juristes et des
épidémiologistes. Le tableau 5
énumère les éléments
abordés par la professeure Einseidel en rapport
avec les opinions du public et des professionnels.
Tableau 5 –
Points de vue des citoyens et des professionnels
relativement aux biobanques : Sommaire des
questions abordées
Points de vue des citoyens
|
Points de vue des professionnels
|
-
Connaissance et compréhension des
enjeux
-
Besoin de renseignements plus complets
-
Rôle des médias
-
Recrutement et participation
-
Consentement éclairé
-
Retours d'information
-
Confidentialité
-
Propriété et contrôle des
bases de données
-
Commercialisation des données
génétiques
-
Droits de la personne
|
-
Consentement éclairé
-
Consentement à des utilisations futures
-
Confidentialité et protection de la vie
privée
-
Retour d'information
-
Droits de la personne
-
Droits individuels et droits collectifs
-
Réification du corps humain
-
Identité personnelle
-
Réductionnisme
-
Préoccupations des
professionnels :
-
Commercialisation
-
Utilisation des bases de données
à des fins autres que la
recherche
-
Régie
|
Certaines données ont été
tirées de l'article de la professeure
Einseidel et intégrées à des tableaux
sommaires thématiques figurant à des
endroits pertinents de la section 4 du présent
rapport.
La professeure Einseidel présente, dans un contexte
international, une série exhaustive
d'aperçus des opinions de citoyens et de
professionnels sur des questions précises, lesquels
sont fort utiles à examiner. Par ailleurs, selon
elle, il est essentiel que le Canada s'efforce de
comprendre toutes ces questions d'un point de vue
canadien. Le Canada est un pays immense et d'une
diversité géographique et
démographique remarquable, mais cette grande
collectivité hétérogène se
compose de sous-groupes de population relativement petits,
par exemple, les Canadiens français, les
Terre-Neuviens et chacune des collectivités
autochtones. Il faudra comprendre à fond les
différences de besoins et
d'intérêts locaux avant que le Canada
ne puisse se lancer avec succès dans de vastes
initiatives de recherche en génétique
démographique. En résumé, la
professeure Einseidel en arrive aux conclusions
suivantes :
-
S'il s'agit de faire participer les
citoyens ordinaires à des débats
sérieux sur les technologies
génétiques, il faut d'abord
veiller à ce que ceux-ci soient aptes
à :
-
évaluer rationnellement les avantages
et les risques liés à ces
technologies,
-
comprendre les limites de la science,
-
saisir les dimensions éthiques,
juridiques et sociales de toutes ces
questions.
-
Il faut mettre sur pied des programmes
d'information publique qui offrent des
occasions concrètes de participation et de
discussion et permettent aux citoyens d'en
arriver à une opinion éclairée
sur les enjeux.
-
Il faut favoriser la tenue d'un
« dialogue constructif » entre
les scientifiques, les autres intervenants et la
population et ce dialogue « doit
être réciproquement informateur,
réfléchi, honnête et porteur
d'une possibilité de transformation
pour tous » (p. 41, citation de McLean,
2001).
-
Le Canada pourrait envisager
l'élaboration d'un plan de
communication semblable à celui
recommandé par les Centers for Disease
Control, aux États-Unis, pour évaluer
les besoins d'information des divers publics,
formuler des messages et choisir les médias
qui conviennent à la diffusion de
renseignements au sujet de la
génétique et de la santé
publique. Il pourrait recourir à Internet
comme un des mécanismes de diffusion. Ces
moyens permettront d'assurer des
communications coordonnées, exactes et
opportunes (p. 40).
-
La participation du public est une exigence capitale
à remplir avant que le
Canada ne se lance dans une vaste initiative de
recherche en génétique
démographique. En effet, si un pays envisage
la création d'une biobanque nationale,
une participation significative des citoyens aux
décisions exige qu'il se pose des
questions quant au bien-fondé d'une
telle orientation de la recherche et d'un tel
usage des fonds publics (p. 42).
-
Les citoyens, pour être en mesure de prendre
une décision éclairée quant
à leur participation éventuelle
à une initiative de génétique
démographique de grande envergure, doivent
recevoir des autorités toute
l'information voulue concernant le ou les
objectifs de la recherche, les conditions en place
pour protéger la vie privée et les
renseignements personnels, la façon dont sera
traitée la question du consentement à
l'accès et aux utilisations secondaires
des données, les conditions de stockage et de
tenue des données et
prélèvements, les mécanismes de
surveillance et les possibilités de
commercialisation (p. 42).
-
En raison de l'immense portée des
incidences de la recherche en
génétique démographique, si le
Canada décide d'entreprendre un ou
plusieurs grands projets dans ce domaine, il lui
faudra absolument mettre en place un cadre de
régie faisant intervenir un comité de
supervision indépendant où le public
est représenté (p. 42).
-
Un comité d'éthique de la
recherche pourrait se charger d'examiner et de
surveiller la recherche dans les biobanques, assurer
le suivi de l'évolution du projet,
produire des rapports périodiques, servir de
ressource d'orientation au sujet des questions
éthiques, juridiques et sociales et se faire
le lieu d'un débat national permanent
(p. 44, dans une citation de Martin, 2001).
-
Progrès récents
-
Rapport du Comité des sciences et de la
technologie de la Chambre des communes du
Royaume-Uni
Le 25 mars 2003, le Comité des sciences et de la
technologie de la Chambre des communes du Royaume-Uni
rendait public son rapport sur le travail du MRC
intitulé The Work of The Medical Research
Council22. Bien
que basé sur une évaluation de
l'ensemble du travail de cet organisme, le rapport
se concentre surtout sur le projet de UK Biobank et
affirme que l'on constate, au sein même du
MRC, des preuves générales de mauvaise
gestion financière, de mauvaise planification et
d'une surabondance de fonds engagés pendant
des périodes trop longues, ce qui mène au
refus de subventions à un grand nombre de
propositions de haute qualité. Le Comité
accuse également le MRC de mettre en œuvre
des stratégies irréfléchies à
l'appui de la recherche, lesquelles entraînent
en bout de ligne une discrimination à
l'encontre des jeunes chercheurs et de certaines
disciplines.
Le Comité accuse directement le projet UK Biobank
d'être « une initiative purement
politique23 » lancée
sans la pleine confiance du milieu de la recherche ni
celle du public. De fait, le Comité prétend
que les fonds affectés au projet, y compris une
subvention de 45 millions de livres provenant du MRC, ont
été accordés avant
l'achèvement d'une étude
approfondie qui aurait permis de répondre aux
questions scientifiques concernant la valeur et la
méthode du projet24 et que les consultations
tenues au sujet de la biobanque se sont limitées
à « une activité
réglée d'avance afin d'obtenir
un appui généralisé et n'ont
pas été une véritable quête de
consensus sur les fins et les moyens du projet25 ». Le rapport
décrit UK Biobank comme une initiative à
gestion descendante dont les mérites n'ont
jamais été proprement comparés
à ceux d'autres projets dignes de
financement.
Le gouvernement du Royaume-Uni a réagi aux
critiques du Comité en juin 200326. Dans l'essentiel,
tout en reconnaissant les difficultés
rencontrées par le MRC et le besoin
général d'améliorations dans
les domaines de la gestion financière, de la
planification à long terme, de
l'évaluation et de la communication, le
gouvernement défendait les stratégies de
recherche du MRC parce qu'elles avaient
été élaborées par le MRC
lui-même en consultation avec une vaste gamme
d'organisations.
Les critiques directes du Comité à
l'endroit de UK Biobank et les réactions du
gouvernement à ces critiques figurent à
l'annexe B du présent
rapport, et certains points particuliers sont mis en
évidence dans les paragraphes pertinents de la
section 4 ci-après.
-
Vente de Gene Trust à la Genaissance
Pharmaceuticals par la société DNA Sciences
Inc.
Depuis quelques années, on assiste aux
États-Unis à des poussées
remarquables dans la mise sur pied de biobanques
commerciales dont les opérations visent à
répondre à la demande croissante de tissus
humains, d'ADN et de données connexes, de la
part des secteurs public et privé27. Les détracteurs de
cette activité mercantile se demandent s'il
n'est pas contraire à l'éthique
d'adopter une approche de libre-échange dans
ce domaine28. Ils
s'inquiètent de l'absence, aux
États-Unis, de toute protection pour les
participants à des recherches sur des sujets
humains29. À
cause des lacunes du système de
réglementation fédéral, les
directives fédérales visant la recherche
sont effectivement inapplicables aux projets de recherche
à financement privé et aux initiatives
commerciales30.
Que des biobanques commerciales soient le fait du secteur
privé ou du secteur public, leur simple existence
ouvre la porte à des modes d'action qui sont
l'antithèse même des normes
déontologiques modernes. Un article de journal
explique, par exemple, que le gouvernement de
l'État de la Caroline du Nord a vendu des
échantillons sanguins de bébés
à une entreprise privée qui s'en sert
comme élément de nécessaires de tests
génétiques, et à la police en vue
d'études de référence sur les
marqueurs de l'ADN31.
Sans mesures précises de sauvegarde juridique, les
biobanques commerciales pourraient fort bien être
incapables de protéger comme il se doit les
intérêts de leurs participants. La vente de
la société DNA Sciences Inc. montre que ce
danger peut être particulièrement grand dans
les périodes de difficultés
financières ou une fois qu'est amorcée
une procédure de faillite.
DNA Sciences, Inc.32,
aujourd'hui disparue, était une entreprise de
génétique appliquée dont le
siège social se trouvait en Californie et qui
basait son expansion sur la découverte et la
commercialisation de tests de diagnostic
d'après l'ADN. En créant la
biobanque Gene Trust33. DNA Sciences visait
à mettre sur pied une base de données
personnelles incluant les caractéristiques
physiques de chaque individu fiché ainsi que ses
antécédents médicaux et des
renseignements sans cesse mis à jour sur les
traitements médicaux reçus et leur
efficacité. L'entreprise, pour se faciliter
la tâche, passait par Internet pour attirer au
Gene Trust des volontaires auxquels on demandait
au départ leurs coordonnées de base et leurs
antécédents familiaux en matière de
santé. Lorsqu'un sujet convenait aux besoins
de la biobanque, l'entreprise obtenait son
consentement éclairé ainsi qu'un
échantillon de sang qui était ensuite
analysé34. Le
site Web de DNA Sciences montrait que plus de
10 000 participants, de tous les États de
l'union, étaient inscrits au Gene
Trust35.
La stratégie de recrutement comportait une
déclaration des droits des participants au Gene
Trust (Gene Trust Bill of Rights)36, laquelle garantissait aux
participants que les renseignements
génétiques les identifiant personnellement
ne seraient jamais vendus ni divulgués à
quiconque autre que le Gene Trust. Après
la collecte, les données devaient être
rendues anonymes et les chercheurs de la biobanque
devaient n'utiliser que des données non
identifiables. Jamais les renseignements
génétiques ne devaient être transmis
à des employeurs ou des assureurs et jamais ils ne
devaient servir à des tentatives de clonage humain,
parce que la société DNA Sciences
s'opposait à toutes les pratiques de ce
genre. Les participants avaient le droit de se retirer en
tout temps, pour quelque raison que ce soit et sans
pénalisation37.
La société DNA Sciences assurait aux
participants qu'aucune donnée permettant de
les identifier ne serait jamais mise à la
disposition de quiconque, personne ou entité, de
l'extérieur de DNA Sciences sans leur
consentement explicite, à moins que la loi ne
l'exige38. Cette
déclaration de protection de la vie privée
est digne de louanges, mais sans aucune signification
puisque la formule de consentement signée par les
participants contenait une disposition autorisant DNA
Sciences à transférer à des tiers des
prélèvements et des données
médicales rendues anonymes39. Le 15 mai 2003, la
Genaissance Pharmaceuticals déclarait avoir conclu
un accord en vue d'acquérir à peu
près tous les actifs de DNA Sciences40, dont les
prélèvements d'ADN stockés au
Gene Trust, les prélèvements
d'ADN, les données anonymes
d'antécédents médicaux et les
dossiers informatiques contenant les données
d'identification personnelle des participants au
Gene Trust41.
Pour l'heure, la société Genaissance
Pharmaceuticals n'a pas l'intention de
poursuivre les activités du Gene Trust,
mais la situation n'en soulève pas moins des
questions de droit et d'éthique auxquelles
doivent réfléchir les responsables de
l'élaboration des politiques au Canada.
Au Canada, des personnes juridiques pourraient agir comme
« propriétaires » de
biobanques publiques. Il faut tenir compte dès le
départ de la possibilité que de telles
sociétés constituées fassent faillite
ou soient liquidées, et prendre les mesures voulues
pour que les prélèvements biologiques
humains, les données de séquence
d'ADN, les renseignements sur les
antécédents médicaux et toute autre
information personnelle ne soient pas bradées
à des tiers. Ce cadre de fonctionnement devrait
prévoir la constitution d'une fiducie
légale destinée à protéger la
biobanque et empêcher qu'elle ne se retrouve
intégrée à l'actif
général d'une société et
liquidée. La biobanque pourrait simplement
être détenue en fiducie par la
société au nom et au bénéfice
des participants dont elle contient les données.
Les décisionnaires canadiens doivent étudier
plus à fond les questions de régie
d'entreprise en rapport avec les biobanques.
-
Sondage d'opinion publique sur les questions
de biotechnologie — Huitième vague
Depuis 1999, le Secrétariat canadien de la
biotechnologie, un organe du gouvernement du Canada, met
en œuvre avec des partenaires un vaste programme de
recherche sur l'opinion publique comprenant
10 sondages et plus de 75 groupes de
réflexion. Ces travaux composent la plus importante
et la plus exhaustive de toutes les recherches
menées en Amérique du Nord sur les attitudes
de la population face à la biotechnologie et
à la politique gouvernementale en cette
matière. Le programme est conçu de
manière à produire chaque année deux
vagues de recherche à forte composante de suivi
ainsi que des études intensives au sujet de
questions précises telles que celle de
« la protection des renseignements
génétiques ». Ces enquêtes
ont donné des résultats d'une
cohérence remarquable depuis le lancement du
programme.
La huitième vague de recherche, achevée en
mars 2003, consiste en une étude
transnationale des attitudes à l'égard
de la biotechnologie au Canada et aux Etats-Unis. Le
sondage, dont les résultats ont paru en
août 2003, se base sur des entretiens
téléphoniques, à l'aide
d'un même questionnaire, avec
1 000 Américains et 600 Canadiens et
vise deux objectifs principaux :
-
effectuer un suivi des sentiments de la population
au sujet d'un éventail de questions de
biotechnologie au Canada, à partir de
données de référence
rassemblées lors des vagues
précédentes de recherche;
-
comparer les attitudes des Américains et des
Canadiens.
Cette enquête est d'un intérêt
particulier parce qu'elle pose plusieurs questions
concernant expressément la cartographie de
l'ADN et le brevetage des gènes. Les
constatations tirées du sondage ont mené
à décrire les Canadiens comme manifestant
« un appui circonspect au progrès et
à la science ». Parmi les Canadiens
interrogés, 78 p. 100 voient plus
d'avantages que d'inconvénients
à la cartographie de l'ADN et environ la
moitié d'entre eux se sentent mal à
l'aise à l'idée que des brevets
puissent être octroyés dans le domaine de la
biotechnologie. Les résultats du sondage sont
intégrés aux paragraphes pertinents de la
section 4 ci-après.
-
Sondages sur les questions de protection des
renseignements génétiques
Les sociétés Pollara Research et Earnscliffe
Research and Communications ont réalisé des
sondages et tenu deux groupes de réflexion, en
février et mars 2003, afin de prendre le pouls
de l'opinion publique au sujet des questions de vie
privée liées aux renseignements
génétiques personnels. Ces enquêtes,
dont les résultats ont paru en
août 2003, ont une grande importance parce
qu'elles aident à mettre en contexte les
constatations présentées par la professeure
Edna Einseidel et qu'elles portent directement sur
les enjeux propres aux biobanques.
La recherche révèle, et nul ne s'en
étonnera, que « le concept de biobanque
n'est pas encore très clair dans
l'esprit des gens » (p. 11). Voici un
sommaire des conclusions tirées de ces travaux. On
constate que la population :
-
ne comprend pas les processus de la recherche sur la
santé de la population ou de la recherche en
génétique;
-
est de plus en plus au courant des stratégies
de recherche permettant de retracer les
antécédents génétiques
des familles et de recueillir des données
auprès de personnes apparentées;
-
voit les biobanques comme des dépôts de
données et non pas
d'échantillons de matière;
-
a de la difficulté à concevoir la
collecte et le stockage de grandes quantités
de renseignements génétiques;
-
ne sait pas du tout si les biobanques sont un
phénomène répandu ni qui se
charge de les administrer;
-
suppose que les règlements régissant
les biobanques sont probablement assez souples,
surtout parce qu'il s'agit d'un
phénomène nouveau (p. 11-12).
Les résultats de ces recherches sont
intégrés aux paragraphes pertinents de la
section 4 du présent rapport.
-
Analyse des grands enjeux à prendre en compte par
le canada au moment de formuler une politique relative aux
biobanques
L'analyse qui suit a pour but de regrouper les grands
concepts tirés des travaux commandés et
réalisés jusqu'ici. Les sous-sections sur la
vie privée et la confidentialité puisent
abondamment à plusieurs sources extérieures.
Voici les questions qui seront abordées :
-
la consultation, l'information et le rôle des
médias
-
le recrutement
-
la protection de la vie privée et la
confidentialité
-
le consentement éclairé et la communication des
résultats des recherches
-
la commercialisation
-
la régie.
-
Consultation, information et rôle des
médias
Les auteurs des rapports commandés
précédemment concluent à
l'unanimité que le Canada devra absolument
tenir des consultations publiques avant de s'engager
à lancer un grand projet de biobanque nationale
(Deschênes et Cardinal, p. 10; Einseidel,
p. 44-45; Yeo, p. 58). Le succès de la
recherche en génétique démographique
repose directement sur la bonne volonté et la
confiance du public. Les processus de mise en œuvre
doivent donc être empreints de transparence et
fondés sur un débat public véritable
(Deschênes et Cardinal, p. 8). La consultation est
importante pour plusieurs raisons dont la moindre
n'est pas qu'elle peut aider à
déceler des points faibles qui sont
inhérents à la conception même du
projet proposé, surtout
d'éléments qui, laissés sans
correction, risquent d'empêcher toute
communication efficace entre les chercheurs, le groupe
démographique sujet de la recherche et la
population en général. En outre, bien
qu'elle ne s'inscrive pas dans le processus de
consentement éclairé, la consultation
suscite chez les participants éventuels à la
recherche et dans toute la collectivité une
réflexion approfondie sur les enjeux pertinents et
elle contribue ainsi à l'obtention d'un
consentement plus solidement étayé. La
consultation ouvre la possibilité d'un
dialogue sérieux entre les participants et les
chercheurs et d'un engagement réel et
démocratique de la part des citoyens.
La professeure Einseidel rappelle que la mise sur pied de
la base de données sur le secteur de la
santé en Islande a déclenché un
débat international sur les questions relatives aux
renseignements génétiques et aux biobanques
(Einseidel, p. 7) et que cette controverse a
largement contribué au fait que le projet UK
Biobank ait été conçu par le MRC et
le Wellcome Trust dans le but précis de comprendre
les préoccupations des intéressés et
d'y répondre de manière proactive.
Voilà pourquoi le MRC et le Wellcome Trust ont tenu
un certain nombre de consultations et en ont publié
les rapports42.
Malgré ces consultations publiques, un rapport
récent du Comité des sciences et de la
technologie de la Chambre des communes du Royaume-Uni43 critique durement la
méthode de consultation utilisée par le MRC
(voir aussi Yeo, p. 57-58). Au vu de ces critiques,
il y a lieu de mettre une grande application à
l'élaboration de stratégies de
consultation qui susciteront la production de
renseignements propres à influer sur la
planification du projet et à favoriser un rapport
de collaboration entre les chercheurs et la population, et
grâce auxquelles la consultation ne sera pas
perçue simplement comme un moyen de faire avancer
un programme purement politique (Deschênes et
Cardinal, p. 10). Si elles sont
exécutées de mauvaise foi ou mal
organisées, les consultations détruiront
inévitablement la confiance qui doit pourtant
régner entre les différents groupes
démographiques, le milieu scientifique et les
responsables de l'élaboration des politiques.
La consultation, pour être efficace, doit porter
généralement sur les préoccupations
des intéressés. En ce qui concerne les
biobanques, ces intéressés pourront
comprendre notamment les participants (ainsi que leurs
familles ou les membres de leur groupe
d'appartenance socio-démographique); les
chercheurs et le milieu de la recherche; les prestateurs
de soins de santé; les organismes de financement de
la recherche; les organes de réglementation; les
autres utilisateurs des données; les groupes
d'intérêt spécial; et les
médias44. Le
professeur Yeo est d'accord avec la recommandation
de la Commission de l'éthique de la science
et de la technologie, au Québec, selon laquelle
« tout projet de création d'une
banque d'information génétique dite
"populationnelle", ayant pour objectif la
cartographie génétique de la population de
son territoire ou la réalisation de recherches sur
la génétique des populations, soit soumis
à la population – préalablement
informée des tenants et aboutissants du projet
– afin que celle-ci soit activement engagée
dans le processus de décision » (Yeo,
p. 56). Le tableau 6 résume les diverses
stratégies de consultation publique que le Canada
pourrait envisager.
Tableau 6 –
Mécanismes de consultation
publique
Méthode
|
Points forts
|
Points faibles
|
Sondage d'opinion publique
|
|
-
Traitement superficiel des enjeux
|
Groupes de réflexion
|
-
Exploration en profondeur des raisons et
fondements des préférences
|
-
Méthode impossible à
généraliser
|
Consultation de nature délibérative
|
-
Occasions d'apprentissage pour les
spécialistes et les
non-spécialistes
-
Interaction avec des experts, débat
prolongé
|
-
Méthode exigeante en temps et en
ressources
-
Méthode permettant la participation
d'un petit nombre de gens seulement
|
Consultation des intéressés
|
-
Le fait que les intéressés
connaissent bien les enjeux
-
Participation des entités
touchées directement par les avantages
et les risques
|
-
Exclusion du grand public
|
Consultation communautaire
|
-
Vitale là où la
collectivité est très
valorisée
|
-
Problèmes au moment de
déterminer qui doit représenter
la collectivité
|
Consultation sur le Web
|
-
Participation du plus grand nombre
-
Rapidité et continuité des
échanges d'information
|
-
Participants choisis en fonction de leurs
compétences technologiques,
accessibilité, possibilité de
préjudice
-
Possibilité que les données ne
soient pas généralisables
|
Représentation de non- spécialistes
dans les comités d'experts
|
-
Élargissement de la base de
consultation pour étudier les enjeux
dépassant la simple technique
|
-
Risque de marginalisation des opinions des
non-spécialistes par les experts
|
Les différents publics (et les autres
intéressés), pour être en mesure de
participer fructueusement à la prise de
décisions qui les concernent, doivent avoir
accès aux renseignements sur lesquels pourront se
baser les délibérations et le processus
décisionnel. Le niveau des connaissances du public
sur certaines questions est variable et dépend de
facteurs nombreux (Einseidel, p. 10). Les gens
peuvent être ou ne pas être bien
informés au sujet d'une question
donnée, et ce pour plusieurs raisons : ils
s'en désintéressent peut-être,
de façon passive ou active ou il se peut
qu'ils soient trop occupés, ne soient pas
intéressés ou aient décidé de
ne rien apprendre à ce sujet. Ce qu'il faut
se rappeler, cependant, c'est qu'un manque
d'intérêt ne découle pas
nécessairement d'un sentiment négatif.
Il est possible que la mésinformation de certains
au sujet d'une question soit attribuable à la
réception de renseignements erronés ou
exagérés par le biais des médias de
masse. Même si le milieu scientifique n'a
aucun contrôle sur la façon dont les
médias de masse rendent compte des progrès
de la science, il peut certainement garder conscience de
l'importance de ces médias comme
véhicule d'information dans la population.
Les scientifiques doivent se faire une obligation
d'expliquer exactement aux médias les
réalisations de la science et éviter tout
sensationnalisme dans la description de leurs travaux. Les
médias, pour leur part, devraient collaborer de
près avec le milieu scientifique afin
d'assurer l'exactitude et
l'objectivité de leurs reportages.
Compte tenu de la probabilité que les citoyens
soient actuellement non ou mal informés au sujet
des technologies génétiques, toute
consultation sérieuse doit reposer sur la
participation mobilisatrice et valorisante d'un
nombre suffisamment grand de personnes qui se pencheront
sur des questions pertinentes après en avoir acquis
une connaissance assez solide.
Les organismes de financement canadiens et-ou les
partenaires du secteur privé doivent accepter le
fait que les consultations publiques sont un
élément essentiel de tout projet de
biobanque. Les fonds nécessaires à la tenue
des consultations doivent être prévus au
budget en quantités suffisantes et
considérés comme faisant partie de la
stratégie globale du projet (Deschênes et
Cardinal, p. 10).
Résumé du thème Consultation,
information et rôle des médias
-
L'information et la consultation du public
sont des étapes obligées pour le
Canada s'il veut lancer une initiative de
grande envergure en recherche
génétique démographique.
-
Le processus de consultation doit s'amorcer le
plus tôt possible dans
l'élaboration d'une initiative de
ce genre et se poursuivre tout au long de
l'exécution du projet.
-
Le processus de consultation doit être
transparent.
-
Les résultats négatifs d'une
activité de consultation doivent être
pris en compte et faire l'objet d'un
examen ouvert et honnête au fur et à
mesure qu'ils sont repérés.
-
La valeur des consultations publiques est
renforcée par le recours à des
mécanismes variés. La combinaison de
méthodes critiques, qualitatives et
quantitatives permettra d'en arriver à
une compréhension exhaustive des sentiments
et opinions de la population (et des autres
intéressés).
-
Les stratégies de consultation doivent
comporter un élément instructif par
lequel les participants acquerront une connaissance
assez détaillée des enjeux pour
être en mesure de prendre des décisions
éclairées.
-
La consultation peut aider à
déterminer les meilleures manières de
transmettre à divers publics les concepts de
risque et d'incertitude.
-
Il faut élaborer des stratégies de
consultation visant à jauger
l'influence à long terme des
médias de masse et de leur façon de
présenter les technologies
génétiques dans le contexte des
biobanques, et visant aussi à examiner les
outils nouveaux utilisés pour tenir des
consultations auprès de la
collectivité entière au sujet des
questions soulevées dans les médias de
masse.
-
Recrutement
L'éthique exige que tout projet de recherche
en génétique démographique, pour en
assurer la validité scientifique et conceptuelle,
repose sur des bases solides45. Les participants à
la recherche doivent donc être
sélectionnés à l'aide de
méthodes toujours fondées sur des principes
scientifiques, juridiques et éthiques
(Deschênes et Cardinal, p. 10). À titre
d'exemple, le recrutement de sujets pour
l'exécution des protocoles de recherche doit
s'effectuer selon des procédés qui
respectent la vie privée et la
confidentialité des personnes (ainsi que des
membres de leurs familles) composant la cohorte
potentielle, et qui sont conformes à la
législation relative à la protection de la
vie privée dans le territoire de compétence
en cause. De plus, les chercheurs doivent s'assurer
qu'aucun segment de la population visée ne
retirera injustement d'avantages
supplémentaires ni ne se verra imposer un fardeau
trop lourd à cause de sa participation.
L'utilisation des coordonnées personnelles
pour recruter des participants à la recherche
relève de la législation relative à
la protection de la vie privée (Deschênes et
Cardinal, p. 12). Les lois canadiennes dans ce
domaine, tant fédérales que provinciales ou
territoriales, prévoient généralement
des mécanismes en vertu desquels il est permis
d'accéder à des données
nominatives, sans consentement préalable des
personnes visées, s'il s'agit de
recherche et si certaines conditions sont remplies (la
sous-section 4.4 donne plus de détails à ce
sujet). Dans l'intérêt de la protection
de la vie privée, les mécanismes de
recrutement pourraient être conçus de telle
sorte que les participants soient prévenus de la
recherche par des ministères provinciaux de la
santé ou par des entités nationales
chargées de veiller sur les données
personnelles, par exemple, le protecteur du citoyen ou le
Commissaire à la protection de la vie
privée, ou encore par un organisme compétent
tel que les Instituts de recherche en santé du
Canada. Les participants pourraient ensuite être
recrutés par le biais de leurs médecins de
famille ou médecins spécialistes ou par
d'autres prestateurs de soins de santé. Quoi
qu'il en soit, le Canada doit se doter de
méthodes de recrutement qui conviennent exactement
à son système de soins de santé et se
pencher sur le comportement des patients dans ce
système.
Il faut aussi s'assurer que la recherche en
génétique démographique soit
représentative de la population dans son ensemble
et, pour ce faire, diverses stratégies sont
à recommander. L'une d'entre elles
consisterait à lancer une campagne nationale
d'information afin de faire connaître le
projet de recherche en génétique
démographique, y compris les objectifs du projet,
ses risques et avantages pour les individus et la
société ainsi que les mesures de sauvegarde
proposées concernant la sécurité des
données. La campagne nationale pourrait se
dérouler en parallèle avec
l'élaboration de stratégies de
recrutement locales, ce qui permettrait aux personnes
admissibles de savoir qu'elles peuvent participer et
d'apprendre où trouver des renseignements
plus détaillés sur le projet. Ces
stratégies locales devraient inclure des personnes
de groupes défavorisés — p. ex.,
à faible revenu —, et de régions
rurales. La communication est primordiale et les messages
doivent être rédigés et transmis de
façon à toucher les personnes dont la langue
maternelle n'est ni le français ni
l'anglais.
Selon la professeure Einseidel, la disposition à
participer à des recherches semble proportionnelle
à la nature et à la qualité de
l'information reçue par les participants
éventuels et à leur niveau de confiance
envers les médecins et les institutions de
l'État ainsi qu'envers les lois en
vigueur qui protègent les citoyens (Einseidel,
p. 20, dans une citation de Cragg, Ross et Davis,
2000). La participation est peu probable si les gens
craignent que des données les concernant ne
puissent être consultées par les employeurs,
les assureurs ou la police. Les citoyens sont
portés à prendre part à des
recherches cliniques s'ils croient que leur apport
aidera les autres et si la participation n'est pas
trop astreignante (Einseidel, p. 21).
Résumé du thème
Recrutement
-
La validité scientifique et conceptuelle du
projet de recherche en génétique
démographique doit être solidement
fondée avant de commencer le recrutement.
-
Les méthodes de recrutement doivent
s'appuyer sur des bases scientifiques,
juridiques et éthiques.
-
Le Canada doit se doter de méthodes de
recrutement qui conviennent exactement à son
système de soins de santé et se
pencher sur le comportement des patients dans le
système.
-
Les stratégies de recrutement doivent tenir
compte de l'obligation de répartir
équitablement, dans toute la population, les
avantages et les fardeaux liés à la
recherche en génétique
démographique.
-
Il est probable que des consultations publiques
sérieuses, un débat véritable
et des stratégies d'information
élèveront au maximum la disposition
des gens à participer à des recherches
en génétique démographique.
-
La mise sur pied d'une campagne nationale non
coercitive de communication et d'information
aidera à faire en sorte que la recherche en
génétique démographique soit
représentative de toute la population et
s'applique à toute la population.
-
Il convient d'élaborer des
stratégies locales de communication et de
recrutement afin de prendre en compte les
différences régionales et de faire
appel à des participants de tous les milieux,
y compris ceux souvent laissés de
côté dans de tels cas, par exemple, les
personnes à faible revenu et les Autochtones.
-
La participation aux recherches pourra être
maximisée si les sujets sont assurés
d'être prévenus de toute
découverte de faits nouveaux au sujet de leur
état de santé. Cependant, avant de
rehausser la participation par une promesse de
reprise de contact, il faudra calculer ce
qu'une telle pratique pourrait coûter de
plus en fonds, en responsabilité, etc.
-
Pour maximiser la participation à des
recherches en génétique
démographique, il faut garantir aux gens que
les données recueillies seront mises à
la disposition des chercheurs uniquement à
des fins médicales précises,
c'est-à-dire que les données
contenues dans une biobanque ne seront jamais
divulguées à des tiers pour des
raisons non médicales, par exemple, pour
aider au travail de la police.
-
Vie privée et
confidentialité
Protection de la vie privée
Il arrive souvent que le concept de vie privée et
celui de confidentialité soient confondus et
fassent l'objet de descriptions interchangeables,
mais les deux concepts, bien qu'étroitement
liés, n'en sont pas moins distincts. Le droit
d'une personne à la vie privée lui
confère le contrôle de l'accès
à ses renseignements personnels. Quiconque a le
droit, par exemple, de décider de participer ou non
à des recherches en génétique
démographique et de donner ou non aux chercheurs
l'accès à ses
prélèvements biologiques et aux
données connexes de séquence
génétique, à ses renseignements
démographiques personnels, à ses dossiers
médicaux et à ses données
généalogiques. Une fois qu'une
personne a accepté de participer à la
recherche et qu'elle a donné à un
chercheur l'accès à ses renseignements
personnels, le chercheur en question est tenu, par la loi
et par l'éthique, de ne pas divulguer ces
renseignements à autrui sans l'autorisation
du participant. La nature même de l'ADN en
fait une source d'information extrêmement
délicate (Deschênes et Cardinal, p. 27).
Bien des gens craignent, par exemple, que les employeurs,
les assureurs et les forces de police n'obtiennent
des renseignements génétiques personnels et
en fassent un mauvais usage (Einseidel, p. 13, dans
une citation de l'Association médicale
canadienne). Fait intéressant, la plupart (plus de
90 p. 100) des Canadiens voient les
renseignements génétiques
différemment des autres genres de données
personnelles et veulent les voir protégés
par des lois plus rigoureuses (Einseidel, p. 13, dans
une citation de Pollara Research et Earnscliffe Research
and Communications). En particulier, 70 p. 100
des Canadiens sont d'avis que les lois
protégeant les renseignements personnels sur la
santé devraient s'appliquer à la fois
au secteur privé et au secteur public (Einseidel,
p. 16, dans une citation de l'Association
médicale canadienne).
La vie privée, qui a déjà
été décrite comme « le
droit d'agir à sa guise46 », est un concept
qui, avec le temps, est de plus en plus axé sur la
dignité et l'autonomie de l'individu47 et perçu comme
une valeur humaine fondamentale (Yeo, p. 21-23,
s'étend plus longuement sur les
définitions). La notion de vie privée
englobe le droit d'une personne à
contrôler la divulgation, la diffusion et
l'exploitation des renseignements personnels la
concernant. En ce qui touche les renseignements personnels
sur la santé, ils sont protégés par
les règles de l'éthique
professionnelle, la common law, la Charte
canadienne des droits et libertés48, de nombreuses lois
fédérales et provinciales ou territoriales
et, à l'échelle internationale, par
divers traités, conventions, énoncés
déclaratoires et codes d'éthique49.
Les tribunaux canadiens reconnaissent que le droit de
chacun « à la sécurité de
sa personne », au sens de l'article 7 de
la Charte canadienne des droits et
libertés, englobe à la fois
l'intégrité physique et
l'intégrité psychologique de
l'individu50. Il
s'ensuit que l'article 7 comprend aussi
le droit d'être libre de tout stress
psychologique pouvant résulter de la divulgation
non autorisée de renseignements médicaux
personnels51. En outre,
l'article 8 de la Charte, selon lequel
« Chacun a droit à la protection contre
les fouilles, les perquisitions ou les saisies
abusives », a été
interprété comme étendant cette
protection au droit de chacun à la
confidentialité de ses renseignements personnels,
ce qui, dans le présent contexte, englobe
l'ADN ainsi que les données médicales
et démographiques. Ce droit particulier est
fondé sur l'intégrité de la
personne et non pas simplement sur le droit de
propriété52.
Confidentialité
Les patients et leurs familles sont en droit de
s'attendre légitimement à ce que les
renseignements médicaux confidentiels les
concernant, y compris les données
génétiques, ne soient divulgués
à personne sans autorisation. C'est
l'un des principes fondamentaux de la relation de
confiance qui règne entre le médecin et ses
patients53. Cette
attente se manifeste dans l'obligation faite aux
professionnels de la santé de respecter la
confidentialité de tous les renseignements
qu'ils acquièrent au sujet de leurs patients.
L'obligation déontologique sousjacente
à l'obligation juridique est évidente
dans le serment d'Hippocrate et dans ses
formulations modernes, y compris le Code de
déontologie de l'Association médicale
canadienne54. De plus,
des exigences de confidentialité sont maintenant
intégrées aux lois régissant les
établissements de soins de santé, les
secteurs des soins de santé et les professionnels
de la santé. Chaque province s'est
dotée de lois imposant aux prestateurs de soins de
santé une obligation de respecter le
caractère confidentiel des renseignements
concernant les patients.
L'obligation du maintien de la
confidentialité des renseignements relatifs
à la santé est aussi une obligation
clairement imposée par la common law55. La jurisprudence
à cet égard est peu abondante, mais de
nombreuses déclarations judiciaires confirment
l'existence d'une cause équitable de
poursuite pour « abus de
confiance ». Il semble donc ne faire
pratiquement aucun doute que les personnes en possession
de renseignements sur la santé d'autrui
peuvent être tenues responsables si des
renseignements confidentiels sont utilisés à
mauvais escient ou divulgués. En 1990, par exemple,
un jugement de la Cour du Banc de la reine de
l'Alberta, dans la Hay c. University of Alberta
Hospital, décrit comme suit l'obligation
de confidence :
La relation médecin-patient est empreinte de
confidentialité, un droit auquel le patient peut
renoncer. La confidentialité est un attribut
important de la relation médecin-patient, elle est
essentielle à la tenue de communications ouvertes
entre le médecin et le patient. Le patient est
habilité à renoncer expressément
à ce droit ou encore, il peut être
amené par ses propres actions à être
considéré comme y ayant renoncé. Par
ailleurs, un intérêt public
prédominant ou une directive statutaire pourra
justifier qu'un médecin divulgue des
renseignements au sujet d'un patient. Hors de telles
circonstances, le droit demeure et un médecin qui
divulgue des renseignements confidentiels pourrait
être poursuivi en justice pour abus de confiance,
une possibilité qui, évidemment,
inquiète quelque peu les médecins56. (traduction)
La Cour suprême du Canada, dans son arrêt
relatif à la cause McInerney c. MacDonald,
juge que certaines obligations découlent de la
nature spéciale de la relation de confiance qui
existe entre le médecin et le patient. Les
médecins doivent agir avec « la bonne
foi la plus entière et avec loyauté57 » dans leurs
rapports avec les patients58. En étendant la
portée de ces principes, il est permis de penser
que les tribunaux canadiens jugeraient la relation
chercheur-participant59
comme un rapport de confiance.
Exceptions au devoir de confidentialité du
médecin
Les médecins et autres professionnels de la
santé ont l'obligation de garder secret ce
qui a trait à leurs patients, mais il y a des
exceptions tant en vertu de la common law
qu'aux termes des lois. De nombreuses exceptions
législatives autorisent l'utilisation de
renseignements confidentiels sans le consentement du
patient60. La plus
controversée de ces exceptions est celle du
« devoir de mise en garde »,
prévue par la common law61 et selon laquelle, dans
certaines circonstances, un médecin a
l'obligation légale et déontologique
de lever le sceau de la confidentialité afin de
protéger la santé ou la
sécurité d'autrui. La cause la plus
souvent citée à ce sujet est celle de
Tarasoff c. Regents of the University of
California62. Un
petit nombre seulement d'arrêts canadiens
invoquent explicitement le cas Tarasoff63, mais un ensemble juridique
grandissant semble appuyer la notion selon laquelle les
médecins, dans certaines circonstances, ont une
obligation envers une personne qui n'est pas leur
patient64. En outre,
certains précédents font supposer une
exception à l'obligation de
confidentialité en vertu du devoir de mise en
garde65, mais avant
tout, un bon nombre des nouvelles lois provinciales sur
les renseignements médicaux codifient une exception
basée sur le devoir de mise en garde66. L'Association
médicale canadienne a récemment
modifié son code de déontologie afin
d'y signifier que le principe de
confidentialité n'est pas absolu67.
Le devoir de mise en garde entre en jeu dans le contexte
de la collecte et de l'utilisation de
prélèvements biologiques humains. Certains
laissent entendre qu'il peut se présenter des
circonstances dans lesquelles un médecin est
légalement tenu de prévenir la famille
d'un patient d'un risque sanitaire potentiel
révélé par des tests
génétiques. Les renseignements
génétiques propres à un patient
peuvent avoir des incidences sur un membre de sa famille,
par exemple, au moment de la décision de
procréer ou non, ou de choisir un traitement. Pour
cette raison, certains avancent qu'il pourrait y
avoir un « devoir de mettre en
garde » un membre de la famille au sujet
d'un risque ou état pathologique
génétique qui s'est
révélé68. La communication de
renseignements aux membres de la famille qui courent un
risque élevé de maladie grave, sans le
consentement du participant à la recherche, devrait
être envisagée seulement
lorsque tout a été fait, en vain, pour
convaincre le participant de coopérer et de
transmettre lui-même les renseignements aux membres
de sa famille69.
Malgré la tendance à la reconnaissance du
devoir de mise en garde, on ne sait pas encore clairement
quand cette obligation devrait s'appliquer. Il
n'y a pas consensus, par exemple, quant au
degré de gravité que doit atteindre le
risque pour autrui avant que n'entre en jeu le
devoir de mise en garde.
Législation relative à la protection
de la vie privée au Canada
Au Canada, de nombreuses lois tant fédérales
que provinciales s'appliquent aux renseignements
relatifs à la santé. Le tableau 7
ci-après présente, par exemple, diverses
lois clés de l'Alberta qui régissent
la protection de la vie privée et la
confidentialité des données sur la
santé. La complexité du cadre
législatif devient encore plus évidente
lorsque l'on sait que la situation est semblable
dans la plupart des provinces et territoires.
Tableau 7 –
Exemples de lois de l'Alberta ayant des
incidences sur la protection de la vie privée et
la confidentialité des renseignements sur la
santé
Renseignements sur la santé
|
-
Health Information Act, projet de loi
40, 2e session de la 24e
législature de l'Alberta, 1999.
|
Accès à l'information et
protection de la vie privée et des
renseignements personnels
|
-
Freedom of Information and Protection of
Privacy Act, S.A. 1994, ch. F-18.5,
art. 22.03.
|
Santé publique
|
-
Public Health Act, S.A. 1984, ch. P-27.1.
|
Administration de la santé
|
-
Alberta Health Care Insurance Act, R.S.A.
1980, ch.A-24, art. 13.
-
Alberta Health Care Insurance Regulation, AR
216/81, art. 23.
-
Hospitals Act, R.S.A. 1980, ch. H-11,
art. 40.
|
Cancer
|
-
Cancer Programs Act, R.S.A. 1980, ch.
C-1, partie 1.1.
-
Cancer Programs Regulation, AR 242/98
|
Les lois sur l'accès à
l'information s'appliquent aux renseignements
personnels dans le secteur public et
elles existent maintenant à l'échelon
fédéral et à celui des provinces et
des territoires. De nouvelles lois fédérales
visent la collecte, l'utilisation et la divulgation
de renseignements personnels dans le secteur
privé. Plusieurs provinces sont en voie de
se doter de mesures législatives semblables sur la
protection de la vie privée, et si ces lois sont
jugées « similaires dans
l'ensemble », la législation
provinciale prendra la priorité sur la loi
fédérale dans la province en cause. Bien des
provinces ont déjà des lois précises
régissant la confidentialité des
renseignements personnels sur la santé.
Tableau 8 –
Protection relative accordée par les lois (ou
projets de loi) fédérales et provinciales
sur la vie privée au Canada
Compétence
|
Droit à la vie privée
|
Droit criminel
|
Resp. civile
|
Dossiers cliniques
|
Statistiques des registres
|
Accès à l'information, secteur
public
|
Protection des données personnelles sur la
santé
|
Protection des données personnelles, secteur
privé
|
Canada
|
4
|
4
|
|
|
4
|
4
|
|
4
|
Colombie-Britannique
|
|
|
4
|
4
|
4
|
4
|
|
(4)
|
Alberta
|
|
|
|
4
|
4
|
4
|
4
|
(4)
|
Saskatchewan
|
|
|
4
|
4
|
4
|
4
|
(4)
|
|
Manitoba
|
|
|
4
|
4
|
4
|
4
|
4
|
(4)
|
Ontario
|
|
|
|
4
|
4
|
4
|
(4)
|
(4)
|
Québec
|
4
|
|
|
4
|
4
|
4
|
|
4
|
Nouvelle-Écosse
|
|
|
|
4
|
4
|
4
|
|
|
Nouveau-Brunswick
|
|
|
|
4
|
4
|
4
|
|
|
Île-du-Prince-Édouard
|
|
|
|
4
|
4
|
4
|
|
|
Terre-Neuve-et-Labrador
|
|
|
4
|
|
4
|
4
|
|
|
Yukon
|
|
|
|
|
4
|
4
|
|
|
Territoires du Nord-Ouest
|
|
|
|
|
4
|
4
|
|
|
Nunavut
|
|
|
|
|
4
|
4
|
|
|
L'annexe C présente la
liste des lois et projets de loi de chaque province et
territoire.
Loi sur la protection des renseignements
personnels et les documents électroniques du
gouvernement fédéral
La Loi sur la protection des renseignements personnels
et les documents électroniques, à
l'échelon fédéral70, impose des normes
obligatoires régissant la collecte,
l'utilisation et la divulgation des renseignements
personnels, y compris ceux sur la santé, dans le
secteur privé. Cette loi a pour fin
convenue :
de fixer, dans une ère où la technologie
facilite de plus en plus la circulation et
l'échange de renseignements, des règles
régissant la collecte, l'utilisation et la
communication de renseignements personnels d'une
manière qui tient compte du droit des individus
à la vie privée à l'égard
des renseignements personnels qui les concernent et du
besoin des organisations de recueillir, d'utiliser ou
de communiquer des renseignements personnels à des
fins qu'une personne raisonnable estimerait
acceptables dans les circonstances71.
L'annexe 1 de cette loi incorpore
spécifiquement les principes énoncés
dans le Code type sur la protection des renseignements
personnels de CSA International. Ces principes sont
résumés au tableau 9 ci-après.
Tableau 9 –
Principes équitables de traitement de
l'information énoncés dans la Norme
nationale du Canada intitulée Code type sur la
protection des renseignements personnels,
CAN/CSA-Q830-96
Principe
|
Description
|
Responsabilité
|
Un organisme est responsable des renseignements
personnels dont il a la gestion et doit
désigner une ou des personnes qui devront
s'assurer du respect des principes
énoncés cidessous.
|
Détermination des fins
|
Les fins auxquelles des renseignements personnels
sont recueillis doivent être
déterminées par l'organisme avant
la collecte ou au moment de celle-ci.
|
Consentement
|
Toute personne doit être informée de
toute collecte, utilisation ou communication de
renseignements personnels qui la concernent et y
consentir, à moins qu'il ne soit pas
approprié de le faire.
|
Limitation de la collecte
|
L'organisme ne peut recueillir que les
renseignements personnels nécessaires aux
fins déterminées et doit
procéder de façon honnête et
licite.
|
Limitation de l'utilisation, de la communication
et de la conservation
|
Les renseignements personnels ne doivent pas
être utilisés ou communiqués
à des fins autres que celles auxquelles ils
ont été recueillis à moins que
la personne concernée n'y consente ou que
la loi ne l'exige. On ne doit conserver les
renseignements personnels qu'aussi longtemps que
nécessaire pour la réalisation des
fins déterminées.
|
Exactitude
|
Les renseignements personnels doivent être
aussi exacts, complets et à jour que
l'exigent les fins auxquelles ils sont
destinés.
|
Mesures de sécurité
|
Les renseignements personnels doivent être
protégés au moyen de mesures de
sécurité correspondant à leur
degré de sensibilité.
|
Transparence
|
Un organisme doit faire en sorte que des
renseignements précis sur ses politiques et
ses pratiques concernant la gestion des
renseignements personnels soient facilement
accessibles à toute personne.
|
Accès aux renseignements personnels
|
Un organisme doit informer toute personne qui en
fait la demande de l'existence de renseignements
personnels qui la concernent, de l'usage qui en
est fait et du fait qu'ils ont été
communiqués à des tiers, et lui
permettre de les consulter. Il sera aussi possible
de contester l'exactitude et
l'intégralité des renseignements
et d'y faire apporter les corrections
appropriées.
|
Plaintes pour non-respect des principes
|
Toute personne doit être en mesure de se
plaindre du non-respect des principes
énoncés ci-dessus en communiquant avec
le ou les personnes responsables de les faire
respecter au sein de l'organisation
concernée.
|
Depuis le 1er janvier 2002, la
Loi sur la protection des renseignements personnels et
les documents électroniques s'applique
aux renseignements personnels sur la santé, mais
jusqu'au 1er janvier 2004,
l'application se limite aux renseignements
personnels sur la santé dans le secteur
privé réglementé par le gouvernement
fédéral et à la divulgation
transfrontières de ces renseignements. À
partir du 1er janvier 2004, la Loi
s'applique aux renseignements personnels sur la
santé dans le secteur privé.
Lorsqu'une province édicte sa propre loi
relativement au secteur privé et que la loi
provinciale est similaire dans l'ensemble à
la loi fédérale, c'est la loi
provinciale qui s'applique.
En termes précis, la Loi contient des dispositions
relatives à l'utilisation et à la
divulgation de renseignements personnels à des fins
de recherche72. Dans le
contexte de la recherche, des renseignements personnels
peuvent être utilisés ou divulgués
sans que le sujet le sache ou y ait consenti, mais
seulement si le chercheur ne peut pas atteindre son but
autrement, qu'il est pratiquement impossible
d'obtenir le consentement du sujet et que
l'organisme de recherche en informe au
préalable le Commissaire à la protection de
la vie privée. Enfin, dans tous les cas, les
renseignements doivent être utilisés
d'une manière qui permet d'en garantir
la confidentialité.
La Loi fait l'objet de critiques parce qu'elle
ne reconnaît pas la nature exceptionnelle des
renseignements sur la santé et des objectifs de la
prestation des soins de santé. Elle ne
reconnaît pas non plus les obligations
légales et éthiques préexistantes des
médecins et des chercheurs à l'endroit
des patients et des sujets de recherche. Qui plus est,
certains font remarquer que les principes
d'équité dans le traitement de
l'information, qui sous-tendent la Loi, ne
concordent pas nécessairement avec les normes qui
régissent la prestation des soins de santé.
Législation provinciale de protection des
renseignements personnels dans le secteur
privé
Comme on l'a vu plus haut, la loi
fédérale s'applique à toutes
les données sur la santé qui sont
recueillies, utilisées ou divulguées dans le
cadre d'une activité commerciale depuis le
1er janvier 2004. Si une province adopte ses
propres mesures législatives et qu'elles sont
« dans l'ensemble similaires »
à la loi fédérale, la
législation provinciale prévaut dans la
province. Le Québec a sa propre législation
en la matière depuis 199373. L'Alberta (projet de
loi 4474) et la
Colombie-Britannique (projet de loi 3875) se préparent
à faire voter des lois qui, si elles sont
adoptées, s'appliqueront aux
opérations du secteur privé.
Il reste bien des questions à régler quant
à l'interaction des lois
fédérales et provinciales au sujet des
biobanques. Lesquelles seront-elles proprement
applicables? Les lois provinciales seront-elles
jugées « dans l'ensemble
similaires » aux lois fédérales?
Les nombreuses lois existantes sur la protection de la vie
privée, bien que semblables sur le plan des
concepts, ne sont pas identiques. Et nul ne sait
jusqu'à quel point elles pourront être
harmonisées. Pour l'heure, la navigation
s'annonce houleuse et ardue entre les mesures
législatives existantes et celles qui formeront
éventuellement le cadre législatif des
biobanques. La difficulté sera d'autant plus
grande que les biobanques se fondent sur
l'exploitation de ressources
génétiques démographiques, une
activité qui n'est ni purement publique ni
purement privée et ne représente
certainement pas une opération commerciale typique.
Lois provinciales sur la protection de la vie
privée qui visent les renseignements sur la
santé
Un certain nombre de provinces canadiennes, dont
l'Alberta, le Manitoba et la Saskatchewan, se sont
déjà dotées de lois régissant
directement la confidentialité des renseignements
sur la santé. Ces lois visent les objectifs
suivants :
-
mettre en place des mécanismes qui permettent
de protéger la vie privée des citoyens
en ce qui concerne les renseignements sur leur
santé et de protéger la
confidentialité de ces renseignements
-
rendre possible le partage et l'accès
de ces renseignements
-
faciliter la prestation des services de santé
et la gestion du système de soins de
santé
-
prescrire des règles pour la collecte,
l'utilisation et la divulgation des
renseignements sur la santé
-
assurer à chacun le droit
d'accès aux renseignements sur sa
propre santé
-
assurer à chacun le droit de demander que des
corrections ou des modifications soient
apportées aux renseignements sur sa propre
santé
-
établir des recours solides et efficaces dans
les cas d'infraction aux lois
-
prévoir l'examen indépendant des
décisions prises par des tuteurs, gardiens ou
fiduciaires en vertu des lois, et l'examen
indépendant du règlement des conflits.
En général, les lois régissant les
renseignements sur la santé réalisent les
objectifs visés par les moyens suivants :
-
en imposant des obligations claires aux
« gardiens » des
renseignements sur la santé en ce qui a trait
à « l'identification
personnelle » de ces renseignements
-
en établissant des règles strictes
pour la collecte, l'utilisation, le stockage,
la divulgation, la conservation, la mise au rebut et
la destruction des renseignements personnels sur la
santé, y compris les
prélèvements biologiques (voir par
exemple l'Alberta Health Information
Act, sous-alinéa 1(1)(i)(iii))
-
en exigeant que les renseignements sur la
santé puissent être utilisés
et-ou divulgués uniquement aux fins pour
lesquelles ils ont été recueillis ou
à des fins connexes légitimes
-
en permettant que les renseignements personnels sur
la santé soient utilisés et-ou
divulgués à des fins de recherche,
avec ou sans le consentement de la personne à
laquelle ils s'appliquent, si certains
critères sont respectés (voir par
exemple l'Alberta Health Information
Act, art. 48-56).
Il faut absolument que soit effectuée une analyse
minutieuse des lois fédérales et
provinciales de protection de la vie privée dans le
contexte des biobanques. La mise sur pied et
l'exploitation des biobanques forment une question
complexe qui n'est pas de nature purement ni
strictement publique ou privée, et elle se
complique encore plus à cause de la
répartition des pouvoirs qui attribue au
gouvernement fédéral la compétence en
matière de commerce, et aux gouvernements
provinciaux celle en matière de santé.
L'enchevêtrement du réseau
législatif pourrait pousser à rechercher une
législation qui vise spécialement les
biobanques et qui soit apte à régir de
façon plus directe et plus cohérente les
enjeux complexes de la protection de la vie privée.
Le tableau 10 résume les données des
sondages d'opinion publique au sujet des questions
de protection de la vie privée.
Tableau 10 –
Résumé des données des sondages
sur la protection de la vie privée
Préoccupations du public
|
Canada
|
-
Près de 90 p. 100 des
Canadiens voient les renseignements
génétiques comme étant
différents des autres renseignements
personnels et ils veulent voir leur
accès régi par une
réglementation plus stricte (Einseidel,
p. 13, citant Pollara Research et
Earnscliffe Research and Communications,
2001).
-
Les deux tiers des Canadiens sont d'avis
que les données
génétiques sont « les
plus privées et les plus
confidentielles qui soient » et ils
refusent que quiconque y ait accès sans
leur consentement (Einseidel, p. 13,
citant l'Association médicale
canadienne, 2000).
-
De nombreuses personnes sont
préoccupées par la question de
l'anonymat des donneurs de
prélèvements, les dossiers
utilisés à des fins de recherche
et la possibilité que les employeurs et
les assureurs obtiennent les renseignements et
les utilisent à mauvais escient
(Einseidel, p. 13, citant
l'Association médicale
canadienne, 2000).
-
Environ 78 p. 100 des Canadiens
sondés croient que les médecins
devraient avoir accès
aux renseignements génétiques
pour les besoins du diagnostic et de la
thérapie; 60 p. 100 pensent
que les ministères provinciaux de la
santé ne devraient pas
avoir accès aux renseignements
génétiques; 87 p. 100
sont d'avis que les
sociétés d'assurance
privées ne devraient
pas avoir accès aux
renseignements génétiques; et
63 p. 100 pensent que la police
devrait y avoir accès lorsqu'elle
en a besoin pour trouver les coupables de
crimes (Einseidel, p. 14, citant
Einseidel, à paraître).
-
Environ 70 p. 100 des Canadiens
pensent que les lois de protection des
renseignements personnels sur la santé
devraient s'appliquer aussi bien au
secteur privé qu'au secteur
public (Einseidel, p. 16, citant
l'Association médicale
canadienne, 2000).
-
La plupart des personnes interrogées
(76 p. 100) présument que
tous les renseignements
génétiques tirés
d'un test sont conservés, mais
elles sont enclines à voir cette
conservation dans les locaux des laboratoires
et non pas dans une banque de données.
Près de 60 p. 100 pensent
ainsi même lorsqu'il s'agit
d'échantillons de sang ou de
salive. (Pollara Research et Earnscliffe
Research and Communications, Recherche sur
l'opinion publique concernant les
renseignements génétiques et
leur protection, p. 12).
-
En l'absence d'arguments
expliquant les avantages éventuels
à tirer de l'exploitation des
renseignements génétiques
personnels, la plupart des Canadiens
favorisent implicitement la stricte protection
des tels renseignements. (Pollara Research et
Earnscliffe Research and Communications,
Recherche sur l'opinion publique
concernant les renseignements
génétiques et leur
protection, 2003, p. 15).
-
La protection de la vie privée
n'est pas la seule valeur prioritaire
des Canadiens. Ces derniers valorisent aussi
beaucoup l'utilisation des
renseignements génétiques en
médecine et en santé, et
pardessus tout s'il s'agit de
trouver des moyens de guérir des
maladies d'origine
génétique. Ils sont
généralement très ouverts
aux utilisations des renseignements
génétiques en recherche (Pollara
Research et Earnscliffe Research and
Communications, Recherche sur
l'opinion publique concernant les
renseignements génétiques et
leur protection, 2003, p. 15).
-
Les Canadiens sont divisés quant
à savoir si les renseignements
génétiques sont fondamentalement
différents des renseignements sur la
santé, mais ils s'attendent
à ce que l'accès aux
renseignements génétiques soit
plus rigoureusement réglementé
que celui des autres renseignements
médicaux (Pollara Research et
Earnscliffe Research and Communications,
Recherche sur l'opinion publique
concernant les renseignements
génétiques et leur
protection, 2003, p. 10).
-
Les Canadiens expriment des opinions
très différenciées en ce
qui a trait à leur niveau d'aise
ou de malaise relativement à la
question de savoir quels groupes et quels
individus devraient avoir accès aux
renseignements génétiques
d'autrui. Ils se sentent très
à l'aise à
l'idée que ces données
soient accessibles aux médecins et aux
chercheurs, et beaucoup moins à
l'aise s'il s'agit des
assureurs, des employeurs et des
fonctionnaires, y compris ceux des
ministères provinciaux de la
santé (Pollara Research et Earnscliffe
Research and Communications, Recherche sur
l'opinion publique concernant les
renseignements génétiques et
leur protection, 2003, p. 10).
|
Royaume-Uni
|
-
Les préoccupations au sujet du mauvais
usage des renseignements
génétiques par les employeurs et
les assureurs sont proprement traitées
si les autorités sont informées
des raisons de l'utilité des
renseignements ainsi que des mesures prises
pour les protéger contre un
accès non autorisé (Einseidel,
p. 13, citant la Human Genetics
Commission, 2002).
|
États-Unis
|
-
En raison des inquiétudes grandissantes
au sein des groupes qu'il
représente, le Congrès des
États- Unis a proposé un
règlement exigeant que les chercheurs
utilisant les banques de
prélèvements de tissus soient
tenus d'obtenir le consentement de
chaque patient avant de se servir de
renseignements génétiques
portant l'identité du donneur
(Einseidel, p. 12, citant Uraneck, 2001).
-
Environ 85 p. 100 des
Américains sondés en 1995 se
disaient « très
préoccupés » ou
« assez
préoccupés » par la
possibilité que les assureurs et les
employeurs aient accès aux
renseignements génétiques et en
fassent un mauvais usage (Einseidel,
p. 15, citant Uraneck, 2001).
-
Lors du même sondage, moins d'un
Américain sur cinq estimait très
acceptable l'utilisation, sans
permission, des dossiers médicaux pour
la recherche médicale; moins d'un
sur trois l'estimait non acceptable
(Einseidel, p. 15, citant Uraneck, 2001).
|
Préoccupations des professionnels
|
|
-
Les professionnels ne s'entendent pas
sur la question des conditions de
confidentialité ni sur la
viabilité de solutions techniques aux
problèmes dans ce domaine (Einseidel,
p. 30).
|
Résumé du thème Vie
privée et confidentialité
-
Les questions de protection de la vie privée
et de la confidentialité sont rendues
particulièrement difficiles par la
conjugaison de nombreux facteurs dont les
progrès rapides en technologie de
l'information et en génétique et
par le conflit persistant entre, d'une part,
le désir de réaliser des recherches
bénéfiques dans le domaine de la
santé et, d'autre part, la
nécessité de protéger les
données personnelles sur la santé.
Vie privée
-
Pour l'heure, il semble n'exister aucun
cadre légal cohérent au sein duquel
aborder proprement les questions de vie
privée du domaine de la santé qui sont
liées à l'exploitation des
biobanques.
-
Il est essentiel d'arriver à bien
comprendre l'interaction entre les lois
fédérales et provinciales de
protection de la vie privée en rapport avec
l'exploitation des biobanques. Ce qu'il
faut d'abord, c'est trouver
réponse à la question de la
séparation des compétences entre
l'autorité fédérale en
matière de commerce et
l'autorité provinciale en
matière de santé.
-
Le cadre légal actuel est complexe et il
pourrait forcer éventuellement les
autorités à envisager la promulgation
d'une loi régissant spécialement
les biobanques et permettant de traiter ces
questions complexes de protection de la vie
privée.
-
Un besoin est évident, celui
d'élaborer et d'instaurer des
méthodes pour coder les données, les
rendre anonymes et les partager, le tout d'une
manière qui garantisse leur
sécurité en fonction des besoins qui
ont été déterminés76.
Confidentialité
-
Les médecins ont une obligation claire en
common law ainsi qu'un devoir
fiduciaire de maintenir la confidentialité
des renseignements concernant leurs patients (devoir
qui a été modifié par les lois
sur la protection des renseignements personnels).
-
Il y a un certain nombre d'exceptions au
devoir de confidentialité, et elles sont
prévues dans les lois régissant les
renseignements sur la santé. La plus
controversée reste cependant celle du
« devoir de mise en garde »
à l'endroit de tiers. Ce devoir
reçoit l'appui de la jurisprudence et
de la législation récentes, mais sa
portée demeure incertaine.
-
Consentement éclairé et
communication des résultats de la
recherche
Consentement individuel dans le cadre de la
recherche
Au Canada, pour être valide, le consentement
à un traitement médical doit
s'appliquer spécifiquement au traitement
proposé et il doit être donné
volontairement par un patient qui en a la capacité
légale et est
« éclairé »,
c'est-à-dire, bien informé. Si
l'une de ces exigences n'est pas remplie, le
consentement est nul. Dans le contexte de la recherche
clinique, les exigences relatives au consentement sont
plus rigoureuses que pour un traitement médical. Le
Code de Nuremberg, la Déclaration
d'Helsinki et l'Énoncé de
politique des trois conseils : éthique de la
recherche avec des êtres humains exigent que les
participants à une recherche médicale
donnent préalablement leur consentement volontaire
et éclairé. Qui plus est, le consentement
éclairé doit être vu non pas comme un
acte ponctuel, mais comme un processus qui se poursuit
pendant toute la durée de la recherche, et les
participants doivent disposer d'occasions et de
réfléchir à la question de savoir
s'ils veulent, ou non, continuer de participer.
Les tribunaux canadiens ont déterminé que
les êtres humains sujets d'une recherche ont
droit « à une divulgation entière
et franche de tous les faits, probabilités et
opinions auxquels on peut s'attendre qu'une
personne raisonnable veuille réfléchir avant
de donner son consentement77 ». En vertu de
cette obligation, les chercheurs sont tenus de donner aux
sujets potentiels des renseignements sur tous les risques
possibles, même les plus minimes, ainsi que toute
l'information significative concernant le protocole
de recherche. Dans le cas d'une recherche en
génétique clinique, les sujets doivent
être informés de la possibilité
d'une commercialisation des résultats; des
mécanismes mis en œuvre pour protéger
la confidentialité des données de nature
délicate; des incidences possibles de la
participation sur leur assurabilité personnelle; de
leur droit à se retirer de la recherche à
quelque moment que ce soit; et, le cas
échéant, de la façon dont les
résultats de la recherche seront mis à leur
disposition ou à celle de leur médecin.
L'annexe D du présent
rapport contient une liste, tirée de
l'Énoncé de politique des trois
conseils, énumérant tous les renseignements
qui doivent être transmis à quiconque est
sujet potentiel d'une recherche.
Recherche rétrospective sur des
données et prélèvements
déjà stockés
Lorsqu'il s'agit de recherches
rétrospectives sur des tissus humains et des
données connexes déjà recueillis et
stockés, la législation relative aux
renseignements sur la santé et les autres lois de
protection de la vie privée prévoient
habituellement une exception à la règle
générale en prescrivant que le consentement
informé est obligatoire pour toute recherche
utilisant des données sur la santé ou des
tissus identifiables à des personnes. La Health
Information Act de l'Alberta, par exemple,
permet aux chercheurs l'accès à des
données identifiables sur la santé
d'une personne, y compris à des
prélèvements de tissus, sans le consentement
du sujet, mais dans des circonstances bien précises
et après avoir reçu l'approbation
d'un comité d'éthique de la
recherche78. En
examinant la proposition de recherche, ce comité
doit se demander, entre autres choses, si la recherche
proposée est d'une importance suffisante pour
prévaloir sur l'intérêt public
à protéger la vie privée, et si
l'obtention d'un consentement est
déraisonnable, irréalisable ou infaisable.
Malgré cet affaiblissement législatif de
l'exigence de consentement éclairé
dans le cas de recherches rétrospectives, le droit
canadien et les normes internationales en voie
d'élaboration soutiennent fermement la
nécessité du consentement de toute personne
à la collecte d'échantillons
d'ADN et de renseignements personnels la concernant
et à leur stockage futur dans une biobanque de
données génétiques
démographiques.
Recherche prospective
Au Canada, l'application rigoureuse des lois et
politiques existantes relativement aux biobanques
exigerait que le consentement soit obtenu au moment du
prélèvement d'un échantillon et
ensuite à chaque nouvelle utilisation d'un
échantillon d'ADN identifiable ou de
données connexes contenus dans une biobanque
(Deschênes et Cardinal, p. 35, citant Caulfield
et Outerbridge). Cette obligation est difficile à
respecter dans le conteste de la recherche liée aux
biobanques, où les utilisations futures possibles
sont inconnues. Le degré exact de détail des
conditions à respecter pour satisfaire à
l'exigence de consentement éclairé
dans le contexte de la recherche en
génétique démographique demeure
hypothétique. Selon une déclaration de la
Human Genetics Commission du Royaume-Uni :
La difficulté de retracer les sujets et
d'obtenir d'eux un nouveau consentement
à différentes formes de recherche
médicale pourrait bien rendre irréalisable
l'obtention de ce re-consentement et limiterait
sérieusement l'utilité de vastes bases
de données sur la population79. (traduction)
Par ailleurs, si les chercheurs utilisaient seulement des
prélèvements anonymes ou s'ils
recouraient à un processus permettant
d'anonymiser irréversiblement les
prélèvements et les données,
l'utilité des prélèvements et
des données deviendrait limitée. La valeur
des biobanques pour la recherche future serait grandement
enrichie par des mécanismes qui permettent à
la fois de protéger l'identité des
participants et de conserver des liens entre cette
identité et les renseignements sur la santé
et les autres données stockées, qui
pourraient être mis à jour de temps à
autre (Deschênes et Cardinal, p. 28).
Des observateurs mettent en doute la qualité et la
pertinence des normes juridiques régissant le
consentement dans un tel contexte. Caulfield et
al. offrent des raisons convaincantes à
l'appui de la possibilité que les normes
traditionnelles puissent être justement
estimées trop exigeantes dans le cas des biobanques
et de la recherche en génétique
démographique80.
Ces raisons peuvent se résumer comme suit :
-
L'évolution d'un projet recherche
en biotechnologie, dans tous ses aspects, est
difficile sinon impossible à prévoir
au moment de l'obtention d'un
consentement en rapport avec une collecte de
prélèvements.
-
La collecte de prélèvements
d'ADN, qui se fait habituellement par
veinopuncture ou au moyen d'un
écouvillon, représente peu de risque
pour le participant.
-
Il est peu probable que la recherche liée aux
biobanques aboutisse à des renseignements
d'une utilité clinique directe pour tel
ou tel participant.
-
La valeur de chacun des prélèvements
stockés dans une biobanque est marginale; ce
qui est riche en valeur, c'est la collection
tout entière et la possibilité offerte
de procéder à d'innombrables
types d'analyse.
-
Les demandes répétées de
consentement individuel auprès des sujets
d'une biobanque imposent un fardeau aux
chercheurs et aux sujets et peuvent devenir un motif
de dissuasion de participer.
Diverses options stratégiques ont été
proposées en vue de modifier de façon plus
ou moins importante l'obligation de consentement. Le
tableau 11 présente une comparaison entre les
modèles de consentement, y compris le consentement
en toute connaissance de cause, le
« modèle
d'autorisation », le consentement
inconditionnel et la levée de l'obligation de
consentement.
Tableau 11 –
Comparaison entre les modèles actuels de
consentement
Modèle de consentement
|
Caractéristiques
|
Consentement éclairé
|
-
Le consentement éclairé est
obligatoire avant le premier
prélèvement biologique et
ensuite à chaque utilisation nouvelle
du prélèvement dans un protocole
de recherche.
-
Il peut être exagérément
restrictif en ce qui a trait à la
recherche future.
-
La reprise de contact avec le participant est
difficile et elle peut n'être pas
souhaitable dans certains cas, par exemple,
lorsque la personne en question est
décédée.
|
Modèle d'autorisation
(Deschênes et Cardinal, p. 16-17; Yeo,
p. 49)
|
-
Le consentement éclairé est
obligatoire avant le premier
prélèvement biologique.
-
La recherche ultérieure est
autorisée, ou non, par le sujet lors du
premier prélèvement.
-
Les participants peuvent préciser
qu'ils autorisent certaines utilisations
et refusent certaines autres utilisations des
prélèvements de leur
matière vivante et des données
connexes, et préciser aussi le
degré de pouvoir de décision
qu'ils veulent conserver par la suite.
-
Il est toujours possible qu'un
participant opte pour un
« consentement
inconditionnel », mais les
chercheurs ne tiennent jamais cette
possibilité pour acquise.
-
Ce modèle établit un
équilibre raisonnable qui respecte
l'autonomie individuelle et soutient la
recherche en génétique, et elle
est favorisée dans
l'Énoncé de politique des
trois conseils (article 8.6).
-
Ce modèle concorde avec l'opinion
publique.
|
Consentement inconditionnel
(Deschênes et Cardinal, p. 14)
|
-
Il s'agit d'un consentement
ponctuel par lequel un participant consent
à l'utilisation de ses
prélèvements et données
pour « la recherche en
général ».
-
Il est de nature trop générale
pour avoir un poids légal de quelque
importance, puisque nul ne peut être
jugé avoir consenti à des choses
auxquelles il n'a même pas
pensé.
-
Ce modèle va à l'encontre
de l'opinion publique, car les gens
s'attendent à ce que les
règles régissant
l'accès aux renseignements
génétiques soient
renforcées.
-
Certains affirment que le principe
d'autonomie appuie le droit des
participants à la recherche de donner
leur consentement inconditionnel;
d'autres prétendent que le
consentement inconditionnel est nul parce que
consentir à tout, c'est ne
consentir à rien.
|
Consentement présumé
|
-
Parce qu'un patient ou un participant
à la recherche a donné un
prélèvement biologique pour la
recherche et parce que seul un nombre
relativement petit de sujets seraient
disposés à renouveler leur
consentement, les chercheurs présument
avoir le consentement de tous à des
utilisations futures de leurs
prélèvements pour la recherche.
-
Le consentement présumé fait
problème à cause du grave manque
de respect qu'il manifeste à
l'égard des participants pris
individuellement et de leur droit personnel de
prendre des décisions
éclairées concernant leur propre
personne et leur propre vie.
-
Ce modèle va à l'encontre
de l'opinion publique
-
Il peut constituer une présomption
valable permettant l'accès et
l'utilisation de collectes existantes de
matières vivantes humaines qui,
autrement, seraient presque sans valeur.
|
Levée de l'obligation de consentement
|
-
L'obligation d'obtenir le
consentement éclairé des
personnes auxquelles se rapportent des
données ou des
prélèvements peut être
levée par un comité
d'éthique de la recherche si,
entre autres raisons, la recherche ne fait
courir que des risques minimes aux sujets
(Énoncé de politique des trois
conseils, article 2.1 c); et Alberta
Health Information Act, art. 48-55).
-
Ce modèle va à l'encontre
de l'opinion publique.
-
Certains sont d'avis que la levée
de l'obligation de consentement est
justifiable pour permettre
l'accès et l'utilisation de
collections de matières vivantes
humaines qui, autrement, seraient sans grande
valeur.
|
Parmi les options du tableau 11, le modèle
d'autorisation paraît le meilleur pour les
vastes projets de recherche en génétique
démographique mais, pour l'adopter, il
faudrait apporter des modifications aux cadres actuels de
réglementation et de législation canadiens.
Recherche sur des sujets enfants
L'étude proposée d'une cohorte
de naissance canadienne implique le recrutement de
bébés en vue d'une recherche
longitudinale en génétique
démographique. Au Québec, selon le Code
civil81, une personne
mineure incapable a le droit de participer à une
recherche avec le consentement parental à condition
que le mineur en question accepte et que la recherche ne
présente pas de risque grave. Dans cette province,
tout projet de recherche en génétique
démographique faisant intervenir des enfants
devrait d'abord être approuvé par un
comité d'éthique de la recherche
constitué ou nommé par le ministre de la
Santé et des Services sociaux. Un enfant ne peut,
en outre, être soumis à une
expérimentation qu'à la condition que
celle-ci laisse « espérer, si elle ne
vise que lui, un bienfait pour sa santé ou, si elle
vise un groupe, des résultats qui seraient
bénéfiques aux personnes possédant
les mêmes caractéristiques d'âge,
de maladie ou de handicap que les membres du
groupe ». Dans les autres provinces, la
légalité de la recherche sur des sujets
enfants n'est pas clairement définie82 et il faudra donc
étudier la question plus à fond.
L'Énoncé de politique des trois
conseils prévoit que les parents, à titre de
représentants autorisés des enfants, peuvent
consentir à la recherche au nom du mineur si la
recherche ne l'expose pas à des risques
autres que minimes sans qu'il puisse en tirer des
avantages directs83.
Les bébés et les enfants peuvent participer
à une recherche lorsque l'objet de la
recherche en question ne peut être
étudié qu'à l'aide
d'individus appartenant au(x) groupe(s)
désigné(s). Dans le cas de la recherche en
génétique démographique sur des
sujets enfants, certains affirment qu'il faut
absolument se baser sur une cohorte de naissance et la
suivre toute la vie pour pouvoir étudier
l'interaction entre les gènes humains et les
facteurs du milieu. Si le débat entre
universitaires aboutit à la confirmation du
mérite scientifique de cette approche et si la loi
permet la recherche sur des sujets enfants dans ce
contexte, l'éthique exigerait le consentement
du ou des parents ou tuteurs à titre de
« représentants
autorisés » du sujet mineur.
Consentement de la population
Bien que la notion de consentement de la population soit
contestée et difficile, pour ne pas dire
impossible, à mettre en application, il n'en
est pas moins important d'informer et de consulter
la population et de tenir compte de l'opinion
publique (Deschênes et Cardinal, p. 8). Les
Canadiens doivent être consultés sur la
question de savoir si et dans quelles circonstances ils
envisageraient de participer à un projet de
biobanque nationale. Des forums de discussion convenables
doivent donc être mis sur pied et soutenus par les
planificateurs et les organes de financement de toute
initiative importante de recherche en
génétique démographique (voir plus
haut à la sous-section 4.1).
Données d'opinion publique
C'est au Royaume-Uni que se sont
réalisées les recherches les plus
exhaustives sur le consentement. Les lois régissant
le consentement au Canada sont plus exigeantes que celles
du Royaume-Uni et la jurisprudence canadienne en
matière de santé accorde plus
d'importance au principe d'autonomie84. Les données des
sondages effectués là-bas offrent un bon
point de départ, mais il faudra procéder
à des études semblables ici (Einseidel,
p. 44).
Au vu des données d'opinion publique
présentées par la professeure Einseidel, il
est clair que la population a à cœur le
principe et la valeur du consentement
éclairé avant la participation à des
recherches en génétique
démographique. À l'unanimité,
tous les groupes étudiés (grand public,
groupes de patients, chefs religieux, groupes
d'intérêts spéciaux et
professionnels) qualifient le consentement
éclairé de crucial
(Einseidel, p. 11 et 27). Ils craignent en
particulier que des tiers, dont les employeurs, les
assureurs et les organismes d'application de la loi,
n'obtiennent l'accès aux
prélèvements biologiques et-ou aux
données connexes.
Certains ont proposé des stratégies pour
traiter du consentement éclairé dans le
contexte de la recherche en génétique
démographique, notamment la levée de
l'obligation d'obtenir le consentement, ou
encore, le consentement inconditionnel, qui semblent aller
à l'encontre de l'opinion publique.
Compte tenu de la nécessité de favoriser et
de poursuivre l'étude des sentiments de la
population au sujet de la recherche en
génétique, et les inquiétudes
croissantes concernant la protection de la vie
privée et de la confidentialité, il est
essentiel de sonder les Canadiens afin de savoir ce
qu'ils pensent vraiment des biobanques.
Tableau 12 –
Résumé des données des sondages
sur le consentement
Préoccupations du public
|
Canada
|
-
Moins de 50 p. 100 des Canadiens
sont d'avis que les renseignements
personnels sur la santé pourraient
être remis aux gouvernements et aux
chercheurs sans le consentement des sujets,
à condition que toute donnée
identificatrice en ait été
supprimée (Einseidel, p. 12,
citant l'Association médicale
canadienne, 2000).
-
Dans les groupes de réflexion, une fois
la discussion achevée, la plupart des
participants se sentent à l'aise
à l'idée que les
chercheurs aient accès au contenu des
biobanques aux fins d'études en
tous genres, y compris d'études
qui n'étaient pas
envisagées au moment de la consultation
(Pollara Research et Earnscliffe Research and
Communications, Recherche sur
l'opinion publique concernant les
renseignements génétiques et
leur protection, 2003).
-
Les réserves qui reviennent sans cesse
tiennent à ce que les gens donnent leur
consentement éclairé (seulement
au départ et non pas à chaque
utilisation différente pour la
recherche) et que leur identité soit
ensuite maquillée ou supprimée
dans les données de la biobanque,
quoique de nombreuses personnes accepteraient
que les chercheurs puissent connaître
leur identité si cette divulgation
servait la cause de la recherche
médicale et si l'information
n'était pas utilisée
à mauvais escient (Pollara Research et
Earnscliffe Research and Communications,
Recherche sur l'opinion publique
concernant les renseignements
génétiques et leur
protection, 2003).
|
Royaume-Uni
|
-
Environ 90 p. 100 des personnes
interrogées pensent que
l'obtention du consentement devrait
être obligatoire avant
l'utilisation de
prélèvements de sang ou de tissu
dans des tests génétiques
(Einseidel, p. 12, citant la Human Genetics
Commission, 2001).
-
Près de 90 p. 100 croient que
les chercheurs devraient obtenir un nouveau
consentement avant de pouvoir utiliser les
prélèvements stockés
(Einseidel, p. 12, citant la Human
Genetics Commission, 2001).
-
Certains voient des problèmes à
ce qu'aucun retour d'information
ne soit donné aux sujets de la
recherche et croient qu'il pourrait y
avoir là un obstacle éventuel
à la participation (Einseidel,
p. 13, citant People, Science and
Policy, 2002).
-
Les donneurs de prélèvements
devraient avoir le droit d'être
mis au courant de tout fait ressortant de
l'étude de leurs propres
prélèvements (Einseidel,
p. 13, citant Porter, 2000).
-
Certains comprennent et acceptent que les
sujets ne soient pas informés
individuellement. D'autres voient
là une source de problèmes et un
obstacle possible à la participation
(Einseidel, p. 13, citant People,
Science and Policy, 2002).
-
Les gens sont intéressés
à recevoir des renseignements de nature
générale sur les
découvertes et les progrès
réalisés par la recherche
(Einseidel, p. 13, citant Porter, 2000).
|
États-Unis
|
-
Aux États-Unis, plus de
80 p. 100 des personnes
sondées jugent inacceptable
l'utilisation des dossiers de patients
en recherche médicale sans la
permission préalable de ces patients
(Einseidel, p. 11, citant
l'Institute for Health Care Research and
Policy, 1999).
-
Bien que les personnes interrogées se
sentent relativement plus à
l'aise si l'information
n'est pas liée à un
patient en particulier, une sur trois estime
que l'utilisation de ces renseignements
sans le consentement des patients est
« complètement
inacceptable » (Einseidel,
p. 11, citant l'Institute for
Health Care Research and Policy, 1999).
-
La plupart des personnes sondées ne
s'opposeraient pas à ce que des
recherches soient réalisées sur
des prélèvements auxquels sont
reliées des données
démographiques ou
d'antécédents
médicaux (Einseidel, p. 13, citant
le NBAC, 2000).
-
Les personnes qui doivent être
prévenues au cas où des
renseignements médicalement utiles
seraient découverts à leur sujet
sont enclines à ne pas s'objecter
à l'idée de recherches
dans lesquelles les données
démographiques sont reliées
à des prélèvements de
tissus stockés; elles sont seulement un
peu plus préoccupées au sujet
des liens avec leurs antécédents
médicaux (Einseidel, p. 13, citant
le NBAC, 2000).
|
Préoccupations des professionnels
|
Royaume-Uni
|
-
Les professionnels de la santé sont
généralement inflexibles quant
à l'obtention du consentement
avant le prélèvement et avant
toute utilisation ultérieure
(Einseidel, p. 27, citant Hapgood, 2001).
|
Canada
|
-
Les chercheurs admettent que, souvent, les
donneurs de tissus ne sont pas mis au courant
des renseignements concernant
l'appartenance, le contrôle, les
conditions de stockage et le partage des
prélèvements entre chercheurs
(56 p. 100 des sondés ne
précisent pas
« renseignements concernant
l'appartenance »; seulement
15 p. 100 précisent
« renseignements concernant la
durée de stockage »; environ
60 p. 100 admettent partager des
prélèvements avec d'autres
chercheurs) (Einseidel, p. 27, citant
Verhoef et al., 1995).
|
États-Unis
|
-
Les deux tiers des membres des professions
paramédicales sondés aux
États-Unis appuient l'autonomie
dans les cas où des sujets choisissent
de ne pas être informés des
résultats de tests
génétiques, mais
29 p. 100 mettraient des limites
à l'autonomie dans les cas
où les personnes ayant subi des tests
refusent d'informer de ces
résultats tous les membres de leur
famille qui sont à risque (Lapham
et al., 1997).
-
Environ 95 p. 100 des sondés
sont d'avis qu'il faudrait obtenir
la permission des sujets avant de stocker
leurs dossiers médicaux dans une base
de données nationales, et
93 p. 100 croient que les chercheurs
devraient obtenir la permission d'une
personne avant d'étudier des
renseignements génétiques la
concernant (Gallup, 2000).
|
Islande
|
-
L'Association médicale islandaise
a prévenu le gouvernement du pays que
les intérêts des patients
étaient menacés par les
dispositions inacceptables qu'il a
prises en matière de consentement
éclairé (Einseidel, p. 34,
citant l'Association médicale
islandaise, 2000).
|
Royaume-Uni
|
-
Les professionnels de la santé estiment
que la notion de risque et celle de
bénéfice commercial sont mal
expliquées sur les feuillets
d'information remis aux patients et que
le prélèvement d'ADN dans
le sang ou les tissus est souvent
traité comme simplement accessoire
à la recherche (Einseidel, p. 27,
citant Rigby, 2001).
|
Résumé du thème Consentement
éclairé et communication des
résultats de la recherche
-
Il semble que l'obtention du consentement
éclairé de chaque sujet soit devenue
la norme de facto dans le domaine de la
recherche prospective en génétique
démographique.
-
L'obtention du consentement
éclairé fait problème dans le
contexte des grands projets de biobanque de
données génétiques
démographiques, dans la mesure où les
utilisations futures des prélèvements
et-ou des données qui en découlent
sont inconnues.
-
Le consentement éclairé ne doit pas
être vu comme un acte ponctuel mais comme un
processus et il doit être renouvelé si
des modifications importantes sont apportées
au protocole de recherche ou au fonctionnement de la
biobanque.
-
La mise à exécution de vastes projets
de recherche en génétique
démographique nécessite au
préalable une réévaluation du
cadre normatif actuel régissant le
consentement éclairé.
-
En matière de consentement
éclairé, il vaudrait la peine
d'envisager une législation instaurant
le « modèle
d'autorisation » dans le contexte
bien précis de la recherche prospective en
génétique démographique.
-
Les participants à des travaux de recherche
en génétique démographique
doivent avoir le droit de retirer leur consentement.
Il faut prévoir une procédure qui
facilite le retrait de toutes les données
permettant d'identifier un participant ou
pouvant elles-mêmes être
identifiées comme se rapportant à un
participant.
-
Si le Canada veut se lancer dans un grand projet de
banque de données génétiques
démographiques faisant intervenir des sujets
mineurs, il lui faudra établir au
préalable la légalité, dans ce
contexte, d'un consentement donné non
pas par le mineur mais par ses représentants
autorisés.
-
Les éléments des retours
d'information doivent être
arrêtés au tout début de la
recherche en génétique
démographique et communiqués aux
participants.
-
Par respect pour la population sujet de la
recherche, les résultats des travaux doivent
être mis à la disposition de tous, en
temps opportun et avec diligence.
-
L'utilisation de collections existantes de
matières vivantes humaines pour la recherche
en génétique, sans le consentement
personnel des participants à ces collections,
est possible dans des cas restreints.
-
Avant de donner son consentement et avant le
prélèvement, chaque participant doit
être mis au courant, s'il y a lieu, du
risque que la police ou d'autres tiers
puissent obtenir l'accès à ses
données et prélèvements.
-
Commercialisation
Malgré les demandes de consultations et de
délibérations publiques avant de
décider si le Canada devrait, ou non, se lancer
dans une vaste initiative de biobanque de données
génétiques sur sa population, tout permet de
supposer que la proposition actuelle des Instituts de
recherche en santé du Canada ou une autre du
même genre sera inévitablement mise en
œuvre. Devant une telle réalité, nous
sommes bien obligés de chercher la meilleure
façon de gérer les conflits
d'intérêt réels ou perçus
et les effets de la commercialisation et de faciliter la
diffusion rapide des innovations génétiques
d'utilité clinique de la manière qui
concorde le mieux avec le bien public et produise les plus
grands avantages possibles pour la société.
Dans le domaine de la recherche biomédicale, la
distinction entre les secteurs privé et public se
fait de plus en plus floue. Tous les auteurs des rapports
commandés jusqu'ici soulignent que la
commercialisation est un problème en devenir dans
le contexte de la recherche en génétique
démographique. Les craintes se précisent et
peuvent s'exprimer comme suit :
-
la réification éventuelle du corps
humain
-
la possession par autrui de matières vivantes
humaines et des données connexes
-
la politique du secret adoptée par le monde
universitaire
-
la déformation des programmes de recherche
pour les faire passer de la recherche fondamentale
à la mise au point de produits finals
commercialisables
-
la mise en application et la commercialisation
prématurées de technologies nouvelles,
c'est-à-dire, avant qu'aient
été proprement pris en compte les
enjeux cliniques, éthiques, juridiques et
sociaux
-
les effets éventuellement nuisibles des
brevets, et d'autres formes de
propriété intellectuelle, sur
l'accès des patients aux technologies
nouvelles.
L'industrie privée jouera un rôle
crucial pour ce qui est de traduire l'information
tirée du Projet du génome humain en produits
et en méthodes bénéfiques pour les
citoyens et la société. Le secteur
privé finance une énorme quantité de
recherche et dispense ainsi les chercheurs universitaires
de travaux banals et répétitifs. Le
privé se charge notamment des études
indépendantes étroitement
contrôlées qui sont exigées par
l'État avant l'approbation des
médicaments et des matériels
médicaux. Même si l'entreprise
privée apporte à la recherche en
génétique une contribution financière
supérieure à celle des gouvernements, tout
le monde reconnaît que la recherche parrainée
par l'État sert souvent de tremplin à
l'industrie sur le chemin de la commercialisation.
Il ne faut pas marginaliser le rôle du secteur
public dans les rouages du commerce.
La dépendance de plus en plus lourde du secteur
public à l'endroit de l'entreprise
privée, quant au financement de projets de
recherche fondamentale, clinique et translationnelle et
à sa participation, crée encore plus de
risques de conflit d'intérêt
(Deschênes et Cardinal, p. 26; Yeo, p. 18;
Einseidel, p. 17). De nombreuses personnes craignent,
par exemple, que l'industrie privée
n'impose des limites indues à la
liberté universitaire de chercheurs cliniques
financés par l'État, que les
chercheurs n'en viennent à fuir la
collaboration et le partage des données avec leurs
collègues et le milieu général de la
recherche, que le point de convergence de la recherche
biomédicale ne passe de la recherche fondamentale
à des objectifs qui devront probablement être
commercialisables, et que la dépendance
grandissante des universités à
l'endroit de leurs partenaires commerciaux ne
détruise la confiance du public à
l'égard de ses institutions. Le débat
connexe et persistant au sujet de la nature éthique
du brevetage des gènes et des cellules souches
continue de faire rage. Il y a véritablement danger
que l'importance exagérée
accordée au commerce ne dévalue à
tout jamais la science, les scientifiques, les fruits de
la recherche et la profession médicale.
Les résultats des sondages laissent à penser
que le public, bien que généralement
favorable à la biotechnologie et au
développement de ce secteur, n'en a pas moins
des réserves sérieuses quant à
certains aspects de la commercialisation et de la
possession du matériel génétique
humain (Einseidel, p. 17). Ainsi, les Canadiens sont
extrêmement réticents à
l'idée que les biobanques puissent vendre des
données génétiques à
d'autres chercheurs, même avec le consentement
des personnes que ces données concernent (Pollara
Research et Earnscliffe Research and Communications,
Recherche sur l'opinion publique concernant les
renseignements génétiques et leur
protection, 2003). Selon les observateurs, il y
aurait là plus une désapprobation
générale du fait d'associer le profit
et les soins de santé qu'une décision
réfléchie au sujet de circonstances
particulières. Les données des études
de l'opinion publique au Canada et à
l'étranger montrent que, dans
l'ensemble, les gens ne se fient pas à la
responsabilité de l'entreprise privée
dans le domaine de la biotechnologie et que leur confiance
envers les chercheurs diminue lorsque ceux-ci collaborent
avec l'industrie. La question de la confiance ou de
la perte de confiance est celle qui ressort le plus et il
faudra l'aborder et la régler avant
d'entamer toute grande initiative de recherche en
génétique démographique en ce pays.
Tableau 13 –
Enjeux clés de la participation commerciale
à des projets de biobanque
Islande
|
De graves inquiétudes ont été
soulevées par l'octroi d'une
licence exclusive à la
société deCODE Genetics pour
l'exploitation lucrative de la base de
données nationale du secteur de la
santé. La situation islandaise met en
évidence la nécessité de
préciser dès le départ les fins
et les principes fondamentaux de toute grande
initiative de génétique
démographique. Il est essentiel de consulter
la population au moment de définir ces fins
et ces principes, sinon le projet ne pourra pas
s'attirer la confiance du public.
|
UK Biobank
|
Les consultations tenues au Royaume-Uni ont
révélé que le public craignait
toute participation commerciale que
ce soit au projet national de biobanque. De
façon générale, les gens sont
d'avis que les bases de données
d'une biobanque ne doivent pas appartenir
à des intérêts commerciaux et
que les produits créés dans le cadre
du projet national devraient rester de
propriété publique (Einseidel, p.
15-16). Cet état de choses souligne la
nécessité de prévoir des
mécanismes garantissant un accès
facile des données aux chercheurs, un partage
des résultats et des mécanismes
transparents de partage des avantages, afin que les
effets bénéfiques du projet pour le
public soient directs et évidents.
|
DNA Sciences Inc.
|
La biobanque génétique Gene
Trust a été mise sur pied par la
société DNA Sciences qui a
recruté des volontaires par le biais
d'Internet. Elle contient plus de
10 000 échantillons ainsi que
toutes les données d'accompagnement. La
banque a récemment été vendue
à la société Genaissance
Pharmaceuticals dans le cadre d'un
marché où la DNA Sciences s'est
départie de presque tous ses actifs au profit
de la Genaissance afin d'éviter la
faillite. Ce cas montre à quel point il est
essentiel d'étudier attentivement le
droit des sociétés pour y trouver des
mécanismes (peut-être une fiducie
légale) pouvant servir à
protéger les sujets participants.
|
Tonga
|
Les Tongans se sont effectivement opposés
à la création d'une biobanque et
au brevetage de leurs ressources
génétiques par la
société Autogen parce qu'ils
estimaient les avantages promis (y compris des
médicaments gratuits et des redevances)
beaucoup trop minces en comparaison des profits que
la société allait encaisser
(Deschênes et Cardinal, p. 24). La
situation souligne la nécessité
d'une participation de la population aux
négociations concernant le partage des
avantages afin que les citoyens puissent
s'assurer que le marché conclu est
vraiment équitable. Le cas de Tonga met aussi
en évidence le besoin de relier le montant
des redevances aux profits commerciaux futurs de
manière à ce que la population puisse
tirer des bénéfices équitables
et proportionnels si la société
exploitante de la biobanque crée et vend un
produit à grand succès qui lui
rapporte des profits énormes.
|
Mylène Deschênes et Geneviève Cardinal
(p. 26-27) font remarquer pertinemment qu'avant
d'envisager la mise sur pied et l'exploitation
de biobanques de données génétiques
démographiques au Canada, il faut
réfléchir soigneusement aux questions
suivantes :
-
Peut-on encourager la commercialisation des produits
et des services issus de la recherche
génétique démographique de
même que l'harmoniser avec les plus
grands bienfaits qu'en tirera la
société canadienne?
-
Qui peut ou devrait posséder ou
contrôler une biobanque de données
génétiques démographiques?
-
Comment les intérêts de la population
canadienne devraient-ils être
représentés lors de la
négociation d'accords commerciaux
découlant de la biobanque?
-
Y a-t-il quelque obligation juridique nouvelle par
laquelle le Canada serait tenu
d'intégrer le partage des avantages aux
projets de génétique
démographique?
-
Comment des dispositions de partage des avantages
pourraient-elles être mises à
exécution dans le contexte canadien?
Lorsque des populations ou des collectivités
contribuent à des projets de recherche et que ces
projets aboutissent éventuellement à des
profits pour une ou plusieurs entités commerciales,
il est juste de se demander si et de quelle manière
les profits et les autres avantages devraient être
partagés avec les participants. Les dispositions de
partage des bénéfices, si elles sont
expliquées avec soin, offrent un mécanisme
fort utile pour établir et conserver la confiance
du public à l'égard des initiatives de
génétique démographique. Le partage
des bienfaits répond clairement aux critères
de l'éthique et tout indique que le droit
international pourrait bientôt en faire une
prescription juridique85. Le comité
d'éthique du projet HUGO (Human Genome
Organization), dans sa déclaration sur le partage
des avantages, décrit certains mécanismes
qui pourraient servir à réaliser ce partage
entre les entreprises commanditaires et les
collectivités qui apportent une contribution
à la recherche en génétique
démographique.
Le partage des avantages ne devrait être
considéré comme contraire au régime
actuel de propriété intellectuelle ni comme
un moyen de freiner l'intervention du commerce dans
les programmes de recherche génétique. Il
faut le voir plutôt comme un mécanisme ou
mieux, un ensemble de mécanismes, permettant de
maintenir un équilibre entre les
intérêts commerciaux et ceux des participants
à la recherche, d'une manière qui
respecte et reflète la contribution relative de ces
deux parties.
Le tableau 14 donne un aperçu des avantages
monétaires et autres pouvant être inclus dans
les accords de partage.
Tableau 14 –
Avantages monétaires et autres pouvant
être intégrés aux accords de
partage des avantages
Avantages monétaires
|
Avantages non monétaires
|
-
Droits d'accès
-
Redevances
-
Frais de licence
-
Possession conjointe des droits de
propriété intellectuelle
|
-
Partage de l'information
-
Collaboration à la recherche,
coentreprises
-
Accords de transfert de technologie
-
Perfectionnement des ressources humaines
-
Prestation de soins de santé
-
Expansion des infrastructures de
l'information
-
Reconnaissance sociale
|
La qualité des dispositions de partage
dépend avant tout des parties en cause et des
particularités sociales, culturelles et politiques
de la situation. Ces dispositions peuvent faire intervenir
les institutions gouvernementales, non gouvernementales ou
universitaires et les collectivités
indigènes ou locales. La situation qui
prévaut en Islande et à Tonga montre
à quel point il est important que les dispositions
de partage soient élaborées avec le plus
grand soin afin de traiter et de faire disparaître
convenablement les inquiétudes de la population
sujet de la recherche, sinon le projet peut être
voué à un échec total. Les
mécanismes d'examen des modalités
contractuelles, y inclus les rétributions
monétaires, peuvent être établis
dès le départ et il faudrait prévoir
des mécanismes appropriés de
règlement des conflits.
Tableau 15 –
Résumé des données des sondages
sur la commercialisation
Préoccupations du public
|
Royaume-Uni
|
-
Les personnes interrogées sont
généralement d'avis que
les banques de données médicales
ne devraient pas appartenir à des
intérêts commerciaux (Einseidel,
p. 15, citant la Human Genetics
Commission, 2000).
-
Environ les trois quarts des sondés
pensent que les nouveaux produits
créés à partir des
renseignements génétiques
devraient être de
propriété publique (Einseidel,
p. 16, citant la Human Genetics
Commission, 2000).
|
Canada
|
-
Environ 70 p. 100 des Canadiens
interrogés sont d'avis que les
lois conçues dans le but de
protéger la confidentialité des
renseignements sur la santé devraient
s'appliquer aussi bien au secteur
privé qu'au secteur public
(Einseidel, p. 16, citant
l'Association médicale
canadienne, 2000).
-
Les Canadiens se montrent très en
faveur de la cartographie du génome
humain et ils appuient de plus en plus
l'idée du brevetage dans ce
domaine (Einseidel, p. 17, citant Pollara
Research et Earnscliffe Research and
Communications, 1999).
-
La moitié des sondés ne sont pas
à l'aise à
l'idée du brevetage des formes de
vie supérieures (Einseidel, p. 18,
citant Pollara Research et Earnscliffe
Research and Communications, 1999).
-
Le processus de commercialisation devrait
être guidé par les principes de
l'égalité et de
l'accès aux nouveaux produits
(Einseidel, p. 18, citant Pollara
Research et Earnscliffe Research and
Communications, 1999).
-
La moitié des Canadiens sondés
croient posséder conjointement leurs
renseignements génétiques avec
l'organisation qui leur a fait subir le
test (Pollara Research et Earnscliffe Research
and Communications, Recherche sur
l'opinion publique concernant les
renseignements génétiques et
leur protection).
-
Quelque 43 p. 100 des sondés
pensent que leurs prélèvements
biologiques leur appartiennent (Pollara
Research et Earnscliffe Research and
Communications, Recherche sur
l'opinion publique concernant les
renseignements génétiques et
leur protection).
-
Les personnes interrogées manifestent
une résistance farouche à
l'idée que les biobanques
« vendent » des
données génétiques
à d'autres chercheurs, même
avec le consentement du participant. Il semble
y avoir là plus une
désapprobation générale
rôle du profit en association avec les
soins de santé qu'une
décision réfléchie au
sujet de circonstances particulières.
La preuve en est que peu de gens tiennent
compte du coût de la collecte et du
stockage des données lorsqu'ils
pensent à la commercialisation (Pollara
Research et Earnscliffe Research and
Communications, Recherche sur
l'opinion publique concernant les
renseignements génétiques et
leur protection).
|
Japon
|
-
L'appui au brevetage diminue lorsque
l'on passe de brevets sur de nouvelles
variétés végétales
et animales au brevetage de gènes de
végétaux, d'animaux et
d'êtres humains existants
(Einseidel, p. 17, citant Macer, 1992).
|
Suède
|
-
Les Suédois interrogés expriment
des craintes d'ordre éthique
quant à la commercialisation des
renseignements génétiques
(Einseidel, p. 18, citant Hoyer, 2002).
-
Les personnes se disent à l'aise
à l'idée de la
commercialisation de la
« technologie de
l'information », mais moins
à l'aise à celle de la
commercialisation de la
« technologie des
gènes » (Einseidel,
p. 18, citant Hoyer, 2002).
|
Tonga
|
-
La proposition de la société
Autogen visant la mise sur pied d'une
banque de renseignements sur la santé
à partir du patrimoine
génétique de la population de
Tonga a déclenché la
colère et l'indignation parmi les
groupes de défense des droits de la
personne et les organismes confessionnels
(Einseidel, p. 32, citant Burton, 2002).
|
Préoccupations des professionnels
|
Royaume-Uni
|
-
Les professionnels interrogés signalent
les problèmes créés par
les liens de plus en plus nombreux qui
s'établissent entre les secteurs
public et privé dans le domaine des
bases de données
génétiques (Einseidel,
p. 36, citant la Human Genetics
Commission, 2000).
-
Les personnes interrogées croient
qu'il est déjà en train de
se créer un marché commercial de
l'ADN humain et des données
génétiques (Einseidel,
p. 36, citant Martin, 2000).
|
Résumé du thème
Commercialisation
Commercialisation en
général
-
La recherche en génétique
démographique a pour objectif de trouver des
médicaments et des traitements nouveaux
contre les maladies des humains. Il est
inévitable que le secteur privé
intervienne dans le processus et, par
conséquent, il est aussi inévitable
que des entreprises se ménagent et accumulent
des droits de propriété
intellectuelle.
-
Dans le cadre du processus d'obtention du
consentement éclairé, les participants
à la recherche doivent être
informés de la possibilité d'une
commercialisation future de leurs
prélèvements biologiques et des
résultats de la recherche.
-
Il faut absolument que la recherche en
génétique démographique et le
processus de commercialisation qui la suit se
déroulent d'une manière qui
prenne en compte et protège les rapports
médecin-patient et chercheur-participant.
-
Il est possible que des sociétés
à but lucratif et sans but lucratif qui ne
relèvent pas d'établissements
connexes de recherche à financement public,
détiennent en commun des
prélèvements biologiques et des
données afférentes. Il est important,
par conséquent, que ces entités
établissent des formalités, en cas de
faillite ou de liquidation volontaire, pour garantir
que les prélèvements et les
données de nature délicate concernant
les antécédents médicaux ne
deviennent pas des « actifs »
pouvant éventuellement être
répartis parmi les créanciers et les
actionnaires.
Accès aux ressources des
biobanques
-
L'accès aux ressources des biobanques
par les chercheurs du secteur public comme du
secteur privé doit être basé sur
un examen scientifique et éthique minutieux
de la recherche proposée.
-
Les chercheurs canadiens et étrangers
devraient avoir un accès facile aux
données de biobanque qui se sont
accumulées grâce à des
initiatives de recherche à financement
public.
-
Les biobanques de données
génétiques démographiques
financées par l'État devraient
être autorisées à permettre le
plus de recherche possible, y compris au sujet de
maladies, qu'elles soient courantes ou rares.
-
Les biobanques de données
génétiques démographiques
devraient faciliter les recherches qui promettent
des avantages à la fois à la
population sujet et à la collectivité
mondiale.
Partage des avantages
-
Les intérêts de la population
participante et de la population en
général doivent être
considérés à part et
séparément des intérêts
commerciaux. À cette fin, les
intérêts de la population devraient
être représentés dans les
accords commerciaux.
-
Les dispositions de partage des avantages doivent
être intégrés dès le
départ dans les plans généraux
des projets de biobanque et la population devrait
être consultée au sujet de ce partage.
-
Le partage des avantages doit être
considéré comme un mécanisme ou
mieux, comme un ensemble de mécanismes,
permettant d'établir et de garder un
juste équilibre entre les
intérêts commerciaux et ceux des
participants à la recherche, d'une
manière qui respecte et reflète
à la fois la contribution relative de chacune
des deux parties.
-
Régie
La régie a trait aux processus par lesquels les
organisations humaines, qu'elles soient
privées, publiques ou civiles, conduisent leurs
propres affaires86. Les
questions de régie qui entrent en jeu dans le
contexte des biobanques sont complexes et plus larges que
celles inhérentes à la simple
« recherche sur des sujets
humains ». S'il en est ainsi, c'est
parce que les biobanques font intervenir
l'interaction d'entités privées
dans un domaine qui est traditionnellement
considéré « public ».
Les questions de régie d'entreprise et
d'éthique des affaires sont donc d'une
grande pertinence. Dans le contexte des biobanques, les
questions de régie surviennent au sein et entre des
organisations parmi lesquelles des institutions publiques
et privées, des entreprises commanditaires, des
organes de réglementation, des comités
d'éthique de la recherche, des chercheurs,
des participants à la recherche et la population en
général. La régie des biobanques est
importante pour de nombreuses raisons dont la moindre
n'est pas que cette régie remplit une
fonction essentielle pour veiller à
l'obligation de rendre compte et à
l'établissement et au maintien de la
confiance du public.
Michael Yeo fait valoir de façon convaincante que
les grandes biobanques s'apparentent plus à
des entreprises qu'à des organismes de
recherche de conception traditionnelle et que les cadres
juridiques et éthiques actuels régissant la
recherche ne suffisent plus. Les normes de la recherche et
de son éthique propre se sont
développées dans un milieu étroit et
n'englobent pas convenablement les questions de
protection de la vie privée et de consentement
auxquelles donnent lieu les biobanques. De nombreux
observateurs réclament une protection
renforcée de la vie privée et la
modification des exigences relatives au consentement
éclairé pour ce qui est des recherches
à venir sur les prélèvements et les
données connexes contenus dans les biobanques (Yeo,
p. 16). Qui plus est, les biobanques, même
envisagées strictement comme des outils de
recherche, diffèrent considérablement des
autres types de recherche sur des sujets humains. Il
faudra inévitablement apporter des modifications
aux régimes juridique et éthique actuels ou
mettre sur pied un système de réglementation
à part. Cet argument est d'autant plus fort
lorsque entre en jeu l'exploitation commerciale des
biobanques. La question à laquelle il est urgent de
répondre est celle de savoir si les instruments
actuels de régie, c'est-à-dire, le
droit, les politiques et les normes de
l'éthique, sont aptes à
répondre aux préoccupations et aux
problèmes créés par les biobanques :
ces outils peuvent-ils vraiment être adaptés
au contexte des biobanques ou faut-il édifier
d'autres instruments, que ce soit sous la forme de
mesures législatives, de règlements ou
d'énoncés de principe, tout
spécialement pour les biobanques?
Les résultats des sondages d'opinion publique
permettent de croire que la population comprend
l'importance de systèmes de régie
fondés sur l'éthique pour la recherche
en génétique, un domaine qui est
considéré comme se situant au cœur
même de la recherche médicale future. Cette
importance se vérifie dans le fait que les
personnes interrogées voient comme essentiel que
l'État et le milieu scientifique collaborent
de près à l'élaboration du
système de régie qui convient aux biobanques
(Pollara Research et Earnscliffe Research and
Communications, Recherche sur l'opinion publique
concernant les renseignements génétiques et
leur protection, 2003, p. 14). De façon
générale, les gens ne veulent pas avoir
à choisir entre la recherche en
génétique et la protection de leur vie
privée, mais il est plutôt étonnant de
constater que, forcés de choisir, ils seraient
légèrement plus nombreux à opter pour
la recherche plutôt que pour la protection de la vie
privée (Pollara Research et Earnscliffe Research
and Communications, Recherche sur l'opinion
publique concernant les renseignements
génétiques et leur protection, 2003,
p. 14). Selon toutes les apparences, plus les gens
sont informés au sujet de la recherche en
génétique et des biobanques et plus il
devient probable qu'ils concluent que les bienfaits
de la recherche pèsent plus lourd dans la balance
que les risques afférents. Il ne faut pas voir
là une acceptation inconditionnelle de
l'utilisation incontrôlée des
renseignements génétiques, mais plutôt
un désir de voir un lien concret entre la substance
des projets de biobanque et les avantages à en
tirer. Sans ce lien, la population en revient
implicitement à exiger une protection rigoureuse de
la vie privée. Par contre, si on démontre
aux gens l'existence, chez les autorités,
d'un véritable désir
d'améliorer la régie et de
répondre aux inquiétudes soulevées
par le risque d'utilisations abusives ou
malhonnêtes des renseignements
génétiques, on voit s'élever
leur niveau de confiance. Ces données soulignent
l'importance de consulter et d'informer le
public au sujet des enjeux liés aux grandes
initiatives de recherche en génétique
démographique.
Les planificateurs canadiens de projets de biobanque
peuvent apprendre de l'expérience
d'autres artisans de vastes initiatives de ce genre.
Les difficultés rencontrées par le MRC du
Royaume-Uni sont tout spécialement riches en
enseignements et les planificateurs canadiens devraient
les étudier avec soin afin d'éviter
d'attirer les mêmes critiques. Si le Canada se
lance effectivement dans la mise sur pied d'une
immense base de données génétiques
démographiques faisant appel à la
participation de sujets enfants, les planificateurs
devront, de leur côté, se lancer dans un
processus englobant et continu faisant intervenir les
scientifiques et les autres intéressés. Tout
d'abord, il faut absolument se pencher sur les
défis qui seront adressés à la
méthode scientifique et comprendre à
l'avance que des critiques s'attaqueront
à la nature même du processus de mise sur
pied de la biobanque. Il serait sage de se demander si
l'instauration d'une évaluation
officielle par des pairs ne pourrait pas servir
efficacement à garantir l'objectivité
et l'indépendance qui s'imposent pour
l'élaboration du projet.
Peu importe le degré de réforme qui sera
jugé nécessaire, il est clair que les
biobanques de grande envergure exigent
l'instauration d'un cadre de
réglementation et d'obligation de rendre
compte qui intègre les normes légales et
éthiques régissant la recherche sur des
sujets humains et les normes éthiques en devenir de
la régie des entreprises.
Le tableau 16 présente un aperçu
schématique du cadre complexe de régie dans
lequel opèrent les biobanques au Canada.
Tableau 16 –
Aperçu du cadre de régie au sein duquel
évoluent les biobanques au Canada
Responsabilité professionnelles
|
Normes professionnelles et scientifiques
Déclaration universelle des droits de
l'homme (Organisation des Nations Unies)
Déclaration d'Helsinki (Association
médicale mondiale)
|
Science
|
Médecine
|
Divers codes de déontologie soutenant
l'honnêteté,
l'intégrité, la protection du
bien public, la liberté universitaires, le
partage des données, l'examen par les
pairs, etc.
(Association canadienne de l'informatique)
(Conseil canadien des ingénieurs
professionnels)
(Institut de chimie du Canada)
|
Serment d'Hippocrate
(Collèges provinciaux des médecins et
chirurgiens)
(Association médicale canadienne)
(Sociétés nationales de
spécialistes)
|
Droit
|
Politique
|
Éthique
|
Charte canadienne des droits et libertés
Lois fédérales :
-
Lois sur la protection de la vie privée
et des renseignements personnels (secteurs
public et privé)
-
Déclaration des droits garantis par la
Loi canadienne sur les droits de la personne
Common law :
-
vie privée
-
confidentialité
-
consentement
-
droit fiduciaire
|
Lois provinciales et territoriales :
-
vie privée et renseignements personnels
(secteurs public et privé,
santé)
-
hôpitaux
-
tissus humains
-
registres des cancers
-
santé publique
-
statistiques
-
chartes et lois provinciales sur les droits de
la personne
|
Politique fédérale :
-
Énoncé de politique des trois
conseils
-
Stratégies de financement
-
(directives des Instituts de recherche en
santé du Canada*)
Politique provinciale et territoriale :
-
énoncés de politiques des
provinces
-
énoncés de politique des
universités et des hôpitaux
|
Canada:
-
Énoncé de politique des trois
conseils
-
Déclaration de principes sur la
conduite éthique de la recherche en
génétique humaine sur des
populations humaines
|
Droit international :
-
Convention sur les droits de l'homme et la
biomédecine
-
Convention sur la biodiversité (par
analogie)
|
|
International :
-
Directives internationales
d'éthique pour la recherche
biomédicale impliquant des sujets
humains (CIOMS)
-
Déclaration universelle sur le
génome humain (UNESCO)
-
HUGO Statement on the Ethical Conduct of
Genetic Research
-
HUGO Statement on Benefit-sharing
-
Déclaration concernant les bases de
données (Association médicale
mondiale)
-
(Normes nouvelles d'éthique des
entreprises)
|
Politiques et méthodes propres aux biobanques
|
(Directives propres aux biobanques pour les
comités d'éthique de la
recherche*)
|
Tableau 17 –
Résumé des données des sondages
sur les questions de régie
Préoccupations du public
|
Royaume-Uni
|
-
Les participants insistent sur
l'importance de règlements
régissant la collecte, le stockage,
l'utilisation et la destruction des
prélèvements et
préféreraient que la supervision
de ces processus soit confiée à
une entité indépendante
(Einseidel, p. 8, citant Porter et
al, 2000).
|
Canada
|
-
Les Canadiens demandent implicitement la
protection rigoureuse de leurs renseignements
génétiques personnels, mais ils
accordent une haute valeur positive à
l'utilisation de ces renseignements pour
la santé et la médecine (Pollara
Research et Earnscliffe Research and
Communications, Recherche sur
l'opinion publique concernant les
renseignements génétiques et
leur protection, p. 15).
-
Les Canadiens sont plutôt ouverts
à l'utilisation de leurs
renseignements génétiques
personnels pour la recherche (Pollara Research
et Earnscliffe Research and Communications,
Recherche sur l'opinion publique
concernant les renseignements
génétiques et leur
protection, p. 15).
-
En ce qui concerne les systèmes de
réglementation et de régie, les
Canadiens sont plus nombreux
(56 p. 100) à croire que le
milieu de la médecine et celui de la
recherche devraient jouer le rôle
principal pour déterminer les
priorités et méthodes
pertinentes qu'à croire
(41 p. 100) que cette fonction
devrait relever de l'État
(Pollara Research et Earnscliffe Research and
Communications, Recherche sur
l'opinion publique concernant les
renseignements génétiques et
leur protection, p. 15).
-
Les Canadiens sont d'avis que
l'État doit instaurer les lois
qui s'imposent, mais que les milieux de
la recherche et de la médecine sont
plus compétents et plus près de
la situation sur le terrain. Ils veulent voir
une collaboration étroite entre
l'État, les chercheurs et les
médecins (Pollara Research et
Earnscliffe Research and Communications,
Recherche sur l'opinion publique
concernant les renseignements
génétiques et leur
protection, p. 15).
-
Les Canadiens sont en faveur d'un
régime qui maintienne un juste
équilibre entre la protection
rigoureuse des renseignements
génétiques personnels et un
accès ouvert à ces
renseignements en vue d'avantages
importants qui pourraient en découler
(Pollara Research et Earnscliffe Research and
Communications, Recherche sur
l'opinion publique concernant les
renseignements génétiques et
leur protection, p. 15).
-
Un système de régie, pour se
mériter l'appui du public, doit
sans cesse montrer les liens qui existent
entre la substance des initiatives et les
avantages à en tirer. Autrement, la
position implicite, c'est-à-dire,
la rigoureuse protection des renseignements
personnels, reprend le dessus (Pollara
Research et Earnscliffe Research and
Communications, Recherche sur
l'opinion publique concernant les
renseignements génétiques et
leur protection, p. 15).
-
Les connaissances et les débats au
sujet de la recherche en
génétique et de la protection
des renseignements génétiques
accroissent la conviction que les bienfaits
à tirer d'un accès facile
aux renseignements génétiques
dépassent les inconvénients qui
pourraient en découler (Pollara
Research et Earnscliffe Research and
Communications, Recherche sur
l'opinion publique concernant les
renseignements génétiques et
leur protection, p. 15).
-
Mieux les gens sont informés au sujet
de la recherche en génétique et
des biobanques et plus ils sont enclins
à penser que les avantages
l'emportent sur les risques; les
personnes bien placées pour être
informées et discuter tôt de ces
questions sont plus enthousiastes quant aux
promesses de la recherche en
génétique (Pollara Research et
Earnscliffe Research and Communications,
Recherche sur l'opinion publique
concernant les renseignements
génétiques et leur
protection, p. 14).
-
D'après les résultats des
groupes de réflexion, il semble que les
gens, une fois qu'ils ont compris que
les responsables de la régie de ces
enjeux sont soucieux du bien de la population
et travaillent à
l'amélioration du système
de régie, deviennent moins inquiets du
danger d'utilisations abusives ou
mauvaises et plus intéressés par
les avantages à escompter (Pollara
Research et Earnscliffe Research and
Communications, Recherche sur
l'opinion publique concernant les
renseignements génétiques et
leur protection, p. 14).
-
L'immense majorité des Canadiens
(96 p. 100) voit la recherche en
génétique comme
extrêmement importante
(67 p. 100) ou assez importante
(29 p. 100) pour l'avenir de
la recherche médicale (Pollara Research
et Earnscliffe Research and Communications,
Recherche sur l'opinion publique
concernant les renseignements
génétiques et leur
protection, p. 93).
-
La plupart des Canadiens (73 p. 100)
se montrent disposés à permettre
que les renseignements
génétiques soient
utilisés en recherche médicale,
et ce pourcentage monte avec l'assurance
que les données seront
anonymisées (Pollara Research et
Earnscliffe Research and Communications,
Recherche sur l'opinion publique
concernant les renseignements
génétiques et leur
protection, p. 95).
-
Des craintes persistent quant au respect de
l'anonymat des donneurs de
prélèvements, aux dossiers
utilisés pour la recherche et à
la possibilité que les employeurs et
les assureurs aient accès à ces
renseignements et en usent à mauvais
escient (Einseidel, p. 13, citant
l'Association médicale
canadienne, 2000).
|
Résumé du thème
Régie
-
La « biobanque » est une
réalité vague ayant des liens
d'appartenance avec de nombreuses disciplines
scientifiques et médicales. De ce fait, elle
exige l'élaboration de
stratégies originales et l'apport de
précisions et d'améliorations au
cadre de régie.
-
Il faut cerner et corriger les conflits et les
incohérences qui existent au sein du cadre de
régie.
-
La structure de gestion des biobanques doit
obéir à l'obligation de rendre
compte et les fonctions commerciales des biobanques
doivent être transparentes, sinon le public
retirera son appui à de telles initiatives.
-
La responsabilité professionnelle se
manifeste dans les normes d'éthique et
de déontologie propres aux disciplines
scientifiques et les normes de l'exercice de
la médecine. Les biobanques demandent la
définition d'une conception
multidisciplinaire originale de la
responsabilité professionnelle.
-
L'élaboration des politiques et
méthodes propres aux biobanques doit se
fonder sur une étude minutieuse du droit
(provincial, national et international), des
déclarations de principes
(fédérales, provinciales,
territoriales et institutionnelles) et des nombreux
codes d'éthique pertinents.
-
Les politiques et méthodes propres aux
biobanques doivent définir clairement de
nombreux points, notamment (Yeo,
p. 19-20) :
-
le contenu précis et
détaillé de la biobanque, dont
les prélèvements (tissus, sang,
cellules ou ADN qui en est tiré), les
données de séquences
d'ADN, les données
démographiques, les renseignements sur
la santé et toute autre information
connexe
-
les protocoles de collecte de
prélèvements et de
données, y compris les modalités
du consentement accordé par les
participants
-
la mesure dans laquelle il est possible de
relier les données de la biobanque
à l'identité des
participants
-
les règles et formalités
régissant l'accès des
chercheurs au contenu des biobanques
-
les mesures de sauvegarde mises en place pour
protéger les intérêts des
personnes dont les renseignements personnels
et génétique sont détenus
par la biobanque (sécurité,
supervision, obligation de rendre compte,
etc.)
-
la structure organisationnelle et les
dispositions essentielles de régie de
la biobanque.
-
Les comités d'éthique de la
recherche ont besoin de toute urgence de conseils et
d'orientation concernant les questions de
droit et d'éthique liées aux
biobanques.
-
Tous les protocoles de recherche proposés
doivent absolument être approuvés par
un comité d'éthique de la
recherche, avant toute activité de
recrutement de participants à une initiative
de recherche en génétique
démographique. Ces comités
d'éthique de la recherche
doivent :
-
être indépendants et
multidisciplinaires et comprendre des membres
venus de la population participante
-
évaluer et contrôler la
constitution de la biobanque et examiner tous
les projets de recherche proposés et
toutes les demandes d'accès
-
remplir leurs fonctions après avoir
acquis une connaissance
détaillée de toutes les
dispositions contractuelles convenues entre
les chercheurs et la biobanque.
-
Les capacités, les compétences et
l'indépendance des comités
d'éthique de la recherche sont à
vérifier et contrôler.
-
Il faudra créer un organisme autonome qui
sera chargé de superviser et surveiller les
projets.
-
Les biobanques doivent faire l'objet
d'une surveillance à long terme et de
vérifications périodiques.
-
Résumé des grands enjeux
La recherche en génétique a vécu un
glissement de paradigme qui l'a vue passer de
l'analyse de liaison à de vastes recherches
en génétique démographique. Cette
mutation accroît l'importance sociétale
de veiller à ce que les enjeux éthiques,
juridiques et sociaux soient abordés et
réglés au fur et à mesure du
déroulement de la recherche. Bien des facteurs
poussent à l'optimisme et permettent
d'espérer que la société
trouvera d'immenses bienfaits dans les innovations
découlant de cette deuxième étape du
Projet du génome humain. La recherche en
génétique démographique devrait
permettre aux chercheurs de mieux comprendre les
interactions gène-milieu présentes dans
certaines maladies humaines complexes et, par là,
de trouver des stratégies originales de mise au
point de médicaments et de tests diagnostics et
prédictifs nouveaux. Toutes les dimensions
éthiques, juridiques et sociales du domaine devront
faire l'objet d'un examen scientifique
rigoureux. La présente sous-section passe en revue
les principaux enjeux dégagés au long du
présent rapport de synthèse et, dans la
mesure du possible, tente de les mettre en ordre de
priorité.
En unissant leurs efforts pour élaborer la
stratégie qui réponde le mieux aux besoins
de la population du Canada, les intervenants du monde de
la recherche, l'industrie privée et les
artisans de la politique officielle peuvent puiser
à même l'expérience
accumulée par les autres pays; ils doivent aussi
procéder avec toute la précaution voulue et
garder à l'esprit les particularités
de la société canadienne et le régime
de réglementation dans lequel les biobanques
canadiennes prendront naissance et évolueront.
À chaque étape de ce processus, les
décideurs doivent reconnaître pleinement que
la recherche en génétique
démographique n'est rendue possible que
grâce à la collaboration de participants
volontaires qui composent, collectivement, une
« population ». La contribution de
cette population à la recherche est essentielle et
on pourrait aller jusqu'à dire que la
population a le droit de compter parmi les partenaires de
l'initiative de recherche. C'est de cette
hypothèse de départ que découlent les
conclusions ci-après.
Information et consultation du public
Ce qu'il faut tout d'abord, c'est
élaborer une stratégie transparente
d'information et de consultation du public afin de
déterminer si le Canada devrait
promouvoir, à titre d'objectif de
société, la mise à exécution
de projets de biobanque de grande envergure. Les
responsables de la politique officielle ne doivent pas
exclure la possibilité que le Canada ne devrait pas
se lancer dans d'immenses projets de recherche en
génétique démographique. Par
ailleurs, si le Canada décide de le faire
après en avoir étudié à fond
tous les aspects, il faudra édifier des
stratégies de consultation permanente pour assurer
la pérennité de la pertinence et de
l'acceptation de ces initiatives. Les
stratégies de consultation devront obligatoirement
être transparentes et les résultats obtenus
devront être intégrés aux projets dans
tous les cas où la chose est raisonnablement
possible. À cet égard, les critiques
adressées au projet UK Biobank sont porteuses
d'enseignements, à savoir que la consultation
ne doit pas être vue comme « un
boulonnage accessoire pour trouver de l'appui
à une initiative purement politique87 ».
La mise sur pied d'une stratégie efficace
d'information et de consultation sera tout un
défi à relever. Il faut une réflexion
approfondie afin de déterminer chacun des
éléments de l'ensemble de tactiques
composant la stratégie qui permettra le mieux de
comprendre les sentiments du public et des
intéressés dans le contexte canadien. Des
fonds suffisants doivent donc être affectés
à un processus soutenu d'information et de
consultation.
Vie privée et de la
confidentialité
Les questions de protection de la vie privée et de
confidentialité sont rendues
particulièrement difficiles par la conjugaison de
nombreux facteurs dont les progrès rapides de la
technologie de l'information, de la recherche en
génétique et de la bio-informatique et le
conflit persistant entre, d'une part, le
désir de réaliser des recherches
bénéfiques dans le domaine de la
santé et, d'autre part, la
nécessité de protéger les
renseignements personnels sur la santé. La question
de la sauvegarde de la vie privée est tout
spécialement complexe. D'abord, il
n'existe aucun cadre légal cohérent au
sein duquel aborder proprement les questions de vie
privée du domaine de la santé qui sont
liées à l'exploitation des biobanques.
Il faut donner un très haut degré de
priorité à l'étude et au
règlement de ces problèmes et à
l'acquisition d'une connaissance pratique des
interactions entre les lois fédérales et
provinciales actuelles ou proposées (et toutes les
autres mesures législatives potentiellement
pertinentes) ayant trait aux biobanques. Il pourrait
arriver que l'analyse minutieuse du cadre
légal révèle la
nécessité d'envisager une loi qui
serait formulée spécialement pour les
biobanques et dont on pourrait plus raisonnablement
s'attendre qu'elle permette de régler
des problèmes précis relatifs à la
protection de la vie privée.
En ce qui a trait à la protection du contenu de la
biobanque, il faut voir s'il existe actuellement des
mécanisme sûrs pour l'encodage,
l'anomymisation et le partage des données. Il
serait utile aussi, dès les tout premiers stades de
la planification du projet, de se mettre en quête
des stratégies les meilleures de collecte et de
stockage afin que les opérations de la biobanque
canadienne respectent les normes internationales en train
de se définir dans ce domaine.
Consentement éclairé
Au Canada, il semble que l'obtention du consentement
éclairé de chaque sujet soit devenue la
norme de facto dans le domaine de la recherche
prospective en génétique
démographique. Il est évident et admis que
le processus de consentement éclairé est
rendu très difficile par l'incapacité
des chercheurs et des planificateurs de biobanque à
prévoir toutes les utilisations futures possibles
des matières biologiques humaines et des
données connexes. L'exécution de
grands projets de recherche en génétique
démographique demande une
réévaluation complète du cadre
normatif en vigueur régissant le consentement
éclairé.
Il convient de souligner aussi que la recherche en
génétique démographique sur des
sujets mineurs est semée d'embûches en
matière d'éthique et de droit. Le
Canada doit se pencher sur cette question s'il a
l'intention de mettre en œuvre la proposition
d'Initiative sur la santé des Canadiens
à tous les stades de la vie ou tout autre projet de
ce genre.
Commercialisation
L'un des objectifs premiers de la recherche en
génétique démographique est de
trouver des médicaments et des traitements nouveaux
contre les maladies des humains. Il est inévitable
que le secteur privé intervienne dans le processus
et, par conséquent, il est aussi inévitable
que des entreprises se ménagent et accumulent des
droits de propriété intellectuelle. Le
défi consiste à faire concorder le mieux
possibles les besoins de l'industrie avec ceux du
monde plus vaste de la recherche et ceux des populations
sans lesquelles de telles recherches seraient impossibles.
La commercialisation de la recherche en
génétique soulève de nombreuses
inquiétudes, dont la moindre n'est pas
qu'elle risque de détruire la confiance du
public. Les gens appuient généralement la
recherche en génétique, mais il existe un
risque véritable qu'en mettant
exagérément l'accent sur le commerce,
on déclenche dans la population un contrecoup
négatif qui lui fera rejeter en bloc la recherche
en génétique et les produits commerciaux qui
en sont issus.
En élaborant sa stratégie de consultation,
le Canada fera bien de songer à établir des
collaborations originales entre les secteurs public et
privé qui seront accompagnées d'un
« partenariat » avec les populations
de sujets de la recherche en génétique.
Le partage des avantages issus de la recherche est un
mécanisme de ce genre. Il ne faut pas y voir une
infraction au régime actuel de
propriété intellectuelle ni un moyen de
freiner la participation de l'entreprise
privée à la recherche, mais plutôt un
mécanisme ou mieux, un ensemble de
mécanismes, permettant de trouver et de maintenir
un équilibre entre les intérêts
commerciaux et ceux des participants à la
recherche, d'une manière qui respecte et
reflète la contribution relative de ces deux
parties.
Régie
Dans le contexte des biobanques, les questions de
régie surviennent au sein et entre des
organisations parmi lesquelles des institutions publiques
et privées, des entreprises commanditaires, des
organes de réglementation, des comités
d'éthique de la recherche, des chercheurs,
des participants à la recherche et la population en
général. La régie des biobanques et
de leur exploitation est d'une importance cruciale
parce qu'elle remplit une fonction essentielle, soit
de veiller à l'obligation de rendre compte et
à l'établissement et au maintien de la
confiance du public. La question qu'il est urgent de
se poser est celle de savoir si les instruments actuels de
régie, c'est-à-dire, le droit, les
politiques et les normes de l'éthique, sont
aptes à répondre aux préoccupations
et aux problèmes créés par les
biobanques : ces outils peuvent-ils vraiment
être adaptés aux biobanques ou faut-il
édifier d'autres instruments, que ce soit
sous la forme de mesures législatives, de
règlements ou d'énoncés de
principe, tout spécialement pour les biobanques?
En répondant à la question sur le
caractère adéquat ou non du cadre actuel de
régie, il faut faire attention de ne jamais
sous-estimer les craintes du public quant à la
participation de l'entreprise privée et
à la possibilité d'un usage abusif des
renseignements génétiques. Plus
s'accentuera la tendance présente à la
collecte et à l'exploitation des
renseignements génétiques, et plus
s'alourdira la probabilité de tels abus. Il
faut donc, afin de garantir
l'intégrité de la recherche en
génétique démographique, prendre
dès maintenant des mesures raisonnables pour
comprendre le cadre actuel de régie et trouver des
moyens de renforcer les sauvegardes offertes aux
participants à la recherche ainsi qu'aux
membres de leurs familles.
Même s'il reste du temps pour la planification
d'immenses initiatives de recherche en
génétique démographique, il
n'en reste pas moins que les comités
d'éthique de la recherche ont besoin de toute
urgence de conseils et d'orientation sur les
questions de droit et d'éthique liées
aux initiatives de biobanque de petite envergure. Des
biobanques institutionnelles et régionales sont en
voie de se créer, à un rythme de plus en
plus rapide, maintenant que les intéressés
se rendent compte de la valeur possible des renseignements
génétiques. L'orientation
donnée dans l'Énoncé de politique
des trois conseils ne suffit pas aux comités
d'éthique de la recherche auxquels on demande
d'examiner des projets de biobanque.
Stratégies de recrutement
Les méthodes de recrutement de participants
à des projets de recherche en
génétique démographique doivent
être fondées sur des bases scientifiques,
juridiques et éthiques et, de plus, il faut
élaborer des mécanismes de recrutement qui
conviennent exactement au système canadien de soins
de santé et au comportement attendu des patients
dans ce système. Les stratégies doivent donc
être axées sur la répartition
équitable des avantages et des fardeaux de la
recherche parmi la population dans son entier.
Voilà une tâche ardue, vu
l'immensité géographique du pays et la
diversité et la taille relativement petite de sa
population.
-
Aperçu des grandes initiatives de recherche en
génétique démographique
Caractéristique
|
Base de données sur le Secteur de la santé,
Islande
|
UK Biobank, Royaume-Uni
|
Banque génétique, Estonie
|
Données
|
-
données personnelles sur la santé et
le génotype
-
données généalogiques
|
-
données personnelles sur la santé
-
données sur le génotype
-
examen physique
|
-
données personnelles sur la santé et
le génotype
-
données généalogiques
|
Suivi
|
|
-
période initiale de suivi de 10 ans
|
|
Taille de l'étude
|
-
270 000 personnes, y inclus enfants et
défunts
|
-
500 000 adultes de 45 à 60 ans
|
|
Parties intéressées
|
-
le gouvernement de l'Islande et la
société deCODE Genetics
|
-
la société Wellcome Trust et le MRC
|
-
les sociétés Eesti Geenivaramu et
eGeen Inc.
|
Consultation
|
-
vaste débat après le fait (local et
international)
|
-
consultations en cours, mais limitées
jusqu'ici
|
-
consultations exhaustives dès le
départ
|
Appui de la population
|
-
population favorable au départ, puis
confiance érodée par les pressions
conjuguées des scientifiques et des
médecins islandais
|
-
projet modifié d'après les
recommandations des citoyens et des professionnels
de la santé
-
organe de surveillance créé dans la
foulée des consultations
|
-
population très informée et
très favorable au projet
-
en août 2002, 76 p. 100 des
Estoniens étaient au courant du projet et
2 p. 100 seulement étaient contre
|
Lois habilitantes
|
-
loi sur la base de données du secteur de la
santé
-
loi sur les biobanques
|
|
-
loi sur la recherche en génétique
-
loi sur la protection des données
personnelles
-
loi sur les bases de données
|
Stratégie d'octroi de licence
|
-
licence exclusive accordée à la
société deCODE Genetics
|
-
propriété publique, des licences non
exclusives seront octroyées aux chercheurs
(des secteurs public et privé)
|
-
la société eGeen détient la
licence exclusive et financera le projet au
bénéfice des deux parties
|
Recrutement
|
-
les médecins remettent à la
société deCODE Genetics des
données chiffrées sur les participants
possibles; il y a ensuite une analyse
préliminaire de la généalogie;
-
les données sont déchiffrées et
retournées aux médecins, qui entrent
en rapport avec les patients choisis, leur
expliquent la recherche et obtiennent leur
consentement par écrit
|
-
les médecins des centres médicaux
participants entrent en rapport avec leurs patients,
leur expliquent la recherche et obtiennent le
consentement écrit des personnes
désireuses de participer
|
-
les médecins entrent en rapport avec leurs
patients, leur expliquent la recherche et obtiennent
le consentement écrit des personnes
désireuses de participer
|
Accès
|
-
ministère de la Santé
-
abonnement commercial
-
accès spécial pour les chercheurs
islandais?
|
-
la loi donne aux sujets le droit
d'accès à leurs données
personnelles
-
tout accès par une entité commerciale
doit d'abord être approuvé par le
comité de gestion scientifique et par
l'organe de surveillance, conformément
aux exigences éthiques et légales
prescrites
|
-
seul le donneur de gènes et son
médecin ont accès aux données
génétiques personnalisées
-
les organismes d'État
|
Consentement
|
-
il faut obtenir le consentement
éclairé des sujets avant
d'accéder à leurs dossiers
médicaux et à leurs
prélèvements d'ADN
-
aux termes de la loi sur les biobanques, les
prélèvements biologiques doivent
être obtenus à des fins clairement
définies, mais le conseil de la biobanque a
le droit d'autoriser des usages autres que
ceux auxquels les sujets ont consenti
|
-
la biobanque doit obtenir le consentement
écrit du participant avant
d'accéder au registre du service
national de santé (NHS), à leur
dossiers médicaux courants et à
d'autres dossiers médicaux,
d'utiliser les données et
prélèvements pour diverses analyses et
tests biochimiques et génétiques
précisés ou non au départ et de
faire appel de nouveau au participant en question
|
-
il faut obtenir par écrit le consentement
éclairé des participants avant de
stocker dans la banque les
prélèvements et les données de
santé et de généalogie qui
auront d'abord été
chiffrées
-
les utilisations précisées au
départ sont la recherche en
génétique, la recherche sur la
santé publique et les études
statistiques, le tout en conformité avec la
loi
-
une personne mineure peut donner de ses gènes
à la banque si son tuteur en est
informé
-
le consentement peut être retiré en
tout temps jusqu'au chiffrement de
l'échantillon
|
Droit de retrait
|
-
les donneurs peuvent demander, en tout temps, la
destruction de leurs prélèvements
biologiques
-
les données obtenues et incluses à
l'analyse avant la destruction d'un
prélèvement ne seront pas
détruites
|
-
il n'est pas question d'un droit de
retrait dans le protocole provisoire du
14 février 2002
|
-
les participants peuvent exiger la destruction de
toutes les données pouvant être
déchiffrées
|
Retours d'information sur les résultats
|
-
les résultats de la recherche sont
affichés au site Web de la
société deCODE Genetics
|
-
les participants sont informés des mesures
prises pendant l'examen physique
-
des renseignements sur les progrès de la
recherche seront mis à la disposition de tous
les participants par des bulletins
d'information, des affichages sur le Web et
des publications approuvées par des pairs
|
|
Supervision et surveillance
|
-
Commission de protection des données,
comité national de bio-éthique
-
Organismes affectés en propre :
comité de surveillance et comité
interdisciplinaire d'éthique
-
le comité de surveillance est chargé
par la loi de s'assurer que la base de
données est exploitée
conformément à la loi
|
-
un organisme de surveillance indépendant,
comprenant des membres venus du grand public, doit
superviser le fonctionnement et les activités
de la biobanque et effectuer des
vérifications afin de veiller à ce que
les données stockées soient
utilisées judicieusement et en
conformité avec la teneur du consentement
obtenu des participants
|
-
le traitement des données est dirigé
par la fondation du projet estonien du génome
-
la fondation est tenue de passer des contrats avec
l'entreprise de traitement autorisée
(eGeen) ou avec des chercheurs; ces contrats fixent
les conditions de stockage, les mesures de
sécurité et la procédure de
copie, de distribution ou de destruction des
prélèvements
-
il y a aussi un conseil de supervision et un conseil
consultatif scientifique
|
Approbation du point de vue de l'éthique
|
-
tous les protocoles de recherche doivent être
soumis au comité national de
bio-éthique, qui doit surveiller les
progrès de la recherche et peut mettre fin
aux travaux s'ils outrepassent les limites du
protocole ou contreviennent en toute autre
façon à l'éthique
-
le comité interdisciplinaire
d'éthique a le pouvoir de surveiller la
recherche en cours et d'y mettre fin si elle
ne se fait pas de manière conforme à
l'éthique
|
-
il n'est pas question d'un droit de
retrait dans le protocole provisoire du
14 février 2002
|
-
un comité scientifique donne son avis sur les
questions concernant la validité scientifique
des recherches exécutées à
l'aide de la banque de gènes
-
un comité consultatif d'éthique
surveille les méthodes de traitement en usage
à la banque de gènes
|
Partage des avantages
|
-
la société deCODE Genetics doit
remettre à l'Islande une part des
profits annuels tirés de l'exploitation
de la base de données; les profits doivent
servir à améliorer les services de
santé et à financer la R-D
-
les dossiers médicaux des Islandais seront
informatisés aux frais de la
société deCODE Genetics
-
le gouvernement de l'Islande a plein
accès à la base de données sur
le secteur de la santé
-
en vertu d'un accord de sous-licence conclu
avec la société Hoffman-LaRoche, les
Islandais auront accès gratuitement aux
médicaments issus des recherches
exécutées à même la base
de données, pendant la durée du brevet
|
-
les résultats des recherches seront
retournés à la biobanque en
échange de l'utilisation des
prélèvements
|
-
la fondation a des intérêts dans la
société eGeen Inc.
|
État actuel du projet
|
|
-
formation d'un groupe consultatif provisoire
qui se réunit périodiquement et donne
des avis au MRC sur la conduite du projet
-
des études pilotes seront
réalisées avant le lancement de
l'étude principale
|
-
étude pilote achevée en
octobre 2002
-
projet principal entamé au
printemps 2003
|
Adresse URL
|
www.decodegenetics.com
|
www.ukbiobank.ac.uk
|
www.geenivaramu.ee
|
-
Extraits de la réaction du gouvernement de
Londres, par le biais de la commission d'enquête
scientifique et technologique de la Chambre des communes, au
rapport du Medical Research Council
Recommandation 30 : Nous
apprécions qu'il est difficile
d'établir dès maintenant des
prévisions à long terme des coûts de
fonctionnement de la biobanque, mais nous sommes rassurés
par le fait que ce travail est déjà activement
envisagé (para. 54).
et
Recommandation 31 : La biobanque est
un projet passionnant et nous louons les efforts consentis par
le MRC pour voir à ce que le Royaume-Uni prenne la
tête du mouvement pour tirer parti des fruits de la
recherche sur le génome humain. Ce qui nous
préoccupe, cependant, c'est que des fonds aient
été affectés au projet avant
l'achèvement d'un examen complet des
questions scientifiques relatives à la valeur du projet
et aux méthodes proposées (para. 57).
[Régie]
-
Réponse du gouvernement : Le
gouvernement appuie la mention louangeuse que le
Comité adresse aux efforts du MRC pour voir
à ce que le Royaume-Uni reste un chef de file dans
l'exploitation des fruits de la recherche sur le
génome humain. Il est rare qu'un grand projet
soit accueilli favorablement à
l'unanimité par le milieu scientifique.
L'une des raisons pour lesquelles le projet a mis si
longtemps à passer à la réalisation
(la première réunion conjointe du MRC du
Wellcome Trust avec les scientifiques désireux
d'aider au développement du concept remonte
à 1998) tient au fait que les bailleurs de fonds
ont fait appel à la participation pleine et
entière de scientifiques et d'autres
intéressés à chacune des
étapes de l'entreprise. Maintenant que sont
choisis le « moyeu » et les
« rayons » chargés de la
collecte et de l'analyse des
prélèvements et des données, les
travaux se poursuivront jusqu'à la mise au
point finale d'un plan d'activités et
de protocoles et les résultats de ces travaux
recevront une large diffusion.
Recommandation 32 : Il nous est
difficile de vérifier avec certitude si la biobanque a
fait l'objet d'un examen par des pairs et a
été financée au même titre que tout
autre projet proposé pour une subvention. Nous avons
l'impression que les bailleurs de fonds de la biobanque
ont monté une proposition scientifique dans le but de
trouver de l'appui à une initiative purement
politique (para. 58). [Régie]
et
Recommandation 33 : Nous recommandons
que le MRC rende publics, sans les attribuer à leurs
auteurs particuliers, les commentaires des pairs examinateurs,
afin de montrer avec assurance que le projet est pleinement
justifié et qu'il est soutenu par le milieu
scientifique (para. 59). [Régie]
-
Réponse du gouvernement :
L'idée de la biobanque est venue au
départ de scientifiques, et le projet a
effectivement fait l'objet d'un examen par des
pairs, mais il n'aurait pas été juste
de l'examiner « au même titre que
tout autre projet proposé pour une
subvention ». En effet, la biobanque a pour but
de servir de ressource nationale pour des projets
recherche à venir qui ne peuvent pas être
encore précisés en détail (et chacun
de ces projets sera évidemment soumis à un
examen par des pairs). Le processus d'examen
conjoint par des pairs utilisé par les bailleurs de
fonds (ministère de la Santé, Wellcome
Trust, MRC) a fait appel avant tout à des experts
venus du monde entier parce que les
intéressés avaient convenu que
c'était là le meilleur garant
d'objectivité, d'indépendance,
et d'absence de tout conflit
d'intérêts.
Le gouvernement croit en l'intégrité
de l'examen par les pairs tel que commandé
par les bailleurs de fonds au sujet du projet UK Biobank.
Les commentaires des examinateurs ne peuvent pas
être publiés puisqu'ils ont
été sollicités en toute confidence
par les bailleurs de fonds, selon la coutume. Les
commentaires de pairs examinateurs sont actuellement
exemptés des exigences de divulgation prescrites
par la Freedom of Information Act qui entrera en
vigueur en 2005. Tout écart à la pratique
courante en matière d'examen par des pairs
devrait d'abord être débattu, convenu
et ensuite mis en œuvre uniformément par tous
les conseils de recherche et les autres organismes
intéressés.
Recommandation 34 : Nous croyons que
l'obtention d'un consentement pleinement
éclairé doit être une condition
préalable obligée à toute participation
à la biobanque. Le MRC a peutêtre de bonnes raisons
de ne pas adopter, pour la biobanque, les lignes directrices de
la Human Genetics Commission, mais il devrait déclarer
clairement sa position et, s'il est en désaccord
avec les lignes directrices, il devrait expliquer pourquoi
(para. 60). [Consentement éclairé]
-
Réponse du gouvernement : Le
gouvernement convient qu'un consentement pleinement
éclairé est indispensable. La planification
de la biobanque s'est toujours fondée sur la
nécessité absolue d'un consentement
pleinement éclairé. Les propos sur le
consentement contenus dans le rapport de la Human Genetics
Commission (intitulé Inside Information)
ne sont pas des lignes directrices mais plutôt des
points de considération générale. Ces
points concordent avec les principes de consentement que
les bailleurs de fonds sont en train
d'élaborer pour la biobanque, et avec les
directives formulées par un groupe de travail
d'experts du MRC sur les collections d'ADN,
lesquelles ont été publiées en 2000
après de vastes consultations. En pratique, par
conséquent, les points définis par la Human
Genetics Commission seront dûment suivis.
Recommandation 35 : Nous craignons
que la viabilité à long terme du projet ne soit
menacée à moins que les bailleurs de fonds de la
biobanque n'adoptent une approche plus ouverte à la
participation non seulement des exécutants et
intervenants du projet mais aussi à la participation du
grand public (para. 63). [Consultation]
et
Recommandation 36 : Nous avons
l'impression que les consultations tenues par le MRC au
sujet de la biobanque étaient plutôt une
manœuvre accessoire, pour gagner des appuis plus
généralisés, qu'un véritable
effort pour créer un consensus relativement aux objectifs
et aux méthodes du projet. Dans une entreprise de nature
aussi délicate et d'une si grande envergure, la
consultation doit prendre place au cœur même du
processus et non pas à la périphérie (para.
65). [Consultation]
-
Réponse du gouvernement :
gouvernement convient que la consultation est un
élément vital de l'élaboration
d'un projet d'une telle nature et de cette
envergure. Le MRC et les autres bailleurs de fonds sont
fermement déterminés à poursuivre de
vastes consultations au fur et à mesure que le
projet avance. La UK BioBank est basée sur la
disposition des volontaires à participer et, en
conséquence, sa réalisation dépend
essentiellement d'une acceptation publique
générale des objectifs du projet.
La consultation d'un large éventail
d'intéressés, y compris la population,
a toujours été partie intégrante de
la planification du projet, ces trois dernières
années, et c'est là l'une des
raisons pour lesquelles le projet a mis si longtemps
à passer à exécution. Voici certaines
des initiatives mises en œuvre :
-
une série d'ateliers de consultation
informelle avec des professionnels de la
santé (médecins
généralistes, infirmières,
etc.) partout au pays en 2001 et en 2003
-
des études qualitatives et quantitatives
effectuées par deux différents
cabinets d'expertsconseils en 2000 et en 2002,
et dont les rapports ont été rendus
publics; l'étude de 2002 a
été suivie, au début de 2003,
en partie à la suggestion de certains des
participants à un groupe de réflexion,
de consultations complémentaires
auprès de groupes sociaux jusquelà
sous-représentés dans les
études
-
un atelier de consultation sur le thème de
l'éthique, en 2002, auquel ont
participé des éthiciens et des
représentants de groupes
d'intérêts spéciaux; le
rapport, aujourd'hui publié, a
inspiré l'élaboration de la
version provisoire du cadre actuel
d'éthique et de régie, lequel
fera l'objet d'autres consultations en
2003
-
des ateliers ouverts aux intervenants du milieu de
la recherche en général qui
souhaitaient contribuer à
l'élaboration du projet de biobanque
(en 2001 et en 2002)
-
une présence lors de festivals de science,
par exemple, BA, Cheltenham
-
des rencontres tenues avec la Human Genetics
Commission, dont un forum public en 2002
-
une séance d'information
présentée aux parlementaires en 2003.
La plupart de ces consultations nous ont permis de
constater un appui généralisé de la
population au concept de la biobanque. Les commentaires
exprimés au sujet de la structure
d'éthique et de régie et du protocole
scientifique sont pris en compte dans la poursuite de
l'élaboration du projet.
Au cours des prochains mois, la stratégie de
communication et de consultation de la biobanque sera
axée sur un certain nombre de domaines
différents. Les bailleurs de fonds ont retenu les
services d'experts-conseils de
l'extérieur qui se chargeront de sonder les
attitudes des gens au sujet du cadre proposé
d'éthique et de régie du projet.
Parallèlement, les bailleurs de fonds entameront,
de concert avec le tout récemment nommé
p.-d.-g. de UK Biobank, la mise sur pied d'une
stratégie à plus long terme de communication
et de consultation pour le projet. Cette stratégie
comprendra notamment des activités de communication
et de consultation par les
« rayons » du réseau
auprès des volontaires éventuels et des
professionnels de la santé au niveau local, afin de
poser les bases de l'étape finale de
développement et d'essai pilote du protocole
de recherche (un exemplaire de l'ébauche
courante du protocole est affiché au site Web de la
biobanque depuis l'été 2002). Le
nouveau p.-d.-g. a l'intention de nommer un
directeur des communications du projet plus tard cette
année. En outre, les bailleurs de fonds sont en
train de former une commission publique, un groupe
d'une cinquantaine de personnes qui ont
participé aux consultations antérieures et
qui ont manifesté de l'intérêt
à participer de façon plus permanente.
Recommandation 37 : Le MRC semble
adopter une attitude sage relativement à la participation
de l'industrie à la biobanque. Il faut qu'il
soit absolument clair que tous les résultats des
recherches appartiendront au domaine public mais, et nous le
reconnaissons, si nous voulons que la biobanque donne naissance
à des thérapies nouvelles, la participation de
l'industrie est inévitable et (para. 66).
[Commercialisation]
Recommandation 38 : Nous convenons,
avec la Human Genetics Commission, que les participants à
la biobanque devraient être représentés au
sein de l'organe de surveillance indépendant ou des
conseils de participants à chacun des centres
régionaux. Il est essentiel que les participants jouent
un rôle actif dans la gestion du projet (para. 69).
[Régie]
-
Réponse du gouvernement : Le
gouvernement et le MRC conviennent qu'une
participation des volontaires à la surveillance du
projet serait utile à l'échelle
nationale et-ou locale.
La composition de l'organe de surveillance sera
rendue publique. Ainsi, bien que l'identité
des volontaires et la totalité de leurs
données et prélèvements doivent
demeurer confidentielles, l'identité des
volontaires membres de l'organe de surveillance sera
connue de tous. Cette participation à la
surveillance devra être expliquée en
détail et il faudra obtenir le consentement des
personnes en cause.
Recommandation 39 : La Human Genetics
Commission a recommandé que le gouvernement finance une
étude des techniques de chiffrement afin de pouvoir
garantir la sécurité des données. Nous
appuyons cette recommandation (para. 71). [Protection de la vie
privée et régie]
-
Réponse du gouvernement : Des
travaux sont déjà entamés au sein du
programme national de technologie de l'information
du NHS en vue de déterminer et d'instaurer
des normes sûres et rigoureuses permettant de
garantir la confidentialité et la
sécurité des données des patients
inscrits au NHS. Ces nouvelles dispositions comprendront
des moyens de rendre anonymes ou pseudo anonymes et de
chiffrer les données des patients en fonction des
besoins déterminés et convenus, et ces
moyens pourront s'appliquer aussi aux données
stockées dans des bases de données ou
transmises par voie électronique entre partenaires
au sein du réseau d'information du NHS. Les
normes de sécurité et de
confidentialité seront mises à l'essai
et validées dans le cadre de fonctionnement du
programme national de technologie de l'information
du NHS et elles seront présentées au MRC qui
les mettra en oeuvre, le cas échéant.
Le ministère de la Santé collabore de
près avec les autorités gouvernementales en
matière de sécurité, dont le Central
Sponsor for Information Assurance (l'organisme
central d'assurance de l'information) afin de
veiller à ce que le NHS ait recours à des
méthodes convenables et se conforme aux avis du
gouvernement, le cas échéant.
Recommandation 40 : Il est important
que les participants à la biobanque, avant de donner leur
consentement et avant tout prélèvement, soient
conscients du risque que la police obtienne l'accès
à leurs données et prélèvements. Les
bailleurs de fonds devraient faire preuve de diligence et
vérifier jusqu'à quel point ce risque peut
dissuader les gens de participer (para. 72). [Protection de la
vie privée, consentement et recrutement]
Recommandation 41 : Le MRC peut
s'enorgueillir d'antécédents et
d'un rôle de premier plan dans ce qui fait la
réputation supérieure de la recherche
biomédicale au Royaume-Uni. Nous ne pouvons que louer ses
efforts remarquables pour conserver cette réputation.
Néanmoins, les chercheurs et leurs organisations sont
très préoccupés par les politiques et les
gestes du MRC. Il était peu probable, et nous le savions,
que nous recevions des mémoires et commentaires de la
part de personnes sans grief à exposer, mais nous avons
conclu aussi que les personnes qui se sont effectivement
exprimées nourrissaient des craintes légitimes.
Nous avons pu constater des cas de mauvaise gestion
financière et de mauvaise planification dans lesquels des
quantités exagérées de fonds étaient
affectées pour de longues périodes, forçant
ainsi le MRC a refuser en grand nombre des propositions de
subvention de la plus haute qualité. Le MRC a usé
de stratégies erronées dans son soutien à
la recherche et en est venu ainsi à faire preuve de
discrimination à l'encontre des jeunes chercheurs
et de certaines disciplines. Il s'est rendu coupable de
communications sans cohérence et mal gérées
qui ont entravé notre capacité
d'évaluer son rendement et qui ont induit en erreur
le milieu de la recherche qu'il est censé
représenter. Ces fautes conjuguées ont terni la
réputation de l'organisme et causé un
profond ressentiment et de graves inconvénients parmi les
chercheurs que le MRC a mission de soutenir (para. 74).
-
Réponse du gouvernement : Le
gouvernement accueille favorablement la tentative du
Comité pour peser et comparer, dans cette
recommandation, les antécédents remarquables
du MRC et les plaintes que le Comité a
reçues à son endroit.
Le MRC a un excellent dossier de rendement et ses rapports
annuels montrent qu'il remplit la mission qui lui
est confiée aux termes de sa charte royale.
Tout en convenant que certains éléments de
gestion financière et de planification ont besoin
d'être améliorés, nous croyons
que le MRC, dans l'ensemble, est capable de
planifier et de contrôler ses dépenses. Ses
comptes vérifiés ont reçu
l'approbation du bureau administratif national.
Le gouvernement ne pense pas que les stratégies de
recherche du MRC soient erronées. Les
stratégies à long terme du MRC sont
élaborées par le conseil de
l'organisme, où siègent des membres
appartenant au monde scientifique et à celui de la
médecine, et en consultation avec tout un
éventail d'organisations dont les conseils de
recherche du MRC et des ministères gouvernementaux.
Le gouvernement, dans la présente réponse,
reconnaît la nécessité de prêter
une attention plus étroite à la
communication avec le milieu de la recherche et à
l'évaluation des politiques et
stratégies de recherche.
-
Sommaire de la législation canadienne relative
à la protection de la vie privée
Ressort
|
Champ
|
Titre et état du projet de loi au
31 juillet 2003
|
Fédéral
|
secteur public
|
Loi sur la protection des renseignements
personnels, S.R.C. 1985, c. P-21.
|
|
secteur privé
|
Loi sur la protection des renseignements personnels et
les documents électroniques, S.C. 2000, c.5.
S'applique aux fonds de données du secteur
privé et aux renseignements sur la santé
à partir de janvier 2004 seulement
|
Colombie-Britannique
|
public
|
Freedom
of Information and Protection of Privacy Act,
R.S.B.C. 1996, c. 165
|
|
privé (projet de loi)
|
Personal Information Protection Act – Projet de
loi 38
-
présentation à
l'assemblée législative le
30 avril 2003
-
deuxième lecture le
1er mai 2003
-
si le projet est adopté, la loi entrera en
vigueur le 1er janvier 2004
|
|
tissus
|
Human
Tissue Gift Act, R.S.B.C. 1996, c. 211
|
Alberta
|
public
|
Freedom of Information and Protection of Privacy
Act, R.S.A. 2000, c. F-25
|
|
privé (projet de loi)
|
Personal Information Protection Act –
Projet de loi 44
-
présentation à
l'assemblée législative le
14 mai 2003
-
si le projet est adopté, la loi entrera en
vigueur le 1er janvier 2004
|
|
santé
|
Health Information Act, R.S.A. 2000, c. H-5
|
|
tissus
|
Human Tissue Gift Act, R.S.A. 2000, c. H-15
|
Saskatchewan
|
public
|
The Freedom of Information and Protection of Privacy
Act, S.S. 1990-91, c. F-22.01
|
|
santé
|
The Health Information Protection Act, S.S.
1999, c. H-0.021 (projet de loi 29)
-
a reçu la sanction royale le
6 mai 1999
-
n'est pas encore entrée en vigueur
|
|
tissus
|
The Human Tissue Gift Act, R.S.A. 1978, c.
H-15
|
Manitoba
|
public
|
Loi
sur l'accès à l'information et la
protection de la vie privée, C.C.S.M., c.
F175
|
|
santé
|
Loi sur les renseignements médicaux
personnels, C.C.S.M., c. P33.5
|
|
tissus
|
Loi
sur les tissus humains, C.C.S.M. c. H180
|
Ontario
|
public
|
Loi sur l'accès à l'information
et la protection de la vie privée, L.R.O.
1990, c. F.31
|
|
tissus
|
Loi sur le Réseau Trillium pour le don de
vie, L.R.O. 1990, c. H.20
|
Québec
|
public
|
Loi
sur l'accès aux documents des organismes
publics et sur la protection des renseignements
personnels, S.R.Q., c. A-2.1
|
|
privé
|
Loi
sur la protection des renseignements personnels dans le
secteur privé, S.R.Q., c. P-39.1
|
|
tissus
|
Loi sur les laboratoires médicaux, la
conservation des organes, des tissus, des gamètes
et des embryons, les services d'ambulance et la
disposition des cadavres, S.R.Q. L- 0.2
|
|
délit civil
|
Code
civil du Québec, S.Q. 1991, c. 64
|
Nouvelle-Écosse
|
public
|
Freedom of
Information and Protection of Privacy Act, S.N.S.
1993, c. 5
|
|
tissus
|
Human
Tissue Gift Act, R.S.N.S. 1989, c. 215.
|
Nouveau-Brunswick
|
public
|
Loi sur
la protection des renseignements personnels,
S.N.B. 1998, c. P-19.1
|
|
tissus
|
Loi sur
les tissus humains, S.R.N.B. 1973, c. H-12
|
Île-du-Prince-Édouard
|
public
|
Freedom
of Information and Protection of Privacy Act,
S.P.E.I. 2002, c. F-15.01
|
|
tissus
|
Human
Tissue Donation Act, S.P.E.I. c. H-12.1
|
Terre-Neuve-et-Labrador
|
public
|
Access
to Information and Protection of Privacy Act,
S.N.L. 2002, c. A-1.1
-
a reçu la sanction royale le
14 mars 2002
-
n'est pas encore entrée en vigueur
|
|
tissus
|
Human
Tissue Act, R.S.N.L. 1999, c. H-15
|
Yukon
|
public
|
Loi
sur l'accès à l'information et la
protection des renseignements personnels, L.R.Y.
2002, c. 1 (ce site permet la recherche sur les lois du
Territoire du Yukon)
|
|
tissus
|
Loi sur
les dons de tissus humains, L.R.Y. 2002, c. 117
(ce site permet la recherche sur les lois du Territoire du
Yukon)
|
Territoires du Nord-Ouest
|
public
|
Loi
sur l'accès à l'information et la
protection de la vie privée, L.R.T.N.-O.
1994, c. 20 (ce site permet la recherche sur les lois des
Territoires du Nord-Ouest)
|
|
tissus
|
Loi
sur les tissus humains, L.R.T.N.-O. 1988, c. H-6,
accessible en ligne à l'Institut canadien
d'information juridique. (ce site permet la
recherche sur les lois des Territoires du Nord-Ouest)
|
Nunavut
|
public
|
Loi sur
l'accès à l'information et la
protection de la vie privée (Nunavut),
L.R.T.N.-O. 1994, c. 20 adoptée par le Nunavut
à l'art. 29 de la Loi sur le Nunavut
(ce site permet la recherche sur les lois du Nunavut)
|
|
tissus
|
Loi sur
les tissus humains, L.R.T.N.-O. 1988, c. H-6,
adoptée par le Nunavut à l'art. 29 de
la Loi sur le Nunavut (ce site permet la
recherche sur les lois du Nunavut)
|
-
Consentement éclairé : renseignements
pertinents pour les participants à des recherches en
génétique démographique
Selon les articles 2.4 et 10.2 de
l'Énoncé de politique des trois conseils,
les participants à un projet de recherche devraient
recevoir les renseignements suivants au sujet du ou des
protocoles de la recherche à laquelle ils sont
invités à participer :
Article 24:
-
l'information selon laquelle la personne est
invitée à prendre part à un projet de
recherche,
-
une déclaration intelligible précisant le
but de la recherche, l'identité du chercheur,
la nature et la durée prévues de leur
participation ainsi qu'une description des
méthodes de recherche,
-
un exposé compréhensible des avantages et
des inconvénients raisonnablement
prévisibles associés à la recherche,
ainsi qu'une description des conséquences
prévisibles en cas de non-intervention —
notamment dans le cas de projets liés à des
traitements, entraînant des méthodologies
invasives, ou lorsque les sujets risquent d'être
exposés à des inconvénients physiques
ou psychologiques,
-
la garantie que les sujets pressentis sont libres de ne
pas participer au projet, de s'en retirer en tout
temps sans perdre de droits acquis et d'avoir en tout
temps de véritables occasions de revenir ou non sur
leur décision,
-
la possibilité de commercialisation des
résultats de la recherche et l'existence de
tout conflit d'intérêts, réel,
éventuel ou apparent, impliquant aussi bien les
chercheurs que les établissements ou les
commanditaires de recherche.
Commentaire
Le commentaire de l'Énoncé de politique des
trois conseils au sujet de l'article 2.4 contient un
tableau énumérant des « Informations
supplémentaires pouvant être exigées pour
certains projets ». Voici celles qui
s'appliquent directement à la recherche
reliée aux biobanques :
-
l'assurance de fournir aux sujets en temps opportun
tous les nouveaux renseignements susceptibles de remettre
en cause leur décision de continuer, ou non,
à prendre part à la recherche;
-
des renseignements sur les ressources appropriées,
extérieures à l'équipe de
recherche, avec qui prendre contact en cas de question
d'ordre éthique;
-
la liste des personnes qui auront accès aux
données recueillies sur l'identité des
sujets, la description des mesures prises pour
protéger la confidentialité des
données ainsi que leur utilisation
envisagée;
-
les moyens de diffusion des résultats de la
recherche et la façon dont les sujets seront
informés de ses conclusions.
Article 10.2:
-
le genre et la quantité de tissus à
prélever ainsi que l'endroit où se fera
le prélèvement,
-
la technique, les dangers et le caractère invasif
du prélèvement, ainsi que la durée et
les conditions de conservation des tissus,
-
les éventuelles utilisations des tissus, y compris
les utilisations commerciales,
-
les balises visant à protéger la vie
privée et les renseignements personnels des
donneurs,
-
les possibilités d'identifier et de retracer
les donneurs de tissus précis,
-
la façon dont l'utilisation des tissus pourrait
nuire à la vie privée des donneurs.
-
Déclarations internationales au sujet de la
protection de la vie privée et des renseignements
génétiques
Nations Unies, Déclaration universelle des droits
de l'homme, 1948
|
Art. 12
|
Nul ne sera l'objet d'immixtions arbitraires dans
sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa
correspondance, ni d'atteintes à son honneur et
à sa réputation. Toute personne a droit
à la protection de la loi contre de telles
immixtions ou de telles atteintes.
|
Association médicale mondiale, Déclaration
d'Helsinki, 1964
|
Art. 2
|
La mission du médecin en recherche médicale
de protéger la vie, la santé, la vie
privée et la dignité des êtres
humains. [traduction]
|
Art. 21
|
Le droit du sujet [de recherche] à la protection de
son intégrité doit toujours être
respecté. Toutes précautions doivent
être prises pour respecter la vie privée du
sujet, la confidentialité des données le
concernant et limiter les répercussions de
l'étude sur son équilibre physique et
psychologique.
|
Human Genome Organization, Statement on the Principled
Conduct of Genetic Research, 1996
|
|
Le comité de la Human Genome Organization qui est
chargé des questions éthiques, juridiques et
sociales recommande « que le respect et la
protection de la vie privée contre tout
accès non autorisé soient garantis par la
confidentialité des renseignements
génétiques. Il faut que soient
formulées et instaurées, avant tout
prélèvement, des règles de
chiffrement des données, des formalités de
contrôle de l'accès et des politiques
régissant le transfert et la conservation des
prélèvements et de l'information. Une
attention toute spéciale devrait être
accordée aux intérêts réels ou
éventuels des membres de la famille ».
[traduction]
|
Conseil de l'Europe, Convention sur les droits de
l'homme et la biomédecine, 1997
|
Art. 10(1)
|
Toute personne a droit au respect de sa vie privée
s'agissant des informations relatives à sa
santé.
|
Art. 10(2)
|
Toute personne a le droit de connaître toute
information recueillie sur sa santé. Cependant, la
volonté d'une personne de ne pas être
informée doit être respectée.
|
UNESCO, Déclaration universelle sur le
génome humain, 1997
|
Art. 5(c)
|
Le droit de chacun de décider d'être
informé ou non des résultats d'un examen
génétique et de ses conséquences
devrait être respecté.
|
Art. 7
|
La confidentialité des données
génétiques associées à une
personne identifiable, conservées ou
traitées à des fins de recherche ou dans
tout autre but, doit être protégée
dans les conditions prévues par la loi.
|
CIOMS, Lignes directrices internationales
d'éthique pour la recherche biomédicale
impliquant des sujets humains, 2002
|
Ligne directrice 18
|
Les investigateurs doivent établir un
système sécurisé de protection de la
confidentialité des données relatives aux
sujets de recherche. Les sujets doivent être
avisés des limites, juridiques ou autres, de la
capacité de l'investigateur à
préserver cette confidentialité et des
éventuelles conséquences d'une violation
de cette confidentialité.
|
Association médicale mondiale, Déclaration
sur les considérations éthiques concernant
les bases de données de santé, 2002
|
s. 1
|
Le droit au respect de la vie privée permet au
patient de maîtriser la communication et
l'utilisation des informations le concernant.
L'obligation de secret professionnel du médecin
assure la protection des données personnelles de
santé du patient.
|
Réseau de médecine génétique
appliquée, Énoncé de principes sur la
conduite éthique de la recherche en
génétique humaine concernant des populations
(Version 2003)
|
Art. 4
|
La confiance mutuelle entre le chercheur et la population
est essentielle à la notion de
réciprocité. Par respect pour ce lien de
confiance, le chercheur doit s'assurer de la
sécurité et de la confidentialité des
données concernant la population.
|
|