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Les scientifiques du CNRC parlent de leur (1re partie)

Au sujet de cet article

Nous espérons que vous apprécierez la lecture de ce premier article, tiré d'une série de trois articles à paraître dans les prochaines parutions mensuelles des Faits saillants du CNRC.

Chaque article présente une sélection des réponses intéressantes des scientifiques. Ces réponses sont souvent candides et ceux qui les ont formulées ne craignaient pas de dévoiler le fond de leurs pensées.

Les numéros à venir traiteront de la découverte scientifique et des espoirs de recherche de nos chercheurs.

On raconte que les découvertes scientifiques ne commencent pas vraiment par le célèbre « Eurêka! », mais plutôt par « Tiens! Voilà qui est étrange... » [1]

Pour savoir si c'est exact et pour en apprendre davantage sur la nature de la science et des découvertes scientifiques, la rédaction des Faits saillants du CNRC a récemment posé une série de questions aux chercheurs du CNRC dont les travaux ont fait la manchette de cette rubrique mensuelle ces trois dernières années.

Peut-être à cause d'un trop grand pessimisme, dans le courriel contenant la liste de questions, nous émettions l'hypothèse que, pour beaucoup de gens, la science ressemble à cette boîte noire que les enquêteurs examinent après l'écrasement d'un avion. Les profanes savent qu'elle renferme des données vitales, mais ils ignorent comment récupérer ces données et les interpréter.

Reprenant cette métaphore, nous avons donc demandé aux scientifiques du CNRC de partager avec nous leurs impressions sur cet instant magique où ils s'exclament « Tiens! Voilà qui est bizarre... » et sur ce qu'il signifie au niveau de la découverte. Dans une série de questions ouvertes, fort peu scientifiques, nous leur avons demandé notamment comment la science évolue, comment de nouveaux domaines de recherche voient le jour, comment les scientifiques composent avec de tels changements et quel est la place de la méthode scientifique par rapport à celle de l'intuition brute.

La recherche – L'intuition compte, mais il n'y a pas de raccourcis

Éprouvettes

Si la science est comme une boîte noire, une des meilleures façons d'en percer le secret consisterait d'abord à en examiner les éléments. Les premières questions portaient donc sur la nature de la recherche. Quelle place y a la méthode scientifique? Quelle est celle de l'intuition? Les deux peuvent-elles coexister?

Essentiellement, ces questions devaient faire ressortir certaines règles que suppose la science quant à la collecte de faits, la formulation d'hypothèses et la nécessité de résultats reproductibles. En effet, la science s'appuie sur des réalités et des théories – éléments distincts mais très étroitement reliés qui permettent de concevoir de nouvelles expériences et d'enrichir nos connaissances. Dans une allocution prononcée en 1999, Sir John Maddox, ancien rédacteur en chef de la revue Nature, déclarait : « Les mêmes questions reviennent constamment. Comment est né l'Univers? Comment la vie endure-t-elle? Qu'est-ce que la pensée? Ces questions, Aristote se les était déjà posées pertinemment il y a plus de deux mille cinq cents ans. Mais nous nous montrons plus exigeants et réclamons sans cesse des réponses plus précises et spécifiques. Tel est le progrès dans les sciences fondamentales. »

On ne sera guère surpris de constater que le processus requis pour répondre à ces questions contribue à expliquer le temps apparemment interminable qu'exige la science. Si les studios d'Hollywood réalisent des centaines de films chaque année, pourquoi faut-il tant de temps avant de trouver un remède contre le cancer?

Voici quelques réponses.

« Au départ, je crois que la recherche se résume toujours à une forme quelconque de "méthode scientifique". Le chercheur suit souvent une piste et l'étape ou l'expérience suivante dépend des résultats des travaux antérieurs. Parfois, le chercheur essaie quelque chose de différent, pour voir si l'idée initiale était la bonne ou pas, mais la plupart du temps, l'expérience suivante découle d'une déduction logique reposant sur les résultats obtenus avant. »

« La vraie science ressemble beaucoup plus à "que se passera-t-il si... " qu'à "formulons une hypothèse et vérifions-la". Par les temps qui courent, c'est particulièrement le cas en génomique et en protéomique. Nous n'avions aucune hypothèse à tester quand le génome humain a été séquencé et pourtant il s'agit d'un travail scientifique d'une importance colossale. »

« Les scientifiques subissent beaucoup de pressions pour trouver des fonds en vue de "recherches thématiques". Pourtant, par nature, la science pure est alimentée par la curiosité; pour atteindre son but, elle a besoin de la liberté d'explorer – la recherche thématique ne peut tolérer cela. Quelques-unes des plus grandes révolutions technologiques sont nées de recherches purement spéculatives, sans "objectif" précis. L'invention du semi-conducteur en est un exemple parmi beaucoup d'autres. »

« Si on n'y croit pas sur-le-champ, il est impérieux de reprendre l'expérience jusqu'à ce qu'on soit assez sûr des résultats pour les publier. »

« Il faut toujours une dose de scepticisme quand on analyse des données. Il faut établir si les résultats reflètent vraiment les données qui ont été recueillies ou si on les interprète d'une manière particulière, faussée par le point de vue du chercheur. »

« On fait des trous un peu partout jusqu'à ce qu'il ne reste plus que la conclusion devant soi. C'est une des raisons pour lesquelles la recherche demande autant de temps – ce processus est le même à toutes les étapes (conception, exécution, analyse et interprétation). »

« Je n'ai pas inventé grand-chose simplement en y réfléchissant ou en l'imaginant. Le plus souvent, l'intuition ou le hasard s'en mêlent. N'en reste pas moins qu'il faut travailler très dur et chercher dans maintes directions pour multiplier les interventions du hasard ou tester son intuition. Il faut aussi rester très vigilant afin de discerner le rare incident qui donnera de bons résultats parmi les multiples expériences qui échouent sur la foi du hasard ou de l'intuition. »

« Ce n'est peut-être pas tant l'intuition que la manière d'aborder un problème. Les autres doutent souvent qu'on puisse réaliser telle ou telle chose. J'ai vécu cela encore et encore. Beaucoup de scientifiques ou de physiciens sont convaincus qu'il est impossible d'accomplir une certaine chose. Dans un tel cas, la dynamique vient de la réflexion que si on ne l'essaie pas, on ne saura jamais si cela fonctionne ou pas. Ce n'est pas l'intuition que cela marchera qui me pousse, c'est l'absence de preuve que cela ne marchera pas. »

Après avoir lu ce qui précède, vous aurez sûrement quelques questions et réflexions bien à vous. Faits saillants du CNRC cherche à alimenter l'intérêt de ses lecteurs avides de science et nous aimerions connaître votre point de vue sur ce premier article. L'avez-vous jugé intéressant? Vous a-t-il aidé à mieux comprendre certaines difficultés inhérentes à la recherche scientifique? Vous avez des réflexions sur la découverte? Dites-nous ce que vous en pensez en nous donnant vos commentaires sur le formulaire ci-dessous.



[1] « La phrase la plus excitante dans la bouche d'un scientifique, celle qui laisse entrevoir une découverte prochaine, n'est pas tant Eurêka (J'ai trouvé !), mais bien "hum... voilà qui est étrange... " » (Isaac Asimov)


 
 
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Date de publication : 2005-09-01
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