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Étude sur les services juridiques au Nunavut Rapport définitif
16 octobre 2002
- 5.0 ÉTENDUE DES BESOINS NON SATISFAITS EN MATIÈRE DE SERVICES JURIDIQUES
- 5.2 BESOINS NON SATISFAITS DANS LES COURS DE CIRCUIT
- 5.3 BESOINS NON SATISFAITS DANS LES COURS DES JUGES DE PAIX
- 5.4 BESOINS NON SATISFAITS AVANT LA PREMIÈRE COMPARUTION
- 5.5 BESOINS NON SATISFAITS DES PRÉVENUS EN DÉTENTION PRÉVENTIVE
- 5.6 SOMMAIRE DE LA SECTION 5.0
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5.2 BESOINS NON SATISFAITS DANS LES COURS DE CIRCUIT
5.2.1 Niveau actuel de service dans les cours de circuit
De prime abord, avec le système d'admissibilité présumée
et le programme de conseillers parajudiciaires, il semblerait qu'il y ait peu
de besoins non satisfaits en matière de représentation dans les
cours de circuit du Nunavut, car toutes les personnes peuvent y être représentées
d'une certaine façon. Toutefois, la majorité des répondants
étaient d'avis qu'à cause de la nature du travail des cours de
circuit (longues heures, difficulté à se rendre d'avance dans
les collectivités, nombre limité de conseillers parajudiciaires
dans des collectivités, changements d'avocat, retards causés par
les ajournements, etc.),19
la qualité de la représentation offerte aux clients en souffre
parfois et, par conséquent, il y aurait des besoins non satisfaits pour
ce qui est des conseils et de l'assistance juridiques dans ces cours.
Il convient de noter que, pour ce qui est des besoins non satisfaits dans les
cours de circuit, que les distinctions entre les régions sont devenues
apparentes, tout comme les distinctions entre les expériences dans les
petites collectivités (où il n'y a pas de clinique d'aide juridique)
et dans les grandes. Par exemple, les inquiétudes à propos de
la qualité de la représentation dans les cours de circuit étaient
plus fortes dans la région de Baffin que dans celle de Kitikmeot et plus
fortes dans les petites collectivités, où les membres de la cour
doivent se rendre ensemble, que dans les collectivités où l'on
peut consulter le personnel de la CSJN dans une clinique régionale d'aide
juridique.
5.2.2 Ressources nécessaires à l'amélioration
de la prestation des services dans les cours de circuit
Les répondants ont fait bon nombre de recommandations à propos
des stratégies et des ressources qui pourraient améliorer la qualité
de la prestation des services dans les cours de circuit. Ces suggestions mettaient
l'accent sur la formation des conseillers parajudiciaires, sur l'augmentation
du nombre de tournées et de la durée des séjours dans les
collectivités et sur le besoin de donner aux avocats de la CSJN la latitude
requise pour relever les défis inhérents à la structure
des cours de circuit. Vu la diversité des expériences en fait
de besoins non satisfaits (voir le texte ci-dessus), il se peut que quelques
propositions soient mises en uvre de façon plus appropriée
dans une région ou une collectivité en particulier plutôt
que dans tout le territoire.
La plupart des répondants étaient d'avis que les conseillers
parajudiciaires devraient recevoir une formation améliorée pour
mieux soutenir l'avocat de la CSJN quand il arrive dans une collectivité
lors d'une tournée. (Voir la section 7.0 pour une présentation
plus détaillée sur le rôle et les besoins des conseillers
parajudiciaires.)
Selon des répondants, le fait de combler le poste vacant de juge à
la CJN permettrait d'augmenter le nombre de tournées et la durée
des séjours dans une collectivité. Toutefois cela est peu probable,
puisque la CJN fonctionne déjà comme s'il y avait trois juges,
en ayant recours à des juges suppléants au besoin. Des répondants
estiment que, pour aider à résoudre ce problème, il faudrait
peut-être augmenter le nombre de juges de la CJN à quatre. Par
contre, d'autres disent que ces avantages ne seraient réalisés
que dans la mesure où les autres intervenants du système de justice,
en particulier la CSJN et la Couronne, recevraient également des ressources
additionnelles de façon à s'assurer qu'il y a des avocats pour
comparaître devant ces nouveaux juges.
Quant au fait d'habiliter les avocats de la CSJN à mieux relever les
défis liés aux cours de circuit, plusieurs suggestions ont été
faites. La plupart d'entre elles supposent le renforcement, d'une certaine manière,
des ressources humaines ou financières à la disposition des avocats
salariés et des directeurs des cliniques dans le but d'accroître
l'efficacité et d'augmenter le temps consacré aux clients dans
les collectivités. Au nombre des suggestions qui ont été
faites, il y a les suivantes :
- Mettre à la disposition des avocats de la CSJN des ressources pour
qu'ils se rendent dans les collectivités éloignées plus
régulièrement et avant l'arrivée de la cour de circuit.
Il pourrait s'agir d'une sorte de prétournée afin de s'assurer
que toutes les collectivités, et non seulement la première de
la tournée, sont visitées d'avance. Il convient de souligner
que les ressources devraient couvrir non seulement les frais de déplacement,
mais aussi la rémunération de personnel additionnel pour veiller
au fonctionnement du centre pendant l'absence des avocats.
- S'assurer qu'il y a toujours deux avocats de la défense qui accompagnent
la cour de circuit, afin d'alléger leur charge de travail et de leur
permettre de consacrer plus de temps aux clients.
- Mettre en place un système visant à garantir un transfert
plus harmonieux des cas d'un avocat à l'autre. Par exemple, A est le
premier avocat pour le premier circuit et B, le deuxième. Pour le deuxième
circuit, B devient le premier avocat, C le deuxième, et A n'y participe
pas. Ceci permettrait de réduire le nombre d'affaires refilées
au prochain avocat de service, de même que les changements d'avocat.
- Inviter des soumissions pour les circuits qui ne sont pas régulièrement
visités par les avocats salariés chaque année ou tous
les deux ans. De la sorte, le premier avocat affecté au circuit serait
permanent, ayant postulé pour l'emploi, alors que le deuxième
occuperait un poste en rotation, au besoin. Cette situation permettrait au
premier avocat d'acquérir une bonne connaissance des collectivités,
des dirigeants communautaires, des ressources disponibles, etc., et aussi
de réduire les changements d'avocat.
- Faire en sorte que, dans les collectivités dotées d'une clinique
régionale, un avocat de service se présente une journée
avant la semaine des audiences pour rencontrer les clients et les préparer
à comparaître.
5.3 BESOINS NON SATISFAITS DANS LES COURS DES JUGES DE PAIX
5.3.1 Niveau actuel de service dans les cours des juges
de paix
La situation, en ce qui a trait à la représentation dans les
cours des juges de paix au Nunavut, semble varier selon la région.
- Certains répondants ont mentionné que les conseillers parajudiciaires
y assurent la plus forte partie de la représentation.
- À Iqaluit, ce sont parfois des étudiants en droit ou des stagiaires
qui représentent les clients dans ces cours.
- Dans la région de Kitikmeot, des participants aux ateliers ont signalé
qu'un certain nombre de clients choisissent de se représenter eux-mêmes.
- À Cambridge Bay, on a précisé que tous les accusés
y sont représentés grâce à la présence de
conseillers parajudiciaires et d'avocats de la CSJN dans la collectivité.
- D'autres répondants ont dit qu'à leur connaissance, il était
extrêmement rare que des avocats de la CSJN assurent la représentation
dans les cours des juges de paix.
Par ailleurs, les répondants étaient généralement
d'avis que la plupart des accusés y sont représentés d'une
certaine façon, sauf s'ils en ont décidé autrement. Les
juges de paix eux-mêmes corroborent ces dires et la majorité d'entre
eux affirment qu'ils sont réticents à instruire l'instance, et
choisiraient généralement de ne pas le faire, si l'accusé
n'est pas représenté. Quelques-uns disent qu'ils instruiraient
l'affaire si la non-représentation est le choix de l'accusé et
n'est pas attribuable à une pénurie de représentants.
5.3.2 Besoins non satisfaits dans les cours des juges
de paix
Cependant, il y a un certain nombre de questions concernant les cours des juges
de paix et le type de représentation offerte aux accusés qui,
selon certains répondants, compromettent la qualité de la représentation
au point de donner lieu à des besoins non satisfaits. Voici certaines
des préoccupations qu'ils ont exprimées :
- Très peu de conseillers parajudiciaires possèdent une formation
suffisante pour représenter l'accusé efficacement.
- Il y a une pénurie générale de conseillers parajudiciaires,
c'est-à-dire qu'il n'y en a pas dans toutes les collectivités
et qu'ils ne sont peut-être pas suffisamment nombreux pour représenter
tous les accusés de façon valable.
- Les cours des juges de paix ne sont pas soumises à un contrôle
et il est difficile d'obtenir les transcriptions ou les enregistrements. Il
serait donc difficile pour la CSJN ou le ministère de la Justice du
Nunavut d'être au fait des problèmes rattachés à
la qualité de la représentation.
« Dans les cours des juges de paix, nous avons des gens qui n'ont aucune
formation juridique, nous avons un policier qui a mené l'enquête
et qui agit comme poursuivant. Le juge de paix signe les documents que le
policier lui remet, et les conseillers parajudiciaires ont peu ou pas de
formation. » |
Les préoccupations exprimées par ces répondants sont accrues
par la perception que des chefs d'accusation de plus en plus graves (qui, auparavant,
auraient été instruites par la CJN, où l'accusé
est généralement représenté par un avocat) sont
maintenant instruites dans les cours des juges de paix. Il est à signaler
par contre que les répondants divergent d'opinion quant à savoir
si la nature des affaires entendues dans les cours des juges de paix a changé
ou non depuis la création du Nunavut; bon nombre disent que non. Par
contre, un certain nombre de répondants estiment que les cours des juges
de paix sont saisies d'infractions plus graves qu'avant, mais que c'est acceptable
puisqu'un système amélioré de cours des juges de paix constitue
un élément clé du système de tribunal unifié.
Ces répondants se demandent qui, à part les juges de paix et les
conseillers parajudiciaires respectés et adéquatement formés,
pourrait satisfaire aux besoins de services fournis par des spécialistes
qui connaissent leur région et parlent inuktitut, étant donné
qu'il n'y aura jamais assez d'avocats au Nunavut pour offrir ces services (en
tant que procureur de la Couronne ou qu'avocat de la défense).
5.3.3 Ressources nécessaires à l'amélioration
de la prestation des services dans les cours des juges de paix
Les répondants ont proposé divers moyens pouvant concourir à
l'amélioration de la représentation dans les cours des juges de
paix, notamment :
- Réformer et officialiser la formation des conseillers parajudiciaires,
pour accroître leur capacité à représenter un accusé
dans les cours des juges de paix et d'en appeler au besoin des décisions
de la cour.
- Hausser le nombre de conseillers parajudiciaires pour qu'il y en ait au
moins un dans toutes les collectivités où se trouve une cour
des juges de paix.
- Affecter des ressources à la création de postes de conseiller
parajudiciaire à temps plein, plutôt qu'à temps partiel,
comme c'est le cas présentement.
- Permettre à l'avocat de la CSJN de se déplacer dans les collectivités
pour représenter des accusés dans les cours des juges de paix
si la gravité de l'infraction le justifie.
- Améliorer la surveillance des cours des juges de paix pour s'assurer
que les accusés sont bien représentés et qu'il est possible
de consulter les transcriptions au cas où elles seraient nécessaires
aux fins d'un appel.
- Mettre sur pied un réseau local de soutien pour les conseillers parajudiciaires,
qui comprendrait les avocats travaillant à la CSJN et, peut-être
aussi, des membres du comité de justice communautaire, par exemple.
- Trouver des moyens d'englober les membres de la famille dans le processus
pour qu'ils puissent soutenir les clients par leur présence.
Il faut observer que les conseillers parajudiciaires, qui assurent le plus
gros de la représentation des clients dans les cours des juges de paix
et font l'objet de plusieurs suggestions exposées ci-dessus, ont aussi
été très clairs quant aux types de causes dont ils n'aimeraient
pas se mêler, peu importent les ressources mises à leur disposition
:
- les agressions sexuelles;
- les affaires de stupéfiants;
- les infractions non punissables par procédure sommaire;
- les audiences de justification, où il y a risque de nuire à
la victime si l'accusé est mis en liberté sous caution. (Voir
l'exposé sur le rôle des conseillers parajudiciaires avant la
première comparution, section 5.4.)
5.4 BESOINS NON SATISFAITS AVANT LA PREMIÈRE COMPARUTION
5.4.1 Niveau actuel de service avant la première
comparution
La question des besoins en représentation de l'accusé avant la
première comparution visent habituellement l'enquête sur le cautionnement
ou l'audience de justification. Dans ces cas, ce sont généralement
les conseillers parajudiciaires ou l'avocat de la CSJN (celui de service cette
semaine-là) qui assurent la représentation.
Les répondants ont dit que les conseillers parajudiciaires participaient
souvent aux enquêtes sur le cautionnement ou aux audiences de justification,
au cours desquelles ils :
- expliquent au client ses droits et le fonctionnement du système;
- reçoivent des instructions du client;
- invitent les parents des jeunes contrevenants à participer à
la discussion;
- consultent la Couronne ou l'avocat de l'aide juridique (par téléphone);
- se présentent sur les lieux de détention de la GRC ou aux
cours des juges de paix afin de traiter l'affaire.
La majorité des répondants ont souligné qu'il était
très rare qu'un avocat de service se charge de la représentation
avant la première comparution. Cette participation limitée est
attribuée à plusieurs facteurs :
- Il n'est pas toujours possible de joindre l'avocat de service par téléphone,
surtout après les heures de bureau.
- Certains refusent de faire des audiences de justification ou des enquêtes
sur le cautionnement par téléphone.
- Il arrive que l'avocat de service ait de la difficulté à joindre
les clients, en particulier ceux qui n'ont pas le téléphone,
ou à communiquer avec eux en raison de la barrière des langues.
- Lorsque l'avocat de service accepte de prendre part à une audience
de justification ou une enquête sur le cautionnement par téléphone,
il lui est très difficile d'offrir des conseils adéquats au
client, car il ne voit pas le policier ni le juge de paix en cause. On nous
a raconté plusieurs anecdotes de collusion apparente entre des juges
de paix et la GRC au cours d'audiences menées par téléphone.
Un juge de paix a déclaré que, dans presque toutes les enquêtes
sur le cautionnement ou les audiences de justification auxquelles il préside,
l'accusé était représenté par un avocat de la CSJN
ou de pratique privée.
5.4.2 Besoins non satisfaits avant la première
comparution
Il y avait des divergences d'opinions entre les répondants quant à
savoir s'il existe ou non des besoins non satisfaits avant la première
comparution :
- La plupart des juges de paix sont d'avis que très peu de gens ne
sont pas représentés avant la première comparution et
que cela se produit seulement lorsqu'il est clair que la personne veut aller
de l'avant sans attendre la représentation. Un juge de paix s'est dit
réticent à procéder dans une telle situation parce qu'il
se sentait mal à l'aise.
- Les répondants de la CSJN croient qu'il est inévitable que,
dans certains cas, des personnes ne soient pas représentées
même si elles voudraient l'être, étant donné que
l'on ne peut satisfaire à toutes les demandes faites par téléphone.
Selon un répondant, il arrive encore que des Nunavutois s'adressent
aux T.N.-O. pour demander une représentation.
- Selon les conseillers parajudiciaires, il arrive que des clients ne soient
pas représentés avant la première comparution et ce,
pour plusieurs raisons, habituellement après les heures de bureau ou
la fin de semaine. Certains conseillers parajudiciaires ont mentionné
que l'avocat en disponibilité ne répondait pas au téléphone
les samedis soir. Ils ont aussi indiqué que la GRC n'appelait pas toujours
le conseiller parajudiciaire lorsque l'avocat de service n'était pas
libre. En fait, ils sont d'avis que la GRC convaincra parfois l'accusé
qu'il n'a pas besoin de téléphoner au conseiller parajudiciaire
s'il est impossible de joindre l'avocat de service.
Les répondants ont fait état de divers obstacles qui ont un lien
direct avec la CSJN (avocat ou conseillers parajudiciaires) et une incidence
sur la représentation des clients avant la première comparution
:
- La formation et l'expérience des conseillers parajudiciaires;
- La barrière des langues entre l'avocat et l'accusé, en personne
ou au téléphone;
- La difficulté d'établir une relation de confiance avec le
client en très peu de temps ou par téléphone;
- L'accès limité aux avocats de la CSJN pour les conseillers
parajudiciaires qui ont besoin de conseils ou d'aide;
- L'absence d'un numéro sans frais où les clients pourraient
appeler lorsqu'ils ont besoin d'être représentés;
- La liste périmée des avocats fournie aux clients par la GRC;
- Les avocats de service qu'on ne peut joindre par téléphone
lorsqu'ils sont de garde;
- Souvent, le manque d'endroits sûrs (du point de vue du conseiller
parajudiciaire) pour interroger les clients;
- La pénurie de conseillers parajudiciaires dans certaines collectivités.
Enfin, un répondant a fait remarquer que les enquêtes sur le cautionnement
et les audiences de justification ne constituent pas les seuls domaines dans
lesquels les clients ne sont pas représentés avant la première
comparution. Les engagements de ne pas troubler l'ordre public20
sont une autre sphère dans laquelle il existe des besoins non satisfaits.
Un répondant a ajouté que, dans au moins un détachement,
les agents de la GRC encourageaient les gens à signer rapidement un engagement
de ne pas troubler l'ordre public devant un juge de paix sans leur expliquer
les implications complètes ni s'assurer qu'un avocat pouvait les représenter.
5.4.3 Ressources nécessaires à l'amélioration
de la prestation des services avant la première comparution
Les répondants ont suggéré plusieurs façons de
traiter les besoins non satisfaits en matière de représentation
avant la première comparution, notamment :
- Une formation plus poussée des conseillers parajudiciaires sur les
audiences de justification et les enquêtes sur le cautionnement, pour
qu'ils puissent offrir de meilleurs services.
- L'augmentation de l'effectif des conseillers parajudiciaires dans les grandes
collectivités où la demande est plus forte, et la présence
d'au moins un conseiller parajudiciaire dans chaque collectivité.
- L'établissement d'une liste d'avocats de service en rotation qui
comporte plusieurs noms pour la semaine plutôt qu'un seul avocat de
service en disponibilité jour et nuit, dans le but d'améliorer
l'accès à un avocat par téléphone et en personne.
Il est important que la liste de la GRC soit tenue à jour : sept des
clients interrogés qui cherchaient de l'aide juridique en droit pénal
ont communiqué avec leur avocat à l'aide de cette liste.
- Une ligne téléphonique sans frais 24 heures sur 24, pour que
les clients aient accès à un avocat ou à un conseiller
parajudiciaire. Celui-ci pourrait également utiliser cette ligne pour
obtenir des conseils ou de l'information afin de mieux représenter
ses clients.
- Du matériel de vulgarisation et d'information juridiques, comme des
cartes pour portefeuille expliquant brièvement, en langage simple et
en inuktitut, le droit de garder le silence.
- D'autres endroits que le bureau de la GRC pour tenir les audiences de justification
et les enquêtes sur le cautionnement (un juge de paix a toutefois souligné
qu'il était plus sûr de tenir ces audiences au bureau de la GRC
parce que le prévenu était alors placé sous garde).
5.5 BESOINS NON SATISFAITS DES PRÉVENUS EN DÉTENTION
PRÉVENTIVE
Des informateurs rapportent que le Centre correctionnel de Baffin (CCB), le
seul établissement correctionnel du Nunavut, est paralysé par
une quantité importante de prévenus qui ont été
placés en détention préventive et qui attendent de rencontrer
un avocat ou que leur cause soit instruite en cour. Selon les répondants,
le facteur le plus important à l'origine du grand nombre de prévenus
en détention préventive est la difficulté pour ces personnes
d'avoir accès à un avocat. Même si le Centre correctionnel
de Baffin est très disposé à permettre aux détenus
de rencontrer leur avocat, il semble que le problème soit la pénurie
générale de criminalistes. Les détenus ont accès
à un téléphone, mais ils peuvent difficilement entrer en
contact avec un avocat ou obtenir un rendez-vous à cause de cette pénurie
générale. Ils doivent souvent attendre longtemps avant que soit
fixée la date de l'audience, puis sont amenés en cour avec de
nombreuses autres personnes dans la même situation et disposent alors
de très peu de temps pour qu'un avocat puisse les interroger et recevoir
leurs instructions. Après une brève comparution, l'affaire est
ajournée et on les remet sous garde.
Au cours des derniers mois, le Centre correctionnel de Baffin, qui a une capacité
maximale de 60 détenus, dont 15 en détention préventive,
hébergeait généralement 30 prévenus en détention
préventive. L'allongement du séjour des personnes en détention
préventive a souvent, au cours des dernières années, exercé
une pression additionnelle sur l'espace disponible au CCB, et a contraint les
autorités à placer ces gens dans la population ou dans une unité
spéciale de détention. Cette situation représente une tension
administrative additionnelle pour le personnel correctionnel du CCB. Il est
même difficile de faire faire de l'exercice aux prévenus en détention
préventive. Le CCB a ainsi été forcé d'engager des
dépenses importantes, de l'ordre de un million et demi de dollars ou
plus par année, pour transférer des prévenus en détention
préventive au lointain Centre correctionnel de Yellowknife.
Les prévenus en détention préventive posent d'autres problèmes
au système correctionnel. Comme ils ne sont pas admissibles aux programmes
correctionnels, ils risquent de passer une importante période de temps
sans recevoir de l'aide pour les problèmes qui les auraient censément
amenés à commettre leur crime. Ils sont souvent loin de leur famille
et de leur collectivité, et se découragent. Les répondants
ont affirmé être au courant d'accusés qui finissent par
plaider coupable à cause de la frustration engendrée par la longue
attente pour des conseils juridiques et la comparution. D'autres endurent ces
longues attentes parce qu'ils savent qu'ils obtiendront une peine réduite,
puisque le temps passé en détention préventive est considéré
comme du « temps réel » dans le système de justice.
Il est à remarquer que, si la peine est réduite, la durée
pendant laquelle une personne sera admissible aux programmes correctionnels
qui pourraient traiter leurs problèmes l'est d'autant.
La capacité limitée du Centre correctionnel de Yellowknife et
les coûts élevés de transfert à cette ville forcent
les agents à envisager le déménagement des prévenus
en détention préventive vers le Sud. En effet, ce problème
est si grave que les agents pensent les envoyer au Centre de détention
d'Ottawa-Carleton.
Les répondants du milieu correctionnel ont signalé qu'en moyenne,
le temps de détention préventive est d'au moins deux mois et,
dans plusieurs cas, de trois mois et plus. Certains prévenus ont été
en détention préventive jusqu'à neuf ou dix mois et même
un an. Même si cette durée comprend le temps de préparation
au procès, le facteur le plus aggravant semble souvent la longue attente
d'un détenu avant qu'un avocat puisse l'interroger et recevoir ses instructions.
5.5.1 Ressources nécessaires pour les prévenus
en détention préventive
Les répondants du milieu correctionnel ont convenu que la raison pour
laquelle des détenus n'ont pas accès aux avocats semble être
attribuable à la pression générale que subissent le petit
nombre d'avocats disponibles au Nunavut. Il y a trop peu d'avocats qui essaient
de répondre aux exigences des cours surchargées et de traiter
les affaires civiles et familiales. Plusieurs répondants estiment que
le désintéressement à l'égard des besoins des détenus
ajoute à la pression sur les établissements correctionnels.
Comme le diagnostic est la pénurie d'avocats, les répondants
ont recommandé d'y remédier en rendant simplement davantage d'avocats
disponibles. Certains étaient d'avis qu'il y aurait suffisamment de travail
dans le système correctionnel pour occuper un avocat à temps plein.
Selon d'autres, le fait d'offrir des ressources accrues aux centres régionaux
de services juridiques permettrait aux avocats salariés et, à
Iqaluit, aux avocats de pratique privée, de fournir des services adéquats
afin de combler les besoins des détenus de tout le Nunavut.
5.6 SOMMAIRE DE LA SECTION 5.0
Le tableau suivant résume les points importants de la section 5.0
Tableau 5.1: Sommaire de la section 5.0
Besoins non satisfaits en droit de la famille et en droit civil |
- La CSJN a été conçue à l'origine pour
offrir des services juridiques dans certains domaines du droit de la
famille et du droit civil. Cependant, dans la pratique, ces services
font défaut. Les gens n'ont peut-être donc pas la représentation
nécessaire dans ces domaines.
- Au point de vue pratique, il existe des limites quant aux services
que l'on peut offrir en droit de la famille et en droit civil à
cause de problèmes logistiques et administratifs ainsi que du
manque de moyens en général pour régler ces questions
dans le système de justice du Nunavut.
- Les répondants ont fait ressortir de nombreux domaines du droit
civil et du droit de la famille pour lesquels ils estimaient qu'il y
avait des besoins non satisfaits.
|
Besoins non satisfaits dans les cours de circuit |
- Grâce au système d'admissibilité présumée
et au programme de conseillers parajudiciaires, il semble que tout le
monde puisse être représenté d'une certaine façon
dans les cours de circuit.
- Plusieurs répondants ont dit qu'en raison de la nature même
des travaux des cours de circuit, la qualité de la représentation
est parfois déficiente au point où il y aurait des besoins
non satisfaits.
- Les inquiétudes au sujet de la qualité de la représentation
ont été soulevées plus souvent dans la région
de Baffin que dans les autres régions, et plus encore dans les
petites collectivités que dans celles où il existe une
clinique de services juridiques.
|
Besoins non satisfaits dans les cours des juges de paix |
- Les répondants ont indiqué que l'ampleur des besoins
non satisfaits dans les cours des juges de paix varie considérablement
à travers le Nunavut.
- Comme pour les cours de circuit, des répondants estimaient
que la qualité de la représentation disponible aux intéressés
dans les cours des juges de paix est insuffisante pour répondre
à leurs besoins. Cette préoccupation est aggravée
par le fait que ces cours augmentent la portée des infractions
qu'elles instruisent.
- Les conseillers parajudiciaires, qui représentent la plupart
des clients dans les cours des juges de paix, éprouvaient le
besoin d'une meilleure formation qui leur permette d'offrir une représentation
améliorée. En outre, ils se sont dits hésitants
à s'occuper de certains types d'affaires (par exemple, les agressions
sexuelles et les affaires de stupéfiants).
|
Besoins non satisfaits avant la première comparution |
- Les conseillers parajudiciaires représentent fréquemment
des prévenus aux audiences de justification ou aux enquêtes
sur le cautionnement avant la première comparution. Le rôle
des avocats de service dans la représentation de ces personnes
semble, pour l'instant, assez limité.
- Selon la plupart des juges de paix, très peu de gens ne sont
pas représentés avant la première comparution.
Cette affirmation contraste avec l'expérience de la CSJN, qui
continue à recevoir des appels de demande de représentation
qu'elle ne peut satisfaire. Les conseillers parajudiciaires ont aussi
mentionné des cas où les clients n'étaient pas
représentés, habituellement après les heures de
bureau et pendant les fins de semaine.
|
Besoins non satisfaits des détenus en détention préventive |
- Le Centre correctionnel de Baffin est le seul du genre au Nunavut.
Malgré une capacité de 15 prévenus en détention
préventive (c.-à-d. qui n'ont pas encore été
reconnus coupables), le CCB en héberge habituellement 30, qui
attendent de rencontrer un avocat ou de subir leur procès.
- Le facteur le plus important contribuant au nombre de prévenus
en détention préventive est le manque d'accès à
un avocat de la défense criminaliste.
- La situation est telle que certains prévenus en détention
préventive sont transférés au Centre correctionnel
de Yellowknife.
- Pendant leur détention préventive, les prévenus
ne sont pas admissibles à un programme correctionnel qui pourrait
les aider à traiter les problèmes sous-jacents qui les
auraient censément menés à commettre un crime.
En outre, comme les prévenus reconnus coupables reçoivent
généralement un " crédit " pour le temps
qu'ils ont déjà passé en détention préventive,
leur séjour dans un centre correctionnel est écourté,
ce qui réduit du même coup leur accès à ces
programmes.
|
19Les effets du système
des cours de circuit sur la qualité, la demande et le mode de prestation
des services sont présentés plus en détail à la section
3.1.
20Une personne qui craint d'être
attaquée ou blessée par une autre a le droit de l'amener devant
un juge ou un juge de paix et, s'il y a des preuves pour appuyer ces craintes,
celui-ci peut libérer la personne sous la stricte condition de garder la
paix. Il s'agit d'un engagement de ne pas troubler l'ordre public. Les conditions
habituelles d'un tel engagement sont que la personne ne doit pas s'approcher de
l'autre ni de sa résidence. Le manquement aux conditions risque d'entraîner
l'arrestation immédiate.
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