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Corrélats de la délinquance autodéclarée : Une analyse de l'Enquête longitudinale nationale sur les enfants et les jeunes
Avril 2003
Les opinions exprimées dans le présent rapport sont celles de l'auteur et ne représentent pas nécessairement celles du ministère de la Justice Canada.
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2.0 Méthode
L'Enquête longitudinale nationale sur les enfants et les jeunes constitue une source de données utile pour l'examen de la délinquance autodéclarée chez les jeunes du Canada. L'ELNEJ est un projet mixte de Statistique Canada et de Développement des ressources humaines Canada et avait pour objet de «
suivre le développement et le bien-être des enfants du Canada de l'enfance jusqu'à l'âge adulte » (Statistique Canada, 2002, p. 1). Commencée en 1994, l'ELNEJ a été conçue pour suivre un échantillon représentatif d'enfants canadiens
(nouveau-nés à 11 ans) jusqu'à l'âge adulte. De nouvelles données tirées d'entrevues et de questionnaires sont recueillies tous les deux ans.
Les
données utilisées dans le cadre de la présente étude ont été tirées du
cycle 3; elles ont donc été recueillies en 1998. Durant le
cycle 3, les jeunes de 12 à 15 ans ont rempli eux-mêmes des
questionnaires visant à cibler un certain nombre de différents aspects de leur
vie (p. ex. : amis, famille, école, sentiments et comportements,
comportements délinquants et travail). Les données sur chacun des jeunes, y
compris les détails sur la situation économique, de travail et de santé de leur
famille ainsi que sur leur naissance, leur comportement, leurs relations
sociales, leur rendement scolaire et leur environnement d'apprentissage ont été
recueillies, par voie d'entrevues et de questionnaires, auprès de la personne
qui connaît le mieux l'enfant (PCME), du conjoint de la PCME (le cas échéant)
ainsi que du directeur de l'école et des enseignants de l'enfant. En tout, le
cycle 3 a fourni des données sur 31 194 enfants provenant de dix
provinces.
2.1 Procédure de pondération
Le
principe sous-tendant l'estimation d'un échantillon aléatoire, comme l'ELNEJ,
est que chaque répondant représente plusieurs autres personnes au sein de la
population. Le fait de donner une cote de pondération à un répondant permet de
calculer le nombre d'enfants que ce répondant représente. Théoriquement, la cote
de pondération de base de chaque enfant de l'ELNEJ est à peu près inversement
proportionnelle à la probabilité que l'enfant soit choisi. En général, un enfant
représente environ 300 enfants dans la population générale. Puisque notre
deuxième but est de faire rapport sur la prévalence de la délinquance
autodéclarée chez les jeunes de 12 à 15 ans au Canada, la
présente étude utilise une variable de pondération transversale créée par
Statistique Canada.
2.2 Données manquantes
Il a été nécessaire, pour procéder efficacement à des analyses statistiques,
de recoder certaines réponses de l'ELNEJ. Si une personne a répondu « je ne sais
pas » ou « sans objet », ou qu'elle a refusé de répondre à la question, la
réponse a été recodée à titre de réponse manquante. Une partie des répondants
n'ont également pas répondu à des sections complètes de l'Enquête, ce qui, en
plus de nos procédures de recodage, a réduit sensiblement l'importance de
l'échantillon utilisé dans le cadre de l'analyse de régression.
2.3 Calcul des variables dépendantes : cote de délinquance autodéclarée
Dans le but d'opérationaliser la délinquance autodéclarée, on a choisi quatorze questions de l'ELNEJ à titre de variables dépendantes, qui ont été liées à des infractions comparables au
Code criminel
[1]
. On a demandé aux répondants d'indiquer la fréquence de chaque comportement criminel au cours des 12 derniers mois précédant l'Enquête en utilisant les choix suivants : jamais, une ou deux fois, trois ou quatre fois, cinq fois ou plus.
On a également posé des questions aux répondants au sujet de l'utilisation de
la drogue (p. ex. : « Avez-vous déjà consommé des produits de la marijuana et du
cannabis? »), mais les réponses étaient dichotomiques (« oui » ou « non ») et
aucune période n'a été précisée contrairement aux 14 questions choisies. On n'a
donc pas tenu compte de la consommation de drogues dans la cote de délinquance.
Puisque la possession de drogue constitue une infraction au Code criminel, il a
été décidé d'exclure la consommation de drogue de la liste des variables
indépendantes.
Afin d'élaborer une mesure significative de la délinquance qui tient compte aussi bien de la
gravité que de la
fréquence du comportement, une pondération a été accordée à chaque variable en fonction de la gravité de l'infraction, puis multipliée par la fréquence. La gravité a été définie à l'aide de la durée moyenne de mise sous garde (en mois) associée à chaque infraction au
Code criminel
[2]
. Ces renseignements ont été tirés de l'Enquête sur les tribunaux de juridiction criminelle pour adultes (ETJCA) de 1998, qui a été gérée par le Centre canadien de la statistique juridique (CCSJ). Nous avons choisi les données des tribunaux juridiques pour adultes plutôt que celles des tribunaux de la jeunesse afin de créer une plus grande variabilité et de classer de façon plus exacte la gravité du crime en nous fondant sur les normes de la société, puisque les peines maximales infligées par les tribunaux de la jeunesse au Canada sont de trois ans pour la plupart des infractions.
Par exemple, la durée moyenne de la peine infligée pour les agressions
sexuelles, selon les données de l'ETJCA, était de 16 mois. Si une personne
interrogée dans le cadre de l'ELNEJ précisait qu'elle avait, au cours des 12
derniers mois, forcé une ou deux fois une personne à avoir des relations
sexuelles, la cote était de 16, alors que trois ou quatre infractions
entraînaient une cote de 32 et cinq infractions ou plus entraînaient un total de
48 points. Une fois que chaque infraction avait reçu une cote de pondération
selon la gravité et la fréquence, une cote globale de délinquance autodéclarée
(CGDA) était calculée en additionnant la cote de chaque personne pour toutes les
infractions. La CGDA peut aller de 0 (indiquant une absence de comportement
délinquant) à 312.
2.4 Variables indépendantes
Nous nous sommes fondés sur des études antérieures sur les corrélats de la délinquance pour choisir les variables indépendantes pertinentes. Voici les scores
[3]
et les variables qui ont été utilisés :
- Score relatif au comportement prosocial
- Score relatif à la nurturance parentale
- Score relatif à la supervision parentale
- Score relatif à l'hyperactivité et à l'inattention
- Score relatif aux troubles émotifs
- Score relatif à l'agressivité indirecte
- Score relatif à l'image de soi
- Score relatif aux amis
- Score relatif aux liens avec l'école
- Score relatif à la participation aux activités
parascolaires
- Score relatif à la coopération volontaire
- Score relatif à la victimisation
- Score relatif à la consommation de drogue
- Score relatif à la fréquentation de pairs antisociaux
- Score relatif au comportement négatif à l'école
- Score relatif aux pratiques parentales
inconstantes
- Consommation de drogue par les pairs
- Âge de l'enfant
- Sexe de l'enfant
- Revenu du ménage
- L'enfant est témoin de violence à la maison
- Statut socio-économique
- L'enfant prend du Ritalin
- L'enfant détruit ses propres choses
- L'enfant abandonne facilement
- Les parents frappent l'enfant ou menacent de le faire
- Les parents se fâchent contre l'enfant et crient après
lui/elle
- Temps passé avec les ami(e)s
- Les parents encouragent l'enfant
- L'enfant a doublé une classe
- Nombre de bons amis
- Nombre de bonnes amies
- Ambitions scolaires de l'enfant
2.5 Régression multiple
Nous avons utilisé l'analyse de régression logistique pour évaluer l'influence combinée et l'influence individuelle de chacune des variables indépendantes de l'ÉDAD. En plus de l'analyse de régression générale, nous avons effectué des analyses de régression partielle pour les garçons, les filles, les jeunes ayant commis des infractions avec violence, les jeunes ayant commis des infractions contre les biens, les jeunes ayant commis des infractions sexuelles et les jeunes ayant commis des infractions de trafic de drogue.
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