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Corrélats de la délinquance autodéclarée :
Une analyse de l'Enquête longitudinale nationale sur les enfants et les jeunes

Avril 2003

Les opinions exprimées dans le présent rapport sont celles de l'auteur et ne représentent pas nécessairement celles du ministère de la Justice Canada.

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3.0 Résultats

Pour le cycle 3 de l'ELNEJ, l'échantillon était composé de 4 293 jeunes de 12 à 15 ans. Avec la procédure de pondération, cet échantillon représente 1 659 105 jeunes Canadiens et Canadiennes. Le tableau 1 contient les données démographiques de base sur l'échantillon pondéré [4] . La plupart des jeunes de l'échantillon résidaient en Ontario et au Québec, étaient non-autochtones et vivaient dans une famille biparentale. Le revenu familial s'échelonnait entre 6 122 $ et 555 000 $, le revenu médian étant de 58 098 $.

3.1 Prévalence de la délinquance autodéclarée

Le taux de délinquance autodéclarée pour la période de 12 mois précédant l'enquête était d'environ 39 %, ce qui signifie que plus de 540 000 jeunes au Canada ont admis avoir commis au moins un acte de délinquance au cours de l'année précédente (tableau 2). Les scores sur l'ÉDAD, qui tiennent compte de la gravité et de la fréquence du comportement délinquant, s'échelonnaient entre zéro et 306, le score moyen étant de 5,3 (ET=16,6). Afin de présenter une image plus précise, nous avons regroupé les jeunes en cinq catégories, allant de « non délinquant » à « délinquance très grave » [5] . Comme le montre le tableau 2, la grande majorité des jeunes ayant commis des actes de délinquance seraient considérés comme des délinquants « mineurs » (68 %).

Les infractions déclarées le plus souvent étaient le vol d'argent aux parents, le vol dans une école ou un magasin, et les dommages matériels (tableau 3). Le fait de forcer quelqu'un à avoir une relation sexuelle était l'infraction commise le moins souvent, suivi du port d'une arme à feu pour se défendre et du fait de menacer quelqu'un pour prendre son argent ou autre chose.

Les jeunes délinquants étaient beaucoup plus susceptibles que les non-délinquants de consommer de la drogue (phi=0,29, p<0,0001). Environ les deux tiers des jeunes qui ont déclaré avoir commis au moins un acte de délinquance ont aussi déclaré avoir consommé de la drogue, par rapport à un tiers des non-délinquants.

3.2 La délinquance et le sexe

Selon leurs propres déclarations, les garçons ont commis des actes de délinquance dans une proportion seulement légèrement plus élevée que les filles (43 % par rapport à 35 %). Ce résultat est un peu surprenant, étant donné que la très forte majorité des jeunes contrevenants qui comparaissent devant les tribunaux de la jeunesse sont des garçons. Toutefois, un examen plus détaillé des infractions commises a révélé des différences importantes entre les deux sexes quant à la gravité des infractions. Le score moyen des garçons sur l'ÉDAD était de 6,7, alors qu'il était de 3,9 pour les filles (t=5,27, p<0,0001). On retrouve la même proportion de filles et de garçons dans la catégorie « délinquance mineure », mais une moins grande proportion de filles que de garçons dans les catégories « délinquance modérée », « délinquance grave » et « délinquance très grave ». C'est dans les catégories des infractions avec violence et des infractions sexuelles qu'on observe la plus grande différence entre les sexes, les garçons étant trois fois plus susceptibles que les filles de commettre ces genres d'infractions. Toutefois, pour ce qui est du trafic de drogues, la proportion est la même pour les deux sexes, et pour les infractions contre les biens, la proportion des filles est presque aussi élevée que celle des garçons.

3.3 La délinquance et l'âge

On a constaté une augmentation du comportement criminel avec l'âge. Selon l'ÉDAD, la fréquence et la gravité des infractions augmentent avec l'âge (r=0,11, p<0,0001). En fait, le score moyen sur l'ÉDAD était de 3,2 pour les jeunes de 12 ans, tandis qu'il était respectivement de 4,4, 5,6 et 8,0 pour les jeunes de 13, 14 et 15 ans.

3.4 La délinquance et l'appartenance à la population autochtone

Environ 41 % des jeunes Autochtones ont déclaré avoir commis des actes de délinquance, comparativement à 39 % des non-Autochtones. Pour ce qui est des genres d'infractions, une plus grande proportion d'Autochtones ont commis des infractions avec violence (24 % par rapport à 14 %) et des infractions de trafic de drogues (10 % par rapport à 5 %); pour les infractions contre les biens, la proportion est à peu près la même (36 % par rapport à 34 %) [6] . Sur l'ÉDAD, les jeunes Autochtones avaient un score moyen de 7,9, par rapport à 5,3 pour les non-Autochtones (t=1,21, p=0,226). Une autre différence importante observée entre les deux groupes est qu'environ 28 % des jeunes Autochtones avaient consommé des drogues illicites, comparativement à seulement 19 % des non-Autochtones.

3.5 Corrélats de la délinquance générale

Les résultats de l'analyse de régression globale indiquent que le comportement négatif à l'école (c.-à-d. l'école buissonnière et les suspensions) explique la plus grande partie de la variation dans le score obtenu sur l'ÉDAD, suivi de la fréquentation de pairs antisociaux et du score relatif à la victimisation, qui mesure la fréquence des menaces ou des attaques/agressions physiques tant à la maison qu'à l'extérieur (tableau 4). Dans l'ensemble, le modèle permet d'expliquer un quart de la variance dans l'ÉDAD.

3.6 Corrélats de la délinquance selon le sexe

Chez les garçons, on a observé une corrélation positive entre, d'une part, la délinquance et, d'autre part, la consommation de drogue par les pairs et le manque de motivation ou d'efforts autodéclaré (c.-à-d. que le jeune abandonne facilement). Par ailleurs, la délinquance chez les garçons présente une corrélation négative avec le score relatif à la nurturance parentale, ce qui indique l'importance de pratiques parentales positives (tableau 5).

Les seuls corrélats de la délinquance qui s'appliquent uniquement aux filles sont le doublage d'une classe à l'école, le score relatif à la victimisation, et les menaces ou l'utilisation de violence par les parents. De plus, la délinquance chez les filles présente une corrélation positive avec la destruction de ses propres choses, les pratiques parentales inconstantes (p. ex. ne pas mettre à exécution les menaces de punition) et le statut socio-économique. On a aussi observé une corrélation négative avec les ambitions scolaires positives (tableau 6).

Les corrélats de la délinquance qui étaient communs aux deux sexes sont le comportement négatif à l'école, la fréquentation de pairs antisociaux et l'agressivité indirecte. Les deux modèles expliquent environ le quart de la variance dans les scores sur l'ÉDAD.

3.7 Corrélats de la délinquance sexuelle

Afin d'examiner les corrélats de la délinquance sexuelle, nous avons comparé à tous les autres jeunes ceux qui avaient déclaré avoir forcé quelqu'un à avoir une relation sexuelle ou qui avaient touché les parties intimes de quelqu'un sans son consentement. Le modèle qui a été produit pour la délinquance sexuelle était relativement faible, les variables indépendantes n'expliquant qu'une très faible proportion (5 %) de la variance. On a constaté une corrélation positive avec le score relatif à l'image de soi - qui mesure l'image de soi positive à l'aide d'énoncés comme « je m'aime comme je suis » ou « j'ai raison d'être fier/fière »-, le score relatif à l'hyperactivité/l'inattention - qui mesure des comportements comme l'incapacité de se concentrer, de rester en place ou d'attendre - et les menaces ou l'utilisation de violence par les parents. Le score relatif à la supervision parentale, qui concerne la connaissance qu'ont les parents des activités du jeune, de ses déplacements et de ses fréquentations, présente une corrélation négative avec la délinquance sexuelle.

3.8 Corrélats de la délinquance avec violence

Nous avons conçu un score de la délinquance avec violence, qui tient compte des infractions de voies de fait, de vol qualifié et de port d'une arme à feu, afin d'examiner s'il existait des variables ayant une corrélation particulière ou forte avec la délinquance avec violence. Le modèle résultant explique environ 18 % de la variance (tableau 8). La comparaison entre les modèles de régression pour la délinquance générale et la délinquance avec violence a révélé quelques différences. Cette dernière présente une corrélation positive avec le score relatif à l'hyperactivité/l'inattention, le fait d'être témoin de violence à la maison, et le score relatif à l'image de soi. Les scores relatifs à la supervision parentale et à la nurturance parentale présentent une corrélation négative avec la délinquance avec violence. Ces résultats montrent que les jeunes qui ont des parents qui leur donnent du soutien et qui surveillent de plus près à quoi ils passent leurs loisirs sont moins susceptibles d'avoir des comportements violents. Enfin, les garçons et les jeunes plus âgés sont plus susceptibles d'avoir des comportements violents que les filles et les jeunes moins âgés. Les autres variables - comportement négatif à l'école, menace ou utilisation de violence par les parents, fréquentation de pairs antisociaux, ambitions scolaires positives, score relatif à l'agressivité indirecte, score relatif à la victimisation, et participation aux activités parascolaires - présentent aussi une corrélation importante avec la délinquance générale.

3.9 Corrélats de la délinquance contre les biens

Comme pour la délinquance violente et la délinquance sexuelle, nous avons isolé les jeunes qui ont déclaré avoir commis des infractions contre les biens. Le modèle explique environ 25 % de la variance (tableau 9). Contrairement à ce qu'on observait dans les autres modèles, le comportement négatif à l'école est le plus faible corrélat, tandis que l'agressivité indirecte et la victimisation présentent une corrélation plus forte. On observe également une corrélation positive entre la délinquance contre les biens et le sexe (garçons), la consommation de drogue par les pairs, le statut socio-économique, le doublage d'une classe à l'école, et la destruction de ses propres choses. Il en est de même pour le temps passé avec les amis et le score relatif à l'hyperactivité/l'inattention. Par ailleurs, on constate une corrélation négative avec le score relatif aux liens avec l'école - qui mesure des concepts comme le sentiment d'appartenance envers l'école et les attitudes positives à l'égard du rendement scolaire - et le nombre de bonnes amies. Ainsi, les liens positifs avec l'école et la présence d'un nombre élevé de bonnes amies diminuent la probabilité de commettre des infractions contre les biens, comme le vol, le vandalisme et l'introduction par effraction.

3.10 Corrélats de la délinquance liée aux drogues

Le modèle découlant de l'analyse de régression explique environ 18 % de la variance. Comme l'illustre le tableau 10, il y a une corrélation positive entre le trafic de drogues et le comportement négatif à l'école, la destruction de ses propres choses, la consommation de drogue par les pairs, la fréquentation de pairs antisociaux, et la supervision parentale. La corrélation avec la supervision parentale présente un caractère unique, puisque c'est la supervision plus étroite qui présente une corrélation avec le trafic de drogues, plutôt qu'une supervision plus relâchée.

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