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4.5 CAPITAL NATUREL 4 : INDICATEUR DU COUVERT FORESTIER

4.5.1 Description de l'indicateur proposé

Bien que les forêts soient parfois considérées principalement comme source de matière ligneuse, elles offrent également un habitat à la faune, des possibilités de récréation et des fonctions écologiques, comme des mécanismes de purification de l'air et de l'eau et de rétention du carbone. Mesurer régulièrement la surface occupée par les forêts fournit une indication de la présence de ces importants biens et fonctions écologiques.

Cet indicateur vise à mesurer les changements dans l'étendue des forêts canadiennes. En combinant des données de télédétection et des mesures sur le terrain, ce nouvel indicateur mesure les changements au sol avec une fermeture du couvert de plus de 10 pour 100, seuil largement reconnu et utilisé par l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation afin de définir ce qui constitue une forêt 8. La fermeture du couvert représente le pourcentage de la surface du sol qui serait recouvert par une projection verticale vers le bas du feuillage de la cime des arbres.

© Parc Canada / I.K. MacNeil

La fermeture est égale à 100 pour 100 lorsque le sol est entièrement recouvert. Elle peut être réduite par la déforestation ou par des perturbations naturelles ou reliées à l'activité humaine. Elle peut également augmenter en raison du reboisement ou de la repousse.

Les forêts constituent l'une des plus importantes ressources naturelles du Canada. Bien qu'une mesure du couvert forestier ne constitue pas une mesure de la santé de la forêt ou des fonctions écologiques qu'elle assure, elle n'en fournit pas moins une indication de l'étendue totale des écosystèmes forestiers au Canada.

4.5.2 L'indicateur aujourd'hui

L'évolution du couvert forestier dans le temps peut être analysé par télédétection. Il s'agit d'un processus complexe, qui demande un étalonnage et une validation poussés. À l'heure actuelle, nous disposons de données pour évaluer l'étendue des forêts au Canada (c'est-à-dire les zones présentant une fermeture du couvert au sol supérieure à 10 pour 100) mais uniquement pour une seule année (1998). La carte de la figure 1 montre la fermeture du couvert au sol pour chaque kilomètre carré (100 hectares) de masse continentale du Canada, à partir d'images satellite prise durant cette année. L'indicateur du couvert forestier deviendra utile lorsqu'il aura été calculé durant un certain nombre d'années, permettant ainsi de mesurer les tendances dans l'évolution du couvert forestier.

Les forêts du Canada ont été subdivisées en 12 écozones, délimitées selon les interactions entre les facteurs reliés à ce qui suit : géologie, topographie, sol, végétation, climat, faune, eau et activité humaine. Le tableau 2 montre la surface présentant une fermeture de couvert supérieure à 10 pour 100 dans chacune de ces écozones. L'indicateur de couvert forestier représente la somme de ces surfaces - 392 millions d'hectares en 1998. Ces 392 millions d'hectares ne comprennent pas les peuplements clairsemés et irréguliers situés au Nord de la limite traditionnelle de la forêt septentrionale, qui peuvent présenter une fermeture du couvert supérieure à 10 pour 100. Du point de vue de l'effet sur le changement climatique et du développement durable du Nord, il sera important de détecter et de faire rapport de ces peuplements nordiques, mais il faudra beaucoup de recherches avant de pouvoir obtenir une estimation précise.

Les données de 1998 doivent être prises comme une évaluation préliminaire de l'étendue des forêts au Canada. Un indicateur beaucoup plus précis du couvert forestier pourra être établi après que les données de télédétection auront été comparées à des relèvements au sol fournis par le Service canadien des forêts. La TRNEE propose que les versions ultérieures de l'indicateur fassent l'objet d'une telle vérification.

4.5.3 Justification

En règle générale, au déclin du couvert forestier correspond un déclin de l'approvisionnement total en services assurés par les écosystèmes forestiers. Sur le plan mondial, la déforestation résultant de pratiques d'exploitation forestière non durables et de la conversion des forêts à d'autres utilisations du sol constitue un facteur important de la réduction de la biodiversité et d'autres ressources forestières.

Au Canada, la capacité de mesurer l'évolution du couvert forestier a été limitée dans le passé par la difficulté de recueillir des données nationales sur une si grande surface en temps opportun. La préparation d'un inventaire des ressources forestières s'étend habituellement sur plusieurs années, les différents inventaires provinciaux étant effectués et terminés à des moments différents. Les mises à jour de ces inventaires étaient peu fréquentes. Par conséquent, les données dont nous disposons sur les forêts, y compris la compilation nationale des données sur les forêts, se prêtent mal à la création de séries chronologiques.

Toutefois, l'avènement de la technologie de télédétection par satellite entraîne dans son sillage des éléments innovateurs. L'indicateur du couvert forestier proposé fournira une mesure en temps opportun de l'étendue des forêts au Canada, à partir d'images satellite de l'ensemble de la zone forestière, images prises, en fait, à un même moment et à intervalles réguliers. L'indicateur sera mis à jour chaque année, à partir d'images satellite fournies par le Centre canadien de télédétection et sera validé par les mesures du couvert arboré de l'Inventaire forestier canadien (NATINV). Les programmes NATINV et EOSD (Observation de la Terre pour le développement durable des forêts) fourniront également un point de référence pour les zones forestières présentant une fermeture du couvert supérieure à 10 pour 100.

Parce que l'indicateur proposé mesure le couvert forestier, il pourrait donner une valeur différente de l'estimation actuelle des terres forestières au Canada, laquelle est basée sur une compilation des inventaires forestiers émanant de différentes sources. Distinction importante entre couvert forestier et terres forestières : ce dernier terme englobe des zones qui peuvent avoir fait l'objet d'une récolte ou avoir été dévastées (par exemple par un incendie), et qui peuvent de ce fait avoir temporairement perdu leur couvert forestier.

Le nouvel indicateur du couvert forestier connaîtra des fluctuations annuelles reflétant à la fois les changements temporaires, comme ceux qui sont dus à l'exploitation forestière, aux événements naturels ou au reboisement, et les changements de nature plus permanente, comme la déforestation, le boisement ou la modification de l'utilisation.

Bien qu'une mesure du couvert forestier ne soit pas la même chose qu'une mesure de la santé de la forêt ou des fonctions écologiques qu'elle assure, elle n'en fournit pas moins une indication facile à comprendre et immédiatement disponible de l'étendue totale des écosystèmes forestiers au Canada.

4.5.4 Présentation de l'indicateur et améliorations ultérieures

Les organismes suivants participeront à la présentation ou à la publication de cet indicateur :

  • Statistique Canada publiera l'indicateur du couvert forestier dans le cadre de son rapport périodique sur tous les indicateurs issus de l'Initiative des IDDE;
  • Le Centre canadien de télédétection de Ressources naturelles Canada assurera la collecte et l'interprétation des données satellite;
  • Le nouvel Inventaire forestier national, coordonné par le Service forestier canadien de Ressources naturelles Canada, fournira les données permettant la vérification des données de télédétection.

Il n'existe pas de barrière technologique importante à la production de cet indicateur. Toutefois, comme on l'a signalé plus haut, il est fortement recommandé d'améliorer les nouvelles versions de cet indicateur par une vérification des données sur le terrain. Il faudra avoir recours à d'autres ressources pour l'interprétation, la vérification et l'acquisition régulière des données de télédétection.


Au fil des ans, l'indicateur pourra être affiné par l'utilisation d'images satellite de plus grande résolution que celles qui sont actuellement disponibles, ce qui permettra peut-être la détection de types d'écosystèmes forestiers différents et d'autres facteurs importants.

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