Aliments > Évaluation chimique > Rapports annuels sur les résidus de produits chimiques  

Rapport
sur les pesticides, produits chimiques agricoles, médicaments vétérinaires,
polluants environnementaux et autres impuretés dans les produits agroalimentaires d’origine animale

Annexe sur les dioxines

Index | Produits laitiers | Œufs et produits d’œufs | Miel | Viande et produits de viande - Laboratoire
Viande et produits de viande - canadiens | Viande et produits de viande - Importés | Annexe sur les dioxines

Dioxines, furanes et PCB

Généralités

« Dioxine » renvoie à un groupe de composés dotés de propriétés chimiques et biologiques similaires. Il existe des centaines de ces composés toxiques. D'autres composés, apparentés à la dibenzo‑p‑dioxine chlorée sont fréquemment inclus dans le débat sur les effets toxiques des « dioxines ». Ce sont les dibenzofuranes chlorés et certains polychlorobiphényles (PCB). Ces substances (dioxines et furanes) ne sont pas créées intentionnellement, mais se forment par inadvertance à la suite d'activités humaines ou de processus naturels. Les PCB ont été fabriqués par l'homme, mais ne le sont plus.

Sources et répartition

Les dioxines sont libérées dans l'air par des procédés de combustion, comme l'incinération des déchets et la consommation des carburants. Elles peuvent aussi être formées par le blanchiment au chlore des pâtes et papiers, divers procédés de fabrication et activités industrielles, ou durant les incendies de forêt. Grâce aux efforts déployés par les gouvernements et l'industrie, les émissions de dioxines ont diminué au cours des dernières décennies, mais, comme il s'agit de polluants persistants, elles continuent d'exister dans l'environnement. Bien qu’elle soit actuellement attribuable en majeure partie à des sources et à une dissémination créées par l'homme sur plusieurs décennies, il continuerait d’exister une faible exposition aux dioxines à partir de sources naturelles même si toutes celles causées par l'homme disparaissaient.

Lorsqu'elles sont libérées dans l'air, les dioxines voyagent sur de longues distances (voir www.cec.org/files/PDF/POLLUTANTS/dioxrep_EN.pdf ), et c'est pourquoi on en trouve partout dans le monde. Si elles sont rejetées dans l'eau, elles se déposent sur les sédiments d’où elles peuvent être par la suite transportées ou ingérées par les poissons. Les dioxines se dégradent très lentement et peuvent être absorbées par les plantes et être ingérées par les animaux et les organismes aquatiques. Comme leur concentration s’accroît à mesure qu’elles progressent dans la chaîne alimentaire, elle est plus élevée chez les animaux que dans les plantes, l'eau, le sol ou les sédiments. Chez les animaux, les dioxines s'accumulent dans la graisse et les tissus adipeux.

Préoccupations pour la santé et exposition humaine

Les dioxines se sont révélées avoir un certain nombre d'effets néfastes sur la santé. En raison de leur omniprésence dans l'environnement, tous les humains y auront été exposés à des degrés divers. Leurs conséquences pour la santé dépendent de toutes sortes de facteurs, notamment le degré d'exposition, le moment où la personne a été exposée ainsi que la durée et la fréquence de cette exposition. La chloracné est l'effet le plus notable chez les humains qui y ont été fortement exposés. Il s'agit d'une maladie cutanée qui se manifeste par des lésions graves semblables à celles de l'acné. L’exposition aux dioxines provoquent aussi des éruptions cutanées, des dommages au foie et un changement de coloration de la peau.

Des études ont montré que le risque de cancer augmente chez les personnes exposées aux dioxines pendant de nombreuses années. Chez les animaux, ce risque est accru après une faible exposition à long terme.

Selon l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA), « la majeure partie de la population est exposée à un faible degré aux dioxines. L’EPA estime que cette exposition se produit surtout par l’alimentation, plus de 95 p. 100 venant de l'ingestion de graisses animales. Les gens subissent également une faible exposition aux dioxines en respirant l'air qui en contient des traces, qu'elles soient sur des particules ou sous forme de vapeur, en avalant involontairement du sol qui en renferme ou en absorbant ces composés par la peau entrée en contact avec de l'air, du sol ou de l'eau qui en porte d'infimes concentrations. Certaines personnes peuvent y être plus exposées que la population générale. Elles peuvent avoir subi de fortes expositions aux dioxines à la suite d'un cas particulier de contamination des aliments, dans leur lieu de travail, à la suite d'accidents industriels ou en raison de la consommation de quantités inhabituellement grandes de poisson, de viande ou de produits laitiers contenant des concentrations élevées de dioxines. »

Source: http://cfpub.epa.gov/ncea/cfm/dioxin.cfm?ActType=default

Toxicité:

Les formes les plus toxiques de dioxine sont la 2,3,7,8-tétrachloro-dibenzo-p-dioxine et la 1,2,3,7,8-pentachloro-dibenzo-p-dioxine. Les scientifiques utilisent une méthode abrégée pour comparer la toxicité des différents types de mélanges de dioxines à la toxicité de la 2,3,7,8-tétrachloro-dibenzo-p-dioxine et de la 1,2,3,7,8-pentachloro-dibenzo-p-dioxine. Cette méthode est appelée « Équivalence de la Toxicité » ou EQT. Des facteurs d'équivalence de la toxicité (FET) ont été attribués aux congénères spécifiés. De petites différences demeurent dans les FET attribués (OMS et OTAN) aux divers congénères.

http://www.hygiene.ruhr-uni-bochum.de/hygiene/dioxin/dioxin-information.html
http://www.cqs.com/epa/exposure/

Les FET utilisés dans le Programme national de dépistage des résidus chimiques (PNDRC) de l'Agence canadienne d'inspection des aliments ont été transmis à celle-ci par une communication privée émanant de Santé Canada durant la crise belge de la dioxine à l'été 1999. Ces FET sont indiqués au tableau 1 suivant :

Tableau 1. Facteurs d'équivalence de la toxicité pour les dioxines et les composés similaires

Outre les polychlorobiphényles énumérés au tableau 1 (ci-dessus), on analyse aussi, dans le cadre du PNDRC de l'ACIA, des échantillons pour le dépistage des PCB totaux. Cette analyse sert à mesurer la somme de tous les congénères reconnus comme des PCB, mais sa portée n'est pas inférieure à la liste des congénères figurant au tableau 2 ci-dessous.

Tableau 2. Congénères des PCB compris dans le PNDRC

Base juridique

D’après l'alinéa 4d) de la Loi sur les aliments et drogues, l'interdiction suivante s'applique à la vente d'aliments au Canada : « Il est interdit de vendre un aliment qui, selon le cas : est falsifié; » (voir page VVIII). De plus, le Règlement sur les aliments et drogues, à l'article B.01.046 (1), décrit comme suit ce qu'on entend par « falsification » en ce qui concerne les dioxines :

« Un aliment est falsifié s'il contient ou si on y a ajouté l'une des substances ou catégories de substances suivantes : » - le point p) dans la liste est les dibenzo-p-dioxines chlorées.

Ce règlement a pour effet de rendre illégale la vente d'une marchandise à titre d’aliment si elle contient une quantité quelconque de dibenzo-p-dioxines chlorées. [L'alinéa f) dans B.01.047 crée une exemption pour le poisson qui contient 20 parties par billion ou moins de 2,3,7,8-tétrachloro-dibenzo-p-dioxine.]

L'ACIA a demandé que Santé Canada réévalue les restrictions imposées à la vente d'aliments contenant une quelconque quantité de dioxines pour les raisons suivantes  :

• Comme les dibenzo-p-dioxines chlorées sont des contaminants omniprésents dans l'environnement canadien, une norme qui en exige l'absence ne peut de façon réaliste, être respectée;
• Une norme de zéro empêche l'ACIA d'être proactive dans ses inspections de suivi puisqu’il n’est pas déterminé dans quelles conditions une concentration serait jugée excessive;
• Cette norme est basée uniquement sur les dibenzo-p-dioxines chlorées et ne tient pas compte des effets toxiques des dibenzofuranes chlorés ni des polychlorobiphényles.

Santé Canada a répondu que les normes applicables aux dioxines et aux composés similaires présents dans les aliments sont à l'étude, et l'information contenue dans le présent rapport lui a été fournie pour que ce ministère en tienne compte dans ses délibérations.

Les polychlorobiphényles (PCB) sont assujettis à des lignes directrices réglementaires. À l'heure actuelle, celles-ci autorisent les concentrations suivantes :

Résultats de la vérification des résidus de dioxines et de composés similaires effectuée par l’ACIA

Tableau 3. Proportion des échantillons enfreignant la norme canadienne sur les dioxines

Comme mentionné plus haut, une infraction au regard de l'article B.01.046 ne se traduit pas nécessairement par un risque pour la santé. Les données recueillies jusqu’à maintenant indiquent de faibles concentrations naturelles de dioxines dans les produits d’origine animale. Santé Canada a déterminé que ces concentrations à l’état de traces ne présentent pas de risque pour la santé des consommateurs. Les concentrations de dioxines ne présentant pas de danger dans les aliments ne font pas encore l’objet d’un consensus à l’échelle internationale. Le Canada, l’Union européenne, les États-Unis et le Codex Alimentarius sont en train d’établir des normes sur la contamination des aliments par les dioxines. À cette fin, Santé Canada a créé un Comité scientifique et un Comité d’élaboration de politique pour examiner en profondeur le risque associé à la présence de résidus de dioxines dans les aliments et trouver des moyens de gérer et d’atténuer ce risque.

Tableau 4 : Présence de polychlorobiphényles (PCB totaux en poids dans le gras) en ng/g de matière grasse

Tel qu'indiqué çi dessus - une infraction des résidus de PCB, c'est un échantillon enfreignant la norme canadienne sur les polychlorobiphényles (PCB) établie par Santé Canada, tel qu'indiqué çi dessus.

Table 5: Équivalents toxiques de dioxine totaux dans certains produits (picogrammes EQT/gramme de matière grasse)
Les valeurs correspondent à la somme des dioxines, des furanes et des PCB compte tenu des FET

Seuil : Ce chiffre représente la valeur moyenne, minimale et maximale de tous les échantillons pour lesquels les congénères trouvés présents à des concentrations inférieures à leurs limites de détection sont représentés comme étant à un niveau de zéro.

Plafond : Ce chiffre représente la valeur moyenne, minimale et maximale de tous les échantillons pour lesquels les congénères trouvés présents à des concentrations inférieures à leurs limites de détection sont représentés comme étant au niveau de leurs limites de détection.

Il est possible d'estimer la limite intermédiaire traditionnelle, qui résulte de l'utilisation d'une demie de la limite de détection pour tous les congénères non décelables, en ajoutant au seuil la moitié de la différence entre le plafond et le seuil.

Table 5a: Équivalents toxiques attribuables aux dioxines, aux furanes et aux PCB

Références :

Index | Produits laitiers | Œufs et produits d’œufs | Miel | Viande et produits de viande - Laboratoire
Viande et produits de viande - canadiens | Viande et produits de viande - Importés | Annexe sur les dioxines