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Santé de l'environnement et du milieu de travail

Contamination fongique dans les immeubles publics : effets sur la santé et méthodes d'évaluation (suite)

3. Évaluation de la contamination fongique en milieu de travail non industriel (suite)

3.2 Principes généraux

Les évaluations de la qualité de l’air intérieur4 peuvent être déclenchées de différentes façons. Certains propriétaires ou gestionnaires d’immeubles procèdent à des évaluations périodiques de la qualité de l’air intérieur afin de déceler les problèmes avant qu’ils puissent affecter les occupants. À l’autre extrémité du spectre, on retrouve les évaluations entreprises à la suite de l’apparition de réactions aiguës chez des personnes qui pénètrent dans un immeuble. Des mesures appropriées doivent être mises en œuvre lorsqu’une évaluation a lieu à la suite de plaintes relatives à la santé. Il est important de confier à des personnes possédant une formation et une expérience professionnelles reconnues la tâche de procéder à une évaluation d’un éventuel problème de moisissures dans les immeubles publics, et de recourir aux méthodes documentées par l’ACGIH (1999) et l’American Industrial Hygiene Association ou AIHA (Dillon et coll., 1996).

Dans les systèmes de CVC, les humidificateurs, les filtres souillés et les débris accumulés dans les conduites sujettes à la condensation ou aux fuites peuvent être responsables de la présence de moisissures dans les immeubles. Des spores peuvent jaillir périodiquement des conduites. Des champignons peuvent être libérés lorsque les locaux occupés adjacents à des cavités de murs, des cages d’ascenseur ou des drains d’égout défectueux contaminés sont mis en pression négative. Les taux d’infiltration d’air et les différences de pression résultant du vent et de la charge thermique (conditions météorologiques), et du dérèglement des systèmes de ventilation ou d’évacuation peuvent influer sur ce phénomène. La dispersion des champignons provenant des tapis ou de la contamination des surfaces dépend de l’activité dans l’espace occupé et de la fréquence du nettoyage.

Au besoin, il faut procéder à des analyses en laboratoire utilisant des méthodes appropriées et exécutées par des professionnels expérimentés et compétents. Les laboratoires commerciaux doivent participer avec succès au programme Environmental Microbiology Proficiency Analytical Testing (EMPAT) de l’AIHA et, de préférence, être un laboratoire d’analyse environnementale accrédité par le Conseil canadien des normes (CCN)5, ou encore détenir une certification ISO ou Bonne pratiques de laboratoire (BPL)6. Il existe également des laboratoires universitaires et gouvernementaux employant des spécialistes hautement qualifiés en matière d’identification des moisissures qui peuvent fournir des données fiables. Toutefois, ces laboratoires doivent être tenus d’utiliser les méthodes reconnues. La Société canadienne d’hypothèques et de logement tient à jour une liste des laboratoires qui ont fourni des services au gouvernement canadien. Des représentants des ministères de la Santé ou du Travail des gouvernements provinciaux peuvent également émettre des recommandations. Toutes les mesures raisonnables doivent être prises pour s’assurer qu’aucune intervention menée pendant les procédures d’évaluation ou d’assainissement7 n’ait pour effet d’accroître la contamination de l’immeuble ou le risque auquel sont exposés les occupants de l’immeuble ou le public. Enfin, la communication de renseignements fiables et à jour aux occupants est un aspect essentiel de toute évaluation de la qualité de l’air intérieur (QAI), car les personnes appartenant à l’un des groupes à risque potentiels ont besoin d’être informées en présence d’un problème microbiologique dans leur lieu de travail ou leur établissement d’enseignement.

3.3 Objectifs de l’évaluation de la contamination fongique

Comme il est mentionné ci-dessus, la fréquence et la complexité des évaluations de la contamination fongique varient en fonction de la taille et de la nature de l’immeuble, qu’il s’agisse d’une vérification périodique de la qualité de l’air ou d’une évaluation menée en réponse à une plainte reliée à la santé. Qu’il suffise, pour se situer, de se reporter aux recommandations du CHMT (CHMT 1995b; CHMT 1989; CHMT 1995a), selon qui il faut réduire au minimum l’exposition aux champignons, les moisissures et l’humidité sont nocives pour la santé de la population, et il existe des groupes à risque. Les objectifs consistent à définir et à maîtriser le(s) problème(s) microbien(s) et à redonner à l’immeuble un niveau de rendement satisfaisant. Les évaluations de la qualité de l’air à des fins de vérification ne sont pas abordées ici.

La discussion ci-après porte sur les cas où une plainte reliée à la santé a été déposée et où, à première vue, les moisissures pourraient être l’un des problèmes potentiels.

Les objectifs d’une telle évaluation sont les suivants :

  • établir la cause, la nature et l’étendue de la contamination fongique;
  • évaluer le risque d’effets indésirables sur la santé des occupants;
  • éliminer le(s) problème(s) microbien(s);
  • redonner à l’immeuble un niveau de rendement satisfaisant.

Facteurs à considérer face à un problème potentiel de moisissures

  1. Il est important de cerner le problème aussi rapidement que possible pour permettre à l’équipe chargée de l’évaluation de donner des réponses claires aux occupants, aux gestionnaires et aux intervenants en matière de santé à propos de l’état de l’immeuble. Pour les motifs expliqués dans la section 3.4 ci-dessous, la contamination fongique résulte très souvent de problèmes d’humidité chroniques. Si l’exposition a atteint le point où des plaintes reliées à la santé sont déposées, cela signifie généralement que le problème existe déjà depuis des années. Puisque des moisissures sont présentes sur certains matériaux dans tous les immeubles, il faut déterminer la nature et l’étendue de la contamination, et identifier les personnes exposées.

  2. La première étape d’une évaluation de contamination fongique consiste en une inspection faite par un spécialiste accompagnée ou suivie, si nécessaire, d’un prélèvement d’échantillons d’air (voir 3.4.1). Les évaluateurs doivent déterminer s’il existe une possibilité de contamination cachée, y compris dans le système de CVC ou dans les cavités de murs (Miller, 1993). Dans ces cas, les échantillons d’air se révèlent particulièrement utiles. Les échantillons d’air soumis à des méthodes nécessitant la mise en culture des spores viables permettent souvent de détecter des problèmes mineurs de contamination fongique; les résultats sont disponibles dans un délai de sept à dix jours. Par contre, les échantillons de spores non viables (prélevés au moyen d’une surface adhésive) sont généralement moins sensibles, mais les résultats sont obtenus dans un délai de 24 à 48 heures. Tous les échantillons doivent être prélevés selon les méthodes décrites dans le Guide de l’AIHA (Dillon et coll., 1996).

  3. Après le prélèvement des échantillons d’air, les planchers et autres surfaces sur lesquelles des poussières peuvent s’accumuler doivent être nettoyés à l’aide d’un aspirateur muni d’un filtre absolu (HEPA). Sauf à de rares exceptions, la plupart des cas d’exposition aux spores fongiques sont dus aux personnes qui se déplacent dans l’espace occupé et qui soulèvent ainsi des dépôts de poussière. Le nettoyage parvient dans la plupart des cas à diminuer immédiatement l’exposition alors que l’évaluation se poursuit. Si des personnes sont présentes dans l’immeuble, la décision de recueillir des échantillons d’air doit être prise rapidement, pour que le nettoyage puisse être entrepris.

  4. spécialiste accompagnée ou suivie, si nécessaire, d’un prélèvement d’échantillons d’air (voir 3.4.1). Les évaluateurs doivent déterminer s’il existe une possibilité de contamination cachée, y compris dans le système de CVC ou dans les cavités de murs (Miller, 1993). Dans ces cas, les échantillons d’air se révèlent particulièrement utiles. Les échantillons d’air soumis à des méthodes nécessitant la mise en culture des spores viables permettent souvent de détecter des problèmes mineurs de contamination fongique; les résultats sont disponibles dans un délai de sept à dix jours. Par contre, les échantillons de spores non viables (prélevés au moyen d’une surface adhésive) sont généralement moins sensibles, mais les résultats sont obtenus dans un délai de 24 à 48 heures. Tous les échantillons doivent être prélevés selon les méthodes décrites dans le Guide de l’AIHA (Dillon et coll., 1996). 3. Après le prélèvement des échantillons d’air, les planchers et autres surfaces sur lesquelles des poussières peuvent s’accumuler doivent être nettoyés à l’aide d’un aspirateur muni d’un filtre absolu (HEPA). Sauf à de rares exceptions, la plupart des cas d’exposition aux spores fongiques sont dus aux personnes qui se déplacent dans l’espace occupé et qui soulèvent ainsi des dépôts de poussière. Le nettoyage parvient dans la plupart des cas à diminuer immédiatement l’exposition alors que l’évaluation se poursuit. Si des personnes sont présentes dans l’immeuble, la décision de recueillir des échantillons d’air doit être prise rapidement, pour que le nettoyage puisse être entrepris.

  5. Il faut évaluer avec précision l’étendue de la contamination et de l’humidité ou des dommages afin de circonscrire zone touchée et assainir celle-ci. Cette étape est nécessaire pour trois raisons : a) la complexité de la procédure d’élimination dépend de la superficie touchée (ACGIH, 1999; New York City Department of Health, 2000); b) il a été démontré que le risque d’effets sur la santé des occupants dépend de l’étendue de la contamination fongique; c) la procédure d’assurance de la qualité de l’assainissement dépend en partie de la rigueur de l’évaluation (AIHA, 2001). Durant l’évaluation, il faut s’assurer de bien contenir la poussière (p. ex., atomiser et utiliser un aspirateur HEPA) lorsque de petites ouvertures (< 0,1 m2) sont pratiquées dans les murs adjacents à un espace occupé. Si des ouvertures plus grandes sont pratiquées, et surtout lorsqu’il a été déterminé que la contamination fongique était considérable, il faut appliquer des mesures de confinement ou d’autres mesures de protection, si les occupants doivent réintégrer l’espace avant l’exécution des travaux de réparation. L’évaluation doit également indiquer le degré de connexion entre les moisissures repérées et les lieux de séjour ou de travail. L’étape de la documentation peut être éliminée si l’immeuble est inoccupé.

  6. Lors de la documentation de la nature et de l’étendue de la contamination fongique observée, l’identification des espèces fongiques présentes répond à plusieurs besoins. D’abord, elle permet de vérifier si les dommages observés sont vraiment dus aux moisissures. Les poussières et autres types de dépôts sur les surfaces des immeubles ou dans les diffuseurs du système de CVC ne sont pas toujours de nature fongique. Ensuite, il peut être utile de connaître les conditions environnementales qui ont donné lieu à la croissance des moisissures. Les espèces fongiques présentes peuvent procurer des indices précieux. Ainsi, les moisissures qui se développent dans des conditions de faible humidité sont différentes de celles qui prolifèrent dans des conditions d’humidité élevée. Cela peut aider à identifier des sources d’humidité peu évidentes. Par exemple, la découverte de moisissures hydrophiles près d’un cadre de fenêtre peut être l’indice d’infiltrations d’eau importantes autour de cette fenêtre ou encore d’un problème de condensation dans la cavité du mur. La découverte de moisissures adaptée aux conditions de faible humidité derrière une commode appuyée à un mur extérieur peut indiquer une ventilation ou une isolation inadéquate. En outre, les professionnels de la santé consultés par les occupants peuvent avoir besoin d’une liste des espèces fongiques présentes.

  7. Les dommages causés par la contamination fongique doivent être rapidement réparés, conformément aux protocoles décrits dans les lignes directrices du New York City Department of Health (2000) et de l’ACGIH (1999; Chapitre 15), et aux méthodes d’assurance de la qualité recommandées par l’AIHA (2001). Ces protocoles sont similaires à ceux du CHMT (1995a). Il convient de noter que la principale méthode permettant de s’assurer que l’assainissement a été exécuté correctement consiste à confirmer que les sources d’eau ou d’humidité responsables de la contamination ont été repérées et éliminées. La réparation des dommages causés par la contamination fongique dans un mur extérieur dont il a été déterminé qu’il comprend un pare air efficace ne nécessite habituellement aucune mesure de protection particulière. Le pare air suffit normalement à empêcher la pénétration des spores fongiques à l’intérieur. Il est toutefois important de noter que les travaux de construction, de démolition et de réparation génèrent tous de la poussière et d’autres débris. Généralement, il est déconseillé de permettre l’occupation des lieux où des travaux de construction sont en cours. Il peut être nécessaire, selon la nature et l’étendue des dommages et des réparations, de prévoir des mesures de protection du contenu de l’immeuble contre les dépôts de poussière générés par les travaux, et de faire un nettoyage au moyen d’un aspirateur HEPA après les travaux avant de permettre le retour des occupants. D’autres mesures de précaution consistent à contenir la poussière et les spores en créant une pression négative dans les locaux touchés et en les isolant. Aucune considération de santé publique n’exige le confinement de l’extérieur d’un immeuble lorsque les travaux d’assainissement sont exécutés depuis l’extérieur. Mais lorsque les murs extérieurs se trouvent dans un espace semi-fermé, une cage d’escalier par exemple, des mesures de protection peuvent s’imposer.

  8. Les risques pour la santé découlant de l’exposition à des moisissures croissant sur les matériaux de construction varient en fonction du degré d’isolation de ces matériaux par rapport à l’espace occupé. Compte tenu des méthodes de construction et des conditions climatiques caractéristiques du Canada, les risques liés à l’exposition à une croissance fongique vont décroissant, selon que celle-ci est située a) sur des surfaces à découvert dans l’espace occupé; b) dans des cavités de murs intérieurs ou de planchers [particulièrement en présence de conduites]; c) dans des murs extérieurs dotés d’un pare air peu efficace; d) dans des murs extérieurs, du côté extérieur d’un pare air efficace; e) dans un grenier ou sous des combles séparés de l’espace occupé par un pare-air. Si les dommages fongiques se situent dans le système de ventilation, des mesures immédiates doivent être prises pour empêcher la contamination de se propager. Si la contamination touche la surface des murs, des plafonds ou des planchers de l’espace occupé, il faut immédiatement contenir les zones endommagées par les moisissures. Des barrières faites de polyéthylène, avec ou sans dépressurisation sont parmi les options envisageables. Si la contamination se situe essentiellement dans les cavités des murs intérieurs, l’accès aux zones très endommagées de l’immeuble doit être interdit pendant toute la durée des travaux d’assainissement. L’accès aux autres zones pendant les travaux dépendra du risque d’y propager la contamination, lequel devra être évalué par un professionnel. Parmi les autres mesures à envisager, citons un nettoyage régulier par aspiration HEPA combiné à un contrôle de la qualité de l’air destiné à confirmer l’efficacité du nettoyage. Une équipe de gestion des travaux d’assainissement et de réparation doit être formée. Ces travaux doivent faire l’objet d’une surveillance étroite, de façon à garantir leur efficacité, de même que d’une assurance de la qualité et d’essais de conformité.

  9. Généralement, tous les matériaux poreux présentant une croissance fongique doivent être enlevés de manière sécuritaire et efficace, après quoi des équipes spécialisées en dépoussiérage doivent procéder à un nettoyage minutieux. Il peut également être nécessaire d’enlever les surfaces qui attirent de grandes quantités de dépôts de poussière et de spores, tels les tapis et carreaux de plafond. Ces surfaces sont difficiles à nettoyer, et il n’existe pas de méthode acceptée pour vérifier l’efficacité du nettoyage. Les facteurs à considérer pour décider s’il faut enlever les autres surfaces poreuses dans une zone contaminée par les moisissures sont la nature, l’étendue et la durée du problème de contamination fongique dans l’immeuble. Au fur et à mesure que progressent les travaux, il faut vérifier la présence de tout dommage lié à de la contamination fongique sur les surfaces mises à nu lors de la démolition. Les matériaux semi-poreux présentant des traces de moisissure peuvent être nettoyés s’ils demeurent solides; dans le cas contraire, ils doivent être remplacés. Les poussières présentes sur les surfaces non poreuses peuvent habituellement être enlevées à l’aide de méthodes convenant au matériau. En présence d’une forte contamination, c’est-à-dire au sommet de l’échelle définie par l’ACGIH (1999) ou le New York City Department of Health (2000), des échantillons de dépôts de poussière doivent être prélevés après l’assainissement. Le but de cette mesure est de documenter le fait que les zones contaminées ont été nettoyées à fond. Le poids sec de la poussière prélevée par m2 doit être déterminé conformément aux lignes directrices de l’AIHA (2001). Une fois que les matériaux contaminés ont été enlevés et que la zone touchée a été nettoyée à fond à l’aide d’un système d’aspiration HEPA8, l’immeuble peut être traité comme un chantier de construction normal pour les fins des travaux de reconstruction. Une fois les travaux de réparation terminés, il peut être utile de prélever des échantillons d’air après une ou deux semaines de fonctionnement normal du système de ventilation, pour confirmer de façon définitive le succès des mesures correctrices mises en œuvre.

4. « Évaluation » désigne ici la procédure d'accès à l'immeuble, d'inspection, d'échantillonnage, de documentation et de production des rapports, ladite procédure étant exécutée par des personnes ayant reçu une formation appropriée.

5. Le Conseil canadien des normes (CCN) accrédite les laboratoires d'analyse environnementale en collaboration avec l'Association canadienne des laboratoires d'analyse environnementale (Inc.) (ACLAE). L'ACLAE est une association sans but lucratif regroupant des laboratoires privés et publics.

6. Les Bonnes pratiques de laboratoire (BPL) sont un ensemble de lignes directrices élaborées par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) qui portent sur les installations de laboratoire, les procédures normales d'exploitation (PNE), l'assurance de qualité et la production de rapports. La certification BPL est accordée par un certain nombre d'organismes dans le monde, dont la Food and Drug Administration des États-Unis.

7. L ' assainissement englobe à la fois l'élimination de toute moisissure dans l'immeuble et la correction de la défectuosité qui a mené à la contamination fongique (humidité excessive, fuite d'eau ou infiltration d'eau de l'extérieur).

8. La quantité de poussière résiduelle doit être réduite au mini-mum raisonnablement possible, ce qui a été défini comme étant un poids sec inférieur à 100 mg/m2 sur les surfaces lisses dans un certain nombre de documents publiés par des autorités compétentes (ACGIH, 1999, AIHA, 2001).

Mise à jour : 2006-05-10 Haut de la page