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Vie saine

Le tabagisme chez les femmes

Quatrième leçon : Bonnes façons d'aider les femmes de tous les âges à cesser de fumer.

1. Des recherches liées à la SRDT ont mis au jour le fait que les comportements tabagiques des femmes s'inscrivent dans le contexte social plus vaste de l'inégalité des sexes.

Les facteurs souvent associés à une forte prévalence du tabagisme sont notamment le chômage, un faible revenu ou un emploi dans le secteur des services, la monoparentalité, le manque d'instruction, l'isolement et le manque de soutien social, le cumul de responsabilités professionnelles et familiales, ainsi que la violence familiale, le stress et une faible estime de soi. Les femmes qui sont défavorisées à plusieurs égards ou qui abusent déjà d'autres substances sont plus susceptibles de fumer (H3). Les stratégies de réduction du tabagisme axées sur les femmes tiennent compte du fait que les habitudes de vie personnelles telles que le tabagisme s'inscrivent dans ce contexte social plus vaste (H3, W2). Bien que les désavantages sociaux influent aussi sur le comportement tabagique des hommes, l'expérience de ces désavantages diffère souvent d'un sexe à l'autre (p. ex. les femmes sont plus souvent des mères seules à faible revenu ou des dispensatrices de soins non officielles). Ces distinctions ainsi que les différences dans les types de stress qu'elles occasionnent doivent être prises en considération dans l'élaboration de programmes.

2. Les sentiments de confiance, de maîtrise et d'estime de soi jouent un grand rôle à la fois dans les tentatives qui sont faites pour cesser de fumer et dans le succès des changements.

Les sentiments de confiance, de maîtrise et d'estime de soi sont importants pour quiconque veut cesser de fumer, mais ils peuvent être particulièrement importants pour les femmes défavorisées qui n'ont souvent pas de contrôle sur leur propre vie. Ces femmes peuvent avoir l'impression que la cigarette est une chose qu'elles contrôlent. Le fait de fumer peut leur donner un sentiment d'indépendance et de choix. Lorsque les femmes décident qu'elles peuvent s'assurer une meilleure maîtrise de leur vie en cessant de fumer, mais n'y parviennent pas, leurs échecs peuvent influer négativement sur leurs sentiments de maîtrise et d'estime de soi (H3). Pour parvenir à modifier leurs habitudes tabagiques, les femmes doivent avoir confiance de pouvoir réussir et avoir le sentiment de contrôler la situation.

Les programmes qui prévoient un éventail d'objectifs, comme réduire le nombre de cigarettes fumées, acquérir les compétences nécessaires pour être en mesure de cesser de fumer ou cesser carrément de fumer, et les programmes qui adaptent les interventions à des stades de changement particuliers donnent aux femmes une plus grande confiance et une meilleure estime de soi au fur et à mesure qu'elles réalisent des progrès à leur propre rythme. Par exemple, la récente évaluation de Catching Our Breath (C7) à Winnipeg a révélé que les femmes se sentaient confiantes et gagnantes lorsqu'elles réduisaient leur consommation quotidienne de cigarettes et que la plupart de celles qui réduisaient leur consommation pendant la durée du programme souhaitaient progresser vers un renoncement complet. Cette évaluation a aussi révélé que, plus les femmes se sentaient confiantes de ne pas fumer dans diverses situations, moins elles fumaient de cigarettes par jour.

Il existe certaines preuves que les femmes qui veulent cesser de fumer perçoivent plus d'obstacles, entrevoient plus de conséquences négatives et ressentent leurs échecs plus durement que les hommes (D1, W2). De plus, les femmes semblent métaboliser la nicotine plus lentement que les hommes, de telle sorte que des quantités égales de nicotine équivalent à une dose par poids corporel plus élevée pour les femmes. C'est peut-être la raison pour laquelle les femmes se plaignent de symptômes de sevrage plus pénibles. Plus les femmes sont convaincues d'être accoutumées au tabac, moins elles ont confiance de pouvoir y renoncer. Certaines femmes ont plus tendance que d'autres à croire qu'elles sont fortement accoutumées à la nicotine (p. ex. les femmes handicapées, R2). Cependant, il existe peu de différence entre les femmes et les hommes pour ce qui est des démarches de renoncement comme telles, bien que les femmes soient légèrement plus susceptibles de chercher de l'aide que les hommes (W1). Il est essentiel que l'aide offerte aux femmes inclue des stratégies visant à les rendre confiantes de pouvoir réaliser des changements et surmonter les problèmes de sevrage.

3. L'application de la théorie des stades du changement peut améliorer la confiance et les compétences des femmes qui font des efforts pour cesser de fumer. La reconnaissance des définitions multiples de « réussite » est un facteur important dans l'élaboration de programmes axés sur les femmes.

Selon la théorie des stades du changement, l'abandon du tabac est considéré comme un processus ou une série d'étapes à franchir plutôt qu'une action ponctuelle, radicale. Cette théorie prévoit cinq stades de changement de comportement franchis par le fumeur durant la période où il se prépare à cesser de fumer : il n'envisage pas de cesser de fumer ; il envisage de cesser de fumer ; il décide de cesser de fumer ; il se prépare à cesser de fumer ; il cesse de fumer ; il maintient son abstinence. La théorie reconnaît que le fumeur peut rechuter à n'importe quel stade, risque qui doit être considéré comme normal lorsqu'un fumeur essaie de cesser de fumer.

La théorie des stades du changement prévoit de nombreuses définitions de la réussite dans le cadre des programmes. Par exemple, la transition d'un stade à l'autre constitue pour le fumeur une réussite, tout comme le fait de devenir de plus en plus conscient des raisons qui l'incitent à fumer et de ses habitudes tabagiques, et le fait de changer ces habitudes.

La théorie des stades du changement était appliquée aux programmes de renoncement au tabac avant l'adoption de la SRDT. Certains programmes axés sur les femmes, comme Catching Our Breath et (C7) Vers une vie sans fumer : un programme pour les femmes (S7), reconnaissent depuis longtemps que l'abandon du tabac est un processus et non une action radicale et prévoient différentes stratégies (renoncement, réduction, information). Cependant, dans le cadre de la SRDT, les programmes existants ont été modifiés, mis à jour ou diffusés à l'échelle nationale (S7), et de nouveaux programmes ont été élaborés à l'intention de populations de fumeurs particulières (C2).

L'un des résultats importants du recours accru aux programmes de renoncement au tabac basés sur la théorie des stades du changement a été de susciter davantage d'intérêt chez un plus grand nombre de fumeurs. Les programmes d'aide ne s'adressent plus exclusivement aux fumeurs qui se sentent prêts à cesser de fumer à brève échéance, mais également à ceux qui veulent discuter de la question avant de prendre une décision.

Le fait de définir la réussite de différentes manières, en fonction de la mesure dans laquelle chaque femme est prête à renoncer au tabac ou du stade du changement atteint, est de nature à donner confiance à la femme, étant donné qu'elle peut viser des buts qui sont réalistes pour elle-même. Des succès échelonnés au long du parcours aident à donner confiance aux participantes et à renforcer leur estime de soi.

Le sens véritable de la participation

Nous avons tous entendu dire que les programmes les plus valables et efficaces sont les programmes créés par les personnes qui les utilisent. Le Women and Tobacco Pilot Project du YWCA de Crabtree Corner (C8), à Vancouver, peut nous apprendre à tous certaines choses sur ce qu'est une participation fructueuse. Procédant avec patience et constance et s'en remettant au bouche à oreille, la coordonnatrice du projet a recruté 10 femmes pour constituer un comité directeur qui se renseignerait sur la recherche-action et en effectuerait, en vue de créer un programme visant à réduire le tabagisme chez les femmes. Avec le temps, les membres du comité directeur sont devenues facilitatrices d'un programme de groupe s'inspirant de la façon dont elles-mêmes avaient acquis des connaissances sur le tabac.

Cette approche a-t-elle donné de bons résultats ? Les 10 femmes membres du comité directeur ont toutes cessé de fumer ou réduit sensiblement leur consommation, et toutes ont banni la cigarette de leur maison. Le programme qu'elles ont mis au point a fonctionné à plein régime pendant toute la durée du projet, et il y avait en tout temps une liste d'attente. Bien que le programme lui-même n'ait pas été documenté, le rapport d'évaluation décrit le processus de la recherche-action participative et il inclut un outil mis au point par la coordonnatrice du projet pour aider le comité directeur à surmonter son hésitation à passer de l'étape de la recherche à celle de la planification de programme.

Profil d'une femme

4. Le fait d'être au courant des risques pour la santé ne suffit pas pour motiver les femmes à cesser de fumer.

D'après l'Enquête sur le tabagisme au Canada, les femmes de tout âge avaient plus tendance que les hommes à connaître les risques du tabac pour la santé, et les jeunes (de 15 à 24 ans) étaient les plus susceptibles d'affirmer qu'une cigarette à l'occasion peut être nuisible (S8). Les femmes avaient également plus tendance à penser que le fait d'imprimer la liste des ingrédients toxiques sur les paquets de cigarettes réussirait à dissuader les gens de fumer (P10).

L'enquête (S8) a également révélé qu'il y avait plus de femmes que d'hommes au premier stade du changement (ne même pas songer à cesser de fumer), soit 59 % des femmes contre 50 % des hommes. À ce stade, il est crucial de sensibiliser les femmes aux aspects négatifs du tabagisme pour les aider à passer du stade de la précontemplation au stade de la contemplation du changement.

La plupart des femmes étaient au courant des risques pour la santé, mais ne voyaient pas la nécessité de cesser de fumer si elles n'étaient pas atteintes d'une maladie liée au tabac. En tout, 31 % des femmes ont dit que le fait d'avoir une maladie liée au tabac ou une maladie potentiellement mortelle les inciterait à cesser de fumer (S8) ; 16% ont dit que rien ne les ferait cesser de fumer. Le fait d'être enceinte ou d'avoir des enfants a été mentionné par 24 % des femmes de 20 à 24 ans et 13 % des femmes de 25 à 44 ans comme motif pouvant les inciter à cesser de fumer. D'autres recherches faites dans le cadre de la SRDT ont révélé qu'aux yeux de différents groupes ethnoculturels et de femmes défavorisées, l'apparition de problèmes de santé aurait plus d'influence sur leur décision d'abandonner le tabac que la connaissance des risques pour la santé (C10, H3, R2). Autrement dit, il faudrait que certains facteurs physiques (maladie, grossesse) se présentent dans la vie personnelle des femmes pour qu'elles cessent de fumer.

Cependant, il existe certaines contradictions dans les conclusions des recherches concernant les effets que peut avoir la connaissance des risques pour la santé sur les comportements tabagiques. Bien que l'enquête nationale (S8) ait révélé que la connaissance seule n'incitait pas les femmes à cesser de fumer, une autre étude (H3) a révélé que, plus les femmes défavorisées percevaient le tabac comme étant nuisible pour leur santé, plus elles étaient susceptibles d'essayer de réduire leur consommation. Ces conclusions laissent croire que la connaissance des risques pour la santé a une certaine influence sur les changements de comportement.

5. L'information sur les effets immédiats du tabac peut inciter davantage les femmes à cesser de fumer que l'information sur les risques à long terme pour la santé. Ceci peut être particulièrement vrai dans le cas des jeunes femmes.

Dans certaines recherches de la SRDT (C1, H3, W1), les femmes (particulièrement les plus jeunes) ont indiqué que les effets immédiats sur la santé sont plus susceptibles de les inciter à cesser de fumer que les effets à long terme. Les facteurs esthétiques comme l'odeur (de l'haleine et des vêtements) et la coloration des doigts étaient particulièrement importants. Cependant, ceux qui créent les messages antitabac doivent prendre garde de ne pas insister sur le fait que les femmes devraient se préoccuper principalement de leur apparence ou de l'approbation de leur entourage.

Un effet immédiat du tabagisme qui pourrait préoccuper bien des femmes enceintes est celui qui peut se manifester sur le foetus. La grossesse est souvent un facteur qui incite les femmes à cesser de fumer ou à réduire leur consommation (H3, W1). Cependant, bien des femmes recommencent à fumer après la naissance de leur enfant (W1). Ceci laisse croire que les femmes sont peut-être en train de changer leurs habitudes tabagiques pour protéger le foetus plutôt que dans leur propre intérêt. Il importe d'envisager la santé de la femme comme étant une question importante en soi et pas seulement par rapport au foetus (W2). De plus, si une femme cesse de fumer pour elle-même (que ce soit pour sa santé ou d'autres raisons), il lui est plus facile de persévérer, ce qui à long terme est profitable pour elle-même et pour sa famille.

Une femme d'origine asiatique

6. Bien qu'elles soient conscientes des risques associés au tabagisme, les femmes voient des avantages à continuer de fumer, notamment sur les plans du stress et du poids.

Certaines fumeuses voient dans le tabac des avantages tels que la relaxation, la réduction du stress et le contrôle du poids (H3, W1).

Dans l'Enquête sur le tabagisme au Canada, la relaxation était la raison la plus fréquemment citée par les femmes pour recommencer à fumer après avoir tenté d'arrêter. Parmi les femmes qui disaient subir beaucoup de stress dans leur vie, 45 % fumaient, contre 32 % parmi les femmes qui disaient subir très peu de stress (S8). Certaines recherches ont révélé que les femmes sont plus susceptibles que les hommes de fumer pour lutter contre le stress et de recommencer à fumer dans des situations stressantes après avoir tenté d'arrêter (D1, W1). Les situations de stress en question sont souvent liées au phénomène de l'inégalité des sexes (p. ex. l'inégalité économique, les rôles multiples, la violence) (B3, D1, W2). Des techniques individuelles de gestion du stress et une analyse des causes externes du stress dans la vie des femmes seraient des composantes utiles des programmes de renoncement pour les femmes.

Les femmes qui sont défavorisées à plusieurs égards (particulièrement par la pauvreté et le chômage) peuvent considérer la cigarette comme étant un des rares luxes dans leur existence. Les femmes seules ayant de jeunes enfants voient parfois la cigarette comme étant une occasion de relaxer (W2).

Les femmes sont plus portées que les hommes à croire qu'elles grossiront si elles cessent de fumer (D1). Il est essentiel, si l'on veut encourager les femmes de tout âge à renoncer au tabac, de reconnaître certains avantages que l'on prête au tabagisme et d'aider les femmes à trouver d'autres façons de se les procurer. Pour ce qui est de la question du poids, il importe d'aider les femmes à adopter une attitude critique face aux notions populaires de ce qui rend une femme attrayante et à accepter leur propre corps. Il est également utile de leur fournir de l'information sur une alimentation saine et une vie active pour les aider à maintenir un poids raisonnable.

Les programmes axés sur les femmes (tels que Catching Our Breath (C7), Vers une vie sans fumer (S7), et Habiletés et indépendance personnelles (H1) récemment mis au point pour les filles de 10 à 15 ans) traitent déjà des questions du stress et du poids. On pourrait intégrer certains de ces points dans d'autres programmes et documents en reconnaissant les avantages que les femmes croient tirer de la cigarette, tout en encourageant les femmes à adopter une attitude critique et des solutions de rechange positives.

Deux guides, deux fois plus de résultants

Une approche globale du tabagisme chez les femmes inclut des mesures pour éviter que les adolescentes commencent à fumer et pour aider les femmes à cesser de fumer. Santé Canada a produit deux documents visant à guider les organismes communautaires dans leurs efforts de prévention comme dans leurs efforts de soutien aux femmes qui veulent renoncer au tabac.

Pour éteindre le désir d'allumer (S6) est un document d'information détaillé qui sensibilise les organismes aux questions entourant les efforts de prévention. Vivre sans fumée (G2) aide les organismes à s'y retrouver parmi les nombreuses ressources qui existent pour cesser de fumer, en vue de décider lesquelles conviendraient dans leur milieu. Ces deux publications contiennent de l'information sur des programmes existants et une série de documents pour les femmes dans leurs collectivités.

Santé Canada, site Web

7. Les femmes sont plus susceptibles d'accepter et de juger pertinents les principes d'andragogie que les conseils venus d'en haut.

Le fait de puiser dans les croyances mêmes des femmes et les solutions qu'elles peuvent elles-mêmes apporter est conforme aux principes de l'habilitation personnelle et de l'andragogie. Les messages visant à promouvoir une sensibilisation accrue aux conséquences néfastes de la cigarette peuvent être plus percutants si l'on demande aux femmes ce qu'elles perçoivent comme étant les inconvénients de la cigarette. En demandant aux femmes ce qu'elles pourraient faire pour améliorer leur santé, on leur donne l'occasion de penser ellesmêmes à cesser de fumer, sans avoir à attendre qu'un professionnel de la santé y pense pour elles. Lorsque l'on aborde la question de la cigarette dans le cadre de services courants (au lieu d'en traiter isolément comme d'un problème), les conseils quant aux avantages d'y renoncer peuvent alors devenir plus acceptables. Comme bien des femmes se sentent coupables de fumer (C1), elles n'acceptent pas nécessairement de bon coeur les conseils des professionnels qui peuvent sembler moralisateurs.

Les messages qui encouragent les femmes à cesser de fumer ne devraient pas tendre à leur inspirer des sentiments de culpabilité ou de honte. Certains projets de recherche de la SRDT ont révélé que les messages jouant sur la peur peuvent amplifier les sentiments de culpabilité, le stress et la consommation de tabac (B3, H3). Les stratégies qui jouent sur la honte et le blâme affaiblissent l'estime de soi. Bien que certains fumeurs considèrent les messages négatifs comme étant motivants, les messages positifs peuvent réussir mieux à atteindre les fumeurs plus réfractaires au changement (comme ceux qui n'envisagent pas encore sérieusement de cesser de fumer). Ces messages constituent des stratégies positives pour cesser de fumer, surtout s'ils sont jumelés à des techniques d'éducation d'andragogie participatives.

Ça fonctionne et vous pouvez le commander!

Lorsqu'un petit groupe de centres de santé communautaire de l'Ontario a mis au point un programme de renoncement au tabac pour des groupes de femmes au début des années 90, il ne se doutait pas de l'ampleur qu'il allait prendre. Vers une vie sans fumer : un programme pour les femmes (S7) repose sur une approche holistique du tabagisme chez les femmes, s'intéressant à tous les aspects de la vie de chacune des femmes, et il admet comme buts autant la réduction que le renoncement complet.

Une réussite dès le début et largement adopté en Ontario, le programme a fait l'objet d'une mise à jour et d'une évaluation, grâce à des fonds provenant de l'Initiative de lutte contre le tabagisme chez les femmes. L'évaluation a révélé que le programme aidait 57 % des participantes francophones et 71 % des participantes anglophones à réduire le nombre de cigarettes fumées, au stade du programme qui prévoit le renoncement au tabac. De plus, 26 % des participantes francophones et 14 % des participantes anglophones réussissaient à abandonner le tabac complètement. Six mois après la fin du programme, 54% des participantes anglophones et 83 % des participantes francophones avaient maintenu ce changement de comportement. Le programme renforce de plus l'estime de soi et le sentiment de maîtrise personnelle des participantes, et il aide à réduire le stress.

Association canadienne de santé publique
Centre de documentation sur la santé
1565, avenue Carling, bureau 400
Ottawa (Ontario) K1Z 8R1
Tél. : 613-725-3769

8. Le soutien social est important pour les femmes qui veulent arrêter de fumer.

Les femmes semblent privilégier un meilleur soutien social que les hommes lorsque qu'elles cessent de fumer (H3, R2, R4, W1, W2). Ce soutien peut prendre différentes formes. Certaines femmes adhèrent à des programmes de renoncement en groupe. Les programmes de groupe dirigés par des pairs ayant déjà été fumeurs peuvent être particulièrement profitables. Les groupes du genre permettent aux femmes de profiter des expériences des autres, de se soutenir entre elles, de mettre en commun des solutions pratiques et de créer des réseaux de soutien.

Les femmes ne sont pas toutes disposées à participer à des programmes de groupe. Certaines préfèrent être aidées individuellement par un professionnel de la santé. Cependant, les conseils d'un professionnel de la santé peuvent faire obstacle au projet de renoncement s'ils témoignent de peu de sensibilité ou sont moralisateurs. Certaines femmes cessent de fumer par elles-mêmes, mais ont besoin du soutien d'un partenaire, de membres de la famille ou d'amis. Par exemple, les femmes qui ont les meilleures chances d'arrêter de fumer sont celles qui ont un partenaire non-fumeur (H3).

Pour venir en aide aux femmes, il faut aussi prévoir à la fois des programmes de groupe et des méthodes d'aide individuelle. Pour assurer l'accessibilité, il faut chercher à éliminer les obstacles financiers, conjoncturels, physiques, éducatifs (p. ex. l'analphabétisme) et affectifs.

9. La plupart des jeunes fumeuses (14 ans et moins) ont tenté de cesser de fumer dans le passé et ont des types d'habitudes qui rendent le renoncement facile (la plupart ne fument pas tous les jours et fument peu). Il faut un soutien aux fumeuses de ce groupe d'âge qui souhaitent arrêter de fumer.

Les personnes qui ne fument pas tous les jours et celles qui fument peu de cigarettes par jour sont plus susceptibles d'abandonner ner le tabac pendant des périodes plus longues. Étant donné que les filles (14 ans ou moins) sont plus souvent des fumeuses occasionnelles (ne fumant pas tous les jours) et qu'elles fument moins de cigarettes par jour, leurs habitudes tabagiques et leur accoutumance physique à la nicotine sont peut-être moins ancrées. En outre, plus la personne est jeune, plus elle est désireuse d'abandonner la cigarette. La plupart des fumeurs essaient d'abandonner dans les deux années suivant la première cigarette. Un pourcentage plus élevé de filles de 10 à 14 ans (88 %) que de garçons du même âge (79 %) ont essayé d'arrêter de fumer (Y3). Par conséquent, les programmes de renoncement au tabac, comme Une vie 100 fumer (Q1), devraient être offerts à un jeune âge.

De mieux en mieux

La Women's Health Clinic de Winnipeg a reçu beaucoup de commentaires favorables sur Catching Our Breath, le programme de groupe qu'elle offre aux femmes qui veulent cesser de fumer.

Grâce au financement de la SRDT, la clinique a pu adapter le programme pour deux groupes de femmes particuliers : les femmes en milieu de travail et les femmes qui ont difficilement accès aux programmes de renoncement existants à cause de facteurs comme la pauvreté et une maîtrise insuffisante de la lecture et de l'écriture. La version adaptée, Catching Our Breath (C7), présente une approche efficace axée sur les femmes, et accessible et pertinente pour un vaste ensemble d'entre elles.

Le projet fournit également un bon exemple d'évaluation d'un programme qui reconnaît les limites du calcul du seul taux de renoncement. Catching Our Breath réussit bien à sensibiliser les participantes aux raisons pour lesquelles elles fument, à les rendre plus déterminées à cesser de fumer et à accoître leur confiance en leur capacité de résister dans diverses situations tentantes. La plupart des participantes ont ainsi réduit le nombre de cigarettes qu'elles fumaient, et un moins grand nombre d'entre elles fumaient tous les jours. La cessation a été plus fréquente dans les groupes en milieu de travail que dans les groupes communautaires.

The Women's Health Clinic
3e étage, 419 avenue Graham
Winnipeg (Manitoba) R3C 0M3
Tél. : 204-947-1517

Deux femmes discutent sur un banc

10. Il manque des programmes pour certains groupes prioritaires de femmes.

Il existe peu de programmes de renoncement ou de ressources pour les adolescentes qui ont quitté l'école ou la maison. La cigarette est souvent la norme dans ce groupe. Dans le résumé Le tabagisme chez les jeunes produit récemment, on a proposé un certain nombre de programmes pour ce groupe, dont l'inclusion de mesures antitabac dans des programmes plus globaux s'adressant aux groupes prioritaires d'adolescents (p. ex. des programmes de formation professionnelle, d'extension de services ou d'éducation parentale, et des programmes résidentiels pour les jeunes), de la souplesse sur la question des présences, une insistance sur les effets immédiats du tabac, une insistance sur des habitudes multiples en matière de santé et la présence de lieux pour nonfumeurs. De même, il faut entreprendre la prévention tôt, avant que les adolescents ne quittent l'école.

Il est important de tenir compte des différences culturelles dans l'élaboration de programmes pour les Autochtones, les francophones et les groupes ethnoculturels. Les femmes autochtones et les femmes francophones ont des taux de tabagisme plus élevés que l'ensemble des Canadiennes, et la cigarette est plus acceptée dans leurs milieux. Elles sont peut-être plus encouragées à continuer de fumer et reçoivent peut-être moins d'appui pour cesser de fumer.

Les femmes de groupes ethnoculturels qui ont récemment immigré au Canada ont généralement des taux de tabagisme inférieurs à la moyenne des femmes. Cependant, celles qui fument font souvent face à une vive désapprobation dans leur milieu.

Trois femmes discutent sur un banc

Les femmes des régions rurales sont souvent mal desservies par les programmes de renoncement ou de réduction (R8). L'isolement social, l'incertitude financière (et le stress qui l'accompagne), ainsi que la croyance en la nécessité de régler soi-même ses problèmes sont des facteurs qui doivent être pris en considération dans l'élaboration de programmes pour ces femmes. Ceux qui offrent les programmes doivent faire participer ces femmes à tous les aspects de la mise au point des programmes en question et être sensibles aux normes des collectivités, pour que les programmes offerts soient pertinents. De plus, il est possible d'atteindre un plus grand nombre de femmes par des techniques d'éducation à distance (p. ex. Internet, téléconférences). Cependant, bien des femmes défavorisées n'ont pas accès à de tels moyens, et on risque que ceux-ci soient perçus comme les outils d'experts de l'extérieur qui viennent supplanter les personnes ressources locales, qui jouissent peut-être d'une plus grande crédibilité dans la communauté.

Un accès plus facile

Nous avons tous vu les statistiques qui montrent que la majorité des fumeurs cessent de fumer par eux-mêmes. Est-ce une façon de dire que les programmes de groupe ne sont pas vraiment utiles ? Pas du tout ! Plusieurs projets en Ontario se sont servis de Vers une vie sans fumer : un programme pour les femmes (S7) pour offrir un soutien, dans leur milieu, à des groupes de femmes qui ouhaitaient cesser de fumer ou réduire leur consommation. Il y avait beaucoup de femmes aux séances de ces groupes et, dans certains cas, il y avait même une liste d'attente.

Qu'est-ce qui faisait la différence ? Les responsables de ces projets se donnaient beaucoup de mal pour faciliter la participation des femmes, en veillant à leur transport - c.-à-d. en leur payant le taxi ou l'autobus ou en offrant de les conduire - et en leur offrant des services de garderie, soit sur place ou à domicile. Quelle leçon faut-il en tirer? Bien des femmes à faible revenu sont incapables d'assister à des séances de groupe parce qu'elles n'en ont pas les moyens ou à cause de leur situation. Les programmes qui essaient d'éliminer certains de ces obstacles externes sont appréciés des femmes, et la participation est bonne.

Mise à jour : 2006-01-10 Haut de la page