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L’importance accordée aux liens entre l’usage de substances et les problèmes de santé mentale varie selon l’époque et la culture, et la question de savoir si ces problèmes appellent une punition ou un traitement demeure vague. Selon Blackwell (cité dans Riley, 1993), le traitement des toxicomanes dans des établissements et des asiles sous l’autorité de directeurs médicaux avant le XIX e siècle donne à penser que les membres de la «profession médicale» formulaient déjà l’hypothèse du modèle morbide de l’alcoolisme. Néanmoins, le traitement reçu dans les établissements différait peu de celui qui était administré dans les prisons, et les deux sembleraient cruels en regard des normes actuelles. Les asiles et les établissements ouverts au XIXe siècle en Amérique du Nord pour assurer un traitement progressiste et humain étaient devenus au milieu des années 1950 des baraquements inhumains pour ceux chez qui le traitement avait échoué complètement ou presque.
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Les troubles de personnalité restent ceux qui répondent le plus mal aux interventions thérapeutiques existantes. |
De nouvelles interventions pratiquées par des psychiatres, des psychologues, des travailleurs sociaux psychiatriques et d’autres psychothérapeutes jouent un rôle tout aussi important dans le traitement des troubles mentaux et des problèmes connexes moins graves. Ces interventions relèvent entre autres du domaine de la thérapie de comportement, de la thérapie cognitive, de l’intervention en situation de crise, de la thérapie conjugale ou familiale, et de la thérapie de groupe ou interpersonnelle. Toutes jouent un rôle utile dans le traitement efficace des troubles psychiatriques et psychologiques, ou des problèmes d’abus de substances.
La consommation d’alcool, et sa relation avec la dépression, représente une importante préoccupation pour les professionnels de la santé. Les liens entre le suicide, la dépression, l’alcool et les autres substances sont aussi généralement reconnus. Les troubles mentaux comme la schizophrénie, l’anxiété et les troubles de personnalité ont également été mis en corrélation avec la consommation de substances, laquelle serait alors un facteur prédisposant ou précipitant (Rowe, 1989). La mesure dans laquelle l’usage de substances intervient dans le déséquilibre mental continue d’être débattue. Cependant, quiconque travaille ou vit avec des alcooliques ou toxicomanes sait que l’anxiété, la dépression, les troubles de contrôle des impulsions, et les comportements paranoïaques et antisociaux sont associés à l’usage de substances.
Certains programmes de traitement d’abus de substances ont toujours été offerts à l’intérieur d’établissements psychiatriques. C’est parce que selon le système de diagnostic psychiatrique, de nombreuses formes d’usage de substances constituent un problème en soi, ou font partie du tableau clinique d’autres troubles. Si un diagnostic multiple est posé, certaines personnes qui font une consommation excessive d’alcool et de drogue peuvent être classées comme des patients psychiatriques. Des professionnels de la santé dans des
établissements psychiatriques s’intéressent à la toxicomanie et possèdent une formation pertinente, et dans certaines régions les services de traitement sont combinés afin de permettre des économies au chapitre des ressources budgétaires et autres.
Certaines personnes qui font un usage excessif d’alcool ou de drogue sont traitées dans des hôpitaux généraux, souvent sous le couvert d’obscurs diagnostics, pour leur éviter l’étiquette honteuse d’alcooliques ou de toxicomanes, ou le centre de désintoxication. C’est là un exemple de nos attitudes contradictoires à propos de la légitimité des services de traitement extra-hospitaliers, et de l’usage de substances psychotropes comme problème de santé.
Le problème de la honte a subsisté durant toute l’évolution des deux domaines. Les attitudes punitives ont eu pour conséquence que moins de ressources de qualité ont été affectées aux programmes et aux établissements de traitement de l’alcoolisme et de la toxicomanie qu’au traitement des maladies qui suscitent plus de sympathie, comme le cancer et les maladies cardiaques.
La santé mentale dans le sens de bien-être plutôt que d’absence de maladie mentale est un concept relativement nouveau. Dans les annales médicales, on s’est généralement borné à identifier les individus aux prises avec différents troubles affectifs et mentaux. Le domaine médical a fréquemment eu recours à la méthode quantitative des statistiques de morbidité et de mortalité pour fixer les priorités des programmes de traitement et de prévention axés sur la recherche. La recherche sur les déterminants de la santé plutôt que sur la «maladie» était considérée comme étant trop subjective et qualitative. Parce que l’intérêt pour la prévention a augmenté au cours des 25 dernières années et que les coûts des soins médicaux traditionnels deviennent insoutenables, des solutions de rechange sont désormais sérieusement envisagées. Nous en savons plus sur les problèmes d’usage de substances et les problèmes de santé mentale que sur la promotion de la santé ou la manière dont les gens réussissent à être et à
rester en santé. Nous savons peu de choses de la consommation responsable de substances, et de la façon dont elle peut être enseignée. L’emploi même de l’expression «consommation responsable de substances» est jusqu’à un certain point controversé.
L’Usage même de l’expression «consommation responsable de substances» est jusqu’à un certain point controversé. |
Les lois et les coutumes doivent être prises en compte dans la relation entre l’usage de substances et la santé mentale. Qu’on songe à quel point le comportement violent d’une personne peut être excusé lorsque cette personne est en état d’ébriété. Cette question continue d’être débattue devant les tribunaux canadiens. L’âge requis pour acheter du tabac et de l’alcool au Canada a été maintes fois modifié au cours des 25 dernières années pour tenir compte des attitudes changeantes au sujet de ces substances et de leur usage par les jeunes. Des religions interdisent l’usage de drogues particulières et ont influencé les attitudes culturelles et les lois régissant les substances en question dans certains pays.
Les coutumes et les lois sont rarement cohérentes ou logiques en matière de drogues et de santé mentale. La science et l’opinion publique se heurtent souvent, et on ne s’entend pas toujours entre les domaines de l’usage de substances et de la santé mentale. Les scientifiques de la santé et les groupes communautaires diffèrent d’opinion sur la nature ou le degré de consommation qui peut être bénéfique ou nocif pour la santé mentale. Ces questions sont complexes et suscitent toutes sortes d’émotions. La liberté de choix des individus, les normes sociales de comportement, les théories scientifiques versus les faits scientifiques, et la diversité religieuse et culturelle conduisent toutes à des attitudes et à des pratiques incohérentes et déroutantes.
Notre compréhension de la santé mentale et de l’usage de substances a
considérablement changé au cours du XX e siècle. Le rôle de la génétique et des influences biochimiques dans les deux domaines est mieux compris aujourd’hui. Le traitement des troubles dans l’un et l’autre de ces domaines a été humanisé. Les lois contre la conduite avec facultés affaiblies et la certification psychiatrique des personnes considérées comme dangereuses pour elles-mêmes ou autrui sont des exemples de mesures législatives adoptées pour protéger les citoyens. Les personnes aux prises avec des troubles mentaux ou des problèmes de consommation ont accès à des centres de traitement sûrs où des professionnels compétents ont recours à des méthodes thérapeutiques efficaces qui favorisent des résultats positifs. Mais le plus important, c’est que les services thérapeutiques misent aujourd’hui sur la prévention au lieu de se concentrer uniquement sur la maladie, et s’efforcent de favoriser une consommation responsable et une santé mentale positive. Néanmoins, il reste encore beaucoup
à apprendre.
Le traitement des troubles dans l’un et l’autre de ces domaines a été humanisé. |
L’usage de substances et la santé mentale sont interdépendantes. De plus, leur imbrication dans l’opinion publique, l’action gouvernementale, la promotion de la santé ainsi que la prévention et le traitement de la maladie, fait en sorte qu’elles doivent être considérées conjointement. Toutefois, avant d’examiner les liens entre l’usage de substances et la santé mentale, des aspects uniques à chacun de ces domaines doivent être compris.
3 L’ouvrage de Richard Restak cité dans la bibliographie traite plus en détail de la distinction entre esprit et cerveau.
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Mise à jour : 2004-10-01 | ![]() |