Agence de santé publique du Canada / Public Health Agency of Canada
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Volume 17, No 2- 2000

 

 

Agence de santé publique du Canada

Recension de livre
The State of the World's Children 1996
Par Carol Bellamy

Oxford: Oxford University Press (pour l'UNICEF), 1996
ISBN 0-19-262747-3

L'auteur d'un récent éditorial dans une revue de santé publique traitant de l'incarcération des malades mentaux aux États-Unis a parlé de la désinstitutionnalisation de ces patients comme étant la plus grande expérience sociale ratée que l'Amérique du XXe siècle ait vécue. Ailleurs, des observateurs de la scène sociale ont qualifié notre incapacité d'éliminer la pauvreté de masse le plus grand échec du siècle sur le plan humanitaire. On ne trouvera pas de déclaration de ce genre dans le récent rapport de l'UNICEF, The State of the World's Children 1996. Au contraire, malgré des détails extrêmement dérangeants sur la condition des enfants vivant dans des pays déchirés par la guerre, on rappelle que décrire cette réalité, «ce n'est pas céder au désespoir».

Le rapport est divisé en trois chapitres. Le premier traite des enfants de la guerre, le deuxième retrace la réponse apportée depuis 50 ans par l'UNICEF et la communauté internationale aux besoins des enfants, et le troisième présente des tableaux statistiques décrivant la situation sanitaire, sociale et économique de chaque pays.

La description détaillée de la façon dont les enfants sont affectés par la guerre est précédée de la réitération du principe fondamental énoncé dans la Charte des Nations Unies : «préserver les générations futures du fléau de la guerre». Les données fournies indiquent que durant la dernière décennie les conflits armés ont fait, chez les enfants, plus de deux millions de morts et entre quatre et cinq millions d'infirmes. Le nombre de décès parmi les enfants tend à augmenter dans les guerres modernes; cela s'explique, entre autres, par le fait que les populations civiles sont plus fréquemment visées, que la technologie permet de recruter des enfants soldats (apparemment, un enfant de 10 ans est capable de démonter et de remonter un AK-47) et que des enfants sont parfois envoyés comme «éclaireurs» dans les champs de mines. Dans 64 pays, on compte 110 millions de mines terrestres enfouies dans le sol et aucune loi internationale n'interdit la vente ou l'exportation de ces armes. Les dépenses militaires annuelles des pays industrialisés sont passées de 27 milliards de dollars US en 1960 à 121 milliards en 1991, et les hausses les plus marquées ont été enregistrées dans les pays les plus pauvres. Les cinq premiers fournisseurs d'armes au monde sont aussi les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies; on apprend également que la France a délogé les États-Unis au premier rang des fournisseurs d'armes en 1994.

Le deuxième chapitre trace l'historique de l'UNICEF, depuis l'établissement en 1946 d'un Fonds international des Nations Unies pour le secours à l'enfance, qui devint en 1953 le Fonds des Nations Unies pour l'enfance. Les années 1950 virent l'UNICEF se lancer dans des campagnes de masse visant à éliminer diverses maladies, notamment la tuberculose, le pian, le trachome, la lèpre et le paludisme. Les dix années suivantes, baptisées la décennie pour le développement, furent consacrées à «l'éradication de la pauvreté» à l'échelle internationale. L'expérience acquise dans le cadre de ces initiatives nous a permis de comprendre qu'il fallait trouver de nouveaux moyens pour répondre aux besoins sanitaires fondamentaux.

En 1978, on adopta à Alma-Ata un objectif ambitieux : «la santé pour tous d'ici l'an 2000». Les années 1980 furent caractérisées par des campagnes pour la survie et le développement des enfants faisant appel à des méthodes simples et bon marché. La surveillance de la croissance, la réhydratation orale, l'allaitement maternel et la vaccination constituèrent les éléments clés de la stratégie adoptée. On estime que cette approche a permis de sauver, en une décennie, plus de 10 millions d'enfants. À partir des années 1990, l'accent fut mis sur les droits des enfants. La tenue du Sommet mondial pour les enfants et l'adoption de la Convention des Nations Unies relatives aux droits de l'enfant ont servi à consolider la place des enfants dans les débats politiques mondiaux.

Les taux de mortalité chez les enfants de moins de cinq ans ont beaucoup diminué au cours des 50 dernières années. Le nombre total d'enfants qui n'atteignent pas leur cinquième anniversaire est aussi en diminution constante, sauf en Afrique subsaharienne. Dans de nombreux pays en développement, les taux de vaccination des enfants ont augmenté de façon remarquable, passant d'environ 15 pour cent au début des années 1980 à plus de 60 pour cent aujourd'hui. En 1995, 146 pays n'ont déclaré aucun cas de poliomyélite durant au moins un an. D'un autre côté, plus de 12 millions d'enfants meurent chaque année dans les «urgences silencieuses» de maladies évitables et de malnutrition. L'effondrement de la structure politique dans divers pays a poussé des nations entières dans des situations d'anarchie quasi totale. De toute évidence, on a bien peu de raisons de croire que la situation des enfants dans de nombreuses régions du monde s'améliorera dans un avenir rapproché.

Le dernier chapitre du rapport de l'UNICEF contient des tableaux présentant des données sur la santé et diverses variables connexes pour 150 pays (ainsi que des données sommaires sur 40 autres pays moins populeux). Les pays sont classés selon le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans, indicateur que l'UNICEF utilise depuis maintenant plusieurs années au lieu du traditionnel «miroir social» qu'est le taux de mortalité infantile. On a choisi cet indice parce qu'il est plus global et moins restrictif que le taux de mortalité infantile, qui couvre une période d'un an seulement.

Le Canada se classe au douzième rang avec un taux de mortalité chez les moins de cinq ans de 8 pour 1 000 naissances vivantes, tandis que la Suède arrive première avec un taux de 5 pour 1 000. Les données présentées sont celles de 1994, mais au moment de la rédaction du rapport, Statistique Canada n'avait pas encore publié les données canadiennes sur la mortalité infantile pour cette année. Selon le rapport de l'UNICEF, le nombre de naissances au Canada en 1994 est de 435 000, soit 47 000 de plus qu'en 1993. Une vérification dans The State of the World's Children 1995 révèle un écart d'environ 10 000 naissances entre le chiffre du rapport de l'UNICEF et la fiche de Statistique Canada pour 1993. Il est clair que les données de l'UNICEF concernant le Canada sont des approximations plutôt que des chiffres réels (le rapport précise d'ailleurs que les données citées sont souvent estimatives). Cela pourra en étonner plusieurs, qui s'interrogeront peut-être sur la validité des chiffres estimatifs fournis pour certains des pays les moins développés, où les systèmes de collecte des données sanitaires sont déficients.

Bref, le rapport brosse un tableau parfois encourageant, parfois démoralisant de la situation des enfants dans le monde. Des progrès certains ont été réalisés au chapitre de la lutte contre les maladies et de la réduction de la mortalité infantile à l'échelle internationale au cours des dernières décennies. Par ailleurs, la situation actuelle des enfants de nombreux pays est désolante. Faut-il absolument lire ou posséder The State of the World's Children 1996? Le chapitre sur l'historique de l'UNICEF constitue une intéressante rétrospective sur les changements d'orientation adoptés en vue d'améliorer les conditions de vie des enfants du monde depuis la Deuxième Guerre mondiale. D'un autre côté, comme il s'agit d'une publication de l'UNICEF, on n'y fait aucunement écho aux critiques visant l'organisation et ses politiques, notamment en ce qui concerne les allégations de gestion financière douteuse. En dépit du caractère aléatoire des données estimatives, les tableaux statistiques fournissent la plus récente information sur la situation des enfants de chaque pays. Même si le consternant chapitre sur les enfants de la guerre accentue le sentiment d'impuissance que ressent inévitablement le lecteur, il faut lire ce rapport puisqu'il décrit une réalité cruciale du monde d'aujourd'hui.

Évaluation générale : Très bonne


Points forts :
Traite d'un sujet important Fait autorité en la matière
Fournit les plus récentes données sur la santé pour tous les pays

Points faibles :
Présente un point de vue limité, celui de l'UNICEF

Lecteurs :
Lecture grand public, s'adressant particulièrement à ceux qui s'intéressent aux questions internationales et à la santé des enfants

K.S. Joseph
Bureau de la santé génésique et de la santé des enfants
Laboratoire de lutte contre la maladie
Santé Canada, Pré Tunney
Indice de l'adresse : 0601E2
Ottawa (Ontario) K1A 0L2

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Dernière mise à jour : 2002-10-29 début