Agence de santé publique du Canada / Public Health Agency of Canada
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Volume 16, No 3- 1996

 

 

Agence de santé publique du Canada


Atelier conjoint sur le travail de laboratoire associé à un éventuel essai de dépistage du cancer de la prostate


 

Introduction

Isra Levy

De plus en plus, l'on reconnaît que le cancer de la prostate constitue un important problème de santé publique. Il s'agit actuellement de la forme de cancer non cutané nouvellement diagnostiqué la plus répandue dans la population masculine au Canada et de la deuxième cause de mortalité par cancer 1. Comme il n'existe pour l'heure aucune stratégie de santé publique susceptible de prévenir les tumeurs prostatiques, le recours à des techniques qui permettraient de détecter le phénomène à un stade précoce apparaît comme le moyen d'intervention le plus prometteur. Théoriquement, les interventions thérapeutiques plus précoces entraîneront une diminution de la mortalité et de la morbidité associées à cette affection.

Le dosage de l'antigène prostatique spécifique (APS) peut être un moyen efficace de surveillance d'un cancer de la prostate diagnostiqué. Par contre, son utilisation à des fins de dépistage est controversée. Bien que l'on possède suffisamment de données indiquant que le dosage de l'APS permet de détecter la tumeur prostatique à un stade précoce, on ne peut, faute de preuves suffisantes, conclure que ce dépistage a pour effet de réduire la mortalité. De plus, les torts que pourraient causer la surdétection, les résultats faussement positifs et faussement négatifs pourraient bien l'emporter sur les avantages à tirer de cette intervention.

En mars 1994, un atelier canadien sur le dépistage du cancer de la prostate était tenu à Québec. Les participants avaient alors recommandé entre autres que l'on envisage de réaliser au Canada un essai de dépistage en vue d'évaluer le dosage de l'APS et que l'on évite de systématiser le dépistage sauf dans le contexte d'un tel essai 2 . à l'issue de l'atelier, l'Association canadienne d'urologie révisait sa recommandation antérieure, à savoir un dépistage annuel par dosage de l'APS pour tous les hommes âgés de 50 à 70 ans. Elle recommande actuellement que le dépistage dans la population masculine ne se fasse que dans le contexte d'un essai de dépistage 3 .

L'Institut national du cancer du Canada, la Société canadienne du cancer 4 et le Groupe d'étude canadien sur l'examen médical périodique 5 ont aussi conclu à la nécessité de prévoir un tel essai. C'est d'ailleurs une mesure que l'on envisage d'adopter au Canada et qui est d'autant plus importante parce que, selon certaines études 6 , le dosage de l'APS est de plus en plus utilisé aux fins du dépistage.

Un atelier conjoint sur le travail de laboratoire associé à un éventuel essai national de dépistage du cancer de la prostate par dosage de l'antigène prostatique spécifique a eu lieu à Ottawa les 28 et 29 janvier 1995. L'atelier était parrainé par Santé Canada (par le biais du Laboratoire de lutte contre la maladie et le Programme national de recherche et de développement en matière de santé) et l'Institut national du cancer du Canada.

Vingt-six représentants du Canada, des États-Unis et d'Europe se sont alors réunis pour discuter des options offertes en ce qui concerne le dosage de l'APS et les banques de tissus (voir la liste des participants). Les personnes ont ÉtÉ choisies pour leur expÉrience et leur compÉtence dans les domaines suivants : biochimie de l'APS, biologie molÉculaire du cancer de la prostate, organisation et administration des banques de tissus et conception d'essais de dÉpistage du cancer de la prostate.

Références (Introduction)

1. Institut national du cancer du Canada. Statistiques canadiennes sur le cancer, 1995. Toronto (Ont): INCC, 1995.

2. Fradet V, Meyer F. Canadian workshop on screening for prostate cancer proceedings. Can J Oncol 1994;4 (Suppl 1):1.

3. Canadian Urological Association. Early detection of prostate cancer. Canadian Urological Association-position statement. Winnipeg, 1994.

4. Société canadienne du cancer. Minutes of National Board of Directors Meeting, October 15-16, 1994. Et: Institut national du cancer du Canada. Minutes of National Board of Directors Meeting, October 21-22, 1994. Toronto (Ont).

5. Feightner JW. Dépistage du cancer de la prostate. Dans: Groupe d'étude canadien sur l'examen médical périodique. Guide canadien de médecine clinique préventive. Ottawa: Ministre des Approvisionnements et des Services, 1994; Santé Canada Cat H21-117/1994F.

6. Levy I. Prostate cancer: the epidemiologic perspective. Can J Oncol 1994;4 (Suppl 1):4-7.

Références des auteurs

Isra Levy, Conseiller médical, Laboratoire de lutte contre la maladie, Santé Canada, Pré Tunney, Localisateur postal : 0601E2, Ottawa (Ontario) K1A 0L2

Note : Il s'agit de l'auteur responsable du rapport complet de l'atelier. Les affiliations des autres auteurs des parties I et II sont indiquées dans la liste des participants à la fin de l'Introduction.

Participants

Dr. Peter Bunting (Chef, Laboratoire des marquers tumoraux, Sunnybrook Health Science Centre); Dr. Mario Chevrette (Département de biochimie, Université d'Ottawa); M. Andrew Coldman (Chef, Section de biométrie, Division d'épidémiologie, de biométrie et d'oncologie professionnelle, British Columbia Cancer Agency); Dr. Thomas Dembinski (Division de biologie médicale et d'anatomo-pathologie, Winnipeg Health Science Centre); Dr. Paul Desjardins (Chef, Division de biologie médicale et d'anatomo-pathologie, Winnipeg Health Science Centre); Dr. Janice Dodd (Département de physiologie, University of Manitoba); Dr. Yves Fradet (Président, Groupe canadien d'oncologie urologique, Centre de recherche en cancérologie, Université Laval); M. Richard Gallagher (Chef, Section de l'épidemiologie, Division de l'épidemiologie, de biométrie et d'oncologie professionnelle, British Columbia Cancer Agency); M me Laurie Gibbons (Analyste principal, Division du cancer, Laboratoire de lutte contre la maladie, Santé Canada); Dr. Vivek Goel (Scientifique, Institute for Clinical Evaluative Sciences); Dr. Jo Hauser (Programme national de recherche et de développement en matière de santé, Santé Canada); Dr. Susan Hilsenbeck (Département de médecine/d'oncologie médicale, University of Texas); Dr. Elizabeth Kaegi (Directrice, Questions médicale et lutte contre le cancer, Institut national du cancer du Canada); Dr. Russell Lebovitz (Département d'anatomo-pathologie, Baylor College of Medicine, Texas); Dr. Jean LeRiche (Chef, Département de biologie médicale, British Columbia Cancer Agency); Dr. Isra Levy (Conseiller médical, Laboratoire de lutte contre la maladie, Santé Canada); Dr. Joan Lindsay (Chef, Division des maladies liées au vieillissement, Laboratoire de lutte contre la maladie, Santé Canada); Dr. Jacques Massé (Département de biochimie, Hôpital Sainte-Sacrement); Dr. Robert J. Matusik (Département de physiologie, University of Manitoba); Dr François Meyer (Professeur, Département de médecine sociale et préventive, Université Laval); Dr. Anthony B Miller (Professeur et Titulaire d'une chaire, Département de médecine préventive et de biostatistique, University of Toronto); Dr. Steven Narod (Professeur adjoint, Département de génétique médicale, McGill University); Dr. Fritz H. Schröder (Professeur, Département d'urologie, Erasmus University and Academic Hospital); Dr. David Seccombe (Département d'anatomo-pathologie, Vancouver General Hospital); Dr. Donald Wigle (Directeur, Bureau de l'épidémiologie des maladies chroniques, Laboratoire de lutte contre la maladie, Santé Canada); Dr. James Wu (ARUP, University of Utah)


Partie I. Le dosage de l'antigène prostatique spécifique

Thomas Dembinski, Richard Gallagher, Vivek Goel et Isra Levy

Atelier (Partie I) - Objectif et méthode

Dans la première partie de cet atelier, les participants devaient se pencher sur la controverse qui entoure actuellement la lutte contre le cancer de la prostate par le dosage de l'antigène prostatique spécifique (APS) effectué en laboratoire. Les questions au coeur de cette controverse ont un rapport direct avec la planification d'un essai destiné à évaluer le recours au dosage de l'APS comme instrument de lutte contre le cancer par rapport aux méthodes actuellement utilisées en biochimie clinique.

Des questions détaillées et ciblées ont été préparées et distribuées aux participants avant la tenue de l'atelier. Au cours de la réunion, les discussions ont porté précisément sur les questions soulevées dans la documentation, et les participants ont été invités à s'entendre sur les stratégies qu'il conviendrait de mettre en place pour l'utilisation d'épreuves uniformisées de détection de l'APS dans un cadre clinique ou dans le contexte de la recherche.

Les fabricants de trousses commerciales de dosage de l'APS n'ont pas été invités à prendre part aux discussions tenues lors de l'atelier. En revanche, chacune des six entreprises qui produisent des tests de détection de l'APS pour le marché canadien s'est vue remettre une liste-type de questions scientifiques précises et devait y répondre dans un délai prescrit. Cinq des six entreprises ont répondu à l'invitation et une autre, qui n'avait pas été approchée, a également fourni des données en prévision de la mise en marché de son produit. Toutes les réponses ont été regroupées avant la réunion et présentées à chaque participant dans la documentation qu'il devait étudier avant l'atelier (voir l'Annexe A). Les discussions lors de l'atelier ont porté directement sur ces questions.

Le dosage de l'APS

On sait qu'il existe des différences entre les tests de détection de l'APS, pour ce qui est de leur capacité de déceler les deux principales formes d'APS (antigènes liés à des protéines et antigènes non liés ou libres) présents dans le sérum 1-10. Ces formes d'APS pourraient servir à distinguer les affections prostatiques bénignes des atteintes malignes, et les deux contribuent au résultat final du dosage de l'APS. En outre, la présentation des tests, leur cinétique, leur uniformisation et la spécificité et l'affinité des anticorps pour l'APS sont variables d'une épreuve à l'autre. De plus, tous les produits présentent des différences d'un lot à l'autre. Les fabricants de tests ont tenté d'apporter de légères modifications sur le plan de l'uniformisation des tests pour se conformer à une norme de marché, mais il n'existe actuellement aucun «étalon d'or» généralement reconnu, comme une préparation de référence internationale pour le dosage des APS liés ou non liés à des protéines.

Dans le contexte d'un essai de dépistage, l'utilisation d'un seul produit dans les divers centres qui pratiquent les tests contribuerait à réduire les écarts dans la méthode d'analyse. Par contre, le recours à des produits différents tient implicitement compte de la réalité actuellement vécue en pratique clinique, où les échantillons prélevés chez des sujets peuvent être soumis à divers laboratoires, les résultats étant jugés comparables par les médecins traitants. Certaines études ont montré une bonne corrélation entre les tests couramment utilisés, bien qu'ils ne soient pas identiques.

Les participants à l'atelier se sont penchés sur l'utilisation de la concentration d'APS dans la première phase d'un essai multicentrique. La plupart se sont prononcés contre cette mesure étant donné que le protocole ne prévoit pas le recours à l'échographie transrectale, qui est nécessaire à la détermination de la concentration.

Il a également été question de la possibilité d'inclure dans l'étude le calcul de la vitesse d'élévation du taux d'APS; toutefois, la plupart des études déjà réalisées sur la question prévoyaient des intervalles d'un an entre les dépistages. Dans le contexte d'un essai où le protocole prévoit des intervalles de deux ans, on ne possède pas suffisamment de données sur la vélocité observée à des intervalles plus longs pour recommander cette mesure. De plus, les écarts dans les taux d'APS chez un même individu étaient considérables (dans une étude, ils pouvaient atteindre 30 %)11 , ce qui milite contre l'utilisation du critère de référence recommandé, qui est de 0,75 ng par an.

Il a été question de l'utilisation d'un seuil par âge pour l'APS au lieu de la norme de 4 ng/mL. On a cependant conclu que cette approche compliquerait l'application d'un protocole et pourrait en outre se traduire par une augmentation du nombre de cancers non décelés chez les sujets plus âgés. Aucune recommandation n'a été faite en faveur de l'utilisation de taux normalisés selon l'âge.

Les participants à l'atelier ont recommandé toutefois que les responsables des essais au Canada revoient les données pilotes tirées de l'essai réalisé en Europe pour déterminer s'il y aurait lieu d'abaisser le seuil critique d'APS de 4 ng/mL à 2. Les données préliminaires européennes indiquent que, si les sujets affichant un taux de 2,0 à 4,0 ng sont soumis à un toucher rectal qui met en évidence une anomalie, une biopsie donne la même proportion de résultats positifs chez les sujets qui présentent une anomalie que chez ceux dont le taux d'APS est de 4 ou plus. Une telle stratégie pourrait réduire le nombre de résultats faussement négatifs associés à l'utilisation d'un seuil de 4 ng/mL.

Les participants ont cherché à déterminer si des facteurs présents avant l'analyse, par exemple, une activité physique récente, une éjaculation récente, une intervention chirurgicale récente, une prostatite ou une hypertrophie prostatique bénigne pouvaient être associés à des taux d'APS atypiques et ne devraient pas être évalués. On ne dispose pas actuellement de données suffisantes pour apprécier convenablement l'effet de ces facteurs, mais on a recommandé de recueillir dans l'essai de dépistage des données sur les interventions chirurgicales récentes, la prostatite ou l'hypertrophie prostatique bénigne au moyen d'un questionnaire rempli au moment des analyses de sang. Ces facteurs ne doivent pas être considérés comme des critères d'exclusion.

En résumé, les points suivants sont ressortis des discussions.

  • Toutes les entreprises sont actuellement en voie de modifier ou de remplacer leurs tests, tant en raison des innovations technologiques que dans le but d'uniformiser ces tests afin qu'ils répondent aux «normes» actuelles du marché.

  • Il n'existe en ce moment, pour le dosage de l'APS, aucune préparation de référence reconnue à l'échelle nationale ou internationale.

  • Une étude (le National Prostate Cancer Detection Project de l'American Cancer Society) a déjà été effectuée sur les tests actuellement sur le marché utilisés dans des lieux éloignés. Cette étude a montré que différentes préparations servant au dosage de l'APS donnent des résultats comparables.

Ainsi, même s'il serait raisonnable et prudent d'uniformiser la technique utilisée, il n'existe actuellement aucune raison scientifique probante qui justifie l'adoption d'un test unique pour le dosage de l'APS dans un contexte clinique ou dans le cadre de la recherche. Les tests actuellement offerts sur le marché et utilisés dans des établissements locaux conviennent aux études multicentriques, à condition que l'on mette en place des mesures de contrôle de la qualité qui permettent de comparer les divers centres, que l'on stocke le sérum pour des études rétrospectives ultérieures et qu'un étalon uniforme (qui fait appel aux proportions connues d'APS liés et non liés) soit utilisé dans tous les centres. De plus, dans le contexte d'un dépistage de masse, les avantages à tirer de l'utilisation de mesures comme la concentration d'APS, la vitesse d'élévation du taux d'APS ou les seuils par âge n'ont pas été prouvés.

Nouvelles techniques

Les participants ont discuté brièvement des nouveaux types de tests actuellement introduits sur le marché pour le dosage de l'APS. Ces tests mesurent à la fois les APS liés et non liés aux protéines et possèdent une plus grande spécificité pour ce qui est de distinguer le cancer de la prostate de l'hypertrophie prostatique bénigne. Si l'on se fie aux résultats préliminaires de l'étude pilote réalisée en Europe auprès de 4 000 hommes ayant subi ce type de test, cette intervention pourrait permettre de réduire de 40 % les biopsies requises pour les tests couramment employés en ce moment. Les participants ont recommandé que les responsables des essais examinent ces options, mais ils ont fait remarquer que la fraction libre pourrait être moins stable que les fractions utilisées dans les tests normalisés.

La centralisation et la décentralisation des tests de laboratoire

Les participants se sont interrogés sur l'opportunité de recourir à un seul laboratoire canadien central ou à des laboratoires régionaux pour le dosage de l'APS dans le cadre d'un essai. Ils ont convenu que l'utilisation d'un laboratoire central peut présenter certains avantages sur le plan de l'uniformisation du test, avantages qui pourraient être contrebalancés par les difficultés posées par le traitement et le conditionnement du sérum et son transport au laboratoire central. Les participants ont conclu que, dans les premières phases de tout essai national, l'on aurait recours aux laboratoires locaux et aux tests qu'ils utilisent actuellement. C'est l'approche la plus simple sur le plan logistique, et il est possible d'en réévaluer la pertinence lors des premières phases d'un essai. Une décision finale doit être prise concernant le rapport coût-utilité, la banque de tissus biologiques et la conservation des échantillons. Entre-temps, il est essentiel d'adopter une norme de calibrage commun, et il incombe à un laboratoire central de fournir une telle norme.

Dans le contexte d'un essai national, les participants ont recommandé qu'un comité de l'APS, dont feraient partie des représentants de la Société canadienne des clinico-chimistes et les directeurs de laboratoire de chaque centre de recrutement, soit chargé de veiller au contrôle de la qualité et aux vérifications externes de la compétence et d'offrir en permanence des conseils concernant la méthode de calibrage la plus indiquée. D'ici à ce qu'une norme de référence internationale soit définie, les comparaisons entre les laboratoires peuvent être réalisées à partir d'un pool d'échantillons de sérum contenant différentes concentrations d'APS.

Protocole relatif à la manipulation du sang

Les participants ont reconnu que des éléments d'information sur la stabilité des APS dans le sérum font défaut. C'est pourquoi ils ont recommandé que l'on rédige, à la lumière des données les plus fiables qui existent actuellement, un protocole concernant la manipulation du sang, qui sera intégré au guide relatif à l'essai. Cette mesure aidera à faire en sorte que l'on dispose d'échantillons d'APS de qualité comparable au cours de l'essai.

Références (Partie I)

1. Cattini R, Robinson D, Gill O, et al. Measurement of prostate-specific antigen in serum using four different immunoassays. Eur J Clin Chem Clin Biochem 1994;32:181-5.

2. Wright G, Fritsche H. An evaluation of four commercially available immunoassays for measuring prostate specific antigen (PSA). Presenté à la XXII réunion de l'International Society for Oncodevelopmental Biology and Medicine; 1994 sept; Gronigen (Pays-Bas).

3. Vessella RL, Noteboom J, Lange PH. Evaluation of the abbott IMx automated immunoassay of prostate-specific antigen. Clin Chem 1992;38:2044-53.

4. Dnistrian AM, Schwartz MK, Smith CA, et al. Abbott IMx evaluated for assay of prostate-specific antigen in serum. Clin Chem 1992;38:2140-2.

5. Bluestein B, Zhou A, Tewari P, et al. Multi-site clinical evaluation of an automated chemiluminescent immunoassay for prostate specific antigen (ACS TM PSA). J Tumor Marker Oncol 1992;7:41-60.

6. Sampson M, Ruddel M, Elin RJ. Abbott IMx and immunoradiometric methods for prostatic specific antigen compared. Clin Chem 1992;38:R2527.

7. Wener MH, Daum P, Close B, et al. Method-to-method and lot-to-lot variation in assays for prostate-specific antigen. Am J Clin Pathol 1994;101:R2551.

8. Brawer MK, Wener MH, Daum PR, et al. Method to method variation in assays for prostate specific antigen [résumé]. J Urol 1994;151:450A.

9. Graves HCB. Standardization of immunoassays for prostate-specific antigen-a problem of prostate-specific antigen complexation or a problem of assay design? Cancer 1993;72(11):3141-4.

10. Zhou AM, Tewari PC, Bluestein BI, et al. Multiple forms of prostate-specific antigen in serum: differences in immunorecognition by monoclonal and polyclonal assays. Clin Chem 1993;39:2483-91.

11. Leventhal EK, Rozanski TA, Morey AF, et al. The effects of exercise and activity on serum prostate specific levels. J Urol 1993;150:893-7.

Annexe A

BIOCHIMIE : QUESTIONS EXAMINÉES LORS DE L'ATELIER

1. Les divers tests actuellement offerts sur le marché pour le dosage de l'APS donnent-ils des résultats comparables?

2. Devrait-on tenir compte d'autres facteurs (p. ex. l'âge, la concentration d'APS et la vitesse d'élévation du taux d'APS) au lieu de retenir un critère absolu?

3. Dans un essai de dépistage multicentrique, y a-t-il un argument probant justifiant que l'on utilise un seul test de dosage de l'APS pour l'ensemble de l'essai au lieu de se contenter du test déjà utilisé dans chaque centre?

4. Sur le plan logistique ou financier, y a-t-il des avantages ou des inconvénients associés à l'utilisation d'un quelconque test offert sur le marché (p. ex. le délai de réalisation des tests, les ressources humaines nécessaires, les difficultés techniques)?

5. Quels mécanismes devra-t-on mettre en place pour veiller au contrôle de la qualité et à l'uniformisation du travail fait dans les divers centres, qu'ils utilisent un ou plusieurs des tests offerts sur le marché?

6. Quels mécanismes peut-on mettre en place, dans le cadre d'un essai de dépistage, pour faire en sorte que les normes nouvellement admises en biochimie clinique soient rapidement intégrées à la réalisation de l'essai?


Partie II : Mise sur pied d'une banque de tissus biologiques

Isra Levy, Robert J. Matusik, Janice Dodd, Richard Gallagher et François Meyer

Introduction

La création de banques de tissus est une idée qui suscite un intérêt accru depuis quelques années. Ce phénomène tient au fait que ces banques peuvent servir à des recherches ultérieures dans le domaine de la lutte contre la maladie et que des liens peuvent être établis avec des banques de données démographiques et cliniques. Il semblerait souhaitable de stocker des tissus somatiques et, éventuellement (chez les sujets qui présentent un cancer), des tissus tumoraux prélevés chez des personnes participant à des études ou d'autres sujets. Les chercheurs auraient accès à ces banques pour leurs futurs travaux de recherche, qu'ils soient prévus ou non. En ce moment, l'Institut national du cancer du Canada est le seul organisme à appuyer ce genre de programmes en octroyant des subventions aux chercheurs universitaires dans diverses établissements au Canada.

Atelier (Partie II) - Objectif et méthode

La deuxième partie de cet atelier portait sur les questions qui se posent dans les recherches sur le cancer faisant appel aux banques de tissus biologiques. Ces questions, dont l'optimalisation des conditions de stockage, l'accès aux échantillons et la gestion générale des banques de tissus biologiques, présentent un intérêt pour la création de banques de tissus biologiques aux fins d'études cliniques et épidémiologiques en général.

Des questions détaillées et ciblées ont été préparées et distribuées aux participants avant la tenue de l'atelier (voir l'Annexe B). Au cours de la réunion, les discussions ont porté précisément sur les questions soulevées dans la documentation, et les participants ont été invités à s'entendre sur une série de recommandations concernant la mise sur pied d'une banque d'échantillons en tant qu'équipement d'infrastructure pour la recherche.

L'épidémiologie moléculaire implique l'utilisation de données obtenues à la suite de dosages faits à partir de liquides ou de tissus biologiques dans les études épidémiologiques classiques. Une banque d'échantillons biologiques se définit comme un système qui permet de stocker un ou de nombreux types d'échantillons biologiques devant être analysés ultérieurement dans des conditions qui permettent une localisation rapide et une stabilité optimale des échantillons 1.

Les discussions s'articulaient autour du stockage du sérum, du sang entier et des tissus prostatiques tumoraux. Les participants se sont également intéressés à des considérations pratiques, à savoir l'optimalisation des conditions de stockage, l'accès aux échantillons et la gestion d'une banque de tissus biologiques.

Les participants ont fait remarquer qu'une banque qui renferme du matériel biologique prélevé chez des sujets et couplé à des données sur les antécédents familiaux et médicaux des intéressés régulièrement mises à jour, ainsi qu'à des dossiers cliniques détaillés dans certains cas, faciliterait énormément les types d'études suivantes :

  • Estimation de la prévalence d'autres maladies

  • Évaluation de nouveaux marqueurs biologiques pour la détection précoce du cancer

  • Définition et évaluation des facteurs de risque génétiques ou environnementaux (études étiologiques)

  • Définition et évaluation des marqueurs génétiques et d'autres marqueurs pronostiques (études de l'histoire naturelle de la maladie)

Les participants ont jugé que la création d'une banque de sérums prélevés auprès de personnes participant à un essai de dépistage du cancer de la prostate s'imposait. La banque serait une source de données nationale accessible aux spécialistes des sciences fondamentales et pourrait être utilisée pour l'étude d'une foule de maladies autres que le cancer de la prostate. On a cependant fait remarquer que la quantité de tissus et les autres types de tissus stockés (p. ex. le sang entier, les échantillons de cancer de la prostate) dépendraient de considérations logistiques et financières.

Les participants ont discuté de la possibilité de prélever et de congeler du sang entier dans une solution contenant 10 % de sulfoxyde de diméthyle à une température de -80 o C. Théoriquement, une telle façon de procéder permettrait d'isoler à la fois l'ADN et l'ARN au moment de la décongélation. On pourrait alors amplifier l'ADN et l'ARN par la polymérase (PCR) et la PCR transcriptase inverse pour des études génétiques.

Les participants ont recommandé que l'on stocke le sérum pour protéger l'essai, ce qui permettrait des comparaisons rétrospectives si de nouvelles méthodes de détection biochimique étaient mises au point. Ils ont toutefois souligné que l'on ne possède pas données sur la stabilité à long terme de composés clés et qu'il y a lieu d'entreprendre dès maintenant des études sur la stabilité à long terme de l'APS stocké.

Il a été question de la possibilité de stocker les prélèvements biopsiques et les échantillons prélevés lors de prostatectomies que l'on possède déjà. Ce matériel pourrait être très utile dans le cadre d'études à venir sur les facteurs pronostiques. Les participants ont cependant reconnu que la collecte et le stockage de milliers d'échantillons posait des problèmes logistiques et financiers importants, et ils n'ont pas finalement recommandé une telle mesure.

Les participants ont, par contre, recommandé que les responsables de l'essai envisagent périodiquement la possibilité de recueillir et de stocker des prélèvements chirurgicaux faits auprès d'un échantillon d'hommes participant à l'essai qui présentent à un moment donné une tumeur prostatique. Cette collecte pourrait n'être faite que par les grands établissements urbains de soins tertiaires, où elle poserait relativement peu de problèmes logistiques. Le stockage des prélèvements biopsiques risquerait d'être plus difficile en raison de leur petite taille et de la nécessité de les utiliser à des fins diagnostiques.Dans le cas de la collecte des prélèvements chirurgicaux, le problème qui pourrait se poser tient au fait qu'à la suite de modifications apportées à la politique de traitement, dans un avenir prochain, beaucoup de patients auront été soumis à un traitement hormonal avant de subir une prostatectomie. Cette mesure pourrait avoir pour effet de diminuer la valeur des échantillons, de sorte que la collecte des échantillons dans les établissements de soins tertiaires ne concernerait sans doute que les sujets n'ayant pas reçu préalablement de traitement hormonal. Les participants ont reconnu que la collecte de prélèvements chirurgicaux ne pourrait probablement pas se faire au début d'un essai.

En résumé, il est à tout le moins essentiel de prélever des échantillons de sérum auprès de tous les sujets participant à un essai de dépistage du cancer de la prostate et de les stocker dans des installations conçues pour un entreposage prolongé. Dans la mesure du possible, les échantillons devraient être stockés dans deux lieux différents, en raison des risques possibles d'incendie, de panne électrique, etc. Ces installations devraient répondre aux normes de sécurité, être accessibles et gérés avec compétence. Une telle opération aurait pour objet de permettre des contrôles de la qualité des tests biochimiques de dosage de l'APS ainsi que des analyses rétrospectives à l'aide de nouveaux marqueurs ou tests qui seront offerts sur le marché et qui remplaceront l'APS. Le stockage d'échantillons dont on pourrait prélever l'ADN (p. ex. le sang entier traité au sulfoxyde de diméthyle) pourrait être un atout et entraînerait des coûts additionnels minimes.

Gestion

Comme il n'est pas toujours possible de déterminer l'usage qui sera fait ultérieurement des échantillons au moment du prélèvement, il est recommandé d'utiliser des formules de consentement au libellé le plus général possible. Le formulaire doit faire état d'un lien possible entre les échantillons et des bases de données cliniques. Il y aura lieu d'établir un protocole et des modalités d'accès à la banque. Ce protocole devrait comprendre les éléments suivants :

  • Le mode de présentation des demandes d'accès aux échantillons

  • Les critères régissant le choix des échantillons

  • Les politiques concernant la paternité des publications découlant de l'utilisation des échantillons

Il y a lieu d'encourager l'utilisation du matériel dans le cadre d'études pilotes sans cependant perdre de vue que le contenu d'une banque de tissus biologiques est une ressource non renouvelable. Il faudra en outre réduire au minimum le nombre de cycles de congélation et de décongélation des échantillons, de manière à éviter le plus possible la détérioration du matériel.

Un groupe d'experts en recherche sur le cancer de la prostate devrait, à titre de comité consultatif, donner son avis sur les projets qu'il juge très pertinents et sur ceux qu'il estime présenter moins d'intérêt. Les meilleurs échantillons pourraient ainsi être réservés aux études les plus importantes.

Les chercheurs qui souhaitent avoir accès à la banque devraient présenter une demande par écrit qui contiendrait les renseignements suivants :

  • Un aperçu des objectifs du projet

  • Une description des méthodes de travail et des tests devant être effectués

  • Une évaluation du nombre de sujets étudiés pour justifier le nombre d'échantillons demandés

Les données obtenues dans le cadre de ces recherches individuelles devraient être introduites dans la banque afin d'enrichir le corpus de données accessible aux futurs chercheurs.

Stockage

Chaque lieu/immeuble qui abrite une banque d'échantillons devrait être doté d'au moins un congélateur qui puisse maintenir une température de -70 o C et d'un ordinateur qui assure une surveillance des lieux 24 heures sur 24. Il y aura lieu de prévoir des modalités de réception et de contrôle, un programme d'assurance de la qualité et de la documentation sur le stockage de chaque échantillon ainsi que des politiques relatives à la collecte, à la durée du stockage et aux conditions de stockage.

Référence (Partie II)

1. Winn BM, Reichman ME, Gunter E. Epidemiologic issues in the design and use of biologic specimen banks. Epidemiol Rev 1990;12:56-70.

Annexe B
BANQUE DE TISSUS BIOLOGIQUES : QUESTIONS EXAMINÉES LORS DE L'ATELIER

1. À quelles fins pourrait servir une banque de tissus créée dans le cadre d'un essai? a) dans le domaine du cancer de la prostate b) dans d'autres secteurs de la recherche sur la santé

2. De quels tissus (p. ex. sérum, lymphocytes, ADN, tissus prostatiques tumoraux) aurait-on besoin à ces fins?

3. Quelles sont les conditions optimales/acceptables de transport de chacun des échantillons demandés à un laboratoire central ou régional?

4. Quelles sont les conditions optimales de stockage de chacun des échantillons demandés?

5. Y a-t-il des considérations particulières liées au stockage du matériel biologique dont on doit tenir compte à l'étape initiale du consentement?

6. Quels devraient être les critères d'accès, pour des chercheurs intéressés, aux tissus stockés en banque?

7. Comment devrait-on procéder pour évaluer l'efficacité des banques de tissus biologiques ainsi que la pertinence et les conséquences de leur utilisation?

Dernière mise à jour : 2002-10-29 début