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Dans ce numéro

  Office de la santé publique du Canada

Le Bulletin du SCHIRPTSyst?me canadien hospitalier d'information et de recherche en prévention des traumatismes
Numéro 13
mars 1998

La tempête multiplie les cas d'intoxication oxycarbonée

par Rob Brison, Kathy Bowes et Lisa Hartling, Kingston and Region Injury Surveillance Program

Les effets dévastateurs de la tempête de verglas qui a frappé l'Est canadien en janvier dernier ont été pleinement ressentis par un certain nombre de centres du SCHIRPT de l'Est de l'Ontario et du Québec. Ceux et celles d'entre nous qui ont été témoins de la vie dans les hôpitaux, les urgences et les refuges de fortune durant le sinistre ont beaucoup appris sur les aspects efficaces et moins efficaces des plans de mesures d'urgence en vigueur dans leur collectivité. Malgré les ravages qu'elle a faits, la tempête nous a permis d'observer avec quelle force et quelle volonté les gens se sont portés au secours de ceux qui étaient dans le besoin.

Ce sinistre met en évidence toute la valeur du programme du SCHIRPT lorsqu'il s'agit d'établir le profil de certains types de blessures. Grâce au SCHIRPT, nous pouvons facilement établir le profil de certains types de blessures au sein des collectivités sinistrées. Durant la tempête, le personnel des urgences de nos hôpitaux a traité des blessures qu'il ne voit généralement pas en si grand nombre. Nous présentons ici nos premières observations sur les cas d'intoxication à l'oxyde de carbone qui se sont déclarés à Kingston durant la tempête et pendant toute la durée de la panne d'électricité. Au cours des semaines à venir, nous prévoyons examiner en profondeur les blessures résultant de la tempête de verglas.

La région de Kingston, qui compte environ 160 000 habitants, est desservie par deux hôpitaux, le Kingston General Hospital et l'Hôtel-Dieu. Plus des trois quarts de la population de cette région ont été privés d'électricité pendant au moins deux jours et, dans certains cas, beaucoup plus longtemps. Les dossiers du SCHIRPT utilisés pour les besoins du présent rapport datent du 8 au 15 janvier.

Les symptômes aspécifiques de l'intoxication oxycarbonée se confondent facilement avec ceux de la grippe : nausées, étourdissements, fatigue, maux de tête et essoufflement bénin. Toutefois, c'est en discutant avec les patients pendant cette période que nous avons rapidement compris qu'ils avaient installé des génératrices au sous-sol de leur maison ou qu'ils s'éclairaient ou se chauffaient au kérosène. Ce sont ces indications qui nous ont mis la puce à l'oreille!

Pendant toute la semaine qu'a duré la tempête, nous avons diagnostiqué 28 cas d'intoxication oxycarbonée non intentionnelle. (Nous n'en avions relevé que 21 au cours des quatre années précédentes, dont certains étaient délibérés.) Une personne âgée est décédée, un patient a fait une crise cardiaque par suite d'une exposition à l'oxyde de carbone et deux autres ont été transférés à Toronto pour subir des traitements d'oxygénothérapie dans une chambre de recompression. (Nous avons recommandé ce traitement à d'autres patients souffrant d'intoxication grave, mais ils l'ont refusé.)

Le tableau ci-dessous présente les différentes sources d'oxyde de carbone. Notons que le gaz naturel produit peu d'oxyde de carbone; c'est pourquoi les familles qui disposaient d'un foyer ou d'une cuisinière à gaz pouvaient réchauffer partiellement leur logement ou cuisiner sans danger. À mesure que les jours avançaient, il devenait plus facile de distinguer les gens qui disposaient aussi d'un chauffe eau au gaz et qui pouvaient se permettre de prendre une douche!

Le niveau de toxicité était faible chez la plupart des patients; le personnel de l'urgence leur a donc administré une forte concentration d'oxygène avant de leur donner leur congé. Il est aussi probable que bien d'autres personnes ont ressenti les symptômes associés à l'intoxication oxycarbonée et qu'elles aient tout simplement éliminé la source du danger sans s'adresser à l'urgence. Les avertissements diffusés par les médias dès les premiers jours de la tempête ont peut-être contribué à alerter ces personnes au sujet des risques d'intoxication.

Les données que nous avons recueillies sur les intoxications oxycarbonées durant la tempête nous permettent de proposer des moyens d'éviter que des cas semblables se reproduisent. Les génératrices constituaient la principale source d'oxyde de carbone et la plupart des gens croyaient que le fait d'installer leur génératrice dans le garage ou d'ouvrir les fenêtres du sous-sol permettrait d'obtenir une bonne ventilation des gaz. Cependant, les génératrices servaient en majorité à alimenter un four, ce qui a pour effet de faire entrer l'air par les fenêtres ou les portes ouvertes transportant les effluents gazeux à l'intérieur de la maison.

Recommandations

  1. Les gens qui comptent se servir d'une génératrice en cas de sinistre doivent savoir que ces appareils ne sont sûrs que s'ils sont installés à l'extérieur. C'est aux médias et aux commerçants qui louent ou vendent des génératrices que devrait revenir la responsabilité d'informer les gens à ce sujet.
  2. Si les propriétaires de ces précieux appareils les gardent à l'intérieur, c'est souvent qu'ils ont peur de se les faire voler. Les commerçants et les entreprises de location devraient fournir des chaînes munies d'un cadenas.
  3. Les gens devraient aussi savoir que les briquettes de charbon sont une importante source d'oxyde de carbone. Les fabricants devraient être tenus d'imprimer sur leurs emballages un avertissement en gros caractères sur les risques d'intoxication oxycarbonée.
  4. Les détecteurs d'oxyde de carbone qui fonctionnent à l'électricité, tout comme les détecteurs de fumée du même genre, ne sont pas très utiles lors de pannes de courant alors que c'est bien dans ces moments qu'ils devraient fonctionner. Nous devrions regrouper nos données du SCHIRPT afin de convaincre les fabricants de ne produire que des détecteurs qui fonctionnent à piles. (Une famille s'est présentée à l'urgence lorsque le détecteur d'oxyde de carbone s'est mis à sonner... au moment du rétablissement du courant!)
  5. Il est clair que les médias se doivent de prévenir le public des comportements à risque élevé pouvant mener à une intoxication oxycarbonée. Dans leur plan de mesures d'urgence, les municipalités devraient prévoir la production d'une brochure décrivant les causes les plus répandues de ce type d'intoxication. Cette brochure serait distribuée aux médias dès l'annonce d'une tempête. L'information devrait être diffusée sur les ondes ou paraître dans les journaux de façon répétitive au cours de la tempête.
  6. Enfin, les intervenants dans le domaine de la prévention des blessures devraient porter ces recommandations à l'attention des planificateurs d'urgence, notamment les administrateurs d'hôpitaux et les gouvernements municipaux.

Le plus désolant, c'est que la plupart de nos observations n'ont rien de nouveau. Des petites épidémies d'intoxications oxycarbonées lors de tempêtes hivernales ou d'autres sinistres provoquant des pannes de courant ont été documentées partout dans le monde. Nous aurions dû savoir tout cela et, si les recommandations susmentionnées avaient déjà été intégrées à nos plans régionaux de mesures d'urgence, certaines de ces blessures auraient pu être évitées. Chacun et chacune d'entre nous devraient s'assurer que sa municipalité tient compte de cette information afin de limiter le nombre d'intoxications de ce type à l'avenir.

Source d'oxyde de carbone

Nombre
de patients

Gravité de l'intoxicationg
Génératrice au gaz

13

Taux généralement bas, atteignant moins de 10 % chez tous les patients sauf deux, qui affichaient des taux de 13 et 27 %
Briquettes de charbon

7

Taux modéré à élevé dans tous les cas : 16 %, 18 %, 19 %, 22 %, 27 %, 31 % et 36 %
Incendie

5

Taux inférieur à 5 % (non toxique)
Lanterne ou chaufferette
au kérosène

2

Intoxication bénigne : 9 % et 16 %
Chaufferette au propane

1

16%
Total

28

 

 

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Dernière mise à jour : 2001-02-16 début