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Rapport de surveillance de la santé des femmes

Agence de santé publique du Canada

Rapport de surveillance de la santé des femmes

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Résumé : Mise en commun

Marie DesMeules (Santé Canada), Arminée Kazanjian (Université de la Colombie-Britannique), Health McLean (Centre for Research in Women's Health), Jennifer Payne (Santé Canada), Donna Stewart (Université de Toronto), Bilkis Vissandjée (Université de Montréal)

Le but du Rapport de surveillance de la santé des femmes

Le présent Rapport de surveillance de la santé des femmes fait une analyse comparative entre les sexes et constitue la première étape de l'élaboration d'un système efficace et durable en matière de surveillance de la santé des femmes au Canada. Il identifie les lacunes essentielles dans les enquêtes nationales existantes, qui doivent être soulevées pour avoir un système efficace de surveillance de la santé des femmes. Le rapport utilise également l'information de diverses bases de données nationales administratives et sur les enquêtes afin d'explorer les différences entre les sexes dans d'importants secteurs de la santé des femmes. Bien qu'on ait souvent considéré ces données comme étant « stériles » (elles ont été recueillies à d'autres fins et elles omettent en général une grande partie du contexte nécessaire pour l'analyse comparative entre les sexes), les auteurs du rapport y ont eu recours pour donner quelques aperçus des anomalies dans la répartition des déterminants de la santé, des comportements liés à la santé, des résultats cliniques et de l'utilisation des soins de santé chez les femmes canadiennes, et pour identifier les sous-groupes de femmes vulnérables.

Le présent rapport fournit un plan préliminaire pour surveiller les résultats cliniques, les comportements liés à la santé et d'autres questions sociales et économiques qui touchent la vie des femmes. Il vise une série de questions relatives à la santé qui ont vu le jour au cours des consultations nationales avec des experts en santé des femmes.

Plusieurs experts en santé des femmes, aux perspectives variées, se sont réunis pour rédiger le Rapport de surveillance de la santé des femmes. Les équipes d'experts ont préparé les ébauches des chapitres et ont consulté le Comité directeur de façon régulière. Une consultation externe « experte » plus large a eu lieu en octobre 2002. Cette collaboration continuera le long des étapes de diffusion et d'évaluation, tandis que les intervenants compétents travaillent ensemble pour créer un système de surveillance canadien global et efficace sur la santé des femmes.

Quelques messages clés : une perspective de portée générale

Plutôt que d'adopter une perspective de portée générale, le Rapport de surveillance de la santé des femmes présente de l'information sur une série de questions relatives à la santé. Ci-dessous, quelques messages clés du rapport concernant la qualité de vie, la santé des femmes canadiennes au cours de la vie et la santé des femmes plus vulnérables.

Qualité de vie

Les indicateurs utilisés dans ce rapport concernant la qualité de vie liée à la santé comprennent la santé auto-évaluée, les conditions chroniques auto-déclarées et l'espérance de vie ajustée selon l'état de santé (EVAS). Ce rapport appuie les associations bien connues entre le revenu, le niveau d'études, l'âge et la santé auto-évaluée. Au fur et à mesure que le revenu et le niveau d'études augmentent, les femmes deviennent plus susceptibles d'évaluer leur santé comme étant très bonne ou excellente. Le fait d'avoir un partenaire semble être également lié contribuer à une perception positive de la santé. Par ailleurs, les femmes de 65 ans et plus, celles qui ne sont pas nées au Canada et celles qui adoptent plusieurs comportements à risque sont moins susceptibles de déclarer une très bonne ou une excellente santé.

Chez tous les groupes d'âges, les femmes sont plus susceptibles que les hommes de déclarer des conditions chroniques, une comorbidité, et une invalidité sévère et modérée. Le revenu, le niveau d'études, le tabagisme et l'âge ne sont associés que de façon minime à la prévalence de l'invalidité déclarée. Toutefois, les femmes invalides sont plus susceptibles que les hommes invalides d'être célibataires avec des enfants à leur charge, d'avoir un faible revenu, d'être au chômage et d'avoir moins de soutien social tangible et encore moins d'interactions sociales positives. Dans le même ordre d'idées, les femmes invalides de plus de 45 ans étaient moins susceptibles que les hommes invalides d'être mariées.

Comparativement aux hommes, les femmes ont un revenu et un niveau d'études plus faibles et affichent deux fois plus de prévalence de la dépression. Toutes ces conditions sont étroitement associées aux déclarations de douleurs chroniques. De plus, les femmes et les hommes avec moins de soutien social déclarent plus souvent souffrir de douleurs.

Le chapitre sur la mortalité et l'espérance de vie des femmes canadiennes indique que les femmes affichent une plus grande espérance de vie ajustée selon la santé (EVAS) par rapport aux hommes (70,0 ans par rapport à 66,7 ans). Toutefois, la différence est réduite, lorsqu'on exclut les décès évitables (tels que ceux causés par le tabagisme) de l'analyse. Si les décès à la suite du tabagisme et l'invalidité ne cessent d'augmenter chez les femmes et de diminuer chez les hommes, l'écart entre les sexes pourrait encore diminuer.

Cycle de vie

Jeunes femmes

Les jeunes femmes représentent le sous-groupe le plus exposé aux risques pour la santé. La recherche montre que le taux de tabagisme est désormais plus élevé chez les jeunes femmes que chez les jeunes hommes, même qu'il ne cesse d'augmenter. Les jeunes femmes font partie des plus grandes consommatrices d'alcool, particulièrement celles dont l'âge se situe entre 20 et 24 ans. De plus, les adolescentes entre 15 et 19 ans courent le plus grand risque d'être anorexiques ou boulimiques, et sont plus susceptibles que les femmes de 45 ans plus de déclarer avoir été victimes de violence. La plus jeune cohorte de femmes affiche les taux les plus élevés en matière de violence non sévère et de violence psychologique.

Les adolescentes courent un risque biologique accrue de contracter la chlamydia et la gonorrhée, car leurs cellules vaginales sont encore en phase de développement et leur mucus cervical est plus facilement envahi par les bactéries responsables des maladies. En 2000, les femmes entre 15 et 19 ans ont affiché la plus grande incidence déclarée de la chlamydia et de la gonorrhée, comparativement aux cohortes de femmes plus âgées. De plus, le groupe d'âge le plus jeune (15 à 29 ans) a affiché les plus grandes hausses dans les tests VIH/SIDA positifs. Parmi les femmes et les hommes qui ont obtenu un résultat positif au test du VIH en 2001, près de la moitié étaient âgées entre 15 et 29 ans. La proportion de tests VIH positifs chez ce groupe de femmes a augmenté de façon constante, de 14,6 % en 1985.1995 à 44,5 % en 2001.

Enfin, les données portent à croire que la santé mentale des jeunes femmes est préoccupante. L.incidence de la dépression est plus élevée chez les jeunes femmes de 18 à 24 ans que les femmes plus âgées, et le taux de suicide augmente à l'adolescence.

Les femmes dans la quarantaine

En les comparant aux plus jeunes, les femmes dans la quarantaine et plus commencent à courir un risque élevé de développer le cancer du sein et d'autres tumeurs gynécologiques malignes, telles que le cancer envahissant de l'endomètre et des ovaires. Les femmes de 50 ans et plus courent un plus grand risque de développer des maladies cardiovasculaires à la suite des changements hormonaux attribués à la ménopause et des mauvais comportements liés à la santé. Les femmes en quarantaine enregistrent deux changements considérables dans leur mode de vie, soit une diminution de l'activité physique et une plus grande susceptibilité d'avoir un surpoids.

Souvent, les femmes dans la quarantaine commencent à connaître des changements dans leur image sexuelle de soi, quelquefois accompagnés par une diminution de la libido et une baisse de la réceptivité sexuelle. On pense que ces changements sont principalement attribués à la baisse du niveau de testostérone, bien qu'on pense que les rôles sociaux évolutifs des femmes dans la quarantaine puissent être également un facteur. Dans l'ensemble, les femmes de 45 ans et plus sont moins susceptibles que les femmes plus jeunes d'avoir une dépression.

Les femmes plus âgées

Comme le montre le présent rapport, au fur et à mesure que les femmes vieillissent, elles courent un plus grand risque de développer le cancer du sein, les maladies cardiovasculaires, les cancers gynécologiques, l'ostéoporose et l'arthrite. De plus, les femmes plus âgées sont moins susceptibles que les femmes plus jeunes d'adopter des comportements positifs liés à la santé, tels que l'exercice physique et un régime alimentaire sain. En conséquence, il n'est peut-être pas surprenant de voir les femmes de 65 ans et plus afficher les taux les plus élevés en matière d'utilisation des soins de santé. Particulièrement, l'âge s'est avéré un meilleur corrélat de l'utilisation des soins de santé primaires que le sexe ou le lieu géographique. Également, la proportion de la population qui consomme les médicaments et le nombre de médicaments consommés augmentent avec l'âge.

Comparativement à la quantité de données sur la santé physique et le fonctionnement des femmes âgées, il existe peu de données pour appuyer une analyse des déterminants non-médicaux de la santé, entre autres le soutien social. Il s'agit d'une lacune substantielle, étant donné que les femmes âgées constituent l'un des segments les plus démunis et les plus vulnérables de la société canadienne.

Dans l'ensemble, la susceptibilité d'avoir une dépression tend à baisser avec l'âge. Bien que les symptômes psychiatriques, incluant la dépression mineure et l'anxiété, augmentent dans les années qui précèdent directement la ménopause, ils baissent de façon substantielle à la phase de postménopause.

Les populations vulnérables

Femmes autochtones

Les femmes autochtones font face à plusieurs fardeaux sur la santé, incluant le mauvais état de santé, la pauvreté, la violence et l'abus d'alcool ou d'autres drogues. Une certaine entente porte à croire que le profil sanitaire de la population autochtone ressemble à celui d'un pays en voie de développement. Pourtant, la santé des Autochtones, particulièrement les femmes, reste moins comprise.

L'espérance de vie des femmes des Premières nations est inférieure de cinq années à la moyenne nationale chez les femmes canadiennes. L'appartenance à une communauté autochtone s'associe également avec un plus grand risque de déclarer une santé mauvaise ou passable. Les pratiques des femmes des Premières nations en matière de santé varient de façon substantielle de celles des femmes canadiennes en général. Par exemple, leur taux de tabagisme est le double de la moyenne nationale, et l'alcoolisme est deux fois plus commun chez elles que chez les femmes non autochtones. De plus, les femmes autochtones qui consomment l'alcool sont plus susceptibles d'avoir une dépression. Par ailleurs, les femmes Autochtones sont plus susceptibles que les femmes non autochtones d'être actives physiquement.

Les femmes autochtones semblent courir plus de risque que les femmes en général d'avoir des maladies chroniques, telles que les maladies cardiovasculaires, le diabète, l'arthrite, le rhumatisme et le cancer du col de l'utérus. De plus, elles affichent des taux de décès plus élevés que la population générale à la suite d'une cardiopathie ischémique et d'un accident cérébral vasculaire. Malgré une tendance vers la hausse dans le cancer du sein chez les femmes inuites (1969 à 1973 et 1984 à 1988), il semble que les taux de cette tumeur soient inférieurs chez les femmes inuites que chez le reste des Canadiennes.

Environ 50 % de tous les tests VIH positifs enregistrés chez la population autochtone touche les femmes, par rapport à 16 % chez les femmes non autochtones. On a besoin d'une recherche plus poussée dans ce domaine afin de déterminer les facteurs associés à cette tendance.

Les taux de tous les types de violence, incluant l'agression sexuelle, sont beaucoup plus élevés chez les femmes autochtones que chez les femmes non autochtones. Les femmes autochtones affichent également un taux de suicide disproportionné. Par exemple, les adolescentes indiennes inscrites sont 7,5 fois plus susceptibles que les autres adolescentes canadiennes de commettre un suicide, et les Indiennes inscrites âgées entre 20 et 29 ans affichent un taux de suicide 3,6 fois plus élevé que chez les autres femmes canadiennes du même âge. Malheureusement, on ne dispose pas de données nationales sur la prévalence de la dépression chez les femmes autochtones, tant sur la réserve qu'à l'extérieur.

Mères seules

Les mères seules sont considérablement plus susceptibles que les femmes vivant en couple d'être pauvres et de connaître des difficultés financières et une insécurité alimentaire. Ces facteurs peuvent contribuer aux taux nettement plus élevés de la détresse (p. ex. symptômes de dépression), du stress personnel (se sentir surchargée) et du stress chronique chez les mères seules. Une autre découverte préoccupante révèle que les mères seules vivant avec de jeunes enfants enregistrent des taux plus élevés en matière de violence sévère, de violence non sévère et de violence psychologique.

Les femmes incarcérées

Les femmes en prison sont plus exposées au VIH/SIDA que les femmes non-incarcérées, en raison de l'utilisation des drogues injectables, de l'échange d'aiguilles et des rapports sexuels à risque. D'autres questions relatives à la santé des femmes incarcérées qui ne figurent pas dans ce rapport méritent d'être étudiées à l'avenir, entre autres la tuberculose résistante aux antibiotiques, l'hépatite C et les maladies transmissibles sexuellement.

Les femmes en milieu rural et urbain

Les résultats que le présent rapport a révélés sur la santé des femmes en milieu rural et urbain sont contrastés. D'un côté, les femmes en milieu rural affichent un taux de mortalité nettement plus élevé par rapport aux femmes en milieu urbain. Par exemple, le taux de mortalité chez les jeunes femmes entre 15 et 19 ans en milieu rural est 2,5 fois celui des jeunes filles en milieu urbain. Il existe également d'importantes différences géographiques dans la mortalité : en outre, les femmes qui vivent dans les Territoires du Nord-Ouest affichent un taux de mortalité, toutes causes confondues, 60 % plus élevé que celui des femmes qui vivent en Colombie- Britannique, et un taux de mortalité 30 % plus élevé que celui des femmes à Terre-Neuve et Labrador.

De l'autre côté, les femmes en milieu urbain déclarent un plus grand risque de subir une violence physique et sont plus susceptibles que les femmes en milieu rural de déclarer avoir été agressées sexuellement.

Diversité ethnique et migration

En matière d'origine ethnique, on manque de données nationales agrégées selon le sexe. Lorsque l'origine ethnique est disponible en tant que variable, elle est souvent présentée en tant que catégories générales qui tendent à créer l'homogénéité au sein de divers sous-groupes. L'analyse qui figure dans le présent rapport s'appuie sur un échantillon limité de femmes et d'hommes qui ont déclaré être nés ailleurs mais vivent actuellement au Canada ou qui se sont identifiés par rapport un groupe ethnique particulier. Notre analyse suggère que les femmes qui ont récemment immigré au Canada déclarent une meilleure santé et sont moins susceptibles que les femmes nées au Canada d'adopter la majorité des comportements à risque pour la santé, tels que le tabagisme ou la consommation régulière d'alcool. Au fur et à mesure que la durée de leur établissement au Canada augmente, ces femmes étaient plus susceptibles que les femmes nées au Canada de déclarer une mauvaise santé. La morbidité déclarée était également plus élevée chez les femmes et les hommes qui ont passé plus de temps au Canada, un résultat qui est similaire à celui d'autres études.

De quoi avons-nous encore besoin pour établir un système de surveillance durable en matière de santé des femmes?

Autres rapports sur la santé des femmes

Les États-Unis et plusieurs provinces canadiennes ont préparé des rapports spécifiques qui évaluent l'état de santé des femmes et donnent de l'information qui peut servir aux décisionnaires pour élaborer des politiques et des programmes connexes [1-4]. Le présent Rapport de surveillance de la santé des femmes est unique, car (i) il utilise une perspective canadienne; (ii) il s'efforce à clarifier l'utilité des données nationales secondaires (administratives et d'enquêtes) dans la fourniture d'une information sur les deux sexes pour le processus décisionnel en matière de politiques et de programmes sur la santé des femmes. Il s'agit d'une importante information de base nécessaire pour mettre au point un système de surveillance de la santé des femmes.

Le rapport que le centre national juridique des femmes « National Women's Law Center » des États-Unis [1] a préparé sous le titre « Making the Grade on Women's Health: National and State by State Report Card », a examiné 32 mesures de l'état de santé des femmes et 32 mesures de la politique sur la santé des femmes. Tandis que quelques-unes des questions relatives à la santé traitées dans le rapport américain étaient les mêmes que celles du Rapport de surveillance de la santé des femmes, les inégalités d'accès aux soins de santé, un problème moins applicable au Canada, ont pris la part du lion dans le rapport américain.

Au Canada, diverses provinces et régions, incluant le Canada Atlantique (1999 mis à jour en 2003), la Colombie-Britannique (2000) et l'Ontario (2002), ont établi des rapports sur la santé des femmes [2-4]. À l'instar du Rapport de surveillance de la santé des femmes, ces publications ont présenté une perspective selon les deux sexes sur la santé des femmes. Cette approche reconnaît que la santé et ses déterminants ne sont pas répartis de façon égale entre les femmes et les hommes ou même entre les femmes d'ailleurs, et vise à identifier les groupes particulièrement vulnérables. Bien que ces rapports adoptent différentes approches, ils contiennent des similarités quant aux questions traitées et aux résultats obtenus.

Le rapport du Canada Atlantique a montré, au moyen d'exemples illustratifs, l'utilité d'une approche « déterminants de la santé » pour évaluer l'état de santé des femmes dans la région [2]. Il a soulevé des questions incluant les déterminants socio-économiques de la santé, le mode de vie et les facteurs de prévention, et les maladies. Le rapport a remarqué la nature très interactive des déterminants de la santé et a identifié quelques importantes lacunes et limites dans les données. Le rapport de la Colombie-Britannique a utilisé les six objectifs provinciaux en matière de santé et leurs buts et indicateurs correspondants comme cadre de travail [3]. À l'instar du rapport du Canada Atlantique, il visait à démontrer une approche alternative aux déclarations des femmes. Le rapport de l'Ontario a décrit de façon globale l'état actuel de la santé des femmes dans la province. Il s'est penché sur la santé et ses déterminants, et s'est appuyé sur cinq thèmes : le facteur démographique, les indicateurs de la morbidité, la santé génésique, les comportements liés à la santé et les sous-populations [4].

Ces rapports, et les équipes de recherche qui ont travaillé dessus, offrent l'occasion d'étudier de façon approfondie et de travailler en collaboration pour renforcer la surveillance de la santé des femmes au Canada.

Au-delà du rapport

Au cours du processus de consultation et de la rédaction subséquente du Rapport de surveillance de la santé des femmes, plusieurs intervenants et experts en santé des femmes ont suggéré l'inclusion d'autres ou de différentes questions relatives à la santé des femmes. Le rapport ne traite pas tous les thèmes pour plusieurs raisons. On dispose, par exemple, de données sur les maladies de l'appareil respiratoire chez les femmes, qui devraient être soulevées dans les rapports à venir. Dans certains cas, tels que l'avortement et l'hystérectomie, les données ne sont pas assez complètes pour faire une analyse exhaustive. Il existe également d'autres importantes questions telles que l'anxiété chez les femmes et la douleur pelvienne dont on ne dispose pas de données appropriées. Il est clair qu'ont doit poursuivre le processus d'établissement d'un consensus, et élaborer et valider les indicateurs de la santé des femmes. L'entente sur un cadre de travail et une série de base d'indicateurs de la santé des femmes constitueront une importante étape pour établir une étendue exhaustive et valide pour les rapports à venir.

Un tel cadre de travail et de tels indicateurs faciliteraient la collecte de données appropriées et utiles. Bien qu'il fut possible de fournir quelques analyses de données selon les deux sexes dans toutes les questions couvertes dans ce rapport, presque tous les auteurs des chapitres ont fait part des limites des données secondaires disponibles pour construire les variables les plus appropriées selon les deux sexes. Les auteurs de plusieurs chapitres ont exprimé le besoin d'avoir des données plus appropriées pour une analyse comparative entre les sexes, particulièrement :

  • Des données plus contextuelles sur les circonstances des femmes, telles que leurs rôles (p.ex. employée, épouse, mère, dispensatrice de soins) et utilisation des ressources en soins de la santé. Les recherches qualitative et quantitative devraient se compléter et s'entraider pour déterminer les variables contextuelles les plus utiles.
  • Des données longitudinales qui permettraient de comprendre davantage les liens entre les comportements liés à la santé et les résultats connexes.
  • Des échantillons représentatifs dans les systèmes de surveillance de la santé pour refléter la diversité de la population canadienne par rapport à l'origine ethnique et à la durée de résidence au Canada, particulièrement pour évaluer les besoins des immigrants récemment établis.
  • Des données longitudinales qui fourniraient l'information sur l'influence des environnements socio-économiques changeants, la transition et son interaction avec les rôles selon le sexe, l'origine ethnique, la migration et la santé.
  • Plus de données contextuelles sur les Autochtones.

On a tenu compte de la normalisation des concepts sociaux globaux (p. ex. l'âge, le niveau d'études, l'emploi, le logement, l'origine ethnique, les groupes d'immigrantes) utilisés pour examiner les deux sexes dans ce rapport. Toutefois, en raison de la diversité des questions soulevées, il a semblé inadéquat de catégoriser ces variables de façon arbitraire. On a plutôt décidé d'utiliser les résultats du rapport en tant que base pour recommander les catégories les plus appropriées pour l'analyse comparative entre les sexes. En conséquence, un « dictionnaire concept » pourrait être élaboré pour proposer des catégorisations qui seront utilisées dans les futures analyses comparatives entre les sexes.

Les analyses et ce rapport ont mis l'accent principalement sur l'individu. Toutefois, il faut reconnaître l'importance de déterminants politiques, sociaux, culturels et économiques de la santé plus « en amont ». Il faut également intégrer les indicateurs qui mesurent, surveillent et dressent un rapport sur ces déterminants et sur les facteurs de risque, les expositions, les interventions et les résultats cliniques dans tout système de surveillance durable en matière de santé des femmes.

Bien qu'une approche systématique au cours de la vie n'ait pas été entreprise, les auteurs de divers chapitres ont choisi de mettre l'accent sur les femmes dans des groupes d'âges particuliers. Toutefois, une recherche systématique sur les risques pour la santé chez les femmes à différentes étapes de la vie (début de vie, enfance, adolescence, du début à l'âge avancé de la vie d'adulte), peut donner des aperçus de la manière avec laquelle les facteurs biologiques, psychosociaux et sociaux interagissent pour influencer la santé des femmes. Nous comprendrons davantage la santé des femmes grâce à des connaissances accrues dans ce domaine. De plus, les rapports à venir devraient mettre plus d'accent sur la santé à toutes les étapes de la vie.

Afin d'avoir un cycle durable en matière d'élaboration de politiques pour la surveillance de la santé des femmes, comme l'a visionné le Comité consultatif sur la surveillance de la santé des femmes [5], on a besoin des suggestions de diverses sources (chercheurs, professionnels de la santé, responsables de la collecte de données, analystes et interprètes, responsables de l'élaboration des politiques et des programmes, et responsables des communications) à tous les niveaux. Les suggestions des responsables de l'élaboration des politiques et d'autres décisionnaires peuvent aider à orienter la collecte et l'analyse des données. Dans le même ordre d'idées, une compréhension des besoins des équipes de l'élaboration des politiques et des communications peut cibler l'analyse des données et la déclaration des résultats. Aussi, les tendances et les importantes caractéristiques de la santé relevées par les experts en surveillance peuvent aider à informer et à cibler le processus décisionnel en matière de politiques et de programmes. Plus le système de surveillance est inclusif et plus les perspectives et les approches représentent de nombreuses facettes, plus il sera durable et pertinent aux politiques.

Prochaines étapes

L'équipe principale de recherche a identifié les étapes à suivre pour le processus d'élaboration d'un système de surveillance national durable au Canada sur la santé des femmes :

  • Évaluer ce rapport afin de déterminer s'il a répondu aux objectifs de fournir un outil pratique et utile pour l'élaboration de politiques et de programmes sur la santé des femmes;
  • Compiler les recommandations à plus long terme provenant des intervenants et des experts dans un format qui peut contribuer aux prochains rapports sur la santé des femmes. Il serait utile ici d'inclure une évaluation systématique de l'éventuelle efficacité des recommandations;
  • Travailler avec divers partenaires afin de mettre au point et de valider un cadre de travail selon les deux sexes et des indicateurs de la santé des femmes, qui peuvent servir à la préparation des prochains rapports. Ces outils faciliteraient la normalisation des données et leur comparaison entre les groupes qui les utilisent. De plus, ils aideraient à établir les priorités;
  • Continuer à faire participer les experts dans le domaine de la santé des femmes et d'autres intervenants dans le processus de perfectionnement d'un modèle de surveillance selon le sexe, qui soit en mesure de former la base des preuves scientifiques pour les politiques et les programmes sur la santé des femmes.

Le Rapport de surveillance de la santé des femmes vise à fournir un outil utile pour examiner la santé des femmes, un outil qui peut aider les responsables de l'élaboration des politiques à établir des buts précis en matière de santé pour améliorer la santé des femmes canadiennes et contribuer au développement des objectifs nationaux en matière de santé.

Références

  1. National Women's Law Centre; FOCUS on Health & Leadership for Women, Center for Clinical Epidemiology and Biostatistics, University of Pennsylvania School of Medicine; the Lewin Group. Making the grade on women's health: a national and state-by-state report card. Washington DC: National Women's Law Center, 2000.
  2. Colman R. Women's health in Atlantic Canada: a statistical portrait. Halifax: Maritime Centre of Excellence for Women's Health. Atlantic Region Fora on Women's Health and Wellbeing, 2000.
  3. Women's Health Bureau. Provincial profile of women's health: a statistical overview of health indicators for women in British Columbia. Ottawa: Health Canada, 2000.
  4. Stewart DE, Cheung AM, Ferris LE, Hyman I, Cohen MM, Williams JI. Ontario women's health status report. Prepared for the Ontario Women's Health Council by the University Health Network Women's Health Program, the Centre for Research in Women's Health, and the Institute for Clinical Evaluative Sciences. 2002.
  5. Advisory Committee on Women's Health Surveillance. Women's health surveillance: a plan of action for Health Canada. Ottawa: Health Canada, 1999.

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Dernière mise à jour : 2003-12-09 début