La gestion collective de la propriété intellectuelle des organismes de patrimoine culturel Canadiens -
Diverses solutions possibles
11. Possibilités pour l'avenir - Les licences de droits électroniques
Les collectifs ne devront peut-être pas connaître
des mutations très profondes pour pouvoir gérer
les droits électroniques.41 Ce que l'on devra
clarifier toutefois, c'est le concept de droits électroniques
et son interprétation juridique.
Le statut des droits électroniques comme type de droit
unique ou comme partie intégrante d'un « droit ponctuel
» plus global de publier demeure incertain. Certains accords conclus
par des éditeurs avec des rédacteurs à la
pige, par exemple, ne contiennent pas de dispositions attribuant
expressément les droits électroniques aux éditeurs,
mais ceux-ci n'en publient pas moins les travaux imprimés
de ces pigistes sur leur site Internet. Une poursuite judiciaire
menée par un certain nombre d'associations de rédacteurs
et contestant une telle pratique a récemment été
lancée au Canada.42
Ces derniers temps, les droits électroniques ont vu apparaître
au Canada de nouvelles formes de contestation. Ainsi, par exemple,
une récente décision de la Cour d'appel fédérale
a modifié substantiellement la loi définissant les
droits d'auteur associés aux banques de données.
Avant cette décision, on estimait généralement
que même les bases de données contenant principalement
des renseignements à caractère factuel étaient
protégées par un droit d'auteur. Le seuil permettant
de déterminer si une uvre est « protégeable
» était beaucoup plus bas au Canada qu'aux États-Unis,
où un certain degré de créativité
était requis pour qu'une base de données donne prise
à la protection du droit d'auteur. La Cour d'appel fédérale
a admis le bien-fondé de cette exigence de créativité
en vigueur aux États-Unis et élevé les exigences
minimales de protégeabilité des bases de données
au Canada. Ainsi, les bases de données au Canada ne sont
désormais protégées par le droit d'auteur
que si elle sont considérées comme étant
des « créations intellectuelles ».43 La conséquence
de cette décision est que nombre d'uvres électroniques
naguère considérées comme protégeables
ne bénéficient plus aujourd'hui de la protection
du droit d'auteur.
Les sociétés de gestion collective établies
au Canada se penchent aujourd'hui sur la question des droits électroniques.
Ainsi, par exemple, la SOCAN s'est adressée à la
Commission du droit d'auteur pour obtenir le droit de percevoir
des redevances pour l'utilisation d'uvres musicales sur
Internet. Un nouveau collectif appelé « Electronic Rights
Licensing Agency » (ERLA)44 et destiné à
représenter les droits des rédacteurs, des photographes
et des illustrateurs canadiens travaillant à la pige a
vu le jour. Son ambition est d'assurer la libération des
droits sur les uvres écrites canadiennes que des
éditeurs souhaiteraient distribuer par voie électronique.
Un autre projet digne de mention est le collectif « Canadian
Artists Represented Online » (CAROL), qui s'est donné pour
mission de mettre des uvres d'arts visuels contemporaines
accessibles en régime de licence par l'intermédiaire
d'un système basé sur Internet et, ce faisant, d'assurer
la visibilité des praticiens des arts visuels sur le marché
des nouvelles technologies. Le modèle économique
proposé par CAROL est basé sur une « rémunération
équitable » des auteurs d'uvres contemporaines compte
tenu des frais généraux que requiert une telle entreprise.
Le projet est actuellement au banc d'essai où l'on s'efforce,
en collaboration avec des sociétés de gestion collective
et des partenaires locaux de l'industrie des télécommunications,
d'intégrer les technologies de pointe de manière
à contrôler les usages auxquels il sera loisible
de soumettre le répertoire du collectif dans l'environnement
électronique.45
Enfin, le RCIP s'est pour sa part lancé dans une initiative
de gestion des droits au bénéfice des musées
qui font partie de son réseau. Il gère des bases
de données muséographiques classiques depuis plus
de vingt-cinq ans et s'occupe également, depuis sa création,
de gérer les droits électroniques de ses membres.
Ceux-ci détiennent quant à eux les droits d'auteur
liés à l'information contenue dans les bases de
données du RCIP, qui leur prête son concours pour
la protection de ces droits. Le RCIP a mis sur pied un service
d'abonnement pour les utilisateurs de ses bases de données
ainsi que, tout récemment, un service d'homologation de
sites sous licence. Il explore actuellement la possibilité
d'un programme de gestion des droits à un niveau encore
plus complexe.46