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Pour les oiseaux, mais pas seulement…
Le transfert de connaissances protège
la faune et permet de réaliser des économies
Des années de recherche sur le peuplier tremble contribuent à
protéger les oiseaux et les mammifères tout
en aidant l'industrie forestière à améliorer
l'efficacité de ses pratiques de conservation.
Comme l'un des principaux fournisseurs mondiaux de
bois et de produits du bois, et ce depuis de très nombreuses
années, le Canada a tout naturellement intérêt
à protéger et à préserver ses
forêts. Depuis 1995, des chercheurs du Réseau
de gestion durable des forêts (GDF) élaborent
des méthodes qui visent à améliorer les
pratiques forestières.
Ironiquement, l'un des plus anciens projets du réseau
concerne un arbre qui n'est pas largement utilisé par
l'industrie forestière, mais qui joue un rôle
clé dans la protection de la faune : le peuplier tremble.
Cet arbre à grandes feuilles caduques est très
apprécié des pics-bois de la Colombie-Britannique
qui, essentiellement, le ramollissent pour que d'autres espèces
y élisent domicile.
Kathy Martin, chercheuse du réseau GDF et professeure
de foresterie à l'Université de la Colombie-Britannique,
a constaté que le peuplier tremble était l'arbre
de nidification préféré de 20 espèces
d'oiseaux et de 6 espèces de mammifères –
y compris le pic-bois, l'acteur clé de ce « réseau
de nidification » complexe.
Les pics-bois créent des trous dans les arbres pour
leur propre usage, et pour d'autres espèces telles
que les oiseaux chanteurs, les canards, les oiseaux de proie
et les petits mammifères. Kathy Martin compare le réseau
de nidification au réseau alimentaire, où des
espèces dépendent d'autres espèces
du milieu.
Les excavateurs préfèrent le peuplier, car
il est sujet à la pourriture du duramen (cœur),
offrant ainsi une matière molle à creuser, alors
que l'écorce de l'arbre elle reste ferme. Bien qu'en
règle générale les vastes opérations
forestières commerciales ne ciblent pas ces arbres,
ceux-ci sont souvent abattus dans le processus de déboisement.
Kathy Martin affirme que le travail qu'elle et ses
étudiants ont réalisé permet de préserver
le peuplier et aide à sauver des éléments
vitaux de l'habitat pour le pic-bois, l'oiseau
chanteur, le canard et la chouette.
« Elles (les compagnies forestières) conservent
les peupliers et laissent des parcelles de vielle forêt
à l'usage de la faune. Le progrès est notable
parce qu'avant, elles les abattaient tous ou elles laissaient
certains arbres vivants. Les compagnies reconnaissent maintenant
les avantages de laisser certains arbres en état de
décomposition parce qu'il est facile pour les oiseaux
d'y créer des cavités pour leurs nids. »
Les travaux de recherche réalisés par Kathy
Martin et ses étudiants ont permis non seulement de
préserver la faune, mais aussi d'aider l'industrie
forestière à affiner ses pratiques de conservation
et à réduire ses coûts.
« Ses travaux nous ont appris qu'il existe un seuil
de densité auquel le peuplier est utile et que l'arbre
en peuplement mélangé est plus utile que le
type pur », dit Shawn Meisner, aménagiste
forestier à Tolko Industries Ltd. « Nous
avons donc établi certaines règles devant régir
notre façon de penser en matière de conservation
– préserver le peuplier, mais laisser quelque
chose autour pour en améliorer la valeur. Cela nous
a permis de réaliser des économies. Les travaux
de Kathy Martin nous ont appris que sauver tous les peupliers
n'avait pas beaucoup de sens. Nous avons donc adapté
nos modes de coupe pour préserver le peuplier en bouquets ».
Kathy Martin rappelle que plus de 70 étudiants ont
participé à son projet depuis 11 ans. « Ce
projet est idéal pour les étudiants »,
dit-elle. « Ils ont collecté d'énormes
quantités de données utiles et l'expérience
qu'ils ont acquise leur a permis de décrocher des emplois
dans les secteurs de la forêt, de la faune ou de la
biodiversité. »
Les étudiants qui ont été associés
au projet travaillent aujourd'hui dans la fonction publique
canadienne et/ou dans les domaines de la recherche, de la
conservation, de l'écologie pratique et de l'enseignement.
D'autres ont préféré l'étranger
et travaillent ou enseignent en Tasmanie, en Allemagne, en
Suisse, au Pérou et en Nouvelle-Zélande. Monika
Breuss, par exemple, prépare son doctorat sur la grouse
des vieilles forêts d'Autriche après avoir fait
ses armes sur le terrain avec Kathy Martin.
Par ailleurs, la Division des produits de la mer et de la
faune de l'État de Washington recrute souvent des stagiaires
formés par Kathy Martin.
« Nous en avons embauché plusieurs. Nous avons
été très impressionnés. Ce sont
d'excellents étudiants qui, manifestement, ont bien
été formés », dit Matt Vander
Haegen, chercheur principal au Programme de la faune de la
Division des produits de la mer et de la faune de l'État
de Washington.
Bien que le financement de ce projet par le RCE soit terminé,
Kathy Martin poursuit son travail. Elle estime que d'autres
projets de recherche du réseau GDF peuvent offrir des
possibilités de formation pour les étudiants.
« Le programme des RCE permet aux étudiants
d'acquérir une expérience qu'ils ne pourraient
pas avoir autrement. Les avantages d'une formation poussée
pour le Canada et le monde sont manifestes. »
www.ualberta.ca/sfm
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