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Vieillissement et aînés

une aînée

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Les facteurs de risque de chutes et de blessures liées aux chutes des aînés

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Le chapitre précédent présentait l'épidémiologie des blessures liées aux chutes chez les aînés du Canada. Ce chapitre examine les connaissances actuelles sur les facteurs de risque de chute et de blessure chez les aînés. L'information présentée ici a été extraite de plusieurs directives bien connues et d'examens systématiques de la littérature sur les facteurs de risque et les meilleures pratiques de prévention.

Examen des connaissances actuelles

Les sources suivantes ont été utilisées :

  • le Guide des meilleures pratiques pour la prévention des chutes chez les aînés vivant dans la communauté, ministres fédéral/provinciaux/territoriaux responsables des aînés (2001)26;
  • le rapport Rand (Rand Report 2002), plus récemment connu sous le titre Interventions for the prevention of falls in older adults: Systematic review and meta-analysis of randomized clinical trials27;
  • l'examen Cochrane (Cochrane Review 2001), Interventions for preventing falls in elderly people28; l'examen Cochrane (Cochrane Review 2005) Population-based interventions for the prevention of fall-related injuries in older people29;
  • la directive de l'American Geriatrics Society, Guideline for the prevention of falls in older persons, (2001)30; et
  • des informations supplémentaires, mettant en lumière des études canadiennes publiées après les examens.

L'examen effectué pour le Guide des meilleures pratiques des ministres FTP responsables des aînés a permis de survoler 674 études et d'en examiner 34 en détail, qui faisaient l'évaluation d'interventions de prévention pour réduire les chutes ou les blessures liées aux chutes chez les aînés vivant dans la collectivité.

Le rapport Rand a passé en revue 774 articles, n'en retenant que 34 qui ont apporté une contribution de données pour la métaanalyse. La Rand Corporation a également subventionné un rapport résumant les travaux de recherche publiés sur les facteurs de causalité des chutes, en assemblant les données de 16 études.

La directive de l'American Geriatrics Society est l'une des directives les plus fréquemment adoptées, celle-ci ayant été préparée en collaboration avec la British Geriatrics Society et l'American Academy of Orthopaedic Surgeons. Elle décrit les pratiques recommandées et démontre leur valeur en s'appuyant sur les conclusions et résultats de la littérature de recherche.

L'examen Cochrane (2001) est axé sur des essais contrôlés randomisés et englobe 40 études portant sur des interventions avec des aînés de la communauté, d'établissements de soins de santé et d'établissements de soins de courte durée et qui avaient permis de mesurer les chutes et les blessures liées aux chutes comme un résultat. L'examen Cochrane (2005) a passé en revue cinq projets qui rapportaient des changements dans les blessures liées aux chutes chez les aînés, suite à la mise en oeuvre d'une intervention contrôlée basée sur la population.

Les facteurs de risque - complexes et interactifs

Les chutes sont la conséquence d'une interaction complexe de facteurs de risque. Au fur et à mesure que le nombre de facteurs de risque augmente, les risques de chute et de blessure deviennent plus élevés. Par exemple, une étude a montré que seulement 27 % des personnes vivant dans la communauté, sans facteur de risque ou avec un seul facteur, subissaient une chute, mais ce chiffre montait à 78 % pour les personnes présentant quatre facteurs de risque ou plus31.

Au cours des quelque 20 dernières années, les chercheurs ont évalué les facteurs de risque et les ont regroupés de diverses façons pour faciliter les comparaisons entre les études. De façon typique, les facteurs de risque ont été regroupés en deux catégories principales : les facteurs intrinsèques liés aux individus et comprenant à la fois les facteurs démographiques et de santé, et les facteurs extrinsèques liés à l'environnement physique ou à l'environnement socio-économique. Cependant, un modèle plus récent de classification des facteurs de risque permet de mieux capter les relations mutuelles entres les comportements et les autres facteurs de risque. Les quatre catégories de facteurs de risque de ce modèle sont les facteurs médicaux, comportementaux, environnementaux et socio-économiques (voir l'Annexe A.)

3.1 Les facteurs de risque biologiques et médicaux

Les facteurs de risque biologiques et médicaux couvrent une vaste gamme allant du vieillissement sain aux états pathologiques. Le vieillissement normal amène inévitablement des modifications physiques, cognitives et affectives qui peuvent contribuer aux risques de chute, dont les modifications sensorielles, musculosquelettiques, neurologiques et métaboliques. Le sexe est également un facteur clé car les femmes tombent plus souvent que les hommes et subissent plus de blessures lors des chutes. L'âge avancé est associé à des taux plus élevés de chute. Les aînés âgés de plus de 80 ans sont le plus susceptibles de tomber et de se blesser. Cependant, ce n'est pas l'âge en soi qui augmente les risques de chute, mais plutôt la comorbidité du vieillissement liée aux modifications inévitables.

  • La faiblesse musculaire et la dégradation de la condition physique, particulièrement en ce qui concerne les extrémités inférieures, sont l'un des facteurs de risque intrinsèques de chute les plus courants. Un groupe d'experts de l'American Geriatrics Society, de la British Geriatrics Society et de l'American Academy of Orthopaedic Surgeons32 a conclu qu'il s'agissait du facteur de risque le plus important, celui-ci augmentant le risque de chute de quatre à cinq fois. Une perte de force musculaire, d'équilibre, de souplesse et de coordination peut contribuer à l'accomplissement plus difficile des activités de la vie quotidienne. Les troubles connexes de l'équilibre et de la démarche ont également été démontrés comme étant étroitement liés aux chutes, multipliant par trois les risques de chute. Une étude canadienne récente portant sur les anciens combattants et leurs fournisseurs de soins a confirmé ces résultats33.

  • Le mauvais contrôle de l'équilibre et de la démarche est un facteur de risque conduisant à l'instabilité et aux chutes34. En particulier, les modifications liées à l'âge des systèmes nerveux, sensoriel et musculosquelettique peuvent conduire à une dégradation de la capacité à maintenir la position debout ou à réagir à une perte soudaine d'équilibre (par exemple, un glissement, un trébuchement ou une poussée)35. Les réactions de rétablissement de l'équilibre impliquant une action rapide ou l'atteinte d'un objet pour obtenir du soutien jouent un rôle essentiel dans la prévention des chutes, mais la capacité à exécuter ces réactions de façon efficace peut être dégradée, même chez les aînés relativement jeunes et sains36. Des troubles neurologiques tels que la maladie de Parkinson ou une hémiparésie due à un accident cérébrovasculaire peuvent exacerber ces difficultés37.

  • Les modifications de la vue peuvent contribuer aux chutes. Les personnes présentant des déficits visuels tels qu'une réduction de l'acuité visuelle ou une hypersensibilité aux contrastes, ou encore une réduction de l'accommodation à la lumière et à l'obscurité, voire même une perception altérée de la profondeur de champ, présentent un risque 2,5 fois supérieur de subir une chute38. Les déficits visuels tels que la myopie, les cicatrices ulcérantes, les pathologies cornéennes, les cataractes ou les complications d'une intervention chirurgicale d'une cataracte ainsi que l'intolérance à l'éblouissement sont également considérés comme pouvant augmenter les risques de chute. Les aînés peuvent aussi subir des problèmes avec le port de nouvelles lunettes, particulièrement les lentilles multifocales qui entraînent une distorsion de la perception de la profondeur de champ39.

  • Les maladies chroniques ont été associées à une augmentation du risque de chute. L'arthrite est un facteur contributeur majeur (l'ostéopathie étant la forme la plus courante), le taux d'augmentation du risque de chute étant de 2,440. Les femmes âgées sont plus sujettes à l'arthrite que les hommes (58 % contre 42 %, ESCC 2003). D'autres maladies chroniques, telles que les accidents cérébrovasculaires et la maladie de Parkinson augmentent également les risques de chute. L'hypotension (faible pression artérielle) affecte 15 % de l'ensemble des aînés et a été associée à un taux pouvant aller jusqu'à 20 % de l'ensemble des chutes41. L'ostéoporose, caractérisée par une réduction de la masse osseuse et une détérioration du tissu osseux, n'affecte pas le risque de chute en lui-même, mais augmente le risque de fracture en cas de chute, particulièrement les fractures de la hanche, de la colonne vertébrale et du poignet. Parmi les autres états pathologiques chroniques fréquemment associés aux chutes, on peut mentionner l'incontinence urinaire et les maladies cardiovasculaires, dont les arythmies.

  • Les handicaps physiques peuvent augmenter les risques de chute. Les handicaps physiques liés au vieillissement comprennent les troubles de la démarche, une diminution du sens du toucher et des sensations dans les membres et les pieds, la perte de l'ouïe, des troubles de l'équilibre, les étourdissements, l'hypotension posturale, les douleurs dans les pieds et autres problèmes des pieds ainsi que les blessures consécutives à une chute antérieure42.

  • Les maladies aiguës peuvent être responsables d'entre 10 % et 20 % des chutes43. Un exemple de ces maladies est une infection aiguë. Une étude canadienne a conclu que les médicaments anti-infectieux étaient hautement associés aux admissions hospitalières liées aux chutes, ce qui suggère fortement que les personnes ayant des infections aiguës présentent un risque supérieur de chute et de blessure en conséquence d'une faiblesse, d'une fatigue ou d'étourdissements44. Même les courtes périodes d'immobilité souvent associées à une maladie aiguë sont connues pour contribuer à réduire la densité osseuse et la masse musculaire.

  • Les troubles cognitifs tels que la confusion due à la démence et au délire, peuvent également augmenter les risques de chute. Les chercheurs de Rand ont rapporté une augmentation du risque de 1,8 pour les personnes présentant des troubles cognitifs45. L'étude canadienne sur les anciens combattants et leurs fournisseurs de soins a également conclu que la dégradation de la mémoire était associée à des chutes plus fréquentes46.

  • La dépression a été rapportée par de nombreux chercheurs comme ayant une relation avec les chutes mais ces études sont souvent rétrospectives et la dépression peut également être le résultat d'une chute, au lieu d'être une facteur de risque ou un facteur causal47.

3.2 Les facteurs de risque comportementaux

  • Les antécédents de chutes sont l'un des meilleurs facteurs de prédiction d'une chute future. Toute chute antérieure augmente par trois fois le risque d'une autre chute48. Une chute antérieure peut réduire la mobilité des personnes âgées, ce qui entraîne une perte de force musculaire, de l'équilibre et des réflexes. Des sentiments de peur et d'incapacité peuvent également apparaître, entraînant une diminution des activités, de la participation et de la qualité de la vie49.

  • La tendance à prendre des risques comme facteur associé aux chutes n'a pas été étudiée scientifiquement. Les risques associés à la participation à des activités sont influencés par des facteurs individuels, comportementaux et de situation. Par exemple, la vue et la force musculaire d'un adulte plus âgé, sa sensibilité par rapport à l'environnement et les comportements de protection tels que l'utilisation des rampes de soutien, influencent les risques de chutes50. Les comportements à risques peuvent comprendre des gestes tels que grimper sur un objet, l'atteinte d'un objet ou se pencher pour accomplir des activités de la vie quotidienne51. Des examens de cas observés dans les services d'urgence ont montré que de nombreuses chutes des aînés se sont produites en montant sur une échelle ou sur une chaise instable, ou en participant à des exercices sportifs vigoureux tels que le ski ou le tennis. De nombreux aînés rapportent que leur chute s'est produite alors qu'ils étaient pressés, qu'ils ne faisaient pas attention ou qu'ils n'utilisaient pas les appareils de mobilité prescrits, tels qu'une canne ou un ambulateur52.

  • Certains médicaments ou une combinaison de plusieurs médicaments sont un facteur significatif lors de nombreuses chutes. Les personnes âgées tendent à prendre plus de médicaments que les jeunes personnes et, avec l'âge, ils développent des mécanismes modifiés de digestion et de métabolisation de médicaments. La demi-vie et les niveaux actifs d'une dose donnée augmentent avec l'âge, ce qui rend imprévisibles les effets cumulatifs de l'utilisation des médicaments. Les médicaments peuvent affecter les risques de chute de différentes façons. Ils peuvent affecter la vigilance, le jugement et la coordination. Certains médicaments augmentent l'hypotension posturale, c'est-à-dire une chute significative de la pression artérielle lors d'un changement de position (de la position allongée à la position assise ou debout), ce qui entraîne des étourdissements. Les médicaments peuvent également affecter l'équilibre et la capacité de reconnaître et de s'adapter aux obstacles. Enfin, les médicaments peuvent réduire la mobilité en entraînant une augmentation de la raideur ou de la faiblesse53.

L'importance des choix ordinaires

Les facteurs de risque comportementaux peuvent être aussi simples que le choix d'une paire de chaussures ou les tentatives de tailler un arbre ou d'atteindre un objet sur une étagère élevée. Ces risques peuvent également comprendre des facteurs de style de vie, tels que la consommation d'alcool, un mauvais régime alimentaire et le manque d'exercice physique, ou encore l'utilisation de médicaments à haut risque ou de médicaments multiples qui prédisposent certains aînés aux chutes. Il peut être difficile pour les aînés, qui peuvent se croire dans un état peu différent de celui dans lequel ils étaient plus jeunes, de réaliser que des choix et des gestes apparemment ordinaires peuvent augmenter considérablement les risques de chute. [traduction]

Source : Prevention of falls and injuries among the elderly:
A special report from the Office of the Provincial Health Officer.
C.-B. : Ministry of Health Planning, 2004.

  • La polypharmacologie, définie comme la prise de cinq médicaments sur ordonnance ou plus, a été prouvée comme étant un facteur significatif lors de nombreuses chutes54. La diversité des médicaments sur ordonnance augmente et ils sont utilisés en plus grand nombre et avec de nouvelles combinaisons. Les interactions entre les médicaments et les herbes médicinales peuvent également être impliquées dans les chutes, car les suppléments alimentaires, les herbes et les vitamines peuvent réagir les uns avec les autres ou avec les médicaments sur ordonnance55. Les effets des différentes combinaisons médicamenteuses ne sont pas encore clairement connus et compris, particulièrement en ce qui concerne les risques possibles de chute chez les aînés.

  • Les benzodiazépines, tels que l'alprazolam (Xanax) et le diazépam (Valium), sont souvent prescrits pour traiter les problèmes de sommeil et d'anxiété. Même l'utilisation de benzodiazépines à faible durée d'action produit une association plus élevée avec les chutes et les fractures de la hanche56.

  • Les patients prenant des médicaments psychotropes, tels que la paroxétine (Paxil) et la sertraline (Zoloft), médicaments prescrits pour la dépression, semblent présenter un risque environ deux fois supérieur de chute et de fracture, en comparaison des individus qui ne prennent pas ces médicaments. Certaines études ont permis de conclure que l'utilisation de médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens est associée à des chutes57. Cependant, des données récentes suggèrent que les diurétiques, de façon générale, ne provoquent pas de chutes et que les diurétiques thiazidiques peuvent aider la prévention des fractures en ralentissant le développement de l'ostéoporose.

  • Les risques associés à un traitement anticoagulant, particulièrement les risques de blessure liée à une chute, sont supérieurs chez les aînés. Une chute peut entraîner un traumatisme de la tête qui peut passer inaperçu à cause du fait que le patient est confus, ne se rappelle pas de la chute ou ne rapporte pas cette dernière. Cela est particulièrement risqué chez les patients en traitement anticoagulant, car une chute avec traumatisme crânien peut provoquer des saignements dans le cerveau. Un traumatisme crânien fermé peut provoquer des anomalies comportementales et neurologiques et être le signe de saignements dans le cerveau ou la boîte crânienne58.

  • La consommation excessive d'alcool a été démontrée comme étant un facteur d'augmentation des risques de chute. La consommation de quatorze breuvages ou plus par semaine est associée à une augmentation des risques de chute chez les personnes âgées59. Des études transversales peuvent ne pas réussir à identifier les risques associés à la consommation excessive d'alcool, peut-être parce que les adultes plus âgés présentant un risque de chute réduisent leur consommation d'alcool au cours du temps ou que les gros consommateurs d'alcool présentant un risque de chute tendent à ne pas s'inscrire dans les études. L'alcool peut également interagir avec certains médicaments pour augmenter les risques de chute, en produisant des modifications de l'éveil, de l'équilibre et de la démarche. La consommation modérée d'alcool n'a pas été associée à une augmentation des taux de chute60.

  • Les chaussures, les vêtements et les sacs à main peuvent contribuer aux chutes, bien que l'on manque de preuves claires à ce sujet. Les chaussures mal adaptées, présentant des semelles usées, qui ne sont pas lacées ou bouclées correctement lorsqu'elles sont portées, ou des talons de hauteur trop élevée, peuvent contribuer aux chutes. Au fur et à mesure que les personnes vieillissent, leur taille et leur posture se modifient, et les robes ou pantalons longs, pouvant avoir été bien adaptés à une certaine époque, peuvent provoquer des risques de trébuchement et entraîner une chute et des blessures61. De nombreux aînés rapportent des chutes ou des blessures liées aux chutes en conséquence du port d'un objet62 (comme un sac à main, un panier de lessivage ou des sacs d'épicerie), ce qui a pu modifier l'équilibre, le mécanisme de rétablissement lors du trébuchement ou le mécanisme de protection lors de la chute63. La tenue d'un objet, par exemple, a été démontrée comme altérant la capacité à rétablir son équilibre en saisissant rapidement un rail ou un autre objet pour le soutien64.

  • L'inactivité et un régime alimentaire inadéquat peuvent être des facteurs importants, à la fois pour les chutes et les blessures associées. Encore une fois, bien que l'on manque de résultats clairs de recherche, les personnes hospitalisées 19 jours ou plus ont été démontrées comme présentant une augmentation du risque de chute65. Indubitablement, l'inactivité entraîne une réduction de la masse musculaire, de la densité osseuse et une dégradation de l'équilibre. Les relations entre les chutes et le régime alimentaire ne sont pas claires. Cependant, des quantités appropriées de protéines, de vitamines essentielles et d'eau sont considérées comme indispensables à une bonne santé. Si des déficiences existent, il est raisonnable de penser que la faiblesse, une mauvaise récupération après une chute et une gravité plus importante des blessures suivra. La santé osseuse est influencée par la prise de vitamine D et de calcium, et les déficiences de ces deux éléments nutritifs ont été associées à une augmentation des risques de fracture lors d'une chute.

  • La peur de tomber a été identifiée récemment comme un facteur de risque dans la littérature de prévention des chutes. La peur de tomber est très répandue et a été rapportée comme la peur la plus courante des personnes âgées66. Il s'agit là d'un aspect important à considérer, particulièrement pour ceux qui développent une peur après une chute67. La peur de tomber est rapportée par une proportion variant entre 21 % et 61 % des personnes âgées68. Les peurs spécifiques varient mais comprennent souvent la peur de tomber de nouveau, d'être blessé ou immobilisé, de ne pas être capable de se relever après une chute, de l'embarras social, de la perte d'indépendance et de devoir quitter son domicile en permanence69.

    Bien que la peur puisse motiver positivement certaines personnes à prendre des précautions contre les chutes et conduire à des adaptations de la démarche pouvant augmenter la stabilité70, elle peut également augmenter les risques de chute par un déclin de la qualité de vie en général et une réduction des activités nécessaires pour entretenir l'amour propre, la confiance, la force et l'équilibre71. De plus, la peur peut conduire à des modifications inappropriées du contrôle de l'équilibre (par exemple, un raidissement) qui peuvent augmenter les risques de chute72. Les gens qui ont peur de tomber tendent également à manquer de confiance dans leur capacité à prévenir ou à gérer les chutes, ce qui augmente encore les risques de chute73.

    L'influence de la peur sur l'adhérence des aînés à une stratégie de prévention des chutes, est abordée dans ce rapport, au chapitre 5.

3.3 Les facteurs de risque environnementaux

Entre 25 % et 75 % des chutes des personnes âgées impliquent une composante environnementale74. Bien que les niveaux individuels de risque n'aient pas été établis pour un bon nombre de ces facteurs, les chercheurs et les cliniciens ont reconnu un certain nombre de dangers, au domicile et dans les environnements publics, qui contribuent aux chutes et aux blessures associées. Ces facteurs interagissent avec d'autres facteurs de risque, tels qu'une mauvaise vue ou des troubles de l'équilibre, pour augmenter les risques associés aux chutes des aînés.

  • Les escaliers peuvent être problématiques. Parmi les caractéristiques dangereuses, on peut mentionner les marches inégales, trop hautes ou trop étroites, les surfaces glissantes, les rebords mal marqués ou mal définis, les rampes mal adaptées ou discontinues, et un éclairage inadéquat ou excessif. Une étude canadienne récente a permis d'examiner les escaliers que les aînés considèrent comme difficiles à utiliser. Les caractéristiques non sécuritaires identifiées le plus fréquemment étaient : l'absence de contraste pour marquer les rebords des escaliers, les contremarches non uniformes, les dimensions d'escalier qui diffèrent de la hauteur maximale recommandée de 7 pouces et d'un minimum de profondeur de 11 pouces (dégagement des orteils aux talons), les contremarches ouvertes et le manque de rampes75. Des rampes bien ancrées, de forme et de hauteur appropriées en facilitent l'usage sécuritaire76. Des surfaces et marches d'escalier glissantes, inégales ou avec un revêtement distrayant ou éblouissant ont aussi été impliquées dans des chutes77.

  • Les facteurs liés au domicile ou à l'environnement du domicile qui contribuent aux chutes sont les suivants : tapis lâches ou irréguliers; absence d'éclairage nocturne; absence d'interrupteurs lumineux accessibles à l'entrée des pièces; cabines de douche, baignoires ou toilettes dangereuses; absence de barres de soutien ou de rampes; fils électriques d'appareils ménagers ou autres obstacles le long des voies de déplacement; articles entreposés sur des étagères élevées et mobilier de faible hauteur, tels que les lits ou les chaises. Les dangers à l'extérieur du domicile se trouvent sur les chemins et promenades de jardin qui peuvent être fissurés ou rendus glissants par la pluie, la neige ou les mousses. Les escaliers d'entrée et un mauvais éclairage de nuit peuvent également causer des risques. Même les animaux domestiques peuvent devenir un danger de chute78.

  • Les facteurs de l'environnement public peuvent également entraîner des chutes. Une étude canadienne a conclu que 65 % des chutes des aînés s'étaient produites en plein air lors d'une promenade sur un trajet familier79. Une mauvaise conception des bâtiments et un entretien inadéquat de ces bâtiments peuvent également contribuer aux chutes. Les éléments les plus problématiques sont les trottoirs irréguliers ou fissurés, les obstacles non identifiés, les surfaces glissantes, le mauvais éclairage et les distances trop importantes pour atteindre les zones de repos et les toilettes publiques.

  • Les dangers de chute dans les hôpitaux et les établissements de soins de longue durée ont également été identifiés. Parmi ces facteurs, on peut mentionner la hauteur des chaises et des lits, les surfaces de plancher, l'éclairage et le manque de zones de repos. De nombreuses chutes se produisent lorsque les personnes se lèvent du lit. En dehors des étourdissements parfois associés à une levée trop rapide du lit, la structure physique du lit luimême peut être un facteur de risque. Par exemple, lorsque les côtés du lit sont en position basse et qu'une personne se déplace pour se lever, il y a un manque d'espace sous le lit pour une bonne prise de pieds et un bon équilibre. Il est logique de conclure que cela peut représenter un facteur expliquant pourquoi de si nombreuses chutes en établissement de soins se produisent dans le lit et autour du lit.

  • Les appareils fonctionnels peuvent promouvoir l'indépendance et la mobilité et prévenir les chutes s'ils sont bien utilisés et bien entretenus. Cependant, les extrémités des cannes peuvent s'user, les rendant peu sûres. Les ambulateurs avec roues ou les chaises roulantes peuvent ne pas avoir de mécanisme de blocage et créer des dangers. De plus, l'utilisation de cannes et d'ambulateurs peut interférer avec la capacité de maintenir son équilibre dans certaines situations et les demandes d'utilisation de ces appareils peuvent être excessives pour les adultes plus âgés80. Le fait d'avoir un appareil fonctionnel ne garantit pas, non plus, son utilisation. Un projet national entrepris dans le cadre de l'Initiative pour la prévention des chutes de Santé Canada et du ministère des Anciens Combattants a déterminé que de nombreuses personnes âgées percevaient ces appareils comme des symboles de l'âge avancé et de fragilité et qu'elles pouvaient être réticentes à les utiliser à cause de cela81.

3.4 Les facteurs de risque socio-économiques

  • Le revenu, l'éducation, le logement et la connectivité sociale sont connus comme des déterminants sociaux de la santé, mais il existe peu de données de recherche sur la relation entre les chutes et ces déterminants. Une étude canadienne récente sur les anciens combattants a permis de conclure que les difficultés financières représentaient un facteur de prédiction indépendant à la fois des chutes et des chutes avec blessures, particulièrement chez les aidants naturels des anciens combattants82. On a suggéré qu'à cause de l'existence d'une relation entre le revenu, l'éducation, le logement et certains états pathologiques chroniques, la mauvaise santé pouvait être le lien entre ces facteurs et l'augmentation des risques de chute. Par exemple, le groupe le plus affecté par les faibles revenus est composé de femmes âgées de 75 ans et plus vivant seules. Ces femmes peuvent ne pas être en mesure de se payer des modifications de leur domicile ou des appareils fonctionnels, de participer à des programmes de mise en forme physique ou d'avoir accès à l'information sur la prévention des chutes, tous ces éléments pouvant aider à réduire les chutes.

Le statut socio-économique influe sur le risque

L'étude des déterminants sociaux de la santé a démontré de façon constante que le revenu, l'éducation, le logement et la connectivité sociale ont tous une forte relation avec la santé, le niveau d'incapacité et la longévité. Les personnes ayant un faible revenu, une éducation limitée, un logement inadéquat et un manque de réseau de soutien ou d'accès aux services sociaux ou de santé appropriés présentent toutes un risque supérieur d'états pathologiques chroniques qui, à leur tour, représentent des facteurs de risque de chute. Le rôle de ces facteurs économiques et sociaux dans la contribution aux chutes est mal compris. Cependant, des facteurs contributeurs peuvent inclure le manque d'alphabétisation (qui ne permet pas de bénéficier des ressources des documents imprimés sur les stratégies de prévention des chutes); la faiblesse musculaire ou une mauvaise santé en raison d'un manque d'argent pour s'alimenter correctement. [traduction]

Source : Prevention of falls and injuries among the elderly:
A special report from the Office of the Provincial Health Officer.

C.-B. : Ministry of Health Planning, 2004.

Sommaire

La littérature et les directives existantes rapportent que les chutes sont le résultat d'une interaction complexe de facteurs de risque - biologiques/médicaux, comportementaux, environnementaux et socio-économiques. Plus le nombre de ces facteurs est élevé, plus le risque de tomber et de se blesser augmente. Le vieillissement normal amène inévitablement des changements physiques, cognitifs et émotifs qui peuvent contribuer au risque de chute. Le sexe est aussi un facteur puisque les femmes font plus de chutes que les hommes et subissent plus de blessures lorsqu'elles tombent. L'âge avancé est associé à un plus haut taux de chutes et de blessures dues aux chutes.

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Mise à jour : 2005-11-04
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