Le projet de recherche sur les crues de la rivière Rouge visait à obtenir des données géoscientifiques pertinentes sur le risque d'inondation posé par les crues de la rivière Rouge. Au début du projet, les trois questions suivantes ont été formulées pour orienter les travaux.

1. Quelle ampleur peuvent avoir les crues de la rivière Rouge et quelle est la fréquence des grosses crues?
2. Quels processus géologiques influent sur le risque d'inondation posé par les crues de la rivière Rouge?
3. Quels facteurs géologiques déterminent la nature des inondations dans la vallée de la rivière Rouge?

Ces questions situent dans une perspective à plus long terme le risque actuel d'inondation d'ordre séculaire et millénaire. Les réponses élargiront les connaissances sur la fréquence et l'ampleur des crues extrêmes de la rivière Rouge, par exemple celle de 1826, et sur les processus géologiques qui influent sur la tendance à long terme des crues de la rivière Rouge. Elles révèleront également la distribution temporelle à plus long terme des crues de grande ampleur, ce qui pourrait permettre de mieux cerner et comprendre l'effet des facteurs climatiques sur les crues. Enfin et surtout, elles élargiront les connaissances sur le risque d'inondation posé par les crues de la rivière Rouge et aideront à prendre de meilleures décisions pour améliorer la protection contre les inondations dans la vallée de la rivière Rouge.

Pour répondre à la première question, on a élaboré un relevé des inondations qui se sont produites dans la vallée de la rivière Rouge avant que des données instrumentales sur les inondations soient recueillies par des chercheurs ou que des données historiques existent sur ce phénomène (c.-à-d. avant l'année 1800). Comme il en est fait mention dans le rapport du projet [PDF, 11.9 Mo, lecteur], ce relevé des inondations passées, ou paléo-inondations, est issu d'analyses dendrochronologiques effectuées sur des chênes à gros fruits de la forêt riveraine. Quatre méthodes ont été utilisées pour étudier les paléo-inondations dans la vallée de la rivière Rouge, dont l'une a permis d'élaborer ce relevé. Les trois autres ont consisté à examiner des carottes du lac Winnipeg (y compris du marais Netley), des dépôts qui se trouvent dans les petits lacs situés le long de la rivière Rouge, ainsi que des dépôts alluviaux des berges de la rivière. Le recours à quatre méthodes se justifie du fait que la vaste plaine de la vallée de la rivière Rouge constitue un environnement présentant un réel défi pour l'élaboration d'un relevé des paléo-inondations. Même si trois des méthodes n'ont pas permis de constituer un tel relevé (ou un relevé fiable dans le cas de l'analyse des carottes du lac Winnipeg), on a obtenu, dans l'ensemble, des données uniques sur les changements environnementaux et les processus géomorphologiques dans la vallée de la rivière Rouge.

Pour répondre à la deuxième question, on a examiné l'évolution de la vallée étroite et peu profonde qu'occupe la rivière Rouge et la réduction de la pente sous l'effet du soulèvement différentiel de l'écorce terrestre dans le sud du Manitoba. Ces deux processus géomorphologiques se déroulent progressivement, mais leurs effets sur la tendance à long terme des inondations dans la vallée de la rivière Rouge n'étaient pas connus auparavant. Théoriquement, ils pourraient avoir pour effet d'élargir la section transversale de la vallée peu profonde, ce qui réduirait le risque d'inondation dans la prairie adjacente, ou de causer un alluvionnement dans le fond de la vallée et ainsi accroître le risque d'inondation. Le soulèvement différentiel réduit graduellement, au fil du temps, la pente du bassin qui draine les eaux de la rivière Rouge vers le nord. Les effets de chaque processus sont résumés dans le rapport du projet [PDF, 11.9 Mo, lecteur].

En ce qui a trait à la troisième question, il est évident que les facteurs géologiques sont la topographie de la région et son effet sur la nature des inondations dans la vallée de la rivière Rouge, lesquelles produisent de vastes étendues d'eau peu profonde. Le projet n'a pas permis de découvrir de nouveaux facteurs géologiques, outre ceux qui étaient connus (p. ex. les affleurements rocheux des rapides Lister, qui déterminent le profil amont de la rivière Rouge). Les travaux de recherche ont donc été axés exclusivement sur les questions 1 et 2.

Au cours du projet, il a fallu répondre à des questions secondaires pour être en mesure de répondre aux questions principales. On a ainsi obtenu des données supplémentaires sur les crues de la rivière Rouge et sur les changements environnementaux survenus dans la vallée, ainsi que d'autres applications géoscientifiques. Mentionnons par exemple la création d'un relevé des crues de la rivière Assiniboine à l'aide de sources historiques, l'étude des fluctuations des eaux souterraines au cours du XXe siècle par l'analyse des cernes de croissance des arbres, l'élaboration d'un modèle sédimentologique de la plaine d'inondation de la rivière Rouge et la reconstitution des changements hydroclimatiques qui se sont produits dans le centre sud du Manitoba au cours des six derniers siècles. Ces résultats sont également résumés dans le rapport du projet [PDF, 11.9 Mo, lecteur].