Six facteurs critiques

Comme filière technologique, les paramètres de développement des nanotechnologies sont semblables à d'autres domaines, tels les biotechnologies, la génomique, les matériaux de pointe, etc. Voici ce qui caractérise ce domaine :

  • Les infrastructures de recherche sont très coûteuses.
  • Les enjeux se situent à l'échelle internationale.
  • La concertation entre les universités, les entreprises et les gouvernements des différents paliers est incontournable pour assurer leur développement.
  • Leur potentiel de développement économique est considérable et leurs applications couvrent un grand nombre de secteurs industriels.

Outre le soutien financier des nanotechnologies, les six facteurs décrits plus bas paraissent critiques pour en assurer un développement structuré au Québec afin de maximiser les retombées économiques.

À l'égard des trois premiers facteurs, le Québec est en excellente position tandis que les trois derniers soulèvent des enjeux que les principaux acteurs prennent en compte dans leurs initiatives.

1) La concertation des acteurs

La concertation des acteurs clés réalisée au sein de NanoQuébec constitue un atout du Québec comparativement aux autres provinces canadiennes. À l'origine, l'organisme était un réseau regroupant six universités et visait la concertation et le soutien à la recherche fondamentale. NanoQuébec est maintenant un organisme regroupant des acteurs des milieux universitaire, industriel, financier et gouvernemental ayant pour mission de structurer cette filière et de concerter les acteurs. Son conseil d'administration est composé majoritairement d'industriels. Les liens entre les acteurs tout au long de la chaîne d'innovation sont assurés.

2) L'opinion publique et l'éthique

Une découverte ou une nouvelle technologie peut susciter des interrogations et des craintes dans la population, notamment à l'égard de son impact sur l'environnement, la santé humaine, etc. Les nanotechnologies ne font pas exception. Les questions d'éthique et des impacts négatifs font régulièrement les « manchettes » des journaux.

La Commission de l'éthique du Conseil de la science et de la technologie a amorcé des travaux pour l'élaboration d'un avis sur le sujet. Par ailleurs, NanoQuébec et les universités vont créer des groupes de réflexion voués à l'étude des impacts des applications nanotechnologiques sur la société. Dans le but de sensibiliser le public, la création d'un forum citoyen est aussi envisagé ainsi que la publication d'articles de vulgarisation scientifique dans des revues spécialisées tel Québec Science.

3) La disponibilité du personnel hautement qualifié

La disponibilité d'une main-d'oeuvre qualifiée demeure un facteur incontournable pour assurer le développement de cette filière.

  • Cinq collèges de la région de Montréal ont déjà mis en place des formations professionnelles pour répondre aux besoins anticipés. Il s'agit de formations « post-DEC » multidisciplinaires en nanomatériaux, nanobiotechnologies et traitement de surface, offertes dans le cadre d'attestation d'études collégiales (AEC).
  • Au niveau universitaire, suite à une consultation auprès des vice-recteurs à la recherche, NanoQuébec estime à 2000 le nombre d'étudiants aux cycles supérieurs dans des disciplines reliées aux nanosciences.

4) Le positionnement canadien et international du Québec

En l'absence d'une stratégie canadienne, le Québec a fait de nombreuses représentations auprès de certaines provinces et de diverses autorités fédérales afin de faire valoir ses meilleures pratiques et de défendre ses intérêts. La stratégie canadienne devrait être élaborée au cours de 2005 par le Bureau du Conseiller national des sciences et le Québec devrait y jouer un rôle important.

Au niveau international, NanoQuébec et Albany NanoTech ont signé une entente de coopération visant le développement scientifique et industriel des nanotechnologies dans le cadre du Corridor Québec-New York. De plus, plusieurs activités ont été organisées dans le contexte de l'entente Québec-France, et une entente entre NanoQuébec et Minatec (Grenoble, France) est en négociation. Les centres de recherche Minatec et Albany NanoTech sont deux pôles majeurs de recherche en nanoélectronique et ces ententes sont jugées stratégiques pour le développement de ce secteur au Québec.

5) Le positionnement industriel

À l'égard du positionnement industriel, une quarantaine de PME sont maintenant actives en nanotechnologies au Québec. Près de la moitié de ces PME ont établi des collaborations avec des chercheurs universitaires en finançant des projets. Du côté des grandes entreprises, même si certaines ont montré un intérêt pour les « nanos », ces dernières sont encore peu nombreuses à faire de la recherche ou à avoir développé une stratégie. NanoQuébec prévoit plusieurs activités de sensibilisation auprès des grandes entreprises du Québec, notamment en développant des liens avec des organismes de concertation sectoriels tels PROMPT-Québec (microélectronique et télécommunication) et Paprican (pâtes et papier).

6) Le choix de créneaux scientifiques et technologiques

Même avec une capacité de recherche de calibre international, le Québec ne peut prétendre être un joueur clé dans tous les créneaux des nanotechnologies. Des choix de créneaux scientifiques et de niches technologiques devront être faits. Le premier portrait des nanotechnologies au Québec indiquait que les nanomatériaux, la nanoélectronique et les nanobiotechnologies constituaient des domaines où se retrouve la plus grande concentration des chercheurs universitaires. Par ailleurs, certaines orientations de créneaux se dessinent sur la base des plates-formes et laboratoires de recherche financées dans le cadre de la FCI.