Agence de santé publique du Canada / Public Health Agency of Canada
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Introduction
Les décès par maladie cardio-vasculaire
L'incidence des maladies cardio-vasculaires
L'utilisation des services de santé
Les répercussions économiques des maladies cardio-vasculaires
Les facteurs de risque des maladies cardio-vasculaires
La prévention des maladies cardio-vasculaires
L'accident vasculaire cérébral : traitement actuel et stratégies de prévention
Glossaire
Références

Agence de santé publique du Canada

Les maladies cardio-vasculaires et les accidents vasculaires cérébraux au Canada 1997

2. Les décès par maladie cardio-vasculaire

2.1 Les principales causes de décès

En 1995, le nombre de décès par maladie cardio-vasculaire a connu une hausse bien que les maladies cardio-vasculaires ne soient maintenant responsables que de 37% de tous les décès, une baisse par rapport au chiffre de 38% rapporté en 1992 (figure 1). Les maladies cardio-vasculaires ont causé 79 117 décès en 1995, comparativement à 75 221 en 1992. La cardiopathie ischémique a été responsable de la majorité des décès, soit 21%, dont la moitié étaient dus à un infarctus du myocarde (IM) au stade aigu (figure 2). L'accident vasculaire cérébral et les autres maladies cardio-vasculaires représentaient respectivement 7% et 9% des décès (figure 2). Les tableaux 1 et 2 donnent le nombre réel de décès pour chaque groupe d'âge, chez les hommes et chez les femmes, pour toutes les maladies cardio-vasculaires ainsi que pour la cardiopathie ischémique, l'infarctus du myocarde aigu et l'accident vasculaire cérébral. Bien que le pourcentage ajusté en fonction de l'âge pour tous les décès par cardiopathie ischémique ait diminué, passant de 25% en 1988 à 21% en 1995, le nombre total de décès par cardiopathie ischémique a augmenté légèrement.

Chez les hommes de tous âges, 36% des décès sont attribuables à une maladie cardio-vasculaire, tandis que chez les femmes, le pourcentage est plus élevé, soit 39%. Par ailleurs, bien que le pourcentage de décès par cardiopathie ischémique et par infarctus myocardique soit plus élevé chez les hommes, le nombre de décès causés par un accident vasculaire cérébral est plus important chez les femmes (tableaux 1 et 2).1

Les décès dus à la cardiopathie ischémique peuvent se produire subitement, en l'absence de symptômes ou moins d'une heure après leur apparition. La «mort subite» peut être la seule manifestation chez environ 15% des personnes qui subissent une première crise cardiaque.2,3 D'autre part, chez les personnes ayant une cardiopathie ischémique avérée qui subissent une seconde crise cardiaque, le risque de mort subite peut être 4 ou 5 fois plus grand.2,3 Les résultats d'une étude sur les maladies cardio-vasculaires menée au Québec (Quebec Cardiovascular Study) ont démontré, d'une part, que 60% des décès par cardiopathie ischémique surviennent en dehors de l'hôpital dans le cas d'un premier événement 4 et, d'autre part, que dans 42% de tous les décès par cardiopathie ischémique, les hommes sont décédés moins de 1 heure après le début des symptômes ou ils ont été trouvés morts au lit. Ces résultats font clairement ressortir la nécessité de la prévention et de soins préhospitaliers appropriés.

Dans le cas des personnes ayant subi un infarctus du myocarde aigu et ayant été admises à l'hôpital, les résultats d'une expérience menée en Ontario ont permis d'évaluer que le taux de létalité ajusté en fonction de l'âge et du sexe au cours des 30 premiers jours a diminué, passant de 22% en 1981 à 16% en 1991. 5 Cette baisse s'est amorcée avant l'utilisation des bêta-bloquants, de l'aspirine et de la thrombolyse; la baisse est modeste, le taux ayant passé de 22,3% en 1981 à 21,4% en 1985. 6 Toutefois, on a constaté qu'une baisse significative (le taux est passé de 21,4% en 1985 à 16,3% en 1991) coïncidait avec le recours de plus en plus fréquent à la thrombolyse.6 Une analyse du fichier national sur la morbidité hospitalière pour le taux d'infarctus du myocarde aigu en 1992-1993 7 a révélé un taux général de mortalité hospitalière de l'ordre de 16%, soit 13,1% pour les hommes et 21,4% pour les femmes, ce qui est semblable aux taux observés lors de l'expérience d'Ontario. Les résultats de l'étude CAMI (Canadian Assessment of Myocardial Infarction) qui ont été publiés récemment ont indiqué des taux de mortalité moins élevés. En effet, le taux de mortalité hospitalière de tous les patients admis dans des hôpitaux sélectionnés à cause d'un infarctus myocardique aigu entre le mois de novembre 1991 et le 31 décembre 1992 a été de 9,9%; le taux de mortalité 1 an après le congé était de 7,1%.8

Des études continuent d'être menées à l'échelle mondiale afin de comparer l'efficacité de divers traitements thrombolytiques. Peu importe le produit utilisé, l'administration d'un agent thrombolytique moins de 12 heures après l'apparition des symptômes peut réduire les décès par infarctus du myocarde. La baisse de la mortalité peut aller jusqu'à 30% ou même 50% chez les personnes qui ont reçu l'agent thrombolytique moins de 6 heures après le début de la douleur thoracique, ou encore elle peut atteindre 7,5% lorsque la consultation médicale s'effectue entre 6 et 12 heures après l'apparition des symptômes.9-11 Malheureusement, seulement de 30 à 50% des patients pouvant bénéficier du traitement thrombolytique reçoivent un tel traitement.12 En plus, on constate encore des retards dans la demande de traitement par les patients une fois les symptômes devenus manifestes et aussi dans l'administration du traitement une fois le patient rendu à l'hôpital, même dans le cas de patients qui répondent aux critères d'admission pour les études portant sur la thrombolyse.13 Par conséquent, on doit élaborer des stratégies pour améliorer l'établissement du diagnostic, réduire le délai «entre l'arrivée et l'injection» et augmenter l'accessibilité au traitement thrombolytique.14-17

2.2 Comparaisons internationales

Les maladies cardio-vasculaires constituent la première cause de décès dans le monde, mais les taux varient considérablement d'un pays à l'autre. Au milieu des années 1990, les taux comparatifs de mortalité pour toutes les maladies cardio-vasculaires chez la population masculine allaient de 1 130,7 décès pour 100 000 habitants dans la fédération russe jusqu'au bas niveau de 232,7 décès pour 100 000 au Japon (figure 3). Chez la population féminine, les taux de mortalité allaient de 666,7 décès pour 100 000 habitants dans la fédération russe jusqu'au bas niveau de 148,7 décès pour 100 000 en France (figure 3). Au Canada (1995), les taux étaient de 306,6 décès pour 100 000 habitants chez la population Gmasculine et de 239,3 pour 100 000 chez la population féminine. Ces taux internationaux, bien qu'ils donnent un aperçu de la situation mondiale, reflètent la réalité de divers pays au cours d'années différentes, dépendamment de l'année de la collecte des données pour fins de statistiques; par conséquent, il faut être prudent au moment d'effectuer des comparaisons entre les divers pays.

Parmi les 20 pays sélectionnés, le Canada occupe le dixième rang pour ce qui est des taux de mortalité par cardiopathie ischémique, avec un taux de 185,9 décès pour 100 000 habitants chez les hommes et de 123,4 décès pour 100 000 habitants chez les femmes (figure 4). Par ailleurs, la France (dont la population est comparable à celle du Canada) a des taux beaucoup plus faibles que ceux du Canada, soit 86,2 décès pour 100 000 habitants chez les hommes et 36,6 décès pour 100 000 habitants chez les femmes. La position du Canada relativement aux autres pays demeure pratiquement inchangée depuis le milieu des années 1980.

Le Canada maintient sa position enviable parmi les pays sélectionnés quant aux taux de mortalité par accident vasculaire cérébral. En effet, chez la population masculine, le taux de décès est de 50,4 pour 100 000 habitants, ce qui est le plus bas taux parmi les pays choisis (figure 4). Chez la population féminine, le taux de décès est de 53,8 pour 100 000 habitants, le troisième meilleur taux après les États-Unis et la France (figure 4). Quant aux taux mondiaux chez les hommes, ils vont de 50,4 décès pour 100 000 habitants au Canada à 355,8 décès pour 100 000 habitants dans la fédération russe. Enfin, chez les femmes, les taux mondiaux vont de 42,5 décès pour 100 000 habitants en France à 262,9 décès pour 100 000 habitants dans la fédération russe (figure 4).

Bon nombre de facteurs peuvent expliquer les différences internationales dans les taux de mortalité : le régime alimentaire, les habitudes relativement au tabagisme, le manque d'exercice physique et la maîtrise de l'hypertension artérielle chez la population de chacun des pays. Cependant, une grande partie de la différence demeure inexpliquée.

2.3 Taux de mortalité spécifiques pour l'âge et le sexe

Les différences entre les deux sexes en ce qui concerne les maladies cardio-vasculaires sont bien documentées. Jusqu'à l'âge de 74 ans, les hommes ont des taux de mortalité de 2 à 5 fois plus élevés que les femmes pour l'infarctus du myocarde aigu et la cardiopathie ischémique (tableau 3, figure 5). L'exception à cette règle est l'accident vasculaire cérébral, dans quel cas les taux sont à peu près équivalents chez les hommes et les femmes de tous les groupes d'âge. Chez les femmes, il y a une hausse dramatique de tous les taux de décès par maladie cardio-vasculaire après la ménopause; ainsi, dans les décennies qui suivent la ménopause, les taux de mortalité par cardiopathie ischémique chez les femmes se rapprochent des taux constatés chez les hommes.

Chez les hommes, le pourcentage de tous les décès causés par les maladies cardio-vasculaires augmente progressivement à partir de 35 ans jusqu'à 84 ans (figure 6). Les résultats des études autorisent à penser que les taux normaux d'oestrogène chez la femme préménopausée confèrent à cette dernière l'avantage d'une protection contre l'apparition de la cardiopathie ischémique.18

Dans le cas des maladies cardio-vasculaires, bien que les taux de mortalité spécifiques pour l'âge chez les hommes soient plus que le double des taux chez les femmes pour les personnes de moins de 85 ans (tableau 3), le nombre réel de décès indique que presque autant de femmes que d'hommes meurent d'une maladie cardio-vasculaire. Ainsi, en 1995, 40 091 hommes et 39 026 femmes sont décédés à la suite d'une maladie cardio-vasculaire (tableaux 1 et 2). Cette apparente contradiction s'explique par le fait que, d'une part, l'âge moyen de décès est plus élevé chez les femmes et, d'autre part, les taux de mortalité par maladie cardio-vasculaire sont élevés dans les groupes d'âge plus avancé.19

Chez les deux sexes, les taux augmentent de façon dramatique dans les groupes d'âge plus avancé (figures 5 et 6). Au cours des décennies à venir, alors que la proportion de personnes âgées (plus de 65 ans) dans la population augmentera, la prévalence et le nombre absolu de décès par maladie cardio-vasculaire pourrait augmenter. Le taux de mortalité plus faible pour le groupe des 35 à 64 ans n'amoindrit pas l'importance des maladies cardio-vasculaires en tant que problème de santé; en effet, les maladies cardio-vasculaires constituent toujours la principale cause de décès pour ce groupe d'âge.

2.4 Comparaisons régionales

Au Canada, on remarque un gradient est-ouest dans les taux de mortalité par maladie cardio-vasculaire (figures 7 et 8; tableaux 4 et 5). En effet, les taux sont immanquablement plus élevés dans les Maritimes que dans l'Ouest canadien. Ainsi, en 1995, les taux de mortalité par maladie cardio-vasculaire étaient les plus élevés chez les hommes et les femmes de Terre-Neuve, soit 317 et 294 pour 100 000 habitants, respectivement. Les taux les plus bas se retrouvaient chez les hommes et les femmes de la Colombie-Britannique (226 et 219 pour 100 000 habitants, respectivement). De plus, les différences régionales sont plus appréciables en ce qui concerne les taux de mortalité par infarctus du myocarde aigu et par cardiopathie ischémique plutôt que par accident vasculaire cérébral. Des atlas de mortalité (figures 9, 10, 11 et 12) illustrent la répartition générale de la cardiopathie ischémique et de l'accident vasculaire cérébral au Canada; cependant, les taux de mortalité donnés pour des secteurs de recensement spécifiques doivent être interprétés avec prudence, compte tenu du nombre relativement peu important de décès à partir duquel ils ont été calculés.

Au niveau des provinces, les taux de prévalence du tabagisme, de l'hypertension et de l'obésité sont parallèles au gradient de la maladie cardio-vasculaire (voir aussi la section 6, Les facteurs de risque des maladies cardio-vasculaires). Cela semble indiquer que la variation dans les taux de mortalité par maladie cardio-vasculaire au Canada s'explique en partie par des différences dans la prévalence des facteurs de risque.

2.5 Les populations autochtones

Des données historiques semblent indiquer que les populations autochtones du Canada (tant inuit qu'amérindiennes) connaissaient autrefois un taux de mortalité par maladie cardio-vasculaire qui était de loin inférieur à celui des populations non autochtones. Pourtant, pendant les dernières décennies, les hommes autochtones ont connu un taux de mortalité par cardiopathie ischémique qui était similaire à celui de la population canadienne de sexe masculin et, en outre, la baisse du taux au cours des ans a été comparable 20, 21 (tableau 6). Par ailleurs, le taux de mortalité comparatif pour les accidents vasculaires cérébraux est en baisse chez les hommes autochtones, tout comme la différence relative entre leurs taux de mortalité et ceux de l'ensemble de la population canadienne (exprimé comme le ratio standardisé de mortalité). D'autre part, les femmes autochtones affichent des taux de mortalité plus élevés que la population féminine du Canada en général, à la fois pour la cardiopathie ischémique et pour l'accident vasculaire cérébral. La prévalence plus grande des facteurs de risque des maladies cardio-vasculaires, tels que l'hypertension, le diabète, l'obésité et le tabagisme, peut en partie expliquer cette tendance.22-24 Cependant, au cours de la dernière décennie, les différences entre les femmes autochtones et les femmes non autochtones ont sensiblement diminué. Il n'a pas été clairement établi si l'amoindrissement de ces différences reflète la tendance générale chez la population canadienne dans son ensemble ou si elles sont le résultat des programmes destinés spécifiquement aux groupes d'autochtones.

2.6 Les tendances temporelles

Les taux de mortalité par maladie cardio-vasculaire au Canada régressent régulièrement depuis le milieu des années 1960. En effet, les taux de mortalité pour l'année 1995 sont presque deux fois moins importants que les taux pour 1969; cela s'applique à toutes les principales catégories de maladies cardio-vasculaires ainsi qu'aux taux à la fois chez les hommes et chez les femmes (figure 13).

Les taux de cardiopathie ischémique au Canada ont atteint un sommet au milieu des années 1960 (figure 13). L'Ontario avait les taux les plus élevés, atteignant 447 décès pour 100 000 habitants (de sexe masculin) en 1970; la Saskatchewan, quant à elle, avait les taux les plus bas, avec 318 décès pour 100 000 habitants (de sexe masculin) en 1969. 25 Depuis lors, la régression est constante et se situe autour de 2% par année. Le taux de régression a été le plus fort dans les Maritimes et le plus faible dans les Prairies de sorte que, en 1995, la variation régionale était sensiblement moindre que deux décennies plus tôt. Cette régression, à l'instar de celle observée aux États-Unis, peut s'expliquer en partie par une baisse du tabagisme et de la consommation de graisses alimentaires, une amélioration du dépistage et de la maîtrise de l'hypertension artérielle, une amélioration dans les soins médicaux et chirurgicaux prodigués aux personnes atteintes d'une maladie cardio-vasculaire 26 et, finalement, par des améliorations au niveau du diagnostic.

La régression du taux de mortalité par infarctus du myocarde aigu est semblable à celle observée dans le cas de la cardiopathie ischémique (figure 13). Toutefois, la collecte de données statistiques spécifiques à l'infarctus du myocarde aigu n'ayant commencé qu'en 1969, les taux de mortalité avant cette époque ne sont pas connus.

Bien que les accidents vasculaires cérébraux soient responsables de 7% de tous les décès au Canada, le taux de mortalité par accident vasculaire cérébral est parmi les plus faibles au monde (voir la section 2.2, Comparaisons internationales). Les taux de mortalité par accident vasculaire cérébral ont régressé d'environ 2% par année depuis les années 1950; en outre, le pourcentage des décès imputables aux accidents vasculaires cérébraux est demeuré stable depuis 1988 alors qu'il a atteint 7%. Le taux de mortalité par accident vasculaire cérébral est étroitement lié à la prévalence de l'hypertension et du tabagisme au sein de la population. Donc, la régression du taux de mortalité par accident vasculaire cérébral peut être liée à une meilleure compréhension de l'hypertension artérielle par le grand public ainsi qu'à un dépistage et à un traitement plus précoces.

Tandis que les taux de mortalité par cardiopathie ischémique régressent au Canada et dans d'autres pays occidentaux depuis une décennie, ces mêmes taux augmentent en Europe de l'Est, dans la fédération russe et dans un certain nombre de pays en voie de développement.

2.7 Les années potentielles de vie perdues

Le calcul du nombre d'années potentielles de vie perdues (A.P.V.P.) fournit une indication des répercussions des décès prématurés au niveau de la société. Les années potentielles de vie perdues représentent la somme des années de vie que chaque Canadien ou Canadienne a «perdues», c.-à-d. n'a pas vécues, en raison d'un décès prématuré (établi de façon arbitraire comme tout décès survenu avant l'âge de 75 ans). Les décès prématurés dus à la maladie cardio-vasculaire sont responsables d'environ 294 000 années potentielles de vie perdues et se classent au troisième rang après les lésions traumatiques et les tumeurs cancéreuses (figure 14). Ce chiffre demeure pratiquement inchangé depuis les derniers calculs. Cela représente une perte significative pour le pays sur les plans social et économique, en plus de faire ressortir l'importance des programmes de prévention sanitaire dans la diminution du nombre de décès prématurés imputables aux maladies cardio-vasculaires.

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Dernière mise à jour : 2002-11-22 début