7. La prévention des maladies cardio-vasculaires

7.1 Les occasions de prévention

Une analyse récente des tendances séculaires relativement aux facteurs de risque et aux améliorations thérapeutiques a souligné les répercussions importantes de la prévention sur la baisse de la mortalité par maladie coronarienne.¹⁰² La réduction des facteurs de risque primaires et secondaires explique probablement environ 50% de la baisse de la mortalité coronarienne. La prévention primaire justifie 25% de la baisse, tandis qu'un autre 29% s'expliquent par une réduction secondaire des facteurs de risque chez les personnes ayant un diagnostic de maladie coronarienne. Les améliorations thérapeutiques justifient environ 43% de la baisse constatée.¹⁰²

Une prévention optimale nécessite le recours à des stratégies de prévention primaire, secondaire et tertiaire. La prévention «primaire», par la modification des facteurs de risque, peut réduire l'incidence de la maladie; la prévention «secondaire», par l'identification et le traitement précoces des états pathologiques, peut augmenter la survie; enfin, la prévention «tertiaire», par la réadaptation dans le cas d'une maladie établie, peut diminuer encore plus l'invalidité et la souffrance, et ainsi améliorer la qualité de vie individuelle.

La prévention primaire des maladies cardio-vasculaires implique une stratégie sur trois fronts, soit : une démarche auprès de la population générale, le ciblage des personnes exposées à un risque élevé et, finalement, la gestion des déterminants psychosociaux des maladies cardio-vasculaires.^40,43 Les différents taux d'incidence et de mortalité observés d'une province canadienne à l'autre donnent à penser qu'il existerait des occasions d'améliorer la prévention.¹⁰³ À l'échelle internationale, le projet de la Carélie du Nord a démontré que l'on peut obtenir des résultats efficaces au moyen de programmes basés dans la communauté et visant à la fois la population générale et les personnes exposées à un «risque élevé» de maladie cardio-vasculaire.^104-107

7.2 Le rôle de la recherche

Malgré le fait que les maladies cardio-vasculaires constituent l'un des principaux problèmes de santé au Canada, les fonds alloués à la recherche (59 millions de dollars) ne reflètent pas cette réalité; en fait, ils se retrouvent derrière ceux alloués aux tumeurs (73 millions de dollars) et aux atteintes du système nerveux (62 millions de dollars).³⁶

Les taux de mortalité par maladie cardio-vasculaire diminuent tandis que les coûts économiques de ces maladies augmentent. Le défi n'est donc pas seulement d'améliorer la qualité des soins et la qualité de vie des personnes atteintes, mais aussi de réduire l'incidence de la maladie afin de minimiser ses coûts sociaux et économiques.

7.3 L'Initiative canadienne en santé cardio-vasculaire

L'Initiative canadienne en santé cardio-vasculaire, élaborée à partir de vastes consultations effectuées par le groupe de travail fédéral-provincial sur les maladies cardio-vasculaires au milieu des années 1980, est une manière d'aborder la santé cardiaque à l'échelle nationale. Grâce à la collaboration de nombreux groupes intéressés provenant des secteurs de la santé et d'autres secteurs, un consensus a été établi quant aux stratégies à adopter pour prévenir la maladie cardio-vasculaire au Canada. Le rapport du groupe de travail, intitulé «Promotion de la santé cardio-vasculaire au Canada»¹⁰⁸ , a recommandé une approche multifactorielle intégrée visant à prévenir ou à maîtriser les facteurs de risque par le biais de changements dans le milieu qui favoriseraient des modes de vie sains pour le coeur.

Le document «Promotion de la santé cardio-vasculaire au Canada» sert de plan pour l'élaboration des politiques de l'Inititiative canadienne en santé cardio-vasculaire (ICSC). Les options stratégiques exposées dans le rapport, soit une direction efficace du système de santé publique, des programmes communautaires, une coordination entre les secteurs, l'accès aux services de santé, l'éducation du grand public et la diffusion d'informations et, enfin, la surveillance, l'évaluation et la recherche, ont été adoptées comme stratégies pour l'ICSC. Cette initiative constitue un travail de collaboration entre Santé Canada et les ministères provinciaux de la Santé et elle a aussi bénéficié de la participation de la Fondation des maladies du coeur du Canada.³⁴ L'ICSC reconnaît les principes fondamentaux de la promotion de la santé tels qu'ils ont été décrits dans le rapport «La santé pour tous : plan d'ensemble pour la promotion de la santé».¹⁰⁹

Les principaux agents de l'ICSC sont des coalitions nationales, provinciales et communautaires. On a prévu que l'Initiative comprendrait quatre phases.

La première phase (1987-1992), une enquête sur les facteurs de risque des maladies cardio-vasculaires dans les 10 provinces, est terminée.⁴³ La base de données nationale a répertorié les profils des facteurs de risque pour le Canada et les provinces ainsi que les niveaux de connaissances et d'intérêt par rapport aux maladies cardio-vasculaires. Cette base de données se révèlera utile pour la planification d'interventions appropriées qui répondront aux besoins particuliers des communautés canadiennes.

La deuxième phase (1989-1998) implique la mise en place de programmes de démonstration sur la santé cardio-vasculaire dans chacune des provinces. Les programmes en cours comprennent : l'éducation du grand public et la formation des professionnels, les programmes dans les milieux de travail, la santé scolaire et l'élaboration de politiques gouvernementales.

La troisième phase comprend l'évaluation de ces programmes et de l'Initiative dans son ensemble. Cela permet d'obtenir des informations sur l'efficacité des programmes et de faire connaître les programmes de promotion de la santé dans d'autres communautés canadiennes.

Enfin, la phase de diffusion (1994-2002) permettra d'examiner les processus et les facteurs qui facilitent l'adoption d'interventions efficaces ou qui nuisent à cette démarche. Quatre des provinces ont déjà entamé cette phase.

La Fondation des maladies du coeur du Canada et les fondations provinciales affiliées jouent un rôle primordial dans le soutien des activités présentées sous les auspices de l'Initiative canadienne en santé cardio-vasculaire. La Fondation est largement reconnue pour son importante contribution à des activités de recherche et de formation professionnelle. Enfin, les programmes d'éducation destinés au grand public, tels que «Sautons en coeur», «Connaissez-vous votre tension artérielle par coeur?» et les programmes «Coeur atout» pour les restaurants et la cuisine demeurent un bon moyen de faire connaître la Fondation tout en répondant aux demandes des consommateurs en matière de ressources significatives et pratiques.

7.4 Les conférences internationales sur la santé cardio-vasculaire

Deux conférences internationales sur la santé cardio-vasculaire ont déjà eu lieu. La première, qui a eu lieu en 1992 à Victoria, en Colombie-Britannique, envisageait un partenariat à l'échelle mondiale dans le but d'élaborer des politiques et de mettre en place des programmes visant la promotion de la santé cardiaque et la prévention des maladies cardio-vasculaires; on y proposait d'éliminer ou de réduire les facteurs de risque en abordant la question sous l'angle de la santé publique.¹¹⁰

La deuxième conférence internationale sur la santé cardio-vasculaire, qui a été convoquée à Barcelone en mai 1995, avait pour but, d'une part, de s'attaquer au problème du fardeau croissant des maladies cardio-vasculaires et des iniquités qui existent quant aux taux, aux tendances et aux causes des maladies cardio-vasculaires à travers le monde et, d'autre part, d'examiner les ressources existantes pour maîtriser ces maladies. Le but de la Déclaration de Catalogne était de montrer qu'un investissement en santé cardiaque peut réduire le nombre de crises cardiaques et d'accidents vasculaires cérébraux ainsi que l'invalidité et les pertes de vie qui en résultent. Une amélioration de la santé et une diminution subséquente des maladies cardio-vasculaires et, par conséquent, une baisse des frais médicaux procureront des avantages économiques.¹¹¹ La Déclaration de Catalogne a élaboré sur les recommandations stratégiques de la Déclaration de Victoria; elle a aussi fourni des exemples provenant de partout au monde qui illustraient la manière dont les investissements en santé cardiaque peuvent réduire la fréquence des maladies cardio-vasculaires et procurer des bienfaits économiques. Il est important que les gouvernements, l'industrie, les groupes communautaires, les médias, les éducateurs et les dispensateurs de soins de santé à travers le monde soient au courant de ces bienfaits afin que des mesures efficaces pour réduire l'incidence des maladies cardio-vasculaires soient proposées. Les moyens efficaces varieront d'un pays à l'autre, car les différences sur les plans de l'économie, de la santé, de l'éducation et de la culture produiront des profils de facteurs de risque différents et, par conséquent, nécessiteront des stratégies différentes. Le contenu des politiques finales sera donc fonction des besoins régionaux et des coutumes. Cette déclaration décrit les ressources et les avoirs existants, les obstacles à la réussite et les moyens efficaces pour les surmonter ainsi que des exemples de réussites dans divers pays à travers le monde. Ces exemples illustrent ce qui peut être accompli et constituent une source d'inspiration pour d'autres qui souhaiteront mettre en place des programmes et des politiques semblables dans le but de prévenir et de maîtriser les maladies cardio-vasculaires.

Le Canada sera l'hôte de la 4^e Conférence internationale en cardiologie préventive, intitulée «Accroître les bienfaits de la prévention pour tous» qui aura lieu à Montréal du 29 juin au 3 juillet 1997. Les conférences précédentes sont considérées comme des tribunes de très grande importance qui ont favorisé les échanges internationaux d'informations scientifiques dans le domaine de la prévention et de l'épidémiologie des maladies cardio-vasculaires. Le programme de Montréal se révèle tout aussi prometteur.

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