On peut élaborer des modèles informatiques des avancées et reculs des grandes nappes glaciaires du passé qui intègrent la réaction de la Terre à des variations de la charge de surface. Les modèles de relèvement isostatique postglaciaire tiennent compte d'observations variées reliées à la dernière glaciation dont: des observations géologiques sur l'étendue, l'épaisseur ainsi que de l'historique de retrait de la nappe glaciaire, de même que sur la remontée et le basculement d'anciens littoraux lacustres et marins. Les observations géodésiques contemporaines du mouvement crustal et de la variation du champ gravitationnel en surface fournissent de nouvelles limites que l'on commence tout juste à intgérer aux modèles.

Puisque ces modèles fournissent une réaction assez réaliste de la Terre, on peut les utiliser pour générer des prévisions numériques de la réponse crustale dans les régions où on manque de données. Par exemple, on a en grande partie établi les limites pour les modèles du relèvement isostatique postglaciaire d'après des observations relatives du niveau de la mer (en utilisant des datations au carbone 14 d'éléments reliés aux anciens niveaux marins, tels que les plages soulevées), qui sont uniquement possibles le long d'anciens littoraux marins. Toutefois, un modèle basé sur des observations relatives du niveau de la mer peut être utilisé pour prévoir la réponse crustale dans d'autres régions. Ces prévisions peuvent ensuite être comparées avec d'autres observations, comme celles effectuées à l'aide du GPS ou celles de la gravité absolue.

Ces modèles peuvent également fournir des estimations numériques pour des quantités pour lesquelles peu, ou pas, d'observations directes sont disponibles, comme les variations des contraintes et des déformations crustales dues à la variation de la charge résultant de l'accumulation ou de la fonte de grandes masses de glace. Des estimations de ces variations des contrainteset desdéformations peuvent grandement faciliter l'étude des processus telluriques.

Bien que nos efforts soient concentrés sur la reconstitution des nappes glaciaires de l'Amérique du Nord, la modélisation des nappes glaciaires doit nécessairement se faire dans une perspective globale parce que les observations relatives du niveau de la mer sont la clef de ces reconstitutions. Elles sont sensibles à la quantité totale d'eau dans les océans, qui dépend elle-même de la diminution ou de l'accroissement nets de la masse de l'ensemble des nappes glaciaires.