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Divulgation proactive Version imprimable ![]() ![]() | ![]() | ![]() Les vies anciennes : chroniques de paléontologie canadienne Les os de la Terre battus par les vents
Deux quatrains de David, le célèbre poème narratif de l'auteur canadien-anglais Earle Birney (1904-1995), où, dans les pics paléozoïques des Rocheuses, sont mêlés la montagne, l'amitié et le drame.
Stan Rogers, le regretté chanteur folk a chanté les aspects essentiels du paysage canadien. Les falaises mouillées de Terre-Neuve, les affleurements rocheux polis par les glaciers, les badlands albertaines ou les pics escarpés de la chaîne Côtière témoignent tous de la présence de la pierre. Cette pierre qui, même quand elle est invisible, fait sentir sa présence. En plus de façonner le paysage canadien, les roches recèlent les traces de l'histoire originelle du Canada. Si l'histoire humaine fait fond des documents, journaux, photographies, outils, objets façonnés et inscriptions, on peut lire le passage de la vie dans l'ordonnancement des strates rocheuses et les archives lithiques de notre planète. Celés dans les Os de la Terre, se cachent les fossiles. Les fossiles sont préservés dans la pierre sédimentaire, présente sur tout le territoire canadien. Leur découverte et leur extraction nécessitent un travail sur un terrain souvent inhospitalier. En 1844, William Logan, alors directeur de la Commission géologique de Canada, récemment constituée, décrit son travail en Gaspésie dans une lettre à Henry de la Beche, son homologue au British Geological Survey : Pendant tout l'été, j'ai travaillé comme un esclave et vécu comme un sauvage dans le golfe du Saint-Laurent, dormant sur la plage, dans un sac de couchage mes pieds tournés vers le feu, enlevant rarement mes vêtements, ne me sustentant que de porc salé et de biscuits de marin, souvent importuné par les moustiques. Pendant trois mois, j'ai roulé ma roue d'arpentage sur toute la côte et compté mes pas, du matin au soir. Mon carnet de campagne est une accumulation de curiosités.
Dans ces textes, nous présentons des fossiles canadiens et les personnes qui les ont découverts ou étudiés. Ces personnes sont aussi diverses que les fossiles auxquels elles se sont intéressées. Parmi les fossiles, on trouvera des algues, des plantes, des coraux, des trilobites, des termites, des poissons, des ammonites, des mammouths, ainsi que des os, des œufs et des excréments de dinosaures, de même que des fossiles authentiques, des pseudofossiles et des dubiofossiles. Si beaucoup ont été découverts par des paléontologues et des géologues, de nombreux autres ont été mis au jour par des explorateurs, des employés de bureau, des marchands de fourrure, des médecins, des physiciens, des menuisiers, des mineurs, des étudiants, des avocats, des fermiers, ainsi des autochtones chasseurs et nomades.
Voici un aperçu de certains des chapitres qui suivent : Au cours de l'été 1967, Shiva Balak Misra, étudiant à la maîtrise en géologie à l'Université Memorial de Terre-Neuve et récemment débarqué de l'Inde, découvre un fossile remarquable à la pointe Mistaken près du cap Race : les empreintes fusiformes et penniformes d'organismes édiacariens uniques, vieux de 570 millions d'années. En 1791, Peter Fidler, un apprenti explorateur fait la première observation d'un fossile canadien, « des coqs et des mules pétrifiés », dans la pierre calcaire sur les bords de la rivière Clearwater, au sud du lac Athabasca. En 1953, Stanley Tyler, géologue de l'Université du Wisconsin, prépare une lame d'une pierre d'un noir brillant qu'il a prélevée à Schreiber (Ontario) et découvre le premier microbiote diversifié du Précambrien. En 1886, des menuisiers engagés pour la construction de l'hôtel du Canadien Pacifique à Field (Colombie-Britannique), la Mount Stephen House, découvrent un grand nombre de fossiles complets de trilobites remontant au Cambrien moyen. Cette trouvaille sera suivie, vingt ans plus tard, de la découverte du Shale de Burgess. En 1996, John Bell qui poussait du grès dynamité avec son bulldozer, près de la pointe Duke sur l'île de Vancouver préserve la plus grande feuille fossilisée découverte au Canada. Pendant l'hiver de 1811, David Thompson qui, pendant plus d'une douzaine
d'années, avait vainement cherché des ossements de mammouth à travers
l'Ouest canadien, est confronté à la rencontre possible avec un mammouth
bien vivant dans un col des Rocheuses.
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