Les vies anciennes : chroniques de paléontologie canadienne |
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Les vies anciennes : chroniques de paléontologie canadienne Ed Klovan et le paléorécif de Redwater
Si la découverte d'un récif tropical à un mile sous la plaine
glacée du centre de l'Alberta constituait une nouvelle fascinante – et lucrative – pour les oélogéologues, elle était trop fantastique pour être
acceptée par le grand public.
![Coupe d'une carotte de la pierre du paléorécif de Redwater, construit pendant le Dévonien supérieur. Collections de l'Université d'Alberta. (Photographie par Brian Chatterton.) Coupe d'une carotte de la pierre du paléorécif de Redwater, construit pendant le Dévonien supérieur. Collections de l'Université d'Alberta. (Photographie par Brian Chatterton.)](/web/20061103034537im_/http://gsc.nrcan.gc.ca/paleochron/images/core2_1.jpg) Coupe d'une carotte de la pierre du paléorécif de Redwater, construit pendant le Dévonien supérieur. Collections de l'Université d'Alberta.
(Photographie par Brian Chatterton.) |
L'Alberta devenait une province riche, à seize heures pile, le 13
février 1947 lorsqu'à Leduc, à vingt-cinq kilomètres au sud-ouest d'Edmonton, le
trépan du puits Numéro Un de la Pétrolière Impériale perçait un
monticule carbonaté pétrolifère à une profondeur de 1 544 mètres. À la
fin de l'année, on extrayait 3 500 barils de pétrole par jour, de trente
puits creusés au travers de monticules similaires, au centre de l'Alberta. La
province était devenue l'une des grandes régions pétrolières de
l'Amérique du Nord. La prospection sismique permet de découvrir
facilement ces monticules carbonatés, calcaires (carbonate de calcium) à
l'origine, mais altérés en dolomite (carbonate double de calcium et de magnésium)
au cours des âges. La recristallisation et la diminution de volume
consécutives à l'altération ont supprimé la texture originale de la
pierre et effacé tout fossile qui pouvait s'y trouver. Bien que les
géologues de la Pétrolière Impériale ne purent établir avec certitude
leur origine, ils supposaient qu'ils provenaient de récifs tropicaux,
construits il y a trois cent quatre-vingts millions d'années, pendant le Dévonien tardif.
En 1948, on a découvert sous la ville de Redwater un récif
pétrolifère constitué non pas de dolomite, mais bien du calcaire
original. Les carottes percées dans ce récif auraient pu lever le voile
sur son écologie, mais, à l'époque, la paléoécologie n'en était qu'à
ses balbutiements. Leur étude ne sera entreprise qu'une décennie plus
tard par un Albertain étudiant au doctorat à New York .
Ed Klovan a grandi près d'Edmonton, sur les rives du lac Wabamun.
Après avoir obtenu de l'Université d'Alberta, un diplôme de premier
cycle en géologie, il entreprend, en 1957, ses études aux cycles de
doctorat à l'Université Columbia à New York. À l'époque, Norman Newell
et John Imbrie, deux des chercheurs les plus brillants dans le domaine
alors nouveau de la paléoécologie, travaillaient à Columbia. Tous deux
étaient passionnés par l'écologie des récifs actuels. Imbrie a
suggéré à Klovan de préparer pour sa classe, un séminaire sur la paléoécologie
des récifs dévoniens du centre de l'Alberta. Bien qu'à
l'époque, on avait déjà foré des centaines de puits dans les récifs
de Leduc, les recherches de Klovan à la bibliothèque furent vaines,
puisqu'on n'avait publié presque rien sur leur nature et leur
paléoécologie. Il se retrouvait sans thème pour son séminaire, mais
avait trouvé un sujet pour sa thèse.
Klovan décida d'étudier le plus grand récif de calcaire foré, celui
de Redwater, et a commencé par cartographier la distribution des pierres
carbonées et des fossiles trouvés dans les carottes de huit centimètres
prélevées dans trente-sept puits. Les fossiles les plus visibles étaient les
stromatoporoïdes tabulaires et en bâtonnets, des coraux tabulés et
rugueux, des algues, ainsi que des brachiopodes, des gastéropodes et des
bivalves. Les mystérieux stromatoporoïdes formés de couches de
matériaux calcaires étaient particulièrement importants. Ils
consistaient d'enchevêtrements labyrinthiques de plates-formes et de
piliers, que l'on a décrit comme des « coraux tabulaires
cancéreux ». Klovan put démontrer que tout comme les récifs hexacoraliens et
algaires modernes, les paléorécifs de Redwater étaient divisés en banc avant,
banc organique et banc arrière, en fonction de la profondeur de l'eau
et de sa turbulence.
Klovan soutenait sa thèse à l'automne de 1963 et en
publiait les résultats l'année suivante. La contribution la plus
importante de son article, n'est probablement pas d'avoir documenté la
distribution des faciès et des fossiles de ce grand récif dévonien,
mais bien d'avoir démontré qu'on pouvait étudier la paléoécologie des
récifs souterrains à partir de carottes. Son étude du récif de Redwater
fut rapidement suivie de travaux comparables sur la plupart des récifs
calcaires du Dévonien, visibles ou enfouis, de l'Ouest canadien.
Pour en savoir plus :
Klovan, J. E. |
1964 : |
Facies analysis of the Redwater Reef Complex, Alberta. Bulletin of Canadian Petroleum Geology, vol. 12, p. 1-100. |
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