Les vies anciennes : chroniques de paléontologie canadienne |
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Les vies anciennes : chroniques de paléontologie canadienne Un Pompéi édiacarien
Des turbidites de cendre dévalant dans l'eau profonde tuèrent, tout en les préservant, une série d'organismes édiacariens, de la même façon que les cendres projetées par le Vésuve
tuèrent et préservèrent les malheureux habitants de Pompéi.
![Photographie sur le terrain de fossiles fusiformes de la pointe Mistaken. (Photographie par David Rudkin du Musée royal de l'Ontario) Photographie sur le terrain de fossiles fusiformes de la pointe Mistaken. (Photographie par David Rudkin du Musée royal de l'Ontario)](/web/20061103045624im_/http://gsc.nrcan.gc.ca/paleochron/images/mistak3a.jpg) Photographie sur le terrain de fossiles fusiformes de la pointe Mistaken.
(Photographie par David Rudkin du Musée royal de l'Ontario) |
De tous les sites fossilifères canadiens, les falaises mouillées par
la pluie qui dominent l'océan Atlantique, au cap Race à Terre-Neuve, se
classent aisément parmi les plus difficiles. Rattachée à la
presqu'île d'Avalon, la pointe Mistaken est un petit promontoire au sud-ouest du cap Race.
Ses pentes abruptes de grès et ses lits de shale semblent perpétuellement humides. Ses falaises sont souvent
couvertes par la brume causée par la glace de mer. Si, par hasard, vous
visitez la pointe l'un des rares jours d'été où brille le soleil vous
pourrez apercevoir des centaines d'empreintes fusiformes (en forme de
fuseau) et penniformes (en forme de plume) à la surface des lits de
shales, particulièrement sous l'éclairage oblique de la fin de
l'après-midi. Ces empreintes sont les fossiles édiacariens les plus
anciens que nous connaissons, et les seuls qui vivaient en eau
profonde.
C'est dans les monts Flinders, au sud de l'Australie, dans un
grès grossier, sous des roches renfermant les premiers fossiles à
coquilles du début du Cambrien, que l'on a découvert les premiers
fossiles édiacariens, aux structures étendues, plates comme des tapis.
Les premiers travaux suggérèrent qu'ils étaient des métazoaires, de
véritables animaux – médusoïdes, pennatules, vers annelés et,
possiblement, arthropodes et échinodermes – au corps mou et les
précurseurs des groupes d'animaux retrouvés dans la pierre cambrienne.
Dolf Seilacher, professeur de paléontologie en Allemagne, a contesté
cette interprétation traditionnelle en proposant que les fossiles d'Édiacara
n'étaient pas des animaux, car ils ne présentent aucun signe d'organes,
de muscles, de bouche, d'anus, de viscère ou de membres. Il a interprété
les édiacariens comme des organismes singuliers matelassés et immobiles,
constitués d'un tissu de cellules remplies de liquide ou de gelée – comme un matelas
pneumatique – qui, à travers leur peau, auraient
absorbé directement la lumière du soleil et les particules alimentaires
de l'eau salée. Seilacher a suggéré que ces organismes fossilisés
étaient les représentants d'un règne inconnu auparavant, qu'il a
appelé les vendozoaires, et qui se serait éteint avant le début du
Cambrien.
Le fossile emblématique de la pointe Mistaken est une empreinte
fusiforme unique et non encore nommée présentant des alvéoles foliacées
s'allongeant à l'écart d'une ligne médiane bien visible. En grossissant
cet organisme conservait le même nombre d'alvéoles mais chacune
s'étendait et se développait selon un schéma fractal (dans les
termes du mathématicien Benoît Mandelbrot). De cette façon ces
organismes pouvaient croître en longueur de cinq à trente centimètres
et atteindre une largeur de neuf centimètres. Si ces fossiles
présentent parfois une faible courbure, ils ne sont jamais froissés ou
pliés, ce qui nous permet de croire que ces organismes, pendant leur vie, devaient être
plutôt résistants et rigides.
Dans ses écrits, Dolf Seilacher évoque la vie idyllique du paisible
jardin d'Édiacara sans conflit ni prédateur que partageaient ces
organismes. La vie de ce jardin a été anéantie après l'apparition des
animaux mobiles dotés de coquille, d'exosquelette et, plus tard, de
griffes et de dents. Nus, immobiles et sans défense, les édiacariens ont
été éliminés de la planète.
Pour en savoir plus :
Monastersky, R. |
1998 : |
Life grows up. National Geographic Magazine, vol. 193, no. 4, p. 100-115. |
Seilacher, A. |
1997 : |
Fossil Art. Royal Tyrrell Museum of Palaeontology, 64 p. |
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