Les vies anciennes : chroniques de paléontologie canadienne |
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Les vies anciennes : chroniques de paléontologie canadienne Les Climactichnites, une tentative cambrienne de colonisation
Les pistes fossilisées que l'on appelle Climactichnites
témoignent de la première tentative de colonisation de la terre par un
animal marin. Cette tentative échoua, mais mérite d'être
connue.
![La dalle contentant les Climactichnites, décrochée du mur du bureau de William Logan. (Photographie 201284B de la Commission géologique du Canada.) La dalle contentant les Climactichnites, décrochée du mur du bureau de William Logan. (Photographie 201284B de la Commission géologique du Canada.)](/web/20061103022639im_/http://gsc.nrcan.gc.ca/paleochron/images/climac.jpg) La dalle contentant les Climactichnites, décrochée du mur du bureau de William Logan.
(Photographie 201284B de la Commission géologique du Canada.) |
Le premier directeur de la Commission géologique du Canada, sir
William Logan, menait une vie frugale. Il habitait une unique pièce,
dans les bureaux de la Commission, sis au 76, rue Saint-Gabriel dans ce
qui deviendrait le Vieux-Montréal. Cette pièce lui servait à la fois de
bureau, de chambre à coucher, de salle de réception et de resserre. Un
des murs était entièrement couvert par une immense dalle de grès sur
laquelle apparaissaient six pistes entrelacées. Large de quinze
centimètres,
chaque piste est constituée d'un motif en chevron répété avec une
régularité quasi mécanique entre deux stries marginales crénelées. En
gros, ces traces ressemblent – de façon troublante – aux pistes
laissées par des motos tout-terrain.
Ces pistes ont été trouvées dans la Formation de Postdam, à Perth,
à mi-distance entre Kingston et Ottawa. On a d'abord cru que ces pierres étaient
parmi les roches sédimentaires fossilifères les plus anciennes de la
planète, on sait actuellement qu'elles remontent au Cambrien supérieur. En
1860, Logan a décrit et donné un nom à ces pistes : Climactichnites.
La découverte dans ces pierres anciennes, de ces empreintes larges et
d'une régularité étonnante a causé une commotion parmi les
paléontologues qui spéculèrent immédiatement sur l'identité de l'animal
qui les avaient laissées. On les a attribuées à des arthropodes
(limules ou trilobites), des vers et des mollusques (escargots ou
chitons). Néanmoins, aucune de ces propositions n'est vraisemblable. Un
arthropode aurait laissé des marques distinctes de ses pattes et un
escargot ou un chiton une empreinte lisse. Ces deux types de pistes diffèrent des crêtes en chevron aux stries latérales crénelées des Climactichnites.
La taille des pistes ajoute à la difficulté d'interprétation. Aucun
escargot du Cambrien ne dépassait deux centimètres, et on ne
dispose d'aucun fossile de ver dont la largeur atteint celle de la plus
petite des Climactichnites. Toutefois, la découverte, dans l'État
de New York, d'empreintes ovoïdes rappelant les limaces au
bout de pistes fossiles exceptionnellement bien conservées a
donné un élan nouveau à l'hypothèse selon laquelle les traces avaient
été laissées par des mollusques.
Yochelson et Fedonkin ont récemment reconstitué
l'anatomie de cet animal, à partir des pistes qu'il a laissées. Il devait
être deux fois plus long que large, de chaque côté pendait un aileron,
sa partie supérieure était couverte d'une peau coriace et sa partie
inférieure devait être musclée et munie de rangées obliques de cils.
L'animal utilisait ses cils pour filtrer les micro-organismes des grains
de sables et ses ailerons latéraux pour s'agripper aux sédiments. En se
nourrissant, il comprimait le sable en rangées obliques.
![T. C. Weston, lapidaire et collectionneur de fossile à la Commission géologique du Canada, et la dalle portant les traces des Climactichnites. (Photo 81450A de la CGC.) T. C. Weston, lapidaire et collectionneur de fossile à la Commission géologique du Canada, et la dalle portant les traces des Climactichnites. (Photo 81450A de la CGC.)](/web/20061103022639im_/http://gsc.nrcan.gc.ca/paleochron/images/climact1.jpg) T. C. Weston, lapidaire et collectionneur de fossile à la Commission géologique du Canada, et la dalle portant les traces des Climactichnites.
(Photo 81450A de la CGC.) |
On présume que l'animal ayant laissé les Climactichnites
pouvait nager avec ses ailerons, mais la plupart du temps, il devait se mouvoir dans la zone intertidale. En effet, ses traces ont toujours été
retrouvées sur des surfaces de stratification marquées de rides de plage
ou de craquelures de boue. Les Climactichnites signalent donc un
événement important : la première tentative d'un animal marin de
s'établir sur terre. Cette tentative allait échouer, mais mérite
d'être reconnue par les « terriens » que nous sommes.
L'animal aurait appartenu à un phylum anonyme rapidement disparu et qui
occupait les grandes plages en pente douces qui bordaient l'Amérique du
Nord, il y a environ cinq cent millions d'années.
Pour en savoir plus :
Yochelson, Ellis et Fedonkin, Mikhail. |
1993: |
Paleobiology of Climactichnites, an enigmatic Late Cambrian fossil. Smithsonian Contributions to Paleobiology, No. 74. |
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