Les vies anciennes : chroniques de paléontologie canadienne |
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Les vies anciennes : chroniques de paléontologie canadienne Marrella et le Shale de Burgess
![Le fossile délicat du corps disloqué de Marrella
est tout ce qui nous reste de la vie de l'animal, de sa vie brève et de
sa mort subite, il y a plus de cinq cent millions d'années.
Marrella splendens le « crabe aux
dentelles » est le fossile le plus abondant du Shale de
Burgess. Ce fossile appartenant à la Commission géologique du
Canada a été trouvé dans la carrière de Walcott. Il mesure
un centimètre. (© Photographie par Brian Chatterton.) Le fossile délicat du corps disloqué de Marrella
est tout ce qui nous reste de la vie de l'animal, de sa vie brève et de
sa mort subite, il y a plus de cinq cent millions d'années.
Marrella splendens le « crabe aux
dentelles » est le fossile le plus abondant du Shale de
Burgess. Ce fossile appartenant à la Commission géologique du
Canada a été trouvé dans la carrière de Walcott. Il mesure
un centimètre. (© Photographie par Brian Chatterton.)](/web/20061103002356im_/http://gsc.nrcan.gc.ca/paleochron/images/marrella1.jpg) Le fossile délicat du corps disloqué de Marrella
est tout ce qui nous reste de la vie de l'animal, de sa vie brève et de
sa mort subite, il y a plus de cinq cent millions d'années.
Marrella splendens le « crabe aux
dentelles » est le fossile le plus abondant du Shale de
Burgess. Ce fossile appartenant à la Commission géologique du
Canada a été trouvé dans la carrière de Walcott. Il mesure
un centimètre.
(© Photographie par Brian Chatterton.) |
Le 31 août 1909, Charles Walcott, sa famille et son équipe de terrain
concluaient le travail de la saison de fouille. Longeant à cheval le
sentier suivant la crête
réunissant les monts Wapta et Field et surplombant le lac Emerald, ils
retournaient profiter du confort à l'hôtel Mount Stephen House,
dans le village de Field. Le cheval ouvrant la file s'est arrêté
devant une plaque de roche argileuse tombée dans l'étroit sentier et
avant que l'équipe puisse la déplacer, Walcott avait aperçu l'empreinte
délicate, luisante et bien définie de fossiles. Walcott connaissait mieux que
quiconque les fossiles du Cambrien et il reconnut immédiatement
qu'ils étaient ceux d'arthropodes de types encore inconnus. Les cuticules non
minéralisées de ces animaux étaient très évidentes, tout comme des
détails étonnants de leur corps mou : leurs pattes fuselées, leurs
antennes, leurs branchies pectinées (en forme de peigne), même leurs
viscères et leurs muscles. Walcott a aussi discerné des vers
segmentés et des éponges parmi les fossiles en plus de quelques
trilobites familiers et a déterminé que ces fossiles étranges remontaient
au Cambrien moyen.
Se pressant avant que l'hiver ne s'installe à cette haute altitude,
l'équipe fouille les pentes surplombant le sentier et découvre l'endroit
d'ou le bloc s'était éboulé. Walcott y prélève une collection préliminaire de
fossiles, notamment
de nombreux spécimens du « crabe aux dentelles », la
désignation de terrain d'un arthropode qu'il renommera plus tard Marrella
splendens, en hommage à son ami John Marr de l'Université de
Cambridge.
À première vue, les fossiles du Shale de Burgess sont peu
impressionnants et il est difficile de croire, que ces légères pellicules de pierre
constituent l'assemblage de fossiles le plus important de la planète. Marrella le fossile le plus abondant en est un
exemple. Petit, sans relief et difficile à distinguer, ce fossile n'est assurément
pas aussi impressionnant qu'un os de dinosaure ou même une ammonite, mais
puisqu'il conserve l'empreinte de tout l'animal, il contient beaucoup plus
de renseignements sur son anatomie. L'examen des fossiles à
la loupe ou au microscope révèle des détails vraiment étonnants. Deux longues
paires de cornes s'étendent vers l'arrière à
partir d'une tête aplatie et deux antennes annelées
s'allongent vers l'avant. Le corps triangulaire comporte plus de vingt
segments, chacun doté d'une paire de pattes locomotrices, articulées et
fuselées et d'une paire de branchies filamenteuses. Ces nombreuses pattes, visibles sur la surface de la
pierre, sont repliées. Elles
témoignent de la lutte vaine de l'animal pour échapper à une avalanche de
boue liquide. Une fois solidifiée, la boue qui a enfoui son corps minuscule a
empêché la prédation des bactéries et l'a préservé pour l'éternité. On trouve à proximité de plusieurs spécimens de Marrella
des taches noires – les liquides corporels extraits des animaux,
dans certains cas, on voit même l'intestin extirpé du corps. Tous ces
détails anatomiques et d'analyse post-mortem sont visibles sur un fossile
à peine plus grand qu'une mouche domestique.
Pour en savoir plus :
Briggs, D. E. G., Erwin, D. H. et Collier, F. J. |
1994 : |
The Fossils of the Burgess Shale. Smithsonian Institution Press. |
Conway-Morris, S. et Whittington, H. B. |
1979 : |
Les animaux des schistes de Burgess. Pour la Science, no 23, p. 43-57. |
Gould, Stephen Jay |
1991 : |
La vie est belle — Les surprises de l'évolution. Trad. Marcel Blanc, Éditions du Seuil (Paris) , 400 p. |
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